Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6716

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6716. — À STANISLAS-AUGUSTE PONIATOWSKI,
roi de pologne.
À Ferney, 3 février.

Sire, ma respectueuse reconnaissance n’a osé passer les bornes de deux lignes[1], quand j’ai remercié Votre Majesté de ses bienfaits envers la famille des Sirven, qui lui devra bientôt son honneur et sa fortune ; mais le bien que vous faites à l’humanité entière, en établissant une sage tolérance en Pologne, me donne un peu plus de hardiesse. Il s’agit ici du genre humain : vous en êtes le bienfaiteur, sire. Vous pardonnerez donc au bon vieillard Siméon de s’écrier : « Je mourrai en paix, puisque j’ai vu les jours du salut[2]. » Le vrai salut est la bienfaisance.

J’ai lu deux discours de Votre Majesté à la diète, qui sont de cette éloquence qui n’appartient qu’aux grandes âmes. Mme de Geoffrin est bien heureuse[3]. Les vieillards de Saba en feraient autant que leur reine, s’ils n’avaient que leur vieillesse à surmonter ; mais la caducité, jointe à la maladie, ne laisse de libre que le cœur. Permettez, sire, que ce cœur, pénétré de vos vertus et de votre sagesse, se mette à vos pieds pour sa consolation. Je suis avec le plus profond respect, etc.

  1. Les deux lignes de remerciements au roi de Pologne manquent.
  2. Saint Luc, ii, 29-30.
  3. Elle était à Varsovie.