Cours d’agriculture (Rozier)/BOURSE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 422-423).


BOURSE. Ce mot a deux acceptions relatives à l’agriculture, & une relative à la médecine vétérinaire. La première s’applique, dans le jardinage, aux poiriers & aux pommiers seulement, & la seconde à la famille des champignons & des morilles.

La bourse est à l’extrémité des branches à fruit ; on lui a donné ce nom à cause de sa figure étroite dans le haut, & large dans le bas ; & ensuite dans le figuré, comme une bourse renferme de l’argent, de même celle-ci & la branche qui la porte, renferment & projettent beaucoup de fruits, pendant plusieurs années consécutives. M. de Schabol dit, heureux les arbres qui ont beaucoup de ces sortes de bourses ! elles sont des sources de fécondité inépuisables. Les bourses dans les arbres à fruit, sont des amas d’une séve bien élaborée, tel que le lait contenu dans les mamelles, pour la nourriture de l’enfant.

Comme ces bourses ou branches à fruit s’épuisent à la longue, & qu’elles ne donnent point de branches à bois, ni l’arbre même, l’art doit venir à leur secours ; alors en les taillant à un œil seulement, il en sort à la pousse suivante un bourgeon à bois. On sent combien ce bourgeon est précieux, lorsqu’il s’agit de garnir une place vide.

Quelquefois cependant, les bourses à fruit produisent & des branches à bois & des lambourdes. (Voyez ce mot) La prudence exige que la branche à bois soit ménagée, qu’en la taillant on lui laisse plusieurs yeux, sans quoi la bourse à fruit périroit, & les lambourdes demandent à être taillées à un œil ou deux, afin d’y attirer la séve, d’y former un dépôt de ce suc nourricier ; & la nouvelle branche à bois fournira à son tour la subsistance de la bourse à fruit. C’est par ce ménagement bien entendu qu’on change, quand on le veut, un bouton à bois en un bouton à fruit, & ainsi tour-à-tour. C’est le point délicat de la taille, & que peu de jardiniers connoissent, excepté les jardiniers de Montreuil, & ceux qui sortent de leur école.

La seconde acception du mot bourse, désigne l’enveloppe épaisse qui renferme certains champignons avant leur développement, & qui éclate ensuite pour laisser un libre passage au développement de la plante.


Bourse, médecine vétérinaire. Les deux sacs membraneux qui renferment les testicules dans les animaux, ont reçu le nom de bourses. Ces deux sacs sont formés par deux membranes, dont la plus externe est appelée scrotum, & la seconde, dartos.

Il est des cas où les parties sont enflées. Les bourses & le fourreau sont extrêmement dilatés ; il n’y a ni chaleur ni douleur, ils cèdent à l’impression du doigt, & gênent les fonctions des testicules, & de l’urètre. Nous avons vu un âne, dont l’enflure du prépuce étoit si considérable, que l’urine ne pouvoit s’échapper qu’avec beaucoup de difficulté, & qu’après de très-grands efforts de la part de cet animal.

L’enflure des bourses disparoît en les fomentant avec une décoction de rue, d’absinthe, ou d’autres plantes aromatiques dans le vin ; on y ajoute même, sur la fin, un peu d’eau-de-vie. Si quelques jours après ce traitement il n’y a aucun changement, il faut scarifier la peau assez profondément avec un bistouri, pour donner issue aux eaux contenues, ayant sur-tout le soin de fomenter les portions scarifiées, avec la même infusion ; le sel de nitre dans une décoction de pariétaire, & le foin abondant en plantes résolutives, doivent être donnés en plus ou moins grande quantité pour nourriture, durant le traitement de la maladie.

Il y a quelquefois un amas d’eau dans le scrotum. On le connoît, à la tension des tégumens, à l’impression du doigt qui reste plus ou moins, & à la fluctuation qui est sensible. Ce mal est ordinairement produit, dans les ânes & les chevaux, par l’enflure œdémateuse des jambes, & le plus souvent dans ces derniers, par un vice interne, tel que le farcin, la morve, &c. (Voyez ces mots) Lorsque la maladie est locale, c’est-à-dire, lorsqu’elle dépend seulement de la foiblesse des vaisseaux absorbans de la partie, ou de la mauvaise qualité du fluide propre aux bourses, les fomentations réitérées de feuilles de romarin, de sauge, de rue, bouillies dans le vinaigre, des breuvages d’eau de pariétaire & de sel de nitre, sont les médicamens capables d’accroître la force des vaisseaux absorbans. Si la maladie ne cède pas à tous ces remèdes, il faut évacuer promptement les eaux contenues, par le moyen d’un trocar.

Il se fait quelquefois par les bourses un écoulement d’humeur qui subsiste quand un âne ou un cheval ont été coupés. Cet accident vient de ce qu’on a laissé une partie des épididymes ; la plaie se cicatrise fort rarement, à moins qu’il ne fût possible de recouper les cordons, ce qui seroit très-difficile, vu qu’ils se retirent dans le bas-ventre. M. T.