Cours d’agriculture (Rozier)/QUEUE, Médecine vétérinaire

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Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 458-459).


QUEUE. Médecine vétérinaire : La queue, dans le cheval, ne doit être ni trop haute, ni trop basse ; quand elle est trop élevée, la croupe paroît pointue & quand elle est trop basse, la difformité est visible ; maïs nous ne disons pas, qu’elle annonce alors, comme on le prétend encore, la foiblesse des reins de l’animal.

Le tronçon, qui en est la partie la plus élevée, doit être d’un certain volume, ferme & fourni de crins. Une queue qui en est dégarnie est appelée queue de rat.

Le cheval doit porter la queue horizontalement ; c’est ce que nous exprimons, en disant qu’il la porte en trompe.

Maladies de la queue. Une espèce de dartre qui cause de grandes démangeaisons, ronge quelquefois la queue. (Voyez Dartes, Gale, Roux vieux) Souvent aussi ces démangeaisons proviennent des faux crins qui croissent sur le tronçon, & qui sont extrêmement gros & courts, car nous voyons que les démangeaisons cessent lorsqu’ils ont été arrachés. M. T,


Queue. (Amputation de la) Pour couper la queue à un cheval ou le rendre courte-queue, relevez les crins, en les attachant à ceux du haut de la queue, de manière que l’endroit du tronçon où il faut faire la section, soit à découvert & absolument à nu ; posez-le sur un billot, ensuite appliquez-y le tranchant d’un instrument bien coupant, tel qu’une serpe, une petite hache, un couperet, &c, &, d’un coup de maillet donné sur le dos de l’instrument, séparez le bout du tronçon. Laisser saigner un peu, puis appliquez sur la blessure un morceau d’amadou sur lequel vous aurez mis de la poudre de lycoperdon ou vesce de loup, sans autre appareil, & attachez le cheval de manière qu’il ne puisse se frotter ni emporter l’escarre ou la croûte qui s’est formée ; ce qui occasionneroit une nouvelle hémorrhagie. Cet astringent, dit M. Lafosse, est préférable au brûle-queue, qui produit une escarre ou une inflammation considérable, suivie d’une suppuration abondante.

Laissez ordinairement à la queue la longueur nécessaire pour couvrir la nature dans la jument ; gardez la même proportion pour le cheval.

Nous voyons journellement les maréchaux de cette province poser l’instrument tranchant sous le tronçon, à la place du billots & qu’alors ils sont obligés de donner le coup de maillet sur le tronçon lui-même. Qu’arrive-t-il de cette mauvaise pratique ? qu’elle occasionne une contusion considérable, laquelle a souvent des suites fâcheuses. M. T.

Queue à l’Angloise. (Section de la) Jetez le cheval par terre, du côté du montoir préférablement à l’autre côté, pour avoir l’aisance d’opérer ; examinez ensuite la queue ; prenez vos dimensions pour ne pas faire les incisions trop près les unes des autres, parce qu’il en résulteroit une seule plaie, & que les bandes de la peau se déchireroient ; faites jusqu’à cinq incisions transversales. La queue étant retroussée, faites la première incision à deux doigts du rectum, de crainte d’attaquer les fibres du sphincter de l’anus, ce qui formeroit une plaie fistuleuse. Faites chaque incision en deux temps : dans le premier temps, incisez la peau, & mettez les muscles à découvert, & coupez-les dans le second. Il en est de même des autres incisions. L’appareil de chaque incision consiste en des plumaceaux à sec, que vous contiendrez par une bande circulaire, & que vous ne lèverez qu’au bout de trois jours, pour laisser à la suppuration le temps de s’établir, ayant soin d’imbiber les bandes avec du vin tiède seulement : lorsque le gonflement & l’inflammation de la queue seront passés, ce qui arrive vers le quatrième jour, & que la suppuration sera bien établie, amputez la queue, suivant la méthode ordinaire, à une distance égale des incisions, & appliquez sur la plaie de la poudre de lycoperdon ou de l’amadou, pour arrêter l’hémorrhagie. Faites les autres pansemens avec le digestif simple, jusqu’à ce qu’il soit temps d’employer les dessiccatifs. Laissez pendre la queue dans son état naturel, parce que les muscles abaisseurs étant coupés, les releveurs, antagonistes, opèrent leurs effets dès le moment même, & mieux encore lorsqu’ils sont guéris ; par ce moyen, la queue semble former par son crin un éventail.

Telle est la méthode de M. Lafosse ; elle est sans doute préférable à celle de ceux qui, après avoir fait la section des muscles abaisseurs, ont coutume de renverser la queue sur le dos, & de la contenir dans une espèce de gouttière ; on la voit ainsi représentée dans la Traduction du Livre de M. Bertelet, intitulé, Le Gentilhomme Maréchal. M. T.