Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5445
Voilà, monsieur, tout ce qu’un pauvre malade peut faire pour vous : vous voulez absolument de mauvais vers, en voici[2]. Si la rime n’y est pas, vous y trouverez du moins la raison ; ils sont l’éloge du gouverneur à qui vous voulez plaire[3], de la ville dont vous ambitionnez les suffrages, et des beaux-arts, que vous faites goûter à Bordeaux. Tous ces objets réunis ont triomphé de ma répugnance pour les prologues et de l’état de langueur où je suis.
J’ai l’honneur d’être, etc.
Nous osons retracer cette fête éclatante
Que donna dans Versailles, au plus aimé des rois,
Le héros qui le représente,
Et qui nous fait chérir ses lois ;
Ses mains en d’autres lieux ont porté la victoire ;
Il porte ici le goût, les beaux-arts et les jeux,
Et c’est une nouvelle gloire ;
Mars fait des conquérants, les arts font des heureux ;
Des Grecs et des Romains les spectacles pompeux
De l’univers encore occupent la mémoire :
Aussi bien que leurs camps, leurs cirques sont fameux ;
Melpomène, Thalie, Euterpe et Terpsichore,
Ont enchanté les Grecs, et savent plaire encore
À nos Français polis, et qui pensent comme eux,
La guerre défend la patrie.
Le commerce peut l’enrichir,
Les lois font son repos, les arts la font fleurir ;
La valeur, les talents, les travaux, l’industrie,
Tout brille parmi vous ; que vos heureux remparts
Soient le temple éternel de la paix et des arts.
- ↑ Lettres inédites de Voltaire, Gustave Brunet, 1840. Voyez les notes de la lettre 5396.
- ↑ Voyez la lettre du 11 octobre précédent, adressée à M. de Belmont.
- ↑ Le duc de Richelieu, sans doute.