Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/161-170

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Fascicules du tome 1
pages 151 à 160

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 161 à 170

pages 171 à 180



Darien, on trouve un arbre de la figure & de la grandeur du Poirier, toujours couvert de feuilles d’un vert & d’une beauté extraordinaires. Il porte un fruit semblable à la poire, qui est vert lors même qu’il est mûr. Sa pulpe est de la même couleur, douce, grasse, & du même goût que le beurre. Ce fruit passe pour exciter & porter violemment à l’amour. Dict. de Jam.

AGNADEL, ou AGNADELLO. Village du Milanez, en Italie. Agniadellum. Il est dans la Gierra d’Adda, entre Lodi & Bergame. La journée d’Agnadel, la bataille d’Agnadel a rendu ce lieu célebre. Louis XII y remporta une grande victoire sur les Vénitiens en 1509.

AGNAN. s. m. Anianus. Nom propre d’homme, qui s’est formé du mot latin Anianus, Anian ; puis en mouillant l’n, au lieu d’y mettre un i, Agnan. Il ne faut pas cependant appeler Agnan tous ceux qui s’appellent en latin Anianus. Ce mot n’est en usage que pour S. Agnan. Evêque d’Orléans, & ceux qui portent son nom. S. Agnan, au commencement de son épiscopat, ayant guéri Agrippin, Gouverneur d’Orléans, il lui accorda la liberté de tous les prisonniers, avec lesquels le Saint entra comme en triomphe dans Orléans ; & c’est là, dit-on, l’origine du privilége qu’ont les Evêques d’Orléans, de délivrer les prisonniers dans leur entrée. M. de Cordemoi dit cependant Anian dans son Histoire de France, T. I, p. 118 & 119. Anian, Evêque d’Orléans, qui avoit prévu que cette ville seroit attaquée, l’avoit fait fortifier… Attila faisoit battre la ville de toutes parts ; & comme il avoit cinq cent mille hommes, il y faisoit donner des assauts si continuels, qu’après une résistance incroyable, que l’espérance d’être secourus avoit fait faire aux assiégés, ils perdirent enfin courage, & envoyerent Anian au camp des Huns demander miséricorde. Cordem. Mais l’usage est de dire Agnan. Agnan étoit natif de Vienne, & de noble race. Fleury. D’ailleurs ce n’est pas la coutume de tourner en ian les noms latins terminés en ianus. Ainsi nous disons, Tertullien, Cyprien, Gordien, Volusien, &c. & non pas Tertullian, Cyprian, &c. comme on faisoit autrefois. Les autres Anianus doivent s’appeler Anien. Anien Moine d’Egypte, Anien Diacre de Célède, Anien Jurisconsulte du temps d’Alaric, Anien Abbé de Cartel, &c. & non pas Agnan.

☞ AGNANIE. Ancienne ville épiscopale d’Italie, proche de la voie latine, dans la Campagne de Rome, patrie du Pape Boniface VII, où il fut fait prisonnier par Nogaret.

AGNANO. Les Bains d’Agnano. Bagni d’Agnano. Anianæ Thermæ. Ce lieu est dans la terre de Labour, au royaume de Naples, entre Cumes & Bayes. Les eaux d’Agnano sont fort renommées & fort fréquentées. Le lac d’Agnano est un lac de la terre de Labour, dans le royaume de Naples. Lacus Anianus. Ce lac n’est pas éloigné de Naples. Il est fort profond & plein de serpens. Près de ce lac est la caverne du chien : si l’on y fait entrer un chien, ou quelque autre animal, il est, dit-on, tout-à-coup suffoqué & perclus de tous ses membres ; mais si on le jette dans l’instant dans les eaux du lac Agnano, il revient subitement en son premier état. On l’appelle caverne du chien, parce que l’on fait communément cette épreuve sur un chien.

Agnano, est encore un lieu de la Terre d’Otrante, au royaume de Naples : il est à deux milles de Nardo, en tirant à peu près vers le couchant.

☞ AGNANS. s. m. pl. Terme de rivière. Morceaux de fer en triangle, percés par le milieu, qui servent à river les clous à clains qui entrent dans la composition d’un bareau foncet. Encyc.

AGNANTHE. s. m. Espèce de plante dont Vaillant fait mention. Ses fleurs sont placées aux extrémités des tiges & des branches en forme de grappes. Chaque fleur, qui ressemble beaucoup à celle de l’Agnus-castus, forme un petit tuyau, dont le bord antérieur est divisé pour l’ordinaire en portions inégales, trois supérieures disposées en forme de trèfle, & trois inférieures, dont celle du milieu est la plus grande des six, & les deux latérales les plus petites. L’ovaire naît du fond du calice qui est découpé. Cet ovaire est attaché au fond du tuyau de la fleur, & lorsque celle-ci est tombée, il se change, à ce que rapporte Plumier, en une baie qui renferme une seule semence.

Le mot Agnanthe est dérivé du grec ἀγνός, chaste, ἄνθος, fleur, à cause que la fleur de cette plante ressemble à celle de l’Agnus-castus.

AGNAT. s. m. Agnatus. Terme de Droit. Ce nom signifie les mâles descendans de même pere, mais dans une autre ligne, où si l’on veut, les collatéraux descendans par mâles d’une même souche masculine. Tous les biens qui appartiennent au Prince de Salm & aux Rheingraves, & Valgraves ses agnats. Traité de Riswich. art. XXVI. M. le Cardinal de Furstemberg jouira avec ses agnats & cognats & domestiques, ou ayans cause, d’une pleine amnistie, &c. Ib. Art. XLIII. Le gn se prononce comme en latin agnus.

AGNATION. s. f. Terme de Jurisprudence. Agnatio. Le gn se prononce comme dans agnat. C’est, selon le Droit Romain, le lien de consanguinité entre les mâles descendans de même pere ; comme cognation est le lien de parentage entre les mâles & les femelles ensemble descendans aussi de même pere. On doit observer qu’il y avoit cette différence entre la cognation, & l’agnation ; c’est que la cognation étoit le nom universel sous lequel toute la famille, & les agnati eux-mêmes, étoient renfermés ; & que l’agnation étoit une espèce particulière de cognation, qui ne comprenoit que les descendans par le sexe masculin. Par la Loi des 12 tables, les femmes étoient appelées à succéder avec les mâles, sans distinction de sexe, & selon leur degré de proximité. La Jurisprudence changea dans la fuite, & par la Loi Voconia les femmes furent exclues des priviléges de l’agnation, à moins qu’elles ne fussent dans le degré de consanguinité ; c’est-à-dire, excepté la sœur de celui qui étoit mort ab-intestat. De-là vient que les descendans en ligne masculine étoient seuls appelés agnati ; & en vertu de l’agnation ils succédoient, à l’exclusion des descendans en ligne féminine. Justinien, Inst. Liv. 3 T. 18, abolit cette distinction, & rétablit les femmes dans les droits de l’agnation, ensorte qu’abrogeant cette différence, il ordonna qu’indistinctement, soit mâles, soit femelles, tous les descendans du côté paternel viendroient à la succession, suivant l’ordre de leur proximité ; d’où il s’ensuit que l’agnation est restreinte aux parens paternels, & que la cognation s’étend aussi aux maternels. Les enfans adoptifs jouissoient aussi des prérogatives de l’agnation, que l’on appeloit civile à leur égard, par opposition à l’agnation naturelle. Grotius a observé que dans la Famille Royale de France on suit l’agnation, en n’admettant que les mâles descendus des mâles, de branche en branche.

AGNATIQUE. adj. Qui concerne les Agnats. Le choix que les Rois de Rome faisoient des Sénateurs, prouve que cette dignité ne dépendoit point d’une succession linéale & agnatique ; c’est-à-dire, en ligne masculine. De Vertot.

AGNEAU. s. m. Jeune animal engendré d’une brebis & d’un belier. Le petit du belier & de la brebis. Agnus. Agneau de lait. Lactens. Après six mois il devient belier, ou brebis, si c’est une femelle : mouton, s’il est châtré. La plûpart des Parisiens prononcent anneau. Mais il faut nécessairement dire agneau, en conservant au gn, le son qu’il a dans ignorant, & on ne doit prononcer anneau, qu’en parlant d’une bague. Restaut. Le P. Buffier, p. 138 de sa Gr. F. in-12. 1714, dit que l’usage semble partagé ; que les gens de lettres prononcent plus souvent agneau, & les personnes de la Cour plus souvent anneau. Il faut croire que M. Restaut, qui avoit lû cette remarque, a eu de bonnes raisons de n’y pas souscrire, & que son sentiment conforme à celui de tant d’autres doit prévaloir. Quoi qu’il en soit, il faut faire sentir le g en parlant de l’Agneau Paschal que les Juifs mangeoient en mémoire de la délivrance que Dieu avoit procurée à leurs peres, & qui devoit être immolé vers la fin du quatorzième jour du mois de Nisan. Ils le mangeoient solennellement avec des pains sans levain, & des laitues sauvages, à l’entrée de la nuit. Anciennement le clergé de la cathédrale de Marseille observoit la coutume toutes les années, de manger un agneau rôti le jour de Pâque, en mémoire de la solennité de la fête de la résurrection de N. S. J. C. Cette cérémonie se pratiquoit après avoir chanté Tierce ; & pendant le repas, le lecteur lisoit le premier Livre des Morales, & le dernier de la Cité de Dieu de S. Augustin, qui traitent de la résurrection de nos corps. Il m’a été impossible de savoir en quel temps cette coutume fut supprimée. Les Arméniens en pratiquoient encore une presque semblable l’an 1560 ; car le jour de Pâque ils pendoient au milieu de leur église un agneau rôti, dont l’Evêque revêtu de ses habits pontificaux, le clergé & le peuple, mangeoient chacun un morceau ; mais peu-à-près elle fut abolie par un de leurs Evêques, qui avoit été religieux dans l’ordre de S. Dominique. De Ruffi. Hist. de Mars. Autrefois on bénissoit le jour de Pâque pendant la Messe l’Agneau Pascal que l’on devoit manger, comme il paroît par la vie de S. Uldric, Evêque d’Ausbourg. On ne fait plus cette cérémonie pendant la Messe dans les communautés anciennes où elle se pratique encore, comme dans l’Abbaye de S. Victor à Paris, où on le bénit dans le réfectoire, & on le mange à dîner.

