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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8583

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 137).
8583. — À M. MALLET DU PAN[1].
À Ferney, 17 juillet.

Mon cher ami, vieillesse et maladie ne sont pas vice. Je vous remercie bien tard : mais celui qui vint le dernier travailler à la vigne fut placé comme le premier. Tout paresseux que je parais, je n’en ai pas été moins charmé de la profusion de connaissances que vous étalez dans votre discours[2], et de la noble hardiesse avec laquelle vous parlez. Vous irez loin[3], je vous en assure ; vous serez un des fermes appuis de la philosophie et du bon goût. Je vous souhaite toutes les espèces de bonheur. Si vous restez où vous êtes, le travail vous soutiendra ; si vous n’y restez pas, vous serez très-aimable partout où vous serez. Soyez très-sûr que je m’intéresse vivement à tout ce qui peut vous être agréable, et que personne ne vous est attaché plus véritablement et sans aucun vain compliment, que ce vieil ermite de Ferney, qui est pénétré de tout ce que vous valez et de tout ce que vous vaudrez.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Discours de l’influence de la philosophie sur les lettres.
  3. Il alla jusqu’à l’ingratitude envers son bienfaiteur, dont il attaqua les doctrines. (G. A.)