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Cours d’agriculture (Rozier)/ROUX-VIEUX

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Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 686-688).


ROUX-VIEUX. Médecine vétérinaire. La gale qui, dans le cheval, le mulet & l’âne, occupe les plis que forme la peau sur la partie supérieure de l’encolure sous la crinière, est connue sous le nom de roux-vieux.

Les différences du roux-vieux à la gale humide, portent sur ce que le siège du premier est uniquement, comme nous venons de le dire, dans la crinière, c’est-à-dire, dans les plis que forme la peau qui couvre la partie supérieure du ligament cervical. Cette maladie arrive communément aux encolures épaisses & chargées ; les chevaux entiers y sont très-sujets : les pustules sont très-profondes ; leur siège est dans les bulbes des crins, ce qui établit de véritables petites tumeurs enkystées, ouvertes à la superficie par un émissoire très-petit en raison du fond : plusieurs de ces pustules s’ouvrent quelquefois par leurs parties latérales, les unes dans les autres ; alors le foyer est très-grand ; nous en avons vu qui occupoient un pli entier ; elles renferment souvent des vers, & toujours beaucoup de matière blanchâtre. (voyez Ver, Maladies vermineuses) L’encolure des chevaux de charrette, chez lesquels cette maladie est ordinairement négligée, présente très-souvent de ces clapiers renfermant les insectes dont nous venons de parler.

La gale humide est au roux-vieux ce que la gale sèche est aux dartres ; ces maladies ne diffèrent que du plus au moins : en effet, elles reconnoissent les mêmes causes : les mêmes procédés en triomphent : elles sont toutes également contagieuses & la contagion des unes & des autres, a lieu, non-seulement entre les animaux de la même espèce, mais entre les animaux d’espèce différente. La manière la plus ordinaire, & peut-être la seule dont cette contagion s’opère, est par les pores absorbans des tégumens ; au surplus, l’animal dartreux ne communique pas toujours des dartres, ni le galeux la gale ; cette dernière, ainsi que le roux-vieux, naît quelquefois a la suite d’un attouchement dartreux, & vice versâ. Les effets de ce virus naturellement admis, ne sont pas toujours, dans l’individu qu’il pénètre, ce qu’ils étoient dans celui qui le communique ; les modifications qu’il éprouve dépendent de l’état actuel des humeurs qu’il attaque, & de l’action des organes qui, plus ou moins susceptibles de recevoir son impression, rendront ses effets ou nuls, ou de peu de conséquence, ou fâcheux.

Le roux-vieux & les autres maladies psoriques sont ordinairement une suite de la rétention des parties excrémentitielles dans l’intérieur des individus, soit à raison de la foiblesse des organes sécrétoires & excrétoires, ou de leur obstruction, soit à raison de la viscosité, de la ténacité, & de la compacité des molécules sanguines & lymphatiques, &c. &c. Tout ce qui peut appauvrir le sang, affaiblir le ton des solides, épaissir la lymphe, la charger de parties âcres & hétérogènes, &c., sera & doit être regardé comme la cause du virus dont il s’agit. Il peut naître d’une perte excessive de lait & de semence, de la rétention de ces sécrétions, des alimens mal récoltés & échauffés, de la trop grande ou de la trop petite quantité dans les rations, de la malpropreté & de la crasse dans laquelle on laisse croupir les animaux, du défaut d’exercice, enfin, de l’admission des particules de ce virus dans un animal sain. On voit souvens éclore les maladies dans le cheval après certaines affections de poitrine, telles que la gourme, la fausse gourme, la péripneumonie, la morfondure, la morve, &c. (voyez tous ces mots) après la cure des eaux, des javarts, des atteintes & autres maux qui auront fait beaucoup souffrir l’animal, & auront exigé un séjour plus ou moins long dans l’écurie : presque tous les chevaux épais & massifs qui y sont condamnés par une cause quelconque, sont bientôt affectés de cette maladie, si l’on n’a soin de les panser régulièrement de la main trois fois par jour, de diminuer leur ration, & d’entretenir la fluidité de leur sang.

Le traitement de cette maladie doit être établi d’après les symptômes qui l’accompagnent, les causes qui lui ont donné lieu, la forme sous laquelle elle se montre, le nombre & l’étendue des parties affectées, l’ancienneté du mal, l’état actuel du malade, le climat qu’il habite, la saison régnante, le tempérament & les maladies qui ont précédé l’éruption, & qui lui ont le plus souvent donné lieu.

Le roux-vieux fortement étendu, profond & ancien, résiste long-temps, mais il cède, & le traitement fait avec méthode n’est pas suivi d’accidens.

Les soins & régime seront les mêmes que ceux prescrits à l’article Gale des animaux domestiques, tom. V, pag. 198. Le traitement local demande, outre les ablutions prescrites dans les formules du même article, dont on doit faire un assez long usage, beaucoup d’opérations de la main ; pincez chaque pli par le moyen d’une paire de tenettes, & pressez assez fortement pour faire sortir le pus & l’œstre, contenus assez souvent dans chaque pustule ; s’il y a des clapiers, ouvrez-les & pincez encore ; lavez, brossez & nettoyez à fond, plusieurs fois le jour, toutes les parties de la crinière ; les animaux auxquels on fait cette opération paroissent éprouver une sensation agréable, & cette sensation cesse, lorsqu’on a assez exprimé la suppuration que cette tumeur contenoit, ce qui guide sur le temps pendant lequel on doit pincer & tenailler ainsi l’animal.

Quant au traitement interne, il sera le même que celui indiqué à l’article Gale ci-dessus cité ; mais le roux-vieux cède facilement aux frictions n°. 7 & 8, ainsi que la gale qui occupe le tronçon de la queue, & ce n’est que rarement qu’on est obligé d’avoir recours aux lotions antipsoriques. On doit avoir la plus grande attention d’empêcher que les animaux ne se mordent & ne se lèchent les parties couvertes de ces onguens, dans lesquels entrent des substances caustiques. Ils s’empoisonneroient indubitablement. M. T.