La diminution du nombre des bêtes à laine a souvent obligé de défendre l’usage de la chair des agneaux. Charles IX le défendit en 1563, & Henri III en 1577. De la Mar. Le Roi le défendit aussi en 1714. Ce mot vient de anniculus, car il perd son nom, dès qu’il a passé l’année ; ou d’ἀρνός en Grec, qui signifie la même chose.

Varron dit que les agneaux sevrés sont sujets à mourir de chagrin. Cùm depulsi sunt agni à matribus, adhibenda est cura ne desiderio senescant. C’est pour cela qu’à un homme qui se consumoit à la Cour sans avancer, on donna pour devise un agneau, avec ce mot, Desiderio senescit

Agneau, se dit figurément de l’homme d’une humeur très-douce, même des animaux apprivoisés. Jésus-Christ s’est laissé conduire à la mort comme un agneau. Ce cheval, depuis qu’il est dompté, est un agneau ; il est doux comme un agneau.

Agneau, en termes de Blason, est l’hiéroglyphe de l’homme paisible, simple & débonnaire, qui a le cœur ouvert & franc. Les Séguiers portent d’azur au chevron d’or accompagné en chef de deux étoiles de même, & en pointe d’un agneau d’argent. En termes de Blason on donne le nom d’Agneau Paschal, à celui qui tient une banderole.

Agneau de Scythie. s. m. Agnus Scythicus. En langue barbare, Barometz, Berometz, ou Borometz. Cette plante est fort célébre parmi les Naturalistes. Voici la description qu’en a fait Jules-César Scaliger. Cet arbrisseau de Tartarie croît principalement dans le Zauolhan. Il est haut d’environ trois pieds. Il ressemble à un agneau par les pieds, les onglets, les oreilles & la tête, si on en excepte les cornes, à la place desquelles il a une touffe de poils. Il est couvert d’une peau légère dont les habitans se servent pour faire des bonnets. On prétend que la pulpe intérieure de cette plante ressemble à la chair de l’écrevisse de mer, & qu’il en sort du sang lorsqu’on y fait une incision ; elle est d’un goût extrêmement doux, & sa racine s’étend fort loin dans la terre : ce qui augmente le prodige, c’est qu’elle tire, dit-on, sa nourriture des arbrisseaux qui sont aux environs, mais elle périt lorsqu’ils meurent, ou qu’on vient à les arracher.

Quelques-uns ont cru que cette plante étoit un Zoophyte, c’est-à-dire, une Plante-animale, parce qu’on a remarqué que l’herbe qui est autour de cette plante, périssoit, & l’on a supposé que l’Agneau Plante-animal la broutoit. On a soin de tailler cette plante en mouton, dont les racines servent de pieds ; & comme elle est naturellement chargée d’un certain poil, cela a encore contribué à faire croire que c’étoit un animal. Cependant c’est une simple plante comme les autres, autour de laquelle l’herbe se desséche, parce qu’elle n’en peut souffrir le voisinage. Voy. Baromets.

Agneau de Dieu. C’est le nom d’un Ordre de Chevalerie, qui s’appelle autrement de l’Agnus Dei. Cet Ordre fut institué en Suède par Jean III en 1569, quelque temps après qu’il fut parvenu à la Couronne.

AGNEL, ou AIGNEL, est un vieux mot, qui étoit le nom d’une ancienne monnoie d’or que fit battre Saint Louis, sur laquelle étoit représenté un agneau, ou mouton. Le mouton que l’on peint ordinairement auprès de S. Jean-Baptiste, a donné lieu à quelques-uns de croire que le Roi Jean avoit fait le premier frapper cette monnoie pour honorer son patron ; Froissard assure même que ce fut après la bataille de Poitiers. Voyez Budé, L. V, & Froiss. T. I, ch. 171. L’inscription de cette monnoie étoit, Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Le Blanc. Cet Auteur marque que cette monnoie étoit d’or fin à 59 ½ au marc sous S. Louis, & Charles le Bel, en 1226 & en 1321. Et il dit dans sa Préface, p. 3, qu’elle pesoit 3 deniers 5 grains trébuchans ; qu’elle valoit 12 sous 6 deniers tournois, qui étoient des sous d’argent, qui pesoient environ autant que l’aignel. Ceux que le Roi Jean fit faire, étoient aussi d’or fin ; mais ils étoient plus pesans environ de 10 à 12 grains que ceux de ses prédécesseurs, puisqu’ils pesoient 3 deniers 16 grains la pièce. Ceux de Charles VI & Charles VII ne pesoient que deux deniers, & n’étoient pas d’or fin. Sous ce dernier Prince les agnels valoient dix sous parisis, ou 12 sous 6 deniers tournois ; ce qu’il faut entendre des sous de ce temps-là, lesquels étoient d’argent fin, & pesoient environ une drachme 7 grains. Ceci se prouve par une ordonnance de Philippe le Bel de l’an 1320, dans laquelle il dit : Agnels que nous faisons forger comme au temps de S. Louis ; & sous ce Roi, cette monnoie étoit d’or fin, & pesoit 3 deniers 5 grains trebuchans. Louis Huttin, dans une de ses ordonnances, dit que S. Louis fit faire le denier d’or appelé l’agnel, & qu’il eut cours pour 10 sous parisis. Parmi les Auteurs qui ont parlé de cette monnoie, les uns la font beaucoup postérieure à S. Louis ; mais leur opinion est condamnée par les deux ordonnances que je viens de citer. Quelques-autres veulent que Louis VIII soit le premier qui la fit faire, & ce sentiment me paroît détruit par un endroit des ordonnances de Philippe le Bel, où il dit : qu’il fera forger monnoie d’or, qui est & qui sera appelée à l’agnel, lequel est du temps de S. Louis notre aïeul.

M. de Peyresc, qui, au rapport de M. du Cange, est un de ceux qui prétendent que les prédécesseurs de S. Louis firent cette monnoie, croit qu’elle fut fabriquée au temps de la guerre des Albigeois, pour payer les troupes de l’armée des croisés, & qu’on la marqua de cet agneau, que nous appelons communément Agnus Dei, à cause qu’il étoit sur les drapeaux des principaux chefs de cette armée ; que depuis ce temps-là le clergé de France, aussi-bien que plusieurs églises, le mirent dans leurs armes. Je ne sais d’où M. de Peyresc a tiré cela. Les ordonnances citées marquent clairement que ce fut S. Louis qui fit faire cette monnoie : ce fut sans doute par un effet de sa piété, qu’il y fit mettre le symbole sous lequel on a accoutumé de représenter le fils de Dieu.

