Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5344

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 523-524).

5344. — À M. HELVETIUS.
26 juillet.

Une bonne âme envoie cette traduction du grec[1] à une bonne âme.

On fait ce qu’on peut de son côté pour la culture de la vigne du Seigneur, et on a lieu de bénir la Providence, qui a fait dans nos cantons un nombre prodigieux de conversions. On ne parle plus de l’infâme qu’avec le dernier mépris, qu’avec horreur.

Nous vous exhortons, mes très-chers frères, à combattre pour notre foi jusqu’au dernier soupir. Ah ! si vous nous aviez consulté quand vous donnâtes votre saint ouvrage !… Mais enfin le passé est passé. On vous trompait ; on se trompait ; on vous ensorcelait ; on avait la démence de demander un privilège ; on vous faisait louer, à tour de bras, de très-mauvais vers[2], de petits génies, et de mauvais cœurs : n’en parlons plus. Vous ne pouvez vous venger qu’en rendant odieuses et méprisables les armes dont on s’est servi contre vous.

Vous devriez faire un voyage, et passer chez votre frère, qui vous embrasse. Par quelle horrible fatalité les frères sont-ils dispersés, et les méchants réunis ? Il y a un Omer qui mérite qu’on lui arrache la langue dont il se sert pour prononcer tant de bêtises ; mais les philosophes sont cléments.

  1. Catéchisme de l’Honnête Homme, ou Dialogue entre un Caloyer et un Homme de bien, traduit du grec vulgaire ; voyez cet ouvrage, tome XXIV, page 523.
  2. Ceux de Crébillon.