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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8633

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8633. — À M. LE COMTE DE LEWENHAUPT[1],
maréchal de camp au service de france.
À Ferney, 21 septembre.

Monsieur, il y avait longtemps que j’étais chapeau[2] ; mais la tête m’a tourné de joie et d’admiration. Elle est tellement tournée, que je vous envoie les mauvais vers qui m’échappèrent au premier bruit qui me vint de la révolution[3]. Je vous prie de me les pardonner. Le zèle n’est pas toujours éloquent ; mais ce qui part du cœur a des droits à l’indulgence. Agréez mes compliments sur les Trois Gustaves, et les assurances du tendre respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Adam, comte de Lewenhaupt, à qui est adressée la [[|lettre 7180]], du 13 février 1768, était aide de camp du maréchal de Saxe en 1714, et était depuis 1761 maréchal de camp. Il était fils de Charles-Émile de Lewenhaupt, né en 1692, décapité en 1743 pour avoir capitulé avec les Russes le 4 septembre 1742, et fut considéré comme une victime de la faction des bonnets que renversa la révolution de 1772. (B.)
  2. Les adversaires de la révolution des bonnets s’appelaient le parti des chapeaux.
  3. Voyez l’Épître au roi de Suède, tome X, page 447.