Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7012

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 373-374).
7012. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 12 septembre.

J’ai fait prier, monseigneur, notre résident de passer chez moi. Je vous avais prévenu que je n’allais plus à Genève ; et d’ailleurs quand l’entrée de cette ville serait permise aux Français, l’état où je suis ne me permettrait pas de sortir.

Nous avons eu une longue conférence ; et le résultat a été que, la première fois qu’il aurait l’honneur de vous écrire, il ne manquerait pas de vous rendre ce qu’il vous doit ; voilà ce qu’il m’a dit en présence de ma nièce. Je reçus, sous votre enveloppe, hier au soir, une lettre pour Galien, et je la lui ai envoyée de grand matin.

Voici une très-grande partie des frais qui restent à payer pour lui. Comme la somme montera à près de huit cents livres, indépendamment de ce que vous avez déjà bien voulu donner, et de quantité de menus frais qui n’entrent pas en ligne de compte, je n’ai rien voulu faire sans vos ordres exprès. Jusqu’à présent il n’a paru aucun mémoire considérable par lui-même. Je payerai tout sur-le-champ, selon l’ordre que je recevrai de vous. Voilà, je pense, toutes vos commissions remplies : il ne me reste qu’à vous souhaiter un agréable voyage, et à recommander la Scythie à votre protection, en cas qu’on ait des spectacles à Fontainebleau. J’avoue que j’aime la Scythie ; pardonnez-moi ma faiblesse, et joignez l’indulgence à vos bontés.

Vous voyez que j’écris régulièrement, tout malade que je suis, dès qu’il s’agit de la moindre affaire. Je regretterai Galien, qui me valait des ordres de votre part.

Nous avons ici beaucoup de troupes : notre petit pays en est charmé.

J’écris dans l’intervalle de la fièvre.

Agréez mon tendre respect.