Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5258

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 447-448).

5258. — À M.  LE DUC DE CHOISEUL.
Mars.

Mon protecteur, si on me demande comment il faut défricher un désert, et donner du pain à des familles qui n’en avaient pas, je le dirai bien ; mais j’ignore comment il faut présenter au roi le détail de Fontenoy, l’érection de l’École Militaire, et les autres événements qui ne peuvent choquer que sa modestie. J’ignore surtout si on peut lui présenter cette édition, qui est pourtant la neuvième. Tout ce que je sais, c’est que je prends la liberté de l’adresser à mon protecteur, qui en fera tout ce qu’il voudra. Il sait mieux que moi


Quid deceat, quid non · · · · · · · · · ·

(Hor., lib. I, ep. vi, v. 62.)

Je ne demanderai jamais rien qui puisse être le moins du monde hasardé. Sa bonté pour moi me tient lieu de tout. Je suis comme le Bourgeois gentilhomme[1] : j’aime mieux être incivil qu’importun.

Je lui souhaite du fond de mon âme succès dans toutes ses entreprises, gaieté inaltérable, et point de gravelle.

La vieille marmotte des Alpes est à ses pieds avec le plus tendre respect.

  1. Acte III, scène iv.