Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6675

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 49-50).

6675. — À M. DAMILAVILLE.
14 janvier.

Votre lettre du 8 de janvier, mon cher ami, m’a remis un peu de baume dans le sang ; c’est le sort de toutes vos lettres. Le président du bureau n’est pas pour les fidèles ; mais le chevalier de Chastellux est fidèle ; M. de Montyon[1] est fidèle aussi, et c’est beaucoup. Il y a vingt ans qu’on n’aurait pas trouvé les mêmes appuis. Laissez crier les barbares, laissez glapir les Welches ; la philosophie est bonne à quelque chose.

Il se peut faire qu’en brûlant une toise cube de papiers, lorsque je faisais mes paquets, j’aie brûlé aussi le billet de onze cents livres dont vous me parlez ; mais le remède est entre vos mains.

Je suppose que vous avez déjà donné les trois cents francs à M. Lembertad[2]. Il faut pardonner si on n’a pas exécuté tous ses ordres. Il doit deviner la confusion horrible où l’on est ; nous avons des troupes, et nous ne mangeons actuellement que de la vache.

Les Sirven ont de l’argent pour leur voyage et pour leur séjour ; ils sont à vos ordres. Je mourrai content quand nous aurons joint la vengeance des Sirven à celle des Calas.

Envoyez, je vous prie, à M. Lembertad la copie de ma lettre à M. le chevalier de Pezay ; elle le regarde beaucoup. Je puise ma sensibilité pour les innocents malheureux dans le même fonds dont je tire mon inflexibilité envers les perfides. Si je haïssais moins Rousseau je vous aimerais moins. Écr. l’inf….

  1. À qui est adressée la lettre 6663.
  2. D’Alembert.