Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6805

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6805. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
21 mars.

Il est arrivé, monsieur, bien des événements qui nous obligent de différer. L’affaire des Sirven, qui commence à faire un grand bruit à Paris, et qui va être jugée au conseil du roi, m’occupe à présent tout entier, et ne me permet pas une diversion qui pourrait lui nuire. Beaucoup d’autres considérations me persuadent qu’il faut attendre encore quelque temps. M. Boursier doit vous envoyer incessamment trois ou quatre petits paquets du Colladon[1], que vous aimez tant ; vous pourrez en donner une boîte à M. le chevalier de Chastellux, s’il est dans vos cantons. Les affaires de Genève sont toujours dans la même situation, et elles y seront encore probablement longtemps. Plus de communication entre la France et le territoire de Genève, plus de voitures, ni de Lyon, ni de Dijon ; nous sommes enfermés comme dans une ville assiégée.

M. le duc de Choiseul a eu pour moi les plus grandes bontés, mais je n’en souffre pas moins ; je suis toujours très-languissant, mon âge avance, ma force diminue ; mais mon attachement pour vous ne diminuera jamais.

  1. Voltaire s’est déjà servi de ce nom ; voyez lettre 6661 : les ouvrages dont il parle ici doivent être les Honnêtetés théologiques et les Questions de Zapata. Voyez la fin de la lettre 6792.