Cours d’agriculture (Rozier)/QUATRE DE CHIFFRE

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QUATRE DE CHIFFRE. Le quatre de chiffre n’est pas seul un piège, mais il sert de détente à tant de pièges différens, que, bien que sa forme et l’agencement de ses parties soient très-connus, je crois encore devoir les consigner ici, pour ceux des lecteurs qui sont plus étrangers à ces sortes d’inventions, si familières en général aux gens de campagne. Un quatre de chiffre se tend au moyen de trois pièces, dans le placement desquelles résulte la figure qui a donné son nom à cette sorte de mécanisme. Une de ces pièces s’appelle le pivot, (fig. 1) Pl. VI ; la seconde, support, (fig. 2) et la troisième, traverse ou marchette, (fig 3.) Le pivot est toujours planté en terre, droit et verticalement ; sa tête se termine en biseau ou en coin ; vers le milieu de ce pivot, et de côté, est une coche entaillée de haut en bas.

Le support est un bâton taillé aussi en coin par le bas et encoché vers le haut, de manière que le biseau de la coche descende dans le même sens que le coin qui termine ce support. Cette coche doit être reçue sur l’extrémité supérieure et cunéiforme du pivot ; enfin, la traverse ou marchette, d’une longueur proportionnée au piège sous lequel elle est ordinairement cachée, est un troisième bâton entaillé à l’un de ses bouts d’une coche, dont le biseau est pris sur la longueur de la marchette. Cette coche étant tournée en haut, on en fait une seconde dans le même bâton, mais sur le côté, par rapport à la position de la première, et dont la direction soit dans un sens opposé. Le tout étant ainsi préparé, et le pivot enfoncé en terre, on place la coche du milieu de la marchette dans celle du milieu du pivot, de sorte que ces deux pièces se trouvent en croix ; puis l’on engage la coche du support sur le coin du haut du pivot et ensuite le coin qui termine ce même support dans la coche pratiquée à l’extrémité de la marchette. (Voyez cette disposition, exécutée fig. 4.)


On doit sentir qu’alors tout poids, planche ou châssis qui appuie sur l’extrémité élevée en l’air du support, tend à la faire baisser ; mais elle ne peut exécuter ce mouvement, étant retenue par son extrémité cunéiforme, engagée dans la coche de la marchette, laquelle elle-même est serrée par la pression qui s’exerce en ce point contre la coche du milieu du pivot ; par là, le piège qui repose sur l’extrémité du bâton, dit pour cela support, est nécessairement soutenu en l’air, tant que dure cet équilibre. Mais si un oiseau vient à sauter sur la traverse ou marchette, cette impulsion suffit, pour l’ordinaire, pour dégager les coins des coches qui les retiennent, et tout s’échappe ; le piège soutenu retombe sur le gibier. Il y a des marchettes dont l’extrémité est attachée avec une corde aux pièges mêmes qu’elles tendent, comme dans les trébuchets appelés tombereaux, qu’on tend pour les perdrix, et celles-là sont toutes droites, comme la traverse ; (fig. 3) d’autres restent en l’air et isolées du piège, et on donne à celles-ci la forme des fig. 5 et 6. Les petits bâtons qui traversent la première, les rameaux naturels de la branche dont l’autre est formée, et qui présente aux oiseaux une disposition qui leur est plus familière, sont comme autant de juchoirs qui donnent envie aux oiseaux, attirés autour de la marchette par du grain, de se percher et poser dessus. Voyez Trébuchet. (S.)