Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6517

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 442-443).

6517. — À M. ***[1].
À Ferney, le 22 septembre.

Je suis très-éloigné de penser, monsieur, que vous ayez la moindre part à l’édition de mes prétendues Lettres données au public par un faussaire calomniateur qui, pour gagner quelque argent, falsifie ce que j’ai écrit, et m’expose au juste ressentiment des personnes les plus respectables du royaume, en substituant des satires infâmes aux éloges que je leur avais donnés.

Les notes dont on a chargé ces Lettres sont encore plus diffamatoires que le texte : vous y êtes loué, et cela est triste. L’éditeur sait en sa conscience qu’aucune de ces lettres n’a été écrite comme il les a imprimées. Si par hasard vous le connaissiez, il serait digne de votre probité de lui remontrer son crime, et de l’engager à se rétracter. On fait de la littérature un bien indigne usage : imprimer ainsi des lettres d’autrui, c’est être à la fois voleur et faussaire.

Comme ces Lettres courent l’Europe, je serai forcé de me justifier. Je n’ai jamais répondu aux critiques, mais j’ai toujours confondu la calomnie. Vous m’avez toujours prévenu par des témoignages d’estime et d’amitié ; j’y ai répondu avec les mêmes sentiments. Je ne demande ici que ce que l’humanité exige ; votre mérite vous fait un devoir de venger l’honneur des belles-lettres.

j’ai l’honneur d’être, monsieur, avec les sentiments que j’ai toujours eus pour vous, votre, etc.

  1. Blin de Sainmore étant loué dans une note, page 71, des Lettres de M.  de Voltaire à ses amis du Parnasse (voyez tome XXV, page 579), on en a conclu que c’était à lui qu’avait été adressée la lettre du 22 septembre ; mais la lettre 6493 ne détruit-elle pas ces conjectures ?