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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8162

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 313).
8162. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL[1].
3 janvier.

Ma foi, madame, vous venez trop tard ; j’aurais cru devoir au moins un petit mot de respect et d’attachement[2] ; je l’ai donné, et je crois qu’on le trouvera fort bon. On n’a jamais commandé l’ingratitude. Je suis hors de ligne, et la voix d’un pauvre mourant ne peut faire ombrage à personne.

Je supplie instamment M. le comte d’Argental de vouloir bien me renvoyer les cinq Anti-Crébillon[3].

Je parle de votre montre tous les jours, et j’espère bientôt vous l’envoyer. Il n’y aura rien à y refaire ; ce n’est pas comme l’œuvre des onze jours : aussi y en a-t-on mis davantage. Ma pauvre colonie ne se trouvera pas bien de cette affaire-ci. Tous les malheurs m’arrivent à la fois. J’avais recommandé mes fabriques à M. le cardinal de Bernis : il n’en a tenu compte. Je me suis mis en colère contre lui ; il s’est moqué de ma colère. Vous ne me parlez point de lui, madame ; c’est peut-être parce qu’on en parle beaucoup.

Renvoyez-moi toujours mes cinq actes, si vous voulez en avoir cinq autres. Mille tendres respects à mes anges.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Envers Choiseul et Praslin, disgraciés.
  3. Les cinq actes des Pélopides.