Cours d’agriculture (Rozier)/GRIVE

La bibliothèque libre.


GRIVE, genre d’oiseaux de l’ordre des passereaux. (Voyez, au mot Étourneau, les caractères que les ornithologistes ont assignés à cet ordre.)

Caractères génériques. Le bec droit, seulement un peu incliné vers le bout, échancré à l’extrémité de sa pièce supérieure ; les narines en ovale et découvertes dans la plupart des espèces ; la langue légèrement découpée à son bout ; les coins de la bouche garnis de quelques poils dirigés en avant ; quatre doigts, dont trois en avant et un en arrière ; le doigt du milieu joint à celui qui est en dehors, jusqu’à la première phalange.

On connoît en France quatre espèces de grives, savoir :

La grive proprement dite, (turdus musicus Lin.) brune en dessus, tachetée de noir en dessous sur un fond jaunâtre, avec des taches jaunes sur l’aile dont le dessous est d’un jaune roux ;

La draine, (turdus viscivorus Lin.) brune en dessus et blanchâtre, avec des taches noires en dessous ;

La litorne, (turdus pilaris Lin.) dont la tête et le croupion sont d’un gris cendré, les plumes de la queue et les pieds noirs ;

Enfin, le mauvis (turdus iliacus Lin.) qui a les parties supérieures du même brun que la première espèce, la poitrine variée de brun clair et de jaunâtre, le ventre blanc sale, une ligne blanche au dessus et au dessous des yeux, et les ailes rousses en dessous.

Dans différens pays on surnomme la première, grive chanteuse ou vendangeuse ; la seconde, grosse grive, grive de brou ou de gui, parce qu’elle paroît friande des baies de ce végétal ; la troisième, grive de genièvre, pour une raison semblable ; et la quatrième, grive des Ardennes, Champenoise, et montagnarde. Ces désignations tirées de certaines habitudes, propres à chacune de ces espèces, servent à les distinguer : toutes d’ailleurs ont plusieurs points de conformité ; dans toutes, le mâle et la femelle se ressemblent beaucoup en grosseur et en couleur ; seulement les mâles ont les couleurs plus vires et plus nettes ; toutes se nourrissent de différentes baies, de fruits, d’insectes, de vers qu’elles cherchent à terre après les pluies, de limaçons auxquels elles font la chasse l’hiver, lorsqu’ils se montrent au soleil ou au dégel. Les deux premières espèces se trouvent seules toute l’année, en France : par là on en connoît le ramage qui est fort agréable, sur-tout celui de la grive, dont le mâle est un des premiers chantres du printemps, restés dans les bois et perchés au plus haut des arbres. On voit au retour de cette belle saison, ces oiseaux la saluer de leurs chants long-temps prolongés, et mêler leur mélodie à l’hymne général de la nature.

Ce talent musical a valu à cette espèce d’être plus particulièrement que les autres, destinée à nos fantaisies, et d’être soumise à ce que nous appelons l’éducation des oiseaux, éducation dont elle s’est trouvée très-susceptible : la grive vit très-bien en cage, et y apprend beaucoup de choses.

La litorne et le mauvis diffèrent des précédentes, en ce que ces oiseaux ne paroissent guères dans nos climats qu’à automne, lors de la maturité des fruits, et qu’elles voyagent en bandes beaucoup plus nombreuses et plus serrées que les autres qu’on ne trouve qu’en plus petites compagnies.

