Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7197

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 548-549).
7197. — À M. DE CHABANON.
2 mars.

Vous êtes fort comme Samson, mon cher ami ! Vous triomphez de tout. Vous me faites aimer Samson plus que je ne croyais[1]. Je suis plus faible que lui, et n’ai pas plus de cheveux. Je regrette plus Mme Denis qu’il ne regrettait Dalila ; mais son voyage à Paris était absolument nécessaire. C’est elle qui va combattre pour moi contre les Philistins ; et d’ailleurs nos affaires, abandonnées depuis longtemps, étaient absolument délabrées ; elle a pris son parti courageusement ; elle aura la consolation de vous voir, et moi du moins j’aurai celle de voir Eudoxie. Je vous avertis d’avance que j’en attends beaucoup. Vous aurez plus tôt fait cinq bons actes que vous n’aurez trouvé des acteurs.

Mon Dieu, que vous êtes aimable ! que vous êtes essentiel ! que je vous suis obligé d’avoir parlé à M. de Sartines comme vous avez fait ! Il aura bientôt de mes nouvelles, et vous aussi, et le cher Marin aussi.

À propos, je me mets aux pieds de madame votre sœur[2]. Embrassez pour moi maman, l’enfant, et M. Dupuits.

  1. Chabanon voulait faire mettre en musique, par Philidor, l’opéra de Samson ; voyez page 527.
  2. Qui était Mme de La Chabalerie.