Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6853

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 229-230).
6853. — À M. MARIN.
22 avril.

Vous devez être bien ennuyé, monsieur, des misérables tracasseries de la littérature. Vous êtes plus fait pour les agréments de la société que pour les misères de ce tripot. En voici une que je recommande a vos bons offices. Vous êtes le premier qui m’ayez instruit de l’insolence des libraires de Hollande ; il est dans votre caractère que vous soyez le premier qui m’aidiez à confondre ces abominables impostures.

Puis-je vous supplier, monsieur, de vouloir bien faire rendre mes barbares[1] à l’avocat devenu libraire[2], qui plaide pour moi au bas du Parnasse ? Il me paraît un homme de beaucoup d’esprit, et plus fait pour être mon juge que pour être mon imprimeur. On dit qu’on ôte à Fréron ses feuilles ; mais quand on saisit les poisons de la Voisin, on ne se contenta pas de cette cérémonie.

Lekain est allé chercher des acteurs en province : il n’en trouvera pas ; il n’y en a que pour l’opéra-comique. C’est le spectacle de la nation, en attendant Polichinelle.

Gloria Teucrorum.Fuit Ilium, et ingens
Gloria Teucrorum.

(Virg., Æn., lib. II, v. 326.)

J’attends avec impatience le décret de la Sorbonne pour damner les Scipion et les Caton. Il ne manquait plus que cela pour l’honneur de la patrie.

Je vous souhaite les bonnes fêtes, comme disent les Italiens.

  1. Les Scythes.
  2. Lacombe.