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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7847

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 40-41).
7847. — À MADAME NECKER.
(Vers mars.)

Il me paraît, madame, que le plaisir de servir le public est un excellent remède pour M. Necker. On dit qu’il a parlé avec la plus grande éloquence à la séance de la compagnie des Indes. Je vois de plus en plus que vous êtes faits l’un pour l’autre.

J’ai lu l’abbé Galiani[1]. On n’a jamais été si plaisant à propos de famine. Ce drôle de Napolitain connaît très-bien notre nation : il vaut encore mieux l’amuser que la nourrir. Il ne fallait aux Romains que panem et circenses[2] ; nous avons retranché panem, il nous suffit de circenses, c’est-à-dire de l’Opéra-Comique.

Vous êtes bien bonne, madame, de tenir pour l’ancien goût de la tragédie. Soyez bien persuadée que vos lettres me font beaucoup plus de plaisir que les battements de mains du parterre ; vous êtes mon public.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire.

  1. Dialogues sur le commerce des blés, 1770, in-8°. Voyez tome XVIII, page 12.
  2. Juvénal, satire x, vers 81.