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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7922

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 109).
7922. — À M. HENNIN.
À Ferney, dimanche matin, 17 juin.

Le plus aimable des résidents verra par la présente que ses blanches et potelées fesses ont été compromises avec les fesses de Dalloz, qui n’en sait pas assez pour inventer un tel épisode. Les gens de monsieur le résident ne firent que passer, et peuvent très-bien n’avoir pas entendu tous les compliments, puisqu’on retint avec outrage Dalloz au corps de garde une demi-heure entière.

Nous voyons avec douleur les chrétiens réformés appeler leurs frères Raca[1] et b…, ce qui est expressément défendu dans l’Évangile, et ce qui attire infailliblement la géhenne du feu.

Nous irons le plus tôt que nous pourrons voir monsieur le résident et Mme Legendre[2] dans sa maison de campagne, quelque belle soirée, quand le vieux malade pourra un peu aller.

Je leur présente mes très-humbles respects. V.

P. S. Jean-Louis Tourte a été dépouillé à Collonge de dix-huit montres d’or.

Il n’est pas malheureusement domicilié au pays de Gex, mais je pense que s’il pouvait prendre un logement en ce pays on lui rendrait ses montres.

Je m’en rapporte à M. Hennin, mieux instruit que moi, et qui est autorisé.

(La pièce jointe est une déposition faite par Dalloz, par-devant le greffier de la justice de Ferney, relativement aux injures qui lui avaient été dites à la porte de Cornevin.)

  1. Matthieu, v, 22.
  2. Sœur de M. Hennin.