Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8806
L’oncle et la nièce sont également pénétrés, monsieur, de vos bontés ; mais je crains qu’ils ne puissent pas en profiter sitôt. Vous savez probablement quel rendez-vous secret on a donné à l’oncle[2], et le temps de ce rendez-vous est encore un peu incertain. La santé de ce pauvre oncle n’est pas rétablie ; il s’en faut beaucoup.
Il lui faudrait plus d’un jour pour se mettre en état de faire le voyage.
Il y a encore une autre raison qui pourrait empêcher l’oncle et la nièce de hasarder l’aventure d’une loge grillée à une première représentation. Vous savez combien le parterre de Lyon est tumultueux ces jours-là, et tout ce qui peut arriver de désagréable. Il me semble qu’il faudrait au moins attendre la seconde journée, supposé qu’il y en ait une ; enfin il faut que les Lois de Minos et l’auteur aient un peu de santé. Mais ce qui est bien sûr, c’est que si je suis en vie, je ferai tôt ou tard un petit voyage incognito pour venir vous remercier, pour vous embrasser, pour vous dire que vous n’avez point de serviteur plus tendrement attaché que le vieux malade de Ferney et de Prangins.