Contes populaires d’Afrique (Basset)/58

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 146-147).
XXI. — LOUR OU CHILLOUK[1].

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LE LION ET LE SANGLIER[2].



Tles animaux s’étant réunis, résolurent de se donner un roi et le choix, après s’être un instant arrêté sur l’éléphant, se fixa sur le lion. Celui-ci vécut d’abord en bonne harmonie avec tous, puis il se fatigua de ne manger que de l’herbe comme tous ses sujets.

— Pourquoi n’essayez-vous pas de la chair des petits animaux ? insinuèrent ses conseillers. Elle est tendre et savoureuse.

Il arriva que le sanglier tomba malade et que, ne pouvant aller présenter ses hommages au roi, il envoya un de ses fils : celui-ci ne revint pas ; un second ne revint pas davantage. Le père s’inquiéta, s’informa et, promptement renseigné, se mit à crier partout la férocité du souverain qui mangeait les enfants de ses sujets. Les animaux s’éloignèrent désormais du lion qui vécut ouvertement en guerre avec tous.




  1. Les Chillouk habitent sur les bords du Nil blanc, au sud de Khartoum.
  2. Casati, Dix années en Equatoria, p. 244.