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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8189

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 336-337).
8189. — À M. MARIN.
27 janvier.

Si j’avais accès auprès de monsieur le chancelier comme vous, je voudrais, mon cher correspondant, savoir s’il est bien vrai que les pauvres gens de province ne seront plus obligés d’aller plaider à cent cinquante lieues de chez eux, si on prépare un nouveau code dont nous avons tant besoin. Il faudra en même temps qu’on prépare une couronne civique pour monsieur le chancelier.

Je ne reviens point de l’insolence de ce petit Clément[1], qui décide à tort et à travers, et qui s’associe avec Le Brun pour louer Le Brun aux dépens de M. Delille. Il est vrai qu’il n’est coupable que d’être un fat, cela ne méritait pas la prison[2].

Croyez-vous que nous aurons un ministre des affaires étrangères ? Nomme-t-on toujours M. le duc d’Aiguillon ? On peut être très-entaché dans le parlement, et très-bien servir le roi. Mais le grand point est qu’on se réjouisse à Paris. Je dis toujours : Ô Welches ! ayez du plaisir, et tout ira bien. Mais pour avoir du plaisir, il faut de l’argent ; et on dit que M. l’abbé Terray n’en donne guère[3].

  1. Voyez lettre 8193.
  2. Sur la plainte de Saint-Lambert, Clément avait été mis au For-l’Évêque.
  3. Les Choiseul furent très-indignés de cette lettre. Voyez la lettre de la duchesse de Choiseul à Mme du Deffant, du 11 mars 1771. Correspondance complète de Mme du Deffant avec la duchesse de Choiseul, etc., publiée par M. le marquis de Sainte-Aulaire, tome I, pages 363 et suiv.