Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7219

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7219. — À M. DELALEU,
notaire à paris.
30 mars.

Le séjour, monsieur, que Mme Denis doit faire à Paris exige que je profite de vos bontés pour faire quelques arrangements nécessaires.

Vous savez que ni M. de Richelieu, ni les héritiers de la maison de Guise, ni M. de Lézeau, ne m’ont payé depuis longtemps.

Cela fait un vide de 8,800 livres de rente. Le reste de mes revenus, que M. Le Sueur doit toucher, se monte à 45,200 livres, sur lesquelles je paye 400 livres au sieur Le Sueur, 1,800 livres à M. l’abbé Mignot, et 1,800 livres à M. d’Hornoy, à compter de ce jour, au lieu de 1,200 livres qu’il touchait ; c’est donc 3,400 livres à soustraire de 45,200 livres, reste net 41,800 livres.

Sur ces 41,800 livres, j’en prenais 36,000 livres pour faire aller la maison de Ferney. Vous avez eu la bonté de faire payer encore plusieurs petites sommes pour moi à Paris, dont le montant ne m’est pas présent à l’esprit ; il sera aisé de faire ce compte.

M. de La Borde a la générosité de m’avancer tous les mois mille écus pour les dépenses courantes, que vous voulez bien lui rembourser quand le sieur Le Sueur a reçu mes semestres. Je serai obligé de prendre ces 3,000 livres encore quelques mois à Genève, chez le correspondant de M. de La Borde, pour m’aider à payer environ 20,000 livres de dettes criardes.

Sur les 41,800 livres de rente qui me restent entre vos mains, il se peut qu’il me soit dû encore quelque chose. En ce cas, je vous supplie de donner à Mme Denis ce surplus, et de vouloir bien me faire savoir à quoi il se monte.

Outre ce surplus, on a transigé avec M. de Lézeau, à condition qu’il payerait 9,000 livres au mois d’avril où nous entrons. Je compte encore que M. le maréchal de Richelieu lui donnera un à-compte.

Tout cela lui peut composer cette année une somme de 20,000 livres ; après quoi, lorsque les affaires seront en règle, je m’arrangerai de façon avec vous qu’elle touchera chez vous 20,000 livres de pension chaque année. Je me flatte que vous approuverez mes dispositions, et que vous m’aiderez à m’acquitter des charges que les devoirs du sang et de l’amitié m’imposent.

Je vous souhaite une bonne santé. J’ai l’honneur d’être, etc.