Cette monnoie fut nommée aignel d’or, à cause de la figure d’un mouton, ou d’un aignel, comme on parloit en ce temps-là, qui étoit représentée sur l’un de ses côtés. Le Blanc. En latin agnus un agneau, agnellus, diminutif, un petit agneau. On la nomma ainsi, Denier d’or à l’aignel ; Florin d’or à l’aignel, Moutons d’or à la grande laine ; & Moutons d’or à la petite laine. Id. Nos Auteurs françois appellent aussi Agneaux la monnoie que Jacob donna aux enfans d’Hémor, & que le texte hébreu appelle קשיטה, Gen. XXXIII, 19. Nous apprenons encore du même Livre de la Genèse, que Jacob paya cent agneaux aux enfans d’Hémor pour le champ qu’il avoit acheté d’eux ; c’est-à-dire, cent pièces de monnoie, sur lesquelles un agneau ou un mouton étoit gravé ; ce qui est justifié par les Actes des Apôtres, Ch. VII, v 16, où il est marqué que Jacob avoit acheté à prix d’argent. Cette circonstance marque que ces agneaux étoient des monnoies réelles, comme ont été autrefois en France les deniers d’or à l’agnel, & les moutons d’or à la grande ou petite laine… Ce nom d’agneau fait voir que la monnoie étoit marquée dès ce temps-là. Boizard. M. Pelletier de Rouen a fait une Dissertation sur cette monnoie. Elle est dans les Mémoires de Trévoux, au mois de Mai 1704, dans laquelle il montre que c’étoit une monnoie des Chaldéens, & quelle étoit marquée d’un côté d’un agneau, & de l’autre d’un sagittaire, ou archer, ou d’un arc, ou d’un carquois plein de flèches. Hortinger, de Num. Orient, p. 100, prouve aussi que c’étoit une monnoie. 1o Par l’endroit des Actes, VII, 16, que nous avons déjà cité. 2o Par le commerce que faisoit Jacob. 3o Par l’ancienne coutume de presque tous les peuples, de donner à l’argent, à la monnoie, le nom des animaux qu’on y gravoit ; témoins les bœufs d’Athènes & de Rome, les loups d’Argos, les chevaux de Céphalène & de Thessalie, &c. 4o Par le consentement unanime des Hébreux, qui disent que ces Késita sont une espèce de monnoie. 5o Par l’usage de cette monnoie, que l’on trouve encore dans le Thalmud : il devoit ajouter, & parmi les Arabes. Ce sentiment est le plus commun ; c’est celui de Waserus, de Antiq. Hebr. Num. L II, C. 15, p. 89. De Drusius, in Gen. XXXIII, 19. Du P. de la Haye, Bibl.Max. & de Grotius sur le même endroit de l’Ecriture ; de R. David Kimhhi, Libr. Rad. & du Miclol Jophi, in Gen. XXXIII, 19, de Villalpandus & de beaucoup d’autres. Il n’y a pas jusqu’à M. Sperlingius, qui, dans sa Dissertation, de Nummis non cusis, chap. 13, soutient que c’étoit une monnoie d’or, quoiqu’il prétende qu’elle n’étoit point marquée.

AGNELER. v. n. Qui se dit de la brebis quand elle met bas. Agnum parere. Cette brebis n’a pas encore agnelé.

AGNELET. s. m. Diminutif d’agneau, pour signifier un petit agneau. Agnellus. On le dit peu.

Ce que voyant mon bon-homme de pere,
Voulut gager à Jacques son compere,
Contre un veau gras deux agnelets bessons,
Que quelque jour je ferois des chansons. Marot.

M. le Blanc, dans ses tables du prix & du poids des monnoies, appelle quelquefois Agnelet, ce qu’il appelle d’autres fois Agnel, c’est-à-dire, une monnoie d’or fin à la taille de 59 ½ au marc valant 20 sous, sous Philippe le Bel, Louis Huttin, & Philippe le Long.

AGNELINE. adj. f. Les laines agnelines sont celles qui proviennent des agneaux.

AGNELINS. s. m. pl. Terme de Mégisserie. Peaux d’agneaux que préparent les Mégissiers, en les passant d’un côté, & en laissant la laine de l’autre.

Agnelins. Ce sont aussi les laines des agneaux ou jeunes moutons, qui n’ont pas encore été tondus, qu’on lève de dessus les peaux, qui proviennent des abattis des Bouchers & des Rôtisseurs.

AGNÈS. s. f. Agnes. Nom de femme. La belle Agnès. Nom que l’on donna à Agnès Sorel, Maîtresse de Charles VII. On voit à Bourges la tour de la belle Agnès.

Belle-Agnès est aussi un terme de Fleuriste. C’est un ancien œillet marqué de peu de violet sur un blanc passable : il creve facilement, mais il grene bien.

Agnès. On donne aussi ce nom à une jeune fille qui n’a aucun usage du monde, qui est encore très-innocente. C’est une Agnès qui sort du couvent. Cette fille fait l’Agnès.

☞ Dans tous ces mots le g se prononce mouillé comme dans agneau.

AGNO, ou GLANIO. Rivière du royaume de Naples. Glanius. Elle a sa source aux confins de la Principauté Ultérieure, traverse la terre de Labour, forme le lac Patria, & peu après se jette dans le golfe de Gaëte. On la nomme aussi Patria.

AGNOËTES. Voyez Agnoïtes.

AGNOÏTES, ou AGNOËTES. C’est le nom qu’on a donné à d’anciens hérétiques, qui nioient que Jesus-Christ eût connu le jour du dernier jugement. Eulogius, Patriarche d’Alexandrie, attribua cette hérésie à quelques solitaires du voisinage de Jérusalem, qui produisoient là-dessus plusieurs passages du nouveau-Testament, & entre autres celui du chap. 13. de S. Marc, v. 32. Quant à ce jour & à cette heure-là, personne n’en a connoissance, non pas même les Anges qui sont dans le Ciel, ni le Fils, mais le Pere seul. Ces paroles qui se trouvent dans tous les exemplaires Grecs du nouveau Testament, semblent d’abord appuyer le sentiment des Agnoïtes. Mais Jesus-Christ vouloit seulement faire connoître à ses Apôtres, en parlant de la sorte, que c’étoit inutilement qu’ils lui faisoient des questions sur le jour du jugement dernier, parce que cela ne regardoit point sa qualité de Messie, mais le Pere seul. Comme les Ariens opposoient ce passage de S. Marc aux Orthodoxes, les anciens Docteurs de l’Eglise l’ont expliqué de différentes manières : quelques-uns d’eux ont cru que Jesus-Christ ne parloit pas de sa nature divine en ce lieu-là, mais seulement de sa nature humaine. Le sens le plus simple est celui qu’on vient de rapporter, & qui est de M. Simon dans sa note sur cet endroit. Il faut consulter sur ces Agnoïtes, Photius dans sa Bibliothèque, sect. 230. L’Auteur de cette hérésie a été un certain Thémistius, qui se faisoit nommer Calonymus. Voyez le même Photius, sect. 108. de sa Biblioth. La plûpart des Théologiens ont parlé de ces Agnoïtes. Consultez aussi du Cange dans son Glossaire grec sur le mot Ἀγνοήτα. On a encore appellé de ce nom d’autres hérétiques, dont le chef fut Théophrone de Cappadoce, qui s’étoit joint aux Eunomiens, qui le rejeterent, parce qu’il prétendoit que Dieu ne connoissoit pas tout, & qu’il acquéroit des connoissances.

☞ Ce mot est tiré d’un mot grec qui signifie ignorant.

AGNON. Ville ancienne de Sicile. Margantium. Elle étoit sur la rivière de Jaretta, entre la ville des Léontins & Catane. On en voit encore quelques restes.

AGNONE. Ville du royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure. Quelques-uns la nomment Anglone.

AGNUS DEI. s. m. ou simplement Agnus. C’est le nom qu’on donne à une espèce de pâte ou cire bénite par le Pape, sur laquelle est imprimée la figure d’un agneau. Cerea agni cœlestis effigies. Le Pape bénit de sept ans en sept ans les Agnus Dei avec le S. Chrême, & leur distribution appartient à la charge du maître de sa garde-robe. Les Cardinaux les reçoivent avec grande révérence dans leurs mitres. Les Feuillans ont droit de paîtrir ceux qu’on fait de pâte.

Cette cérémonie vient d’une ancienne coutume de l’Eglise. On prenoit une certaine partie du cierge de Pâque qu’on avoit béni le Samedi Saint, & après la communion on la distribuoit au Peuple pour en faire des parfums dans leurs maisons, & dans leurs champs & leurs vignes, afin d’en chasser les démons, & les préserver des tempêtes & des orages, comme témoigne le P. Sirmond. A Rome l’Archidiacre bénissoit de la cire arrosée d’huile, & mettoit dessus l’empreinte de la figure d’un agneau pour la distribuer au peuple. Ce qui a fait que depuis, les Papes en ont fait des consécrations plus solennelles. Voyez Amalarius, Auteur du IXe Siècle, dans son ouvrage des Offices ecclésiastiques. Alphonse Ciccarelli a fait un Traité de l’origine de la bénédiction & des vertus de l’Agnus Dei, dont le P. Labbe fait mention en sa Bibliothèque.

Anciennement on donnoit l’Agnus Dei au nouveau baptisé, à la place de la robe blanche qu’il quittoit, afin d’avoir par-là un symbole qui l’avertît continuellement de la sainteté de vie à laquelle il étoit obligé, & de la nécessité où il étoit d’imiter l’agneau de Dieu dans sa douceur, son humilité, & son innocence. Cet Agnus Dei étoit blanc & paîtri de la cire du cierge Paschal, béni par le Pape, & on le portoit au col.

☞ On donne le même nom à de petites images de piété, ornées de broderie, faites pour les enfans.

☞ On prononce ces mots à la Françoise, c’est-à-dire, en ne faisant du g & de l’n, qu’un n mouillée, comme dans besogne.

Nous appelons aussi vulgairement Agnus Dei, cette partie de la Messe où le Prêtre se frappant la poitrine, dit trois fois à haute voix une prière qui commence par ces mots, Agnus Dei. La Messe est-elle avancée ? Elle en est à l’Agnus Dei. C’est le Pape Sergius, qui à la fin du VIIe siècle ordonna que l’on chantât à la Messe Agnus Dei, pendant que l’on rompoit les hosties. Fleur.

