Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6516

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 441-442).
6516. — À M. CHRISTIN.
22 septembre.

Mon cher philosophe, vous m’avez envoyé un singulier monument de la barbare imbécillité d’une certaine secte ; il n’y a qu’elle, dans l’univers entier, capable de pareilles horreurs. La plupart des hommes n’y font pas d’attention : mais les âmes sensibles sont toujours touchées de ce qui effleure à peine les autres.

On a brûlé à Berne l’Histoire de l’Église[1], qu’on attribue à un certain prince : cela pourra avoir des suites sérieuses.

Je vous prie, mon cher ami, de bien recommander à M. de G… de ne me jamais nommer, et de ne parler de moi que comme d’un agricole qui aime la vertu et la vérité autant que la campagne. Vous savez que, dans un temps de persécution, il faut opposer la discrétion à la méchanceté des hommes. J’ai fait mon compliment à M. Le Riche[2], qui est le Beaumont de la Franche-Comté, et le protecteur de l’innocence. Faites mes tendres compliments, je vous prie, à M. de G… et revenez voir vos amis le plus tôt que vous pourrez.

  1. Ce n’est que l’Avant-propos, qui est du roi de Prusse ; voyez page 203.
  2. Voyez lettre 6484.