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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8376

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Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 517-518).
8376. — À M. DE LA HARPE.
Le 26 septembre.

Je suis assurément bien étonné et bien confondu, mon cher enfant. Je ne l’aurais pas été si on vous avait donné une place à l’Académie, avec une pension ; c’était là ce qu’on devait attendre. Je viens d’écrire à un homme[1] qui peut servir et nuire ; mais je crains bien que ce ne soit Marion Delorme qui écrit en faveur de Ninon, et qu’on ne les envoie toutes deux faire pénitence aux Madelonnettes.

Je souhaite, pour l’honneur de la nation, que cette affaire s’assoupisse[2] ; elle deviendrait encore plus ridicule que celle de Bélisaire ; mais il y a longtemps que le ridicule ne nous effraye point. Je suis sûr que si vos succès vous donnent des ennemis, ils vous donneront des protecteurs. Tous ceux qui vous ont couronné sont intéressés à affermir votre couronne. Tous les parents de Télémaque et de Calypso prendront votre parti. Ce petit ouvrage augmentera votre célébrité. Courage ! il faut combattre. Si on s’obstine à vous chicaner, il sera beau de dire : J’imite mon héros, j’aime la vertu, et je me soumets.

  1. Au chancelier (voyez lettre 8378) ; la lettre manque.
  2. Voyez lettre 8381.