AGNUS CASTUS. s. m. Vitex. Arbrisseau dont les branches sont pliantes & fort souples. Ses feuilles sont découpées en cinq parties, c’est à-dire, en main ouverte, & ressemblent à celles du chanvre, excepté qu’elles ne sont pas dentelées si profondément à leur bord, & qu’elles sont plus blanchâtres. Ses fleurs naissent au sommet des branches en forme d’épi, ramassées ensemble autour des branches en manière d’anneau. Chaque fleur est d’une seule pièce, qui a la figure d’un tuyau, dont l’ouverture extérieure s’évase & se découpe en deux lèvres. Le fruit qui succède à la fleur est sphérique, dur, & partagé ordinairement en quatre loges, qui contiennent chacune une semence assez menue. Les Anciens étant persuadés que cet arbrisseau étoit un spécifique pour conserver la chasteté, lui ont donné le nom de doublement chaste : les Médecins se servent de ses fruits en émulsion, pour adoucir l’âcreté des urines, & pour les gonorrhées virulentes. L’infusion de ces mêmes fruits est bonne pour l’hydropisie, & pour les pâles couleurs. Les Grecs l’ont appelé ἄγνος, c’est-à-dire, chaste, parce que les dames Athéniennes qui faisoient profession de chasteté, couchoient sur des feuilles d’Agnus Castus pendant les sacrifices de Cérès. On fait des conserves & des opiats d’Agnus Castus. M. Chomel en distingue deux espèces ; le grand, qui devient arbre comme le saule ; & le petit, qui a les feuilles plus velues.

AGO.

☞ AGOBEL. Petite ville d’Afrique, dans la Province de Hea, au royaume de Maroc, sur une haute montagne, dans une situation très-avantageuse.

Agobel. Ancienne ville d’Afrique, dans le royaume de Tremecen, dont on ne voit plus que les ruines entre Oran & Tezela.

☞ AGOLA. Ville d’Abissinie, au nord de la ville d’Amara, & entre celles de Fungi & de Losa.

AGON. s. m. Agon. Ce mot est grec ἀγών, & signifie un combat, un jeu public & solennel, un jeu sacré qui se faisoit en certains jours de fêtes, ou en certaines cérémonies, à l’honneur de quelque Dieu, ou de quelque héros. Ainsi il y avoit l’Agon d’Androgée, institué par Minos en Crète, l’Agon Gymnique, Agon Gymnicus, à Athènes ; Agon Néméen, institué par les Argiens dans l’olympiade 53, l’Agon Olympien, Olympius, institué par Hercule 430 ans avant la première olympiade, selon Eusébe. Les Romains en instituerent aussi à l’exemple des Grecs. L’empereur Aurélien établit l’Agon du Soleil ; & Dioclétien l’Agon Capitolin, qui se célébroit de quatre ans en quatre ans comme les jeux olympiques, & par lequel cet Empereur ordonna que l’on comptât les années comme on comptoit par les olympiades ; mais cela ne dura pas. C’est dans ce dernier sens seulement qu’on pourroit user de ce mot en François, si l’on vouloit dans l’Histoire de ce temps-là compter les Agons. En toutes les autres occasions, il faudroit dire Jeux, les jeux olympiques, les jeux Néméens, &c. Il y a une médaille grecque de Commode, rapportée par M. Béger, T. II p. 679. au revers de laquelle on voit une figure d’homme toute nue, ayant la main droite sur sa tête, & tenant de la gauche un bâton, avec ces mots pour inscription, ΙΕΡΟΝ ΑΓΩΝ ΝΙΚΑΙΕΩΝ. L’Agon sacré des habitans de Nicée. M. Béger ne croit point que ce soit la figure du Dieu Agon, dont parle Pausanias, mais un athlète qui avoit remporté le prix à Nicée.

AGONALES. s. f. Fêtes que célébroient les Romains à l’honneur du Dieu Janus dans le mois de Janvier ; ou, selon quelques-uns, à l’honneur des Dieux Agoniens, que les Payens invoquoient quand ils entreprenoient quelque chose importante. D’autres prétendent qu’elles ont pris leur nom du mont Agon, qui fut depuis le mont Quirinal, sur lequel se faisoit la solennité. Agonalia. On varie sur l’étymologie de ce mot. Les uns disent qu’il vient d’une cérémonie qui s’observoit dans le sacrifice qu’on faisoit en ce jour. Le Sacrificateur tenant le couteau nu, & prêt à frapper la victime, qui étoit un bélier, crioit, Agon, ferai-je ? C’est le sentiment d’Ovide, Fast. L. I. v. 319. D’autres rapportent l’origine de ce nom au mont Quirinal, sur lequel se faisoit ce sacrifice, & qui s’appeloit Agon. D’autres enfin, comme on le voit dans Ovide au même Liv. v. 329. croyoient que ce mot étoit grec, & qu’il venoit d’ἀγών, qui signifie combat, jeu public & sacré, parce qu’anciennement il y avoit ce jour-là un combat de chars.

Agonale. Agonalis. Est aussi un adjectif, ou une épithète qui se donne aux Saliens, ou Prêtres que Numa Pompilius consacra au Dieu Mars, surnommé Gradivus, & qu’on appeloit aussi Palatins, ou Quirinaux. Les Saliens Agonales étoient au nombre de douze. Il semble que l’analogie demanderoit qu’on dît les Saliens Agonaux, plutôt qu’Agonales ; cependant les Dictionnaires mettent Agonales. Au reste, ces Dictionnaires se trompent, lorsqu’ils en font un substantif. Je ne crois pas qu’on dise Agonales tout seul, comme on ne dit point Palatins, ou Quirinaux seuls ; mais Saliens Palatins, Saliens Quirinaux, Saliens Agonales, ou Agonaux. Agonales Salii. Rosinus, Liv. III des Antiq. Rom. ch. 33. les appelle Agonenses Salii. On donnoit aussi cette épithète au mont Quirinal, qu’on appelle quelquefois le mont Agonale, mons Agonalis ; autre preuve qu’Agonale est adjectif. Le Cirque Agonale étoit où est aujourd’hui la place Navone.

AGONE. s. m. Agon. Nom qu’on donnoit au Sacrificateur qui frappoit la victime. Avant que de donner le coup, il demandoit au peuple, Agon, pour Agone ? le ferai-je ? C’est-à-dire, frapperai-je ? C’est de-là qu’est venu ce nom.

AGONIE. s. f. Extrémité de la maladie, où la nature fait son dernier effort contre le mal qui menace de mort. On ne le dit qu’en parlant de l’homme. Extremæ morientis angustiæ, extrema corporis animique colluctatio. Ce malade a été trente heures à l’agonie. Ce mot vient du grec ἀγών, certamen. Il n’y a pas un plus grand combat que celui de la mort contre la vie.

Agonie, se dit figurément en Morale, d’une grande peine d’esprit, des grandes inquiétudes, ou des grandes angoisses. Angor. Cette nouvelle a mis son esprit dans une mortelle agonie. La vie des pauvres esclaves est une longue mort, ou une agonie continuelle. Pasc. Ils allerent à la montagne des Oliviers, après qu’il eut souffert une rude agonie, il fut pris pour être exposé à tous les opprobres.

Agonie, se dit aussi dans le style enjoué, des tourmens que l’amour fait souffrir. Philis me met à l’agonie.

AGONIENS. s. m. pl. C’étoient les Dieux qu’on invoquoit lorsqu’il s’agissoit de quelque entreprise importante. Voyez Agonius.

AGONISANT, ANTE. adj. Qui est à l’agonie. Moriens, Agens animam. ☞ Il est agonisant. Il est aussi substantif, prier pour les agonisans. La confrérie des Agonisans. La confrérie des Agonisans a été instituée par les Peres Augustins, sous le nom de S. Nicolas de Tolentin. La confrérie des Agonisans porte un sac blanc avec une mosette violette, sur laquelle il y a un écusson représentant la Nativité de Notre Seigneur. Une des principales obligations des confrères des Agonisans, est de prier & de faire prier Dieu pour ceux qui sont condamnés à mort par la Justice, afin qu’ils puissent faire une bonne mort. La veille de l’exécution ils en donnent avis à plusieurs Monastères de Religieuses, afin qu’elles se mettent en prières pour le même sujet. Le jour qu’elle se doit faire, ils exposent le Saint-Sacrement dans leur Eglise, où ils font célébrer un grand nombre de Messes pour le criminel, pour lequel le Saint-Sacrement est toujours exposé, jusqu’à ce qu’il soit expiré ; & le Dimanche suivant ils disent l’Office des Morts dans leur Eglise, & y font célébrer plusieurs Messes pour le repos de son ame.

AGONISER. v. n. Souffrir l’Agonie, être à l’Agonie. Cum morte ultimùm colluctari. On dit proverbialement, il se débat comme l’ame d’un Sergent qui agonise.

AGONISTARQUE. s. m. C’étoit un des Officiers qui présidoient aux exercices des anciens Gymnases. Agonistarcha. Il ne se mêloit que des combats des Athlètes. Ce n’étoit point le même que le Gymnasiarque & le Xystarque ; le premier tenoit le rang le plus distingué dans les Gymnases, & le Xystarque occupoit la seconde place.

