Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7111

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7111. — À M. MAIGROT[1],
À Ferney, 28 décembre.

Monsieur, vous m’imposez le devoir de la reconnaissance pour le reste de ma vie, puisque c’est vous qui m’avez assuré une rente viagère, et qui me faites connaître la vérité, que j’aime encore mieux qu’une rente.

À propos de vérité, je dois vous dire que monseigneur l’électeur palatin ne croit ni au prétendu cartel proposé par l’électeur Charles-Louis au vicomte de Turenne, ni à la lettre que M. de Ramsay a imprimée dans son histoire, ni à la réponse[2]. Effectivement la lettre de l’électeur est du style de Ramsay, et ce Ramsay était un peu enthousiaste. Cependant feu M. le cardinal d’Auvergne m’a fait l’honneur de me dire plusieurs fois que le cartel était vrai, et M. le grand prieur de Vendôme disait qu’il en était sûr. Les historiens et le public aiment ces petites anecdotes.

Je me flatte que vous mettrez le comble à votre générosité, en me faisant part de la lettre de Louis XIV au cardinal de Bouillon[3] laquelle doit être des premiers jours d’avril ou des derniers de mars 1699. Cette lettre est nécessaire ; elle est le fondement de tout.

Si vous aviez aussi quelques anecdotes intéressantes sur le prince de Turenne, qui donnait de si grandes espérances, et qui fut tué à la bataille de Steinkerque, vous me mettriez en état de déployer encore plus le zèle qui m’attache à cette illustre maison.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, etc.

  1. Voyez lettre 7103.
  2. Voyez tome XIV, page 268.
  3. Relativement à l’affaire du quiétisme. (K.) — Voyez tome XV, page 73.