Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5807

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5807. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI.
29 octobre.

Le Barretti dont vous me parlez, monsieur, m’a bien l’air d’être de la secte de ces flagellants qui, dans leurs processions, donnaient cent coups d’étrivières à ceux qui marchaient devant eux, et en recevaient de ceux qui étaient derrière. Si vous voulez m’envoyer une poignée de ses verges[1], on pourra le payer avec usure.

J’ai reçu la traduction de Tancrède par M. Claudio Zucchi, qui me paraît avoir la politesse d’un homme de qualité, et ne point ressembler du tout au sieur Barretti. Heureux ceux qui cultivent comme vous les lettres par goût et par grandeur d’âme ! Les autres sont des laquais qui médisent de leurs maîtres dans l’antichambre.

Comptez toujours, monsieur, sur mon très-tendre respect.

  1. Baretti, né en 1716, mort en 1789, publiait le Fouet littéraire, journal où il attaquait Goldoni et les philosophes français. Voyez la lettre 5851.