AGONISTIQUE. adj. & s. m, & f. Agonisticus. C’est le nom que Donat donnoit à ceux de sa secte qu’il envoyoit prêcher sa doctrine dans les lieux voisins & dans les foires, ainsi que le témoigne Optat de Miléve, Liv. III. c. 4.

Pour la même raison on les appela Circuitores, Circelliones, Catropitæ, Coropitæ ; & à Rome sur-tout, Montenses, Montagnards, parce qu’ils tenoient leurs assemblées sur les montagnes. Apparemment que Donat les appeloit Agonistiques, du mot ἀγών, combat, parce que c’étoit comme des troupes qu’il envoyoit combattre, & faire des conquêtes. Ou bien, à ce que prétend M. Du Pin dans ses notes sur Optat, parce qu’ils combattoient contre ceux qui vouloient défendre leurs biens contre leurs violences. Car ils en exercerent beaucoup sous la conduite d’Axide & de Fasir, qu’ils appeloient les Chefs, ou les Capitaines des Saints.

Agonistique. s. f. L’art Athlétique, ou des Athlètes. La science des combats des Athlètes. La Gymnastique. Agonistice, Gymnastice. L’Agonistique avoit des loix bien sévères pour les Athlètes. C’est aussi un livre, un traité, un ouvrage fait sur cet art. L’Agonistique de Pierre Dufaur est un supplément de la Gymnastique de Jérôme Mercurialis, & l’on ne sauroit refuser à cet Auteur les louanges qui lui sont dûes pour la grande érudition qu’il étale dans cet ouvrage. Burette, Acad. des Insc.

Agonistique. adj. Qui concerne les combats : exercices agonistiques, jeux agonistiques, en parlant des spectacles des Anciens, où il y avoit des combats de gladiateurs ou autres. Quelque déférence qu’eussent les Grecs pour le jugement des Hellanodiques, il arrivoit quelquefois dans ces jeux des incidens, qui obligeoient les Athlètes d’en appeler au Sénat d’Olympe, lequel décidoit souverainement de ces sortes d’affaires agonistiques. Id. Acad. des B. L. T. I. Mém. p. 271.

AGONIUS. s. m. Dieu qui présidoit aux affaires, aux entreprises. Les fêtes qui se nommoient Agonales étoient, selon quelques-uns, les fêtes de ce Dieu. On appeloit aussi adjectivement, Agonius, ou Agonalis dies, le jour auquel on sacrifioit une victime Agonale, ou au Dieu Agonius. Ce mot semble venir du verbe ago, j’agis. Voyez Agonales.

AGONOTHÈTE. s. m. Agonotheta. Titre d’un Magistrat qu’on choisissoit chez les Grecs, pour présider aux jeux sacrés : il en faisoit la dépense, il déclaroit aussi vainqueurs ceux qui l’avoient mérité, & il leur distribuoit les prix proposés dans ces jeux. Agonothète vient du grec Ἀγωνοθέτης, composé du grec Ἀγών, combat, jeu sacré, & de θετῆς, celui qui pose, qui ordonne, qui règle. On donne encore dans les colléges le nom d’Agonothète à celui qui fait la dépense des prix qu’on distribue aux écoliers. Agonothète perpétuel est celui qui a fondé les prix. Ex munificentia Regis Christianissimi Agonothetæ perpetui, &c. Ce terme, en cette signification, est un terme de Collége, & peu François : on s’en sert encore parmi les Antiquaires, aussi-bien que de Athlothète. Dans la basse latinité on trouve quelquefois Agomotheta, & Agomitheta, pour Lutteur, celui qui combat ; mais c’est une impropriété manifeste, comme l’a remarqué Bollandus, Févr. T. I p. 200. & p. 891. Voyez Hellanodique, & Athlothète : c’est la même chose.

AGONYCLITE. s. m. & f Agoniclites, Agonoclita. Celui ou celle qui ne fléchit jamais le genouil. Ce mot est formé de l’α privatif, de γόνυ, le genouil, & ϰλίνω, j’incline, je fléchis. On donna ce nom dans le VIIe siècle, à certains hérétiques qui ne se mettoient jamais à genoux, & faisoient toutes leurs prières debout. S. Jean Dam. hérés. 91.

AGORANOME. s. m. Magistrat d’Athènes. Agoranomus. Il étoit préposé pour maintenir l’ordre & la police, afin que tout ce qui se débitoit au marché, fût vendu sans fraude, & avec poids & mesure. Cette Magistrature étoit à peu-près la même chose que celle des Ediles Curules chez les Romains. Ce nom est formé de deux mots grecs, Ἀγωρὰ, marché, & νέμειν, distribuer. Aristote distingue deux sortes de Magistrats ; les Agoranomes, qui avoient l’intendance sur les marchés ; & les Astynomes, Ἀστυνόμοι, qui avoient le soin des édifices.

AGORÉE. adj. m. & f. Agoræus, a. Du grec Ἀγωραῖος formé du mot Agora ἀγωρὰ, qui signifie, marché, place publique. On donnoit cette épithète aux Dieux, dont les statues étoient dans les places publiques. Minerve Agorée étoit en vénération chez les Lacédémoniens.

AGORO. Petite ville d’Italie. Agorum. Elle est dans le Bellunois, province de l’Etat de Venise, sur la rivière de Cordevol, au nord de la ville de Feltry.

☞ AGOSTA, ou AGOUSTE, AUGUSTA. Ville de Sicile, située sur une grande presqu’île, abîmée par le tremblement de terre en 1693.

☞ AGOSTA ou ANGOSTA. Île du Golfe de Cataro, au midi de Cursola. Elle appartient à la République de Raguse.

☞ AGOUGES. Rivière de France, qui coule dans l’Auvergne, & se jette dans la Scioule, avec laquelle elle se rend dans l’Allier, un peu au-dessous de S. Porçain.

☞ AGOUT. Agotus. Rivière de France dans le haut Languedoc qui passe à Fraisse, Brassac, Roquecourbe, Castres, Lavaur, se mêle avec le Tarn au dessous de Rabasteins, puis elle se perd dans le Tescon qui sépare le Querci du Languedoc.

AGOUTY. Voyez Acouti.

AGR.

AGRA. s. m. Espèce de bois de senteur, qui se trouve dans l’île de Hainan, dépendante de la Chine.

☞ AGRA-CARAMBA. Autre bois de senteur qui vient du même endroit, & sur lequel on ne nous instruit pas davantage que sur l’Agra simple.

Agra. Agra. Ville du Mogol. MM. de l’Académie des Sciences lui donnent pour longitude 101° 0′. & pour latitude 28° 30′. Elle a, selon le P. Gaubil, 94° 15′ 33″. de longitude, & 26° 43′ 0″. de latitude septentrionale. ☞ Elle est capitale d’un royaume de même nom, qui est entre les royaumes de Delli, de Sambal, de Gualcor & de Bando, sous la domination de l’Empereur du Mogol. Elle passe pour la plus grande ville des Indes.

AGRAFE. s. f. Petit crochet servant à attacher des habits, ou quelque autre chose, & qu’on fait quelquefois passer dans un anneau qui lui répond, qu’on appelle Porte. Fibula. Cette montre a une agrafe d’argent ; une agrafe de diamans, c’est-à-dire, enrichie de diamans.

Agrafe, en Architecture, est un crampon, ou morceau de fer à crochet, qui sert à retenir les pierres, & les marbres.

☞ On appelle aussi Agrafe, en Architecture, un ornement qui semble unir plusieurs Membres d’Architecture. C’est encore la décoration du parement extérieur de la clef d’une croisée.

Agrafe, en Jardinage, est un ornement qui sert à lier deux figures dans un parterre.

Agrafe, en Serrurerie, est tout morceau de fer qui sert à joindre ou à en accrocher un autre.

Agrafe, est un aussi un terme de Vannier. C’est un osier tortillé qui tient le bord d’une hotte, d’une corbeille, d’un panier, & autres ouvrages de Vannerie.

☞ Quelques-uns dérivent ce mot de l’hébreu garaph, qui signifie, Fortiter deprehendit. D’autres le dérivent de griphium, parce que l’agrafe est crochue comme une griffe. On dit encore en quelques lieux, Agrappe ; & les Italiens disent, Agrapare ; pour dire, Agrafer. Les Anciens l’appeloient Fermail.

AGRAFER. v. a. Attacher avec une agrafe, avec un crochet. Fibulâ subnectere, astringere, substringere. Agrafer sa jupe. Agrafez ces rubans à cette tapisserie. Selon le P. Labbe, agrafer a été supposé pour agrifer, la lettre a donnant plus d’emphase au mot.

s’Agrafer, v. récip. signifie, se prendre, s’attacher à ce qu’on trouve. Apprehendere, Arripere. Un homme qui se noie, s’agrafe à tout ce qu’il peut. Il est populaire.

