Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6847

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6847. — À M. CASSEN[1],
avocat au conseil.
À Ferney, 19 avril 1707.

Monsieur, vous m’avez prévenu ; j’aurais eu l’honneur de vous écrire, sans les maladies qui persécutent la fin de ma vie. Il ne me reste plus qu’un cœur aussi sensible à votre mérite et à votre générosité qu’au sort des malheureux. Les Sirven cessent déjà d’être infortunés depuis que vous avez pris leur défense. Leur principal objet était de mettre leur innocence en plein jour ; vous l’avez fait, l’Europe a prononcé, et les têtes couronnées à qui j’envoie votre mémoire ont jugé la cause avec le public. Un arrêt du conseil n’est plus qu’une cérémonie. Il est vrai que cette cérémonie leur rendra leur bien, mais le public leur a déjà rendu leur honneur ! C’est à vous, monsieur, à qui nous en avons l’obligation, ainsi qu’à M. de Beaumont, et aux dix-neuf avocats dont la consultation est déjà regardée comme un arrêt. Ma récompense, à moi, pour tous les soins que je me suis donnés, est d’avoir reçu le témoignage de vos bontés.

J’ai l’honneur d’être, avec l’estime la plus respectueuse, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

  1. Dernier Volume des œuvres de Voltaire ; Paris, 1802.