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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8185

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 331).
8185. — À M. IMBERT[1].
Le 21 janvier[2].

Votre peuple de Paris, monsieur, est fort plaisant ; il lui faut l’opéra-comique et du pain blanc. Je ne lui donne point d’opéra-comique ; mais je soutiens que mon pain, moitié pomme de terre et moitié froment, est tout aussi blanc et plus nourrissant et plus savoureux que son pain de Gonesse. Quand on n’y mettrait qu’un tiers de ces pommes de terre, ce serait toujours un tiers de farine épargné ; mais cela demande un peu de peine pour le bien pétrir, et peut-être les boulangers n’ont pas voulu prendre cette peine.

Je vois M. Cramer deux ou trois fois l’an, et je passe la fin de ma vie dans mon lit. Je lui écris pour lui recommander de vous envoyer, sans délai, ce que vous voulez avoir. En attendant, voici un de ces rogatons qui me tombe sous la main, je ne dirai pas sous les yeux, car je n’en ai plus ; les neiges m’ont rendu aveugle, et je meurs en détail ; mais je prends la chose comme il faut. J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — M. Imbert était le secrétaire général du lieutenant de police, M. de Sartines.
  2. Cette lettre est signalée dans le journal le XIXe siècle, du 16 janvier 1878, comme inédite ; la date que lui assigne le rédacteur de ce journal est celle du 12 janvier, qui est peut-être la date exacte. La proposition dont Voltaire parle ici est celle qu’il avait faite dans une lettre du 10 décembre 1770, mentionnée en note, page 280.