Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8460

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 9).
8460. — À MADAME DU VOISIN[1].
Au château de Ferney, le 15 janvier.

Cette lettre, madame, sera pour vous, pour M. du Voisin, et pour madame votre mère. Toute la famille Sirven se rassembla chez moi hier en versant des larmes de joie ; le nouveau parlement de Toulouse venait de condamner les premiers juges à payer tous les frais du procès criminel : cela est presque sans exemple. Je regarde ce jugement, que j’ai enfin obtenu avec tant de peine, comme une amende honorable. La famille était errante depuis dix années entières ; elle est, ainsi que la vôtre, un exemple mémorable de l’injustice atroce des hommes. Puissent MMe Calas, ainsi que ses enfants, goûter toute leur vie un bonheur aussi grand que leurs malheurs ont été cruels ! Puisse votre vie s’étendre au delà des bornes ordinaires ; et qu’on dise après un siècle entier : Voilà cette famille respectable qui a subsisté pour être la condamnation d’un parlement qui n’est plus !

Voilà les vœux que fait pour elle le vieillard qui va bientôt partir de ce monde.


  1. Cette dame était la fille cadette de Calas ; son fils, Alexandre du Voisin-Calas, s’est tué à Chartres le 20 février 1832. Il venait de publier Un Déjeuner à Ferney en 1765, ou la veuve Calas chez Voltaire, esquisses dramatiques en un acte et en vers ; au Mans 1832, in-8o.