Danet écrit Agraffe & Agraphe. Cette dernière façon d’écrire n’est point usitée ; c’est cependant la meilleure, parce que ce mot nous vient de l’hébreu garaph, qui signifie, selon Furetiére, Fortiter comprehendit ; ou selon d’autres, du grec γρῖφος. Suivant ces étymologies, on devroit écrire Agraphe, Agrapher : mais l’usage ne le permet pas. D’où je conclus qu’il vaut mieux écrire agrafe avec un seul f qu’agraffe avec deux, puisque le phi des Grecs n’a le son que d’un seul f en François, & qu’il n’en sonne qu’un en ces mots.

AGRAFÉ, ÉE. part. Subnexus, astrictus, substrictus fibulâ.

☞ AGRAIRE. adj. de t. g. Terme de Jurisprudence & d’Histoire Romaine : du latin ager, champ. C’est le nom général qu’on donnoit aux Loix qui avoient pour objet la distribution ou le partage des terres conquises entre les Citoyens ou les Soldats. Lex agraria, la Loi qui régloit cette répartition ; & agrarii, ceux en faveur de qui elle étoit faite. Agripeta. Celui qui demandoit la portion de terre qui lui étoit due suivant la Loi Agraire.

Cicéron, pendant son Consulat, s’opposa à la loi Agraire, que Rullus, tribun du peuple, vouloir faire passer. Voyez ses harangues, De lege Agraria contra Rullum. Il y a quinze ou vingt loix Agraires, dont les principales sont, la Loi Apuleia, portée l’an de Rome 653 ; la loi Bæbea ; la loi Cassia, de l’an de Rome 267 ; la loi Cornelia de l’an 673 ; la loi Flaminia, de l’an 525 ; la loi Flavia ; la loi Julia, de l’an 691 ; la loi Licinia, de l’an 377 ; la loi Ælia Licinia ; la loi Livia ; la loi Marcia ; la loi Rubria, portée après la prise de Carthage ; deux loix Sempronia, de l’an 620 ; la loi Servilia, de l’an 690, la loi Thoria ; la loi Titia.

☞ AGRAHALID. Plante d’Egypte & d’Ethiopie. Lycio affinis Ægyptiaca. Arbre de la grandeur d’un poirier sauvage, peu branchu, épineux, ressemblant au lycium. Sa feuille est plus large & plus rare que celle du Buis, dont elle ne differe guère d’ailleurs. Les fleurs blanches, petites & rares. Les fruits noirs approchant de ceux de l’hieble, & d’un goût styptique amer. Ses feuilles donnent une décoction qui tue les vers.

☞ AGRAMONT, ou AGRAMUNT. Agramontium. Petite ville située en Espagne, dans la Catalogne, sur une montagne, entre Lorida & Solsone.

AGRANDIR. v. a. rendre plus grand, plus étendu. Augere, amplificare. Le Roi a agrandi Versailles. Ce Partisan a bien fait agrandir sa maison, ses jardins. Claudius agrandit aussi la ville de Rome, suivant la coutume ancienne, qui donne cette permission à ceux qui ont agrandi l’Empire.

Agrandir, se prend aussi pour faire paroître plus grand, sans augmenter véritablement la grandeur, ni donner d’accroissement réel. Comme par le moyen des microscopes, nous multiplions les corps les plus simples, & agrandissons les plus insensibles ; de même par le moyen des lunettes nous approchons de nos yeux les objets les plus éloignés. P. Le Comte.

Agrandir, se dit figurément en Morale ; & signifie, rendre plus grand en honneurs, en crédit, en fortune ; élever dans le monde à un état plus considérable. Les Princes agrandissent qui ils veulent.

Le P. Le Moine a dit :

La grandeur du péril agrandit leur audace.

Mais augmente seroit mieux.

Il se dit aussi avec le pronom personnel ; soit au propre, les héritages s’agrandissent par alluvion ; soit au figuré, dans les occasions de s’agrandir, il n’est presque point de fidélité qui soit à l’épreuve. Patr. On ne se pousse, & on ne s’agrandit dans le monde que pour augmenter l’idée que chacun se forme de soi. Nicol.

Agrandir, signifie aussi exagérer, amplifier. Dicendo amplificare. Vous avez bien agrandi sa faute par vos discours. Exagérer est le vrai mot. Exagérer l’énormité d’un crime.

☞ On se sert d’agrandir, dit M. l’Abbé Girard, lorsqu’il est question d’étendue ; & lorsqu’il s’agit de nombre, d’élevation, ou d’abondance, on se sert d’augmenter. On agrandit une ville, une cour, un jardin. On augmente le nombre des citoyens, la dépense, les revenus. L’on dit qu’on agrandit sa maison quand on lui donne plus d’étendue par la jonction de quelques bâtimens faits sur les côtés : mais on dit qu’on l’augmente d’un étage ou de plusieurs chambres. En agrandissant son terrain, on augmente son bien. Le riche n’agrandit ses domaines, qu’en resserant ceux du pauvre. Le pouvoir n’augmente jamais que par la diminution de la liberté. Les Princes s’agrandissent en reculant les bornes de leurs états, & croient par-là augmenter leur puissance.

AGRANDI, IE. part. Auctus, amplificatus.

AGRANDISSEMENT. s. m. Augmentation, ce qui rend une chose plus grande. Amplificatio, Incrementum. L’agrandissement d’un parc, d’une ville. ☞ On le dit figurément de l’augmentation & de l’accroissement en biens, en fortune. Il doit l’agrandissement de sa famille à la faveur de ce ministre. Cromwel n’avoit de Religion & de fidélité, qu’autant que ses vertus pouvoient servir à son agrandissement. Bouh.

☞ Le désir de l’agrandissement cause dans la politique la circulation des états, dans la police celle des conditions, dans la morale celle des vertus & des vices, & dans la physique celle des corps : c’est le ressort qui fait jouer la machine universelle, & qui nous en représente toutes les parties dans une vicissitude perpétuelle, ou d’augmentation ou de diminution : mais il y a pour chaque chose, de quelque espèce qu’elle soit, un point marqué jusqu’où il lui est permis de s’agrandir : son arrivée à ce point est le signe fatal qui avertit ses adversaires de redoubler leurs efforts, & d’augmenter leurs forces, pour se mettre en état de profiter de ce qu’elle va perdre.

Ces mots viennent du latin, grandis.

AGRANIES. s. f. pl. Fêtes célébrées à Argos en l’honneur d’une des filles de Prœtus, selon Hésychius Agrania. C’étoient probablement les mêmes que cet Ecrivain appelle Agrianies, célébrées avec de grands jeux dans la même ville, & à Thèbes, en l’honneur des défunts. Pottérus, Archæogol. Græc. 2. C. 2.

☞ AGRAULE. Le bois sacré d’Agraule, auprès de la citadelle d’Athènes. Cecrops eut trois filles, Agraule, Erse & Pandrosa. Les Athéniens étant en guerre avec les Eleusiniens consulterent l’oracle d’Apollon, qui leur répondit que cette guerre ne finiroit heureusement pour eux, que si quelqu’un se dévouoit pour la patrie. Dès que cette oracle fut divulgué, Agraule se précipita de la citadelle, & par sa mort procura la victoire à Erechthée son ayeul. Les Athéniens par reconnoissance consacrerent à cette héroïne un bois & un temple à l’entrée de la citadelle, & ordonnerent qu’à l’avenir, avant que d’entreprendre aucune guerre, ils obligeroient la jeunesse à faire dans ce bois un serment dont parle Plutarque, qui est une espèce de dévouement pour la patrie.

AGRAULIES. s. f. pl. Fêtes ainsi nommées parce qu’elles doivent leur institution aux Agraules, peuples de l’Attique de la Tribu Erecthéïde, qui avoient pris leur nom d’Aglaure ou Agraule. Agraulia. Cette fête se célébroit en l’honneur de Minerve.

AGRÉABLE. adj. m. & f. Ce qui est selon notre goût. Ce qui convient à notre goût, à notre esprit. Gratus, acceptus, jucundus. La campagne est agréable aux mélancoliques. Il n’y a rien de plus agréable que la conversation des honnêtes-gens. La condition naturelle des hommes leur fournit peu de choses agréables, & leur raison leur apprend à en goûter encore moins. Fonten.

Agréable. Homme agréable. L’esprit & l’humeur rendent agréable. On recherche la compagnie d’un homme agréable ; il amuse. Les personnes enjouées sont ordinairement agréables. Commerce agréable. Conversation agréable, Voyez au mot Gracieux les nuances qui distinguent ces deux mots.

Agréable s’emploie aussi fort souvent substantivement. Il faut autant qu’il est possible, mêler l’utile avec l’agréable. Moliére a quitté pour le bouffon, l’agréable & le fin. Boil. On dit qu’un homme fait l’agréable, pour dire, qu’il croit être agréable, & qu’il affecte de passer pour tel ; & qu’un homme fait l’agréable auprès d’une femme, pour dire, qu’il s’attache à lui faire la cour, à lui vouloir plaire. Acad. Fr.

