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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8338

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 484).
8338. — À M. LE COMTE DE LA TOURRETTE[1].
23 juillet.

Mes souffrances continuelles, monsieur, ne m’ont point empêché de sentir vivement l’honneur que messieurs vos neveux m’ont fait. Si j’étais en état de suivre mon goût, je viendrais certainement leur rendre leur visite. Il y a quinze ans que je fais le projet de venir présenter mes respects à toute votre famille, et surtout à vous. Je n’ai jamais trouvé le moment de pouvoir l’exécuter.

Quoique j’aie presque perdu la vue, j’ai cherché dans un tas énorme de papiers la Henriade toscane. Je ne sais si elle ne serait point entre les mains de M. Cramer, qui m’avait promis de l’imprimer ; mais l’Encyclopédie s’est emparée de toutes ses affections et de tout son temps. Il faudra bien pourtant qu’il donne un habit à cette Italienne, ou qu’il la renvoie dans son pays toute nue.

Mille tendres respects à M. de Fleurieu, votre père, à monsieur votre frère, et à toute votre famille.

Le vieux malade de Ferney.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.