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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8183

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 329).
8183. — À MADAME DE SAINT-JULIEN[1].
À Ferney, 19 janvier.

Madame, le vieil ermite qui a eu l’honneur de vous faire sa cour à Ferney prend cette occasion pour vous faire ressouvenir de lui : il est devenu presque entièrement aveugle ; il n’en est pas extrêmement affligé. À quoi lui serviraient ses yeux, puisqu’il ne peut avoir le bonheur de vous voir ?

Celui qui vous rendra cette lettre est un homme de mérite qui comptait bâtir la ville de Versoy, laquelle, probablement, ne se bâtira de longtemps. C’est lui qui a fait, sur le lac de Genève, un port digne de l’Océan, pour recevoir tout au plus quelques bateaux de charbon. Si vous pouvez lui rendre quelque bon office, je vous en serai aussi obligé que si vous me l’aviez rendu à moi-même.

Ma tristesse, madame, est la très-humble servante de votre gaieté, et ma vieillesse salue votre jeunesse toujours brillante. Daignez conserver vos anciennes bontés pour le très-vieil ermite de Ferney.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.