Avoir agréable. Avoir pour agréable ; pour dire, agréer. Avez, Messieurs, agréable d’en entendre la lecture. Joubert dit dans son Dictionnaire, avoir pour agréable. M. de Calliéres n’y veut point de pour, qui, selon lui, rend cette façon de parler bourgeoise. Les gens du monde, dit-il, ne s’en servent point, & diroient en pareil cas : Si vous l’avez agréable ; si vous le trouvez bon, j’aurai l’honneur de vous voir un tel jour… Suite des mots à la mode. L’Acad. dit, avoir pour agréable.

Agréable, en peinture, se dit du coloris qui a du brillant & de l’éclat. Gracieux se dit mieux du sujet. Le bon coloris est toujours agréable : mais le coloris agréable peut n’être pas bon.

Agréable, s. m. Terme de Fleuriste. C’est le nom d’une des espèces des œillets piquetés. Voyez Amarillis.

AGRÉABLEMENT. adv. D’une manière agréable. Jucundè, lepidè, festivè. Cette personne chante agréablement. La nouvelle d’un si heureux succès fut reçue fort agréablement. Passer agréablement la vie. Ablanc. Tourner les choses le plus agréablement du monde. Mol. agréablement logé.

AGRÉAGE. s. m. On nomme ainsi à Bordeaux ce qu’ailleurs on appelle communément courtage.

☞ AGREDA. Ville du Royaume d’Espagne, dans la vieille Castille, à trois lieues de Taracona, sur les frontières d’Arragon. Les Ouvrages de Marie d’Agreda y sont conservés en manuscrit,

Agreda, nommée aussi par les Espagnols Malaga, ville de l’Amérique méridionale, dans le royaume de Popaian, au pied des monts, à quarante lieues de Quito. Elle appartient aux Espagnols.

AGRÉER. v. n. Plaire, être au gré de quelqu’un. Placere. Agréer aux Princes. Cette peinture m'agrée fort. Si ce mariage vous agrée. Il y a beaucoup de choses qui sont bonnes, & cependant qui n’agréent pas à tout le monde.

Agréer, v. a. Avoir pour agréable, recevoir favorablement. Gratum & acceptum habere. Vous agréerez, s’il vous plaît, mes complimens. Dieu agrée les prieres de ses enfans. Il a agréé le présent que je lui ai fait. Agréer une proposition.

Agréer, signifie aussi, trouver bon, ratifier, approuver. Approbare, comprobare. Agréez que je ne me mêle point de cette affaire. Je lui ai fait agréer les raisons que j’avois d’agir de la sorte. Le Roi a agréé la résignation d’un tel bénéfice, d’une telle charge. Il faut que le mari agrée & ratifie le contrat fait par sa femme, pour sa validité. ☞ Accepter exprime le consentement : agréer désigne particulièrement l’approbation. Recevoir exclut simplement le refus.

Agréer. Terme de Marine. Fournir un navire de son funin, voiles, canons, poudre, balles & mêche, selon le voyage, l’équiper de tout ce qui est nécessaire pour le mettre en état de naviguer. On a envoyé ordre d’agréer plusieurs vaisseaux pour telle expédition, c’est-à-dire, de les fournir de tous les agrès nécessaires.

On dit proverbialement, qu’il faut payer, ou agréer ; pour dire, qu’un débiteur doit satisfaire les créanciers par argent, ou par ses soumissions en obtenir terme, ou composition.

AGRÉE, ÉE. part.

AGRÉEUR. s. m. Celui qui fournit tout ce qu’il faut à un navire pour le mettre en état de faire un voyage. Instructor.

Agréeur, est aussi celui qui passe le funin, frappe les poulies, oriente les vergues, & met en bon ordre tout ce qui est de sa charge.

☞ AGRÉGAT. s. f. Terme didactique, qui signifie la même chose qu’assemblage de plusieurs choses.

AGRÉGATION. s. f. Se dit dans l’usage ordinaire pour association, réception au nombre de ceux qui composent un corps. Adscriptio, cooptatio. Etre d’un corps par agrégation. Patr. On a fait l’agrégation de plusieurs Docteurs aux professeurs des écoles du droit. Il se fait souvent en Italie des agrégations des familles & des maisons, par le moyen desquelles elles portent le même nom & les mêmes armes.

Agrégation. Terme de Physique. Aggregatio. Corps par agrégation, c’est-à-dire, par l’amas de plusieurs choses qui n’ont point entr’elles de liaison, ni de dépendance naturelle. Ainsi un monceau de sable, un tas de blé, sont des corps par agrégation.

Agrégation, en Chimie, se dit de l’assemblage, de l’union d’un assez grand nombre de parties homogènes pour former un corps sensible.

☞ AGRÉGATIVES. (pilules). Nom qu’on a donné à certaines pilules purgatives, auxquelles on attribue la propriété de rassembler les humeurs pour les expulser.

AGRÉGER. v. a. Associer quelqu’un à un corps, à une compagnie. Adscribere, cooptare. L’Université n’a pas voulu agréger à son corps plusieurs sortes de Religieux. Il n’étoit pas du corps ; il y a été agrégé.

Agréger, en termes de Physique, c’est amasser plusieurs choses ensemble, qui n’ont point entr’elles de liaison, ni de dépendance naturelle. Aggregare, congregare. Plusieurs matières qui sont agrégées ensemble composent un corps physique.

AGRÉGÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe.

☞ AGRÉGÉ, se dit substantivement d’un Docteur en droit, dont la principale fonction est d’assister aux thèses & aux examens de droit. Un agrégé. Les agrégés en droit, ou simplement les agrégés.

☞ AGREIS. Voyez Agrets.

☞ AGRÉMENT. s. m. Delectatio, suavitas, jucunditas. Ce mot dans sa signification générale, désigne ce qui plaît, ce qui est agréable, ce qui procure de l’avantage, de la satisfaction. On dit qu’un homme trouve de grands agrémens à la cour, dans sa famille, dans sa profession, dans sa compagnie : qu’on ne trouve aucun agrément dans la province, dans la solitude. On trouve des agrémens dans l’étude de la sagesse.

Agrément, signifie encore le rapport agréable des traits d’une personne avec son air, & les qualités par lesquelles elle plaît. Lepor, concinnitas, gratia. Cette femme a de grands agrémens. Les agrémens naissent de la régularité. S. Evr. Les agrémens trop réguliers ont rarement le secret de plaire.

☞ Les agrémens, dit M. l’Abbé Girard, viennent d’un assemblage de traits fins, que l’humeur & l’esprit animent ; ils l’emportent souvent sur ce qui est plus régulièrement beau. Les grâces naissent d’une politesse naturelle accompagnée d’une noble liberté. C’est un vernis qu’on répand dans le discours, dans les actions, dans le maintien, & qui fait qu’on plaît jusque dans les moindres choses.

☞ Il semble que le corps soit plus susceptible de grâces, & l’esprit d’agrémens. On dit d’une personne qu’elle marche, danse, chante avec grâce, & que sa conversation est pleine d’agrémens.

☞ On appelle aussi agrémens, certains divertissemens de Musique ou de danse, que l’on joint à des pièces de Théâtre. Cette pièce n’a réussi que par les agrémens qui sont bien entendus & bien exécutés.

☞ Dans la musique vocale & instrumentale, on donne aussi le nom d’agrémens à tout ce qui peut rendre le chant plus agréable.

☞ En matière de modes, on appelle agrémens, tous les ornemens qu’on met sur un habit. On désigne particulièrement par ce mot, tous les petits ouvrages de mode qui servent à l’ornement des robes des dames. Ornatus, ornamentum.

Agrément, en Droit, est la même chose que consentement & approbation. Approbatio, comprobatio. Le Roi promet son agrément à celui qui traitera d’une telle charge. Cette maison a été vendue avec l’agrément de tous les créanciers, avec leur consentement & leur approbation. Le pere a donné son agrément pour ce mariage,

☞ Le mot d’agrément a été aussi usité parmi les femmes, pour désigner un lavement ; apparemment parce qu’elles en prennent pour avoir le teint plus frais. Selon Ménage, ce mot dans cette signification n’est pas ancien dans notre langue. Il étoit bon pour les précieuses ridicules.

AGRÉNER. Voyez Engréner.

☞ AGRÈS. s. m. pl. Terme de Marine. Voy. AGRETS.

☞ AGRESSER. Vieux v. a. Qui signifioit, attaquer le premier. Il nous a donné agresseur & agression, qui sont encore en usage.

AGRESSEUR. s. m. Celui qui attaque le premier, qui a commencé la querelle ou la dispute. Qui aggreditur. En matière criminelle on examine d’abord lequel des deux est l’agresseur. Ces deux auteurs ont bien écrit l’un contre l’autre ; mais c’est un tel qui est l’agresseur. Il faut toujours par provision donner le tort à l’agresseur. S. Evr.

AGRESSION. s. f. Action de l’agresseur. Aggressio. Il y a preuve de l’agression contre un tel. ☞ Ce terme n’est guère usité, même en style de pratique, que dans des phrases semblables.

☞ AGRESTE. adj. m. & f. Agrestis. Sauvage, rustique. On le dit par opposition à cultivé. Ces fruits, quoiqu’agrestes, sont assez bons.

☞ On le dit quelquefois de certains fruits verts & âcres & désagréables au goût. Acidus, acerbus. Il vient du grec ἄγριον, qui signifie âcre, & désagréable au goût. Les Italiens appellent le vinaigre, agresto.

