Cours d’agriculture (Rozier)/BOUSIN

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 426-427).
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BOUSIN ou Bouzin. C’est la matière première & limoneuse des pierres en carrière. Elle est, pour ainsi dire, aux pierres dures, ce que l’aubier est au bois : c’est une pierre encore imparfaite, voilà sa signification propre ; mais dans certaines provinces on s’en sert encore pour désigner la couche inférieure de terre qui se trouve au-dessous de celle qui est communément travaillée. Cette couche prend dans d’autres endroits le nom de tuf, si elle est pierreuse & caillouteuse. Quelques auteurs recommandent beaucoup de ne pas toucher à la première, de ne la point ramener à la surface, parce que, disent-ils, elle n’est pas cuite. Je ne suis point de ce sentiment, sur-tout à l’égard des terres qui donnent du grain de deux années l’une. Certainement pendant l’année de repos, elle aura le tems de cuire, pour me servir de leur expression, puisque la lumière, la chaleur & tous les météores auront le tems d’agir sur elle, d’unir leurs principes avec les siens, de les combiner & de les faire fermenter ensemble. L’opération de ramener la terre de la couche inférieure sur la supérieure, suppose des labours profonds. Cette opération n’est pas nécessaire chaque année pour les pays de plaine ; mais elle est essentielle sur les terrains en pente, sur les coteaux, parce que l’eau des pluies fortes & d’orage entraîne toujours avec elle la partie la plus tenue, la terre soluble, (Voyez ce mot, ainsi que celui Amendement) la seule terre végétale, & ne laisse que les grains de sable & de pierre. Si la couche inférieure est un composé de cailloutages réunis par une terre de couleur vineuse ou rougeâtre foncé, il est plus prudent de ne pas mêler cette couche avec la supérieure, à moins qu’aussi-tôt que le blé est coupé, on ne la ramène sur la surface, ce qui lui donnera le tems de se cuire. Il en est ainsi des terres dont le fond est de craie ou de plâtre ; elles exigent plus de tems que les autres, attendu que le grain qui la compose y est très-serré, très-rapproché, & enfin l’action des météores sur lui est plus lente. D’ailleurs comme ces terres sont peu productives, on ne perdra pas beaucoup à les laisser pendant trois années consécutives sans les semer. Il y croîtra quelques mauvaises herbes, & en les détruisant de tems à autre, en labourant le terrain, on les enterrera, & elles formeront sa première terre soluble ou végétale.