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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8291

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 436-437).
8291. — À M. LE DUC DE CHOISEUL[1].

Un ermite qui veut l’être, qui connaît parfaitement son néant et celui de ce monde, qui n’a jamais été gouverné que par son cœur, qui respecte, qui aime passionnément le grand, le généreux Barmécide, autant qu’il détestait les assassins de Calas et ceux du chevalier de La Barre, une marmotte qui préfère sa caverne à toutes les cours, trouve une occasion de se mettre aux pieds de son bienfaiteur et de celui de la France. Il saisit ce moment auquel il aspirait. Il vous dit, illustre Barmécide : « Je ne me soucie ni de Versoy ni de Versailles ; je songe à vous soir et matin ; je m’entretiens de vos bienfaits ; j’admire votre belle âme ; je dis à la petite-fille du grand Corneille : c’est le grand Barmécide et madame sa sœur qui vous ont mariée ; vous lui devez tout et jusqu’à vos enfants. Il n’a fait que du bien, et mille personnes lui doivent autant de reconnaissance que vous et moi. Il doit être heureux, car les cœurs sont à lui. Ainsi il est toujours à la première place. »

Je me mets aux pieds de Mme Barmécide. Que pourrai-je leur présenter pour les amuser ? On est philosophe à la campagne ; on n’a pas le temps de l’être ailleurs.

Si, dans ces lettres de l’alphabet[2], il y en a deux ou trois qui vous plaisent, tant mieux pour la philosophie.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Les Questions sur l’Encyclopédie.