Agreste, se dit au figuré des personnes, & signifie peu poli, peu civil, sans urbanité. Agrestis, rusticus. Cet homme est devenu tout-à-fait agreste. Son humeur est bizarre & agreste. Ses mœurs sont sauvages & agrestes. Voyez Rustique & les articles relatifs.

AGRESTIE. s. f. C’est un vieux mot, qui veut dire, rudesse, rusticité. Rusticitas. Borel.

AGRETS. s. m. pl. (L’Académie écrit Agrès). Voiles, cordages, & toutes les autres choses nécessaires pour les manœuvres d’un vaisseau, & pour le mettre en état d’aller en mer. Armamenta. On les appelle sartie sur la Méditerranée. On les nomme aussi agrez, ou agreilz, ou agreils.

AGRÈVE. s. m. Nom propre d’homme. Agrippa. C’est ainsi que les plus anciens manuscrits rendent le mot Agrève ; les autres Agrippanus, & Agripanus. Agrève vient mieux d’Agrippa que d’Agrippanus, qui feroit Agrevain. Mais ce Saint est le seul pour lequel il faille ainsi changer le nom Agrippa. Pour tous les autres qui l’ont porté, il faut retenir en françois la forme latine. Ainsi l’on dit, Agrippa dit à Paul ; peu s’en faut que vous ne me persuadiez d’être chrétien. Act. XXVI, 28. Auguste honora deux fois du consulat Agrippa, homme d’assez basse condition, mais habile dans le métier de la guerre, & qui avoit eu beaucoup de part aux victoires du Prince.

AGREZ. Voyez Agrets.

☞ AGRI, ou ACRI. Agrius ou Aciris. Rivière du Royaume de Naples, qui a sa source dans l’Apennin, coule dans la Basilicate, & se jette dans le golfe de Tarente.

☞ AGRIA. Rivière de la haute Hongrie, qui a sa source dans le Comté de Hont, passe à Agria, sépare ce Comté de Hewetz, jusqu’à son confluent avec la Theisse.

Agria. Ville épiscopale de la haute Hongrie, sous la Métropole de Strigonie, avec une bonne citadelle. Les Allemands la nomment Eger.

AGRIA, ou AGRIE. s. f. Est une espèce de pustule maligne, ou de dartre dont il est fait mention dans Celse, qui en distingue de deux espèces. La première, dit-il, est fort petite, & rend la peau rouge & rude, sans la corroder beaucoup. Elle est un peu plus unie vers le centre, que vers ses bords, & ne s’étend que fort lentement. Ces pustules sont d’abord de figure ronde, & conservent leur rougeur. La seconde espèce de pustule, est appelée Ἄγρια par les Grecs. Elle irrite non-seulement la peau, mais y cause encore une corrosion & une rougeur considérable, qui est souvent suivie de la chute des poils. Dict. de James.

☞ AGRICOLE. s. m. Vieux mot, synonyme de laboureur. Agricola.

AGRICULTURE. s. f. Art de cultiver la terre, de la rendre fertile, de faire venir les fruits & les plantes. Agricultura. On le dit aussi de toute l’économie d’un ménage champêtre. Virgile a donné de belles leçons sur l’agriculture. Le Théâtre d’agriculture enseigne tout le ménage de la campagne. Les Consuls Romains se sont souvent occupés à l’agriculture. Les auteurs qui ont écrit de l’agriculture, sont Caton, Varron, Collumella, Palladius, Constantinus, César, Baptista Porta, Heresbachius : en Italien, Giov. Tatti : en Espagnol, Alphonse Herrera : en François, Charles Etienne, & Jean Liébault ; le Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres, & de Pierre de Croiscens, dit le bon Ménager, que je trouve aussi nommé Pierre Crescenzi, Petrus Crescentiensis. Il étoit Sénateur de Boulogne, & après avoir été employé en plusieurs ambassades, ou légations, il composa en allez mauvais latin un traité d’agriculture à la prière de Charles, Roi de Jérulalem & de Sicile, auquel il le dédia au commencement du XV. Siécle. De Agricultura, omnibusque plantarum & animalium generibus, L. XII. Ce traité fut imprimé en 1558, à Bâle, par Henri Pierre, sur des exemplaires écrits du temps de l’Auteur. Il a été traduit d’abord en italien, ensuite en françois : il y en a plusieurs éditions. Pierre Bellon a fait aussi un traité du Labeur de la campagne, qui est très-instructif. Clusius l’a traduit en latin, & l’a inséré dans ses œuvres de Botanique. La Quintinie a fait l’instruction pour les jardins fruitiers & potagers ; c’est un excellent ouvrage. Le Jardinier Solitaire, par le Frere François Chartreux, est un livre estimé. Louis Liger a imprimé un Dictionnaire général des termes propres à l’agriculture, à Paris, 1703. in 12. Vinet, la maison champêtre, les Délices de la campagne, à Paris, 1662. Chomel, Dictionnaire économique, sont encore des auteurs d’agriculture. Voyez de plus les Transactions Philosophiques, T. II, pag. 748 & suivantes, & ci dessous aux noms Jardin, Jardinier, Fleur & Fleuriste.

☞ AGRIE. Sorte de dartre. Voyez Agria.

AGRIER. s. m. Vieux terme de Coutumes, qui signifie, champart, ou terrage, selon Ragueau. Ce droit est plus ou moins fort, suivant les différentes coutumes. Voy. Champart.

AGRIÉRE. s. f. Terme de Coutumes. C’est un droit que les Seigneurs perçoivent en certaines provinces sur les terres labourables. Selon Ragueau, c’est la même chose qu’Agrier. Agrarium.

☞ AGRIFFER, s’AGRIFFER. v. récip. S’attacher avec les griffes à quelque chose. Arripere, stringere unguibus. Les chats s’agriffent aux meubles, à la tapisserie.

AGRIGAN. Nom d’une des îles Mariannes, Agriganum, Xaverionesus. Sa latitude est de 19°, 40’. Elle a seize lieues de circuit, & est distante de l’île Pagon de dix lieues. C’est l’île de Saint François Xavier. P. Moralès, Jés.

☞ AGRIGENTE. Ancienne ville de Sicile. Son ancien nom étoit Omphace. Les Latin la nommoient Agrigentum, & les Grecs ἄγραγας, soit à cause du mont Agragas sur lequel elle étoit bâtie, soit à cause du fleuve Agragas qui couloit au pied de la montagne.

AGRIMENSATION. s. f. Terme de Droit. Signifie arpentement & mesurage. Dict. de Ferriére. Agrorum mensura

☞ AGRIMINISTES. s. m. & f Nom qu’on donne aux ouvriers & ouvrières qui façonnent les agrémens dont les femmes ornent leurs robes.

☞ AGRIMONOÏDE. s. f. Agrimonodeïs. Genre d’herbe dont la fleur est en rose, & dont le calice devient un fruit sec. La fleur & le calice sont enfermés dans un autre calice découpé. Le premier calice devient un fruit ovale & pointu, qui est enveloppé dans le second calice, & qui ne contient ordinairement qu’une seule semence. Tournefort. Boerhaave lui attribue les propriétés de l’aigremoine.

AGRIONIES. s. f. pl. Fêtes en l’honneur de Bacchus, surnommé Ἀγριώνιος, c’est-à-dire, sauvage, féroce ; aussi le char de ce Dieu étoit-il tiré par des tigres. Cette fête se célébroit en Béotie. Plutarque est le seul que nous connoissions qui en ait parlé, (in Anton.) Les femmes s’assembloient pendant la nuit, & cherchoient Bacchus avec empressement, comme s’il leur eût échappé, & au retour elles disoient, comme pour se consoler, qu’il étoit allé se cacher chez les Muses ; ce qui signifioit que l’étude des sciences est capable d’adoucir l’humeur la plus féroce. Après cela, ces femmes se donnoient un grand festin entre elles, & à la fin du repas, elles se proposoient les unes aux autres des griphes & des énigmes. (Sympos. L. 8. Quæst. I.) Leur recherche étoit précédée d’un sacrifice fait à leurs frais. Ce qu’il y avoit de propre à la ville d’Orchoméne, c’est que les femmes d’une famille devenue odieuse par une action barbare, étoient exclues de la fête, & devoient s’éloigner des lieux où les autres femmes avoient résolu d’aller. Celles-ci marchoient, ayant à leur tête le prêtre de Bacchus, l’épée à la main, & s’il rencontroit quelques-unes des Eolée, Αἰολεῖαι, (car c’est ainsi qu’on appeloit les femmes exclues) il pouvoit la tuer. Il y en eut une de tuée du temps de Plutarque, & les Orchoméniens n’y trouverent point à redire ; mais les Romains, qui pensoient autrement que les Grecs, ne voulurent point souffrir de pareils jeux, & condamnerent la ville d’Orchoméne à une grosse amende. (Quæst. Græc.) On employoit dans cette fête beaucoup de lierre, plante consacrée à Bacchus. L’intempérance y triomphoit. Un jour les filles de Mynias, transportées de la fureