Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5397

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5397. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[1].
À Ferney, 6 septembre 1763.

L’Adonis du parlement[2], monsieur, m’a fait l’honneur de m’apporter une de vos lettres. Il y a eu dans mon taudis une séance du parlement[3] plus agréable que celles où les commandants de province assistent. La fête eût été complète pour moi si vous aviez été du voyage. Permettez que je me dépique en vous demandant un de vos tonneaux ordinaires de votre excellent vin. Si j’osais, je vous supplierais d’accompagner cet envoi de quelques ceps de vigne, que je pusse planter sur la fin de l’automne avec celles que vous avez déjà eu la bonté de m’envoyer. Elles viennent à merveille ; j’ai au moins la consolation de voir les feuilles de la vigne dont probablement je ne boirai point le vin. Je suis un peu fâché que la vie soit si courte. Je n’en jouis que depuis que je suis dans la retraite.

Je vous prie, monsieur, vous et Mme Le Bault, d’agréer le respect avec lequel j’ai l’honneur d’être votre très-humble et obéissant serviteur.

  1. Éditeur, de Mandat-Grancey. — En entier de la main de Voltaire.
  2. On verra dans la lettre du 1er novembre 1763 l’explication de cette manière de s’exprimer.
  3. Voltaire avait invité quelques membres du parlement de Dijon à venir passer quelque temps à Ferney.