Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6401

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 337).

6401. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, … juillet.

J’étais fâché pour vous, monsieur, du dérangement que monsieur l’ambassadeur mettait à la marche du prince, mais vous avez été prévenu à temps.

Nous comptons, M. de Taulès et moi, être de la fête philosophique que vous vous proposez de donner demain. Mais dans ce siècle mangeur il n’y a plus moyen de penser à la sobriété. Ainsi, pour ma part, je compte sur une indigestion, sauf à la guérir au bal que la république doit donner ce soir.

Avez-vous vu la réponse qu’on a donnée à ces bonnes gens. Ils en sont tout ébaubis et ne conçoivent pas comment un roi de France peut parler ainsi à des citoyens de Genève. Ce serait bien pis s’ils savaient que M. le chevalier de Beauteville a pris sur lui cette tournure pour leur épargner de plus grands désagréments. Ils ne l’en détestent pas moins ; mais la crainte d’une malédiction injuste ne doit pas nous empêcher de faire notre devoir, quoi qu’en dise la sainte constitution.

Je présente mes respects à vos dames, et à vous, monsieur, mon cœur avec toute sa franchise et la tendresse dont il est capable.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin ; Paris, 1825.