La transmigration des grives, en général, se fait du Nord au Sud ; l’époque de leurs voyages est celle de la saison de la maturité des fruits. Aux approches des vendanges, elles descendent en troupes des climats du Nord, pour se répandre, pendant l’automne et l’hiver, sur les contrées plus fertiles et moins dépouillées du Midi : je les ai vues porter leurs excursions jusques à l’Égypte, où elles arrivent au mois d’octobre, y vivent assez familièrement, fréquentant l’ombrage des orangers et des citronniers voisins des habitations, et en repartent vers le mois de mai, pour aller, sans doute, accomplir le vœu de la nature, et multiplier leur espèce dans les asiles des rochers du Nord qu’elles quitteront encore l’automne suivant. Chacune de ces transmigrations est si sensible, que ce gibier devient pour les bords de la Baltique, où il fait sa première station, un objet de consommation considérable. Klein assure qu’il s’en vend chaque année quatre-vingt-dix mille paires, dans la seule ville de Dantzick. L’espèce qui reparoît la première est celle de la grive proprement dite ; elle est suivie des mauvis, puis des litornes, et enfin des draines. Au reste, malgré ces voyages de l’espèce en général, il reste, comme je l’ai dit plus haut, en tout temps, en France, une certaine quantité de grives et de draines qui habitent les bois pendant le printemps, et qui se répandent sur les plaines et les champs pendant l’automne et l’hiver : la grive sur-tout se plaît dans les bois peuplés d’érables.

Chasse aux grives. Toutes les espèces de Collets, les Raquettes, les Tendues, les Fossettes, les Pipées, et les Abreuvoirs, (Voyez ces mots) et différentes sortes de filets, sont les écueils où viennent périr, chaque année, une multitude de grives. Les chasseurs adroits se donnent aussi le plaisir de les tirer au fusil. Le collet ou lacet proprement dit, que l’on tend sur les nids mêmes de ces oiseaux, et sur ceux de beaucoup d’autres espèces, est un piège très-meurtrier, moins encore par la quantité d’oiseaux que l’on y prend, que parce que la destruction tombe presque toujours sur les mères, et qu’avec une seule mère périt un grand nombre de rejetons. Aussi ce lacet, ainsi que presque toutes les chasses du printemps, devroient n’être mis en usage que contre les espèces nuisibles, et dont on cherche purement et simplement la destruction : mais, du petit au grand, la cupidité est aveugle, et trahit ses intérêts mêmes, en voulant les porter trop loin. Au reste, ce lacet que d’autres appellent lignette, est fait de deux ou trois crins de cheval. Il ne se serre que par un nœud simple, et non par un nœud coulant, comme les collets proprement dits. On attache près du nid, à quelque branche de l’arbre sur lequel il pose, ou après un arrêt quelconque, une des extrémités du lacet ; on forme sur le reste de sa longueur un nœud simple, ou simple croisé, qu’on réduit à n’être ouvert qu’autant qu’il le faut pour que ce nœud réponde à la circonférence du nid sur les bords duquel on l’étend ; au bout qui excède après ce nœud fait, on attache un bon fil ou une petite corde fine qui se prolonge à une trentaine de pas. À cette distance se place l’oiseleur tenant le fil et se cachant jusqu’à ce qu’il aperçoive que les oiseaux sont dans le nid. C’est alors qu’il tire le fil, et le nœud mobile se serrant, prend très-souvent par le col l’oiseau qui couve, et que l’inquiétude et l’instinct de sa conservation porte à allonger à chaque instant la tête.

Les autres espèces de collets à nœud coulant ou à ressorts, tels que les raquettes, propres à saisir les oiseaux par le col ou par les pattes, ont été amplement décrits à l’article Collets ; le lecteur peut y recourir. Les habitudes et les appétits bien connus des grives devront d’ailleurs le guider dans le placement de ces pièges et le choix de l’appât convenable pour les amorcer. Des collets distribués aux environs des vignes, des aliziers, des genévriers, à la proximité d’une fontaine et d’une mare, doivent arrêter beaucoup de grives vendangeuses et de mauvis. Ces derniers, ainsi que les litornes, se trouvent l’hiver, en assez grandes bandes, dans plusieurs de nos contrées. Ils fréquentent alors les prairies et les endroits frais qui bordent es lisières des bois, dans lesquelles elles se tiennent. C’est le cas d’y multiplier les collets volants, les raquettes et les rejets amorcés de toutes sortes de baies gardées à cet effet. Les genièvres, pouillots, et sorbes, les lentisques, le myrte, le lierre, etc., fournissent de puissantes amorces qui, exposées sur le passage ou aux regards des grives, ne manquent pas de les attirer aux lieux d’où elles ne doivent plus espérer de retour. L’Aviceptologie conseille aux chasseurs peu précautionneux qui n’ont point réservé de fruits pour les chasses de l’arrière-saison, d’imiter, avec de petites boulettes de cire traversées d’un fil, les baies du buisson ardent, et de les réunir en grappes : pour les colorer en rouge vif, on fait fondre deux onces de cire, et l’on y mêle trois gros de vermillon, puis on trempe ces grappes artificielles dans ce mélange liquide. J’ai décrit à l’article Geai un rejet portatif dont le mécanisme est le même que celui du rejet à ressort de fil de fer de M. Clavaux. Les seules différences essentielles consistent en ce que dans le premier, le ressort résulte du ploiement d’une baguette souple et élastique ; ce rejet convient très-bien aussi pour les grives, et se place commodément sur les baies et buissons, ou au bord des taillis. Quelques oiseleurs exécutent ce même piège dans les petits bois, et sans y couper les branches dont ils ont besoin ; mais ils se servent du plant vif et sur pied. Pour cela, ils choisissent d’abord un petit arbre montant, droit et assez fort, à la proximité duquel il y ait des brins de taillis flexibles. On élague le petit arbre de ses branches à la partie où l’on se propose de placer son appât, et on le perce d’outre, en outre, à cet endroit nettoyé, d’un trou fait avec une vrille ou vilebrequin : ce trou doit être environ du diamètre d’une plume à écrire. Cela fait, on attache une ficelle, à laquelle est noué un collet de crin, à un brin de taillis flexible qui puisse s’incliner assez vers ce trou pour que le collet passe de l’autre côté ; on l’y arrête par une marchette sur laquelle on étend le collet, comme dans les autres rejets, et le piège est tendu. Les fruits attachés après l’arbre et au dessus de la marchette ne doivent être accessibles à l’oiseau que moyennant qu’il se pose sur le petit bâton dont la chute le livre au jeu du collet. On propose, pour la grive de gui, un cerceau autour duquel pendent à différentes hauteurs une quantité de collets. Ce cerceau attaché par trois cordes, est placé dans l’arbre où le gui croît, et suspendu au dessus de cette plante, de manière que la touffe de gui soit toute entourée de collets comme d’une haie. C’est ainsi que nombre de draines trouvent la fin de leurs voyages. J’ai dit plus haut que les grives qui, en général, sont peu méfiantes, tomboient aussi dans les collets, et dans les pipées ; c’est sur-tout la dernière espèce qui rend fructueuses les pipées tardives, c’est-à-dire, celles qui se font jusqu’en novembre, parce que cette grive est celle qui passe la dernière.

Les chasseurs qui aiment à tirer les grives au fusil les attendent avec succès, lors des vendanges, au moment où elles se retirent, le soir, des vignes dans les bois et haies où elles vont coucher et chercher leur asile. Appesanties et étourdies par les vapeurs du raisin, elles ne se retirent pas sans se reposer une ou deux fois sur les arbres qui se trouvent sur leur route ; les chasseurs les y attendent cachés, et les tuent à loisir : la Hutte ambulante (Voyez ce mot) est beaucoup employée à cet usage.

On a d’ailleurs, pour les attirer en tout temps sous le fusil, des appeaux qui imitent leur cri. Cette initiation se produit en outre très-bien, et assez aisément, en plaçant le bout du doigt index dans la bouche et le pressant fortement des lèvres, comme si on vouloit le sucer. Si on le retire alors avec vitesse, il se fait un petit sifflement très-propre à appeler la grive. Les Provençaux tuent une grande quantité de ces oiseaux à la chasse à l’arbret, (Voyez Becfigue.) Ils ont, pour cette chasse, des appelants ou grives en cage qu’ils nourrissent avec des figues hachées dans du son, mêlées à des raisins noirs.

Les filets que l’on tend plus spécialement à ce gibier, sont le rafle, et l’araignée, ou aragne. Il se prend aussi dans de grandes nappes tendues perpendiculairement et rasant terre comme des toiles, au moyen de perches verticales et de cordages. Ces nappes, qui ont jusqu’à soixante pieds de long sur quinze de hauteur, se placent au bord des bois et au passage des grives ; le plus qu’on peut en réunir bout à bout est le meilleur ; douze ou quinze, ainsi disposées, forment une ligne très-tendue ; plusieurs chasseurs partant de chaque bout de la ligne parcourent une enceinte proportionnée à leur nombre, et se rabattent, souvent de plus d’une demi-lieue, vers les filets où ils poussent doucement tout ce qu’ils ont traqué dans cette longue circonvallation. Par cette méthode, on détruit beaucoup de grives en Suisse.

Le rafle est un filet contre-maillé, qui ne diffère du tramail ou de la pantaine que par les proportions. Sa longueur est de douze à quinze pieds, et sa hauteur de huit à dix. Les aumées ou toiles extérieures sont à mailles carrées et de trois pouces d’ouverture ; le fil qu’on emploie est retors à trois brins. La nappe du milieu, ou toile proprement dite, est faite de fil plus fin, retors à deux brins seulement ; elle est de plus à mailles en losange et de neuf à dix lignes de large. Cette toile est à peu près double des aumées en longueur et hauteur, pour que, renfermée entr’elles, elle y puisse bourser et empêtrer le gibier qui s’engage à travers les aumées, et qui, en poussant sur la toile, y forme une poche dans laquelle il s’enveloppe lui-même. On a, pour tendre le rafle, deux perches légères excédant de deux ou trois pieds la hauteur du filet. Ces perches, attachées à chaque bout et le long de cette hauteur, comme on fait pour les traîneaux à cailles, sont portées par deux hommes qui, à leur moyen, gouvernent ce filet et le présentent dans la direction et à la hauteur convenables. La chasse au rafle se fait la nuit par un temps obscur et calme ; un peu de brouillard même y est très-favorable. Il faut se réunir au moins quatre. Deux, comme je viens de le dire, portent le filet, un troisième est muni d’une torche ; le quatrième traque et bat les haies et les buissons. Arrivés dans un endroit qu’ils savent fréquenté des grives, ainsi que des merles qui vont avec elles de compagnie, les chasseurs se disposent de la manière suivante : Les porteurs du filet se postent à un bout de la haie, ou à la tête des buissons, observant, s’il y a un peu de vent, de se placer de manière qu’ils l’aient à dos, parce que les oiseaux qui doivent venir à eux dorment toujours la tête au vent. Derrière eux et éloigné environ à vingt pas, se place le porte-torche. Partant de l’extrémité opposée de la haie, le traqueur la bat, ainsi que les buissons. Les oiseaux éveillés fuient, et la lumière de la torche, qu’ils prennent sans doute pour un rayon du jour, les détermine à se diriger de ce côté ; mais le perfide filet interposé au passage entre la haie et la torche, y termine et leur course et leur vie.

L’araignée, telle qu’elle est décrite dans la plupart des ouvrages qui traitent de la chasse aux oiseaux, n’est qu’une petite pantaine simple, à mailles en losange d’un pouce de large, faite d’un fil à deux brins, et montée sur une corde qui sert comme de tringle, au moyen de bouclettes, et mieux encore de petits anneaux qui glissent bien mieux. À chaque extrémité de cette corde-tringle étoit un petit bâton de quatre à cinq pouces et cunéiforme, qu’on appeloit triquet. Ces triquets enfonçoient légèrement sur eux branches d’arbres dans lesquelles on pratiquoit, sur les lieux mêmes, une entaille propre à recevoir l’extrémité de ces coins, lorsqu’au bout de la haie où l’on se proposoit de tendre l’araignée il se rencontroit des arbres ou arbustes assez forts, et placés de manière à ce qu’on pût de l’un à l’autre tendre le filet convenablement. Mais comme cette rencontre doit être rare, on se précautionnoit habituellement d’une ou de deux perches légères, de six pieds environ, que l’on fichoit en terre, et que l’on entailloit par le haut pour recevoir les coins ou triquets. L’enfoncement de ces coins devoit être proportionné au double but de pouvoir soutenir, tout juste, le poids du filet et de céder d’ailleurs au moindre mouvement, de manière qu’un oiseau, en s’y jettant, le fît tomber et s’y trouvât enveloppé. Cette tendue ne pouvoit se faire par le vent ; on poussoit les oiseaux vers l’araignée en faisant une battue dans les haies et buissons environnans. Il paroît qu’aujourd’hui on a abandonné ce filet, comme d’un service vétilleux et peu productif. Dans les ateliers de M. Clavaux, on fait aujourd’hui les araignées contre-maillées, c’est-à-dire, à trois nappes, comme le rafle dont elles ne diffèrent qu’en grandeur. Ces araignées ont dix pieds de long, douze au plus, sur sept de hauteur. Les aumées à mailles carrées et de trois pouces de large sont de fil fin retors à trois brins ; la toile à mailles en losange et de neuf lignes de large, n’est que de fil à deux brins, moitié plus fin que celui des aumées. Ces filets doivent être teints en vert ; on en voit cependant de teints en brun. Ils se montent sur deux perches comme le rafle ; deux hommes le portent et le gouvernent. On le porte avec succès pendant le jour, aux environs des vignes et de tous les endroits qui offrent aux rives les fruits ou baies dont elles sont friandes, ainsi qu’aux entrées des bois où elles se retirent. Si l’on connoît un canton où elles trouvent une moisson abondante, et où elles aiment à se jeter, plusieurs traqueurs peuvent se réunir pour le battre, en cherchant à rassembler entr’eux les oiseaux et les pousser vers quelque passage abrité, où les deux porteurs de filets puissent se mettre en embuscade. Lorsque les oiseaux traqués d’abord doucement sont près du passage, on les y pousse brusquement, et les porte-filets, présentant l’araignée obliquement à leur vol, y enveloppent une grande partie de la bande qu’on leur a amenée.

La grive est un gibier très-estimé : nil melius turdo, disoit Horace. La chair de cet oiseau est délicate et saine, recherchée même pour les convalescens, comme de facile digestion, et produisant de plus un suc qui s’élabore bien et propre à fortifier l’estomac. On lui attribue aussi une vertu antiépileptique. Je m’étonne, d’après le prix qu’on y attache, qu’on n’ait point fait en France un objet de spéculation de la méthode d’élever et d’engraisser les grives, qui se pratiqua chez les Romains, lorsque l’art de multiplier les jouissances y fut devenu l’occupation des vainqueurs du monde. La grive, se pliant aisément à la domesticité, étoit, pour ainsi dire, parquée avec des merles et avec plusieurs autres oiseaux recherchés, pour prendre dans des volières préparées exprès, une nourriture choisie et une graisse succulente qui la rendoit en peu de temps digne de chatouiller le palais des gourmands de Rome. Je vais terminer cet article en exposant succinctement en quoi consistoit ce procédé, si par hasard l’essai en tentoit quelques amateurs.

On rassembloit une multitude d’oiseaux dans de longues galeries voûtées, tapissées de feuillages, peu éclairées, n’ayant point vue sur les bois ni les campagnes, et traversées d’un filet d’eau fraîche. On prenoit des précautions pour que les habitans libres de l’air n’en approchassent point ; ce qu’on peut obtenir facilement avec des grillages ou des filets. La base de la nourriture de ces prisonniers étoit du millet écorcé et pilé, dont on faisoit une espèce de pâtée avec des figues broyées et de la farine. On y joignoit des baies de lentisque, de myrte, de lierre, et en général tous les fruits propres à donner du parfum et de la saveur à leur chair. Avant de les manger, on faisoit passer ceux que l’on destinoit à l’honneur d’une table splendide dans une cage plus étroite, qui communiquoit à la grande volière où on les prenoit à l’aise, après avoir eu toutefois encore le soin de leur prodiguer, vingt jours auparavant, une nourriture plus abondante et plus délicate. Les propriétaires de ces volières trouvoient très-bien l’intérêt de leurs dépenses et de leurs soins : la fiente même de ces oiseaux étoit recherchée par les cultivateurs, comme un excellent engrais. (S.)