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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 9009

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 529).
9009. — À M. MARMONTEL.
22 décembre.

On dit, mon cher successeur[1], que vous vous mariez. Ce n’est point en cela que vous êtes mon successeur : il ne m’a jamais appartenu de donner des exemples en amour. Si la nouvelle est vraie, je vous en fais mon compliment ; si elle est fausse, je vous en félicite encore.

Je vous envoie une petite édition de la Tactique, bonne ou mauvaise, qu’on dit faite à Lyon. Il y a un petit mot pour notre ami Clément et pour notre ami Sabatier[2]. Il est vrai que ces cuistres ne méritaient pas de se trouver en bonne compagnie ; mais ils n’y sont que comme des chiens qu’on chasse d’une église.

Ce Clément ne cesse de vous attaquer dans les admirables Lettres[3] qu’il m’adresse. Est-ce que vous ne replongerez pas un jour ce polisson dans le bourbier dont il s’efforce de se tirer ?

Je ne sais si vous avez reçu deux petits billets que je vous avais écrits, et que j’avais adressés imprudemment dans la rue des Marais. M arié ou non, conservez un peu d’amitié pour un vieux malade qui ne cessera de vous aimer que quand il ne sera plus.

  1. À la mort de Duclos en 1772, Marmontel avait été nommé historiographe de France, place qu’avait eue Voltaire.
  2. Au fond d’un galetas Clément et Savatier
    Font la guerre au bon sens sur des tas de papier.

  3. Clément de Dijon (voyez tome XXIX. page 371) a publié, de 1773 à 1776, une Première lettre à M. de Voltaire, et une 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e et 9e ; on y joint De la Tragédie, 1774, deux parties in-8o.