Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 9009
On dit, mon cher successeur[1], que vous vous mariez. Ce n’est point en cela que vous êtes mon successeur : il ne m’a jamais appartenu de donner des exemples en amour. Si la nouvelle est vraie, je vous en fais mon compliment ; si elle est fausse, je vous en félicite encore.
Je vous envoie une petite édition de la Tactique, bonne ou mauvaise, qu’on dit faite à Lyon. Il y a un petit mot pour notre ami Clément et pour notre ami Sabatier[2]. Il est vrai que ces cuistres ne méritaient pas de se trouver en bonne compagnie ; mais ils n’y sont que comme des chiens qu’on chasse d’une église.
Ce Clément ne cesse de vous attaquer dans les admirables Lettres[3] qu’il m’adresse. Est-ce que vous ne replongerez pas un jour ce polisson dans le bourbier dont il s’efforce de se tirer ?
Je ne sais si vous avez reçu deux petits billets que je vous avais écrits, et que j’avais adressés imprudemment dans la rue des Marais. M arié ou non, conservez un peu d’amitié pour un vieux malade qui ne cessera de vous aimer que quand il ne sera plus.
- ↑ À la mort de Duclos en 1772, Marmontel avait été nommé historiographe de France, place qu’avait eue Voltaire.
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Au fond d’un galetas Clément et Savatier
Font la guerre au bon sens sur des tas de papier. - ↑ Clément de Dijon (voyez tome XXIX. page 371) a publié, de 1773 à 1776, une Première lettre à M. de Voltaire, et une 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e et 9e ; on y joint De la Tragédie, 1774, deux parties in-8o.