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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 9008

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9008. — À MESSIEURS DE LA RÉGENCE DE MONTBELLIARD[1].
À Ferney, 21 décembre.

Messieurs, ayant eu l’honneur de vous écrire que je sacrifierais avec grand plaisir mes intérêts et mes besoins les plus pressants à mon respectueux attachement pour Son Altesse sérénissime[2] et à l’envie de vous plaire, je vous marquai en même temps qu’il ne m’était plus possible, à mon âge de quatre-vingts ans, de négocier des lettres de change.

Le sieur Meiner m’en envoie dix, par le dernier ordinaire, pour le payement de l’ancien quartier échu le dernier septembre, de 8,531 livres 5 sous.

De ces lettres de change, il y en a quelques-unes sur des villes de Suisse avec lesquelles on n’a aucun commerce. Souvent on renvoie ces lettres, souvent aussi on demande beaucoup de temps pour les payer ; et quand on les négocie à Genève, il en coûte beaucoup, tant pour le change que pour la conversion de l’argent courant de Genève en argent de France.

Je vous ai suppliés, messieurs, et je vous supplie encore de m’épargner ces pertes et l’extrême désagrément de ces détails.

Monseigneur le duc de Wurtemberg a eu la bonté de s’engager à me faire payer chez moi, en espèces. Permettez-moi de réclamer ses promesses et les vôtres, et de remettre entre vos mains les lettres de change du sieur Meiner. Il lui sera bien plus aisé qu’à moi de se faire payer de ces lettres de change. Les négociants ont des facilités que je ne puis avoir. Je serais fâché de vous jeter dans le moindre embarras ; mais je vous supplie de me tirer de celui où je suis.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, messieurs, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Montbelliard, capitale de la principauté du duc de Wurtemberg, débiteur de Voltaire.
  2. Le duc de Wurtemberg.