Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6028
Je serai enchanté de vous revoir, mon cher philosophe ; et ce sera une grande consolation pour moi de retrouver nos amis communs. Je vous prie de leur dire à quel point je leur suis dévoué.
Je crois que l’abbé dont vous me parlez[1] se souciera fort peu qu’on le critique : le pauvre diable est mort depuis plusieurs années ; je le crois damné pour avoir osé dire que les Juifs n’étaient pas la première nation du monde ; et vous savez que les damnés ne répondent point aux théologiens. C’était un bien mauvais prêtre que cet abbé ; on dit qu’il a perverti bien du monde. Il avait l’insolence de préférer la morale à la théologie, et de gâter par là l’esprit des jeunes gens. Remercions Dieu, qui nous en a délivrés ; et aimez-moi toujours un peu. V.
- ↑ L’abbé Bazin, nom sous lequel Voltaire donna la Philosophie de l’Histoire.