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Correspondance de Voltaire/1774/Lettre 9031

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Correspondance de Voltaire/1774
Correspondance : année 1774GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 546-547).
9031. — À M. MARMONTEL.
À Ferney, 15 janvier.

Vous avez envoyé, mon cher ami, un opéra[1] qui me paraît précisément ce qu’il faut aujourd’hui. C’est un spectacle charmant, c’est un dialogue coupé, ce sont des vers délicieux, faits pour la musique. Partout du sentiment et des tableaux, partout des grâces ; Grétry vous a bien des obligations.

Je vous avais prié[2] de faire de jolis riens ; et, au lieu de m’accorder ma requête, vous faites de très-jolies choses. Vous me demandez pourquoi je n’ai pas fait imprimer le Spinosa[3] de ce coquin de Sabatier ; c’est qu’il ne me convient pas d’être l’éditeur de Spinosa. Je veux bien qu’on sache que ce calomniateur compose des poisons ; mais ce n’est pas à moi de les faire débiter. Je ne crois pas qu’il y ait un plus lâche maraud que ce Sabatier.

Vous me ferez grand plaisir de me dire s’il est vrai que notre confrère l’abbé de La Ville soit nommé directeur des affaires étrangères, et qu’il soit évêque in partibus infidelium[4]. Cela serait plaisant ; mais rien ne doit étonner.

Vous êtes donc comme celui qui avait envie de se marier tous les matins[5], et à qui l’envie en passait l’après-dînée ? Bonsoir, mon très-cher successeur.

  1. Céphale et Procris, ou l’Amour conjugal, musique de Grétry.
  2. La lettre où Voltaire faisait cette prière manque.
  3. Voyez tome XXIX, page 231 ; et ci-dessus, lettre 8891.
  4. Voyez tome XXXV, page 526. L’abbé de La Ville était évêque de Tricomie.
  5. Fontenelle.