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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8968

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 493-494).
8968. — À M. DE CHABANON.
1er novembre.

L’octogénaire de Ferney est très-affligé de n’avoir pu se ranimer au feu de M. de Chamfort. Il m’a envoyé de Strasbourg la lettre de M. de Chabanon, et je le crois à présent à Paris. Je prie l’intime ami de Pindare et de Chamfort de leur dire que je suis bien leur serviteur à tous deux, mais que je suis sûr que le dernier, qui fait les vers les plus naturels, n’imitera jamais le galimatias du premier.

Je crois qu’il a enfin retrouvé de la santé. Je lui souhaite bien sincèrement les autres ingrédients qui entrent dans la composition du bonheur. Si ce bonheur dépendait des talents, il deviendrait un des plus heureux hommes du monde. Je lui ai écrit[1] par votre ami M. de La Borde, qui sans doute voudra bien lui faire parvenir ma lettre.

Réjouissez-vous, mon cher ami, soit à la ville, soit à la campagne : remplissez votre agréable carrière dans le temps que je finis la mienne ; jouissez de la vie, moi je la tolère. Je m’anéantis, mais ce n’est pas tout doucement ; c’est avec des souffrances continuelles il faut même qu’elles soient bien fortes, puisque je vous écris une si courte lettre.

Mme Denis est très-sensible à votre souvenir. Nous n’avons plus, elle et moi, que des souvenirs.

  1. La lettre à Chamfort manque.