Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6225

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 173-174).

6225. — À M. GIUSEPPE COLPANI[1],
à brescia.
Au château de Ferney, par Genève, 10 janvier 1766.

Monsieur, je ne puis vous exprimer ni le plaisir que m’ont fait vos beaux vers, ni la reconnaissance que je vous dois. Je ne puis avoir l’honneur de vous répondre dans cette belle langue italienne à laquelle vous prêtez de nouveaux charmes.

L’état où je suis me permet à peine de dicter dans la mienne. La vieillesse et les maladies qui m’accablent m’empêchent de vous témoigner de ma main ma sensibilité, mais ne la diminuent pas. Je ne suis pas juge de votre mérite, mais je me flatte de le sentir. Les grâces sont de tous les pays, celles de votre style ne m’échappent pas.

Vous avez ce que Pétrone aime tant dans Horace : curiosam felicitatem.

Agréez les sentiments bien véritables de la respectueuse reconnaissance avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

  1. (Inédite.) Communiquée par le docteur Pelizzari, bibliothécaire de la Queriniana, à Brescia, par l’intermédiaire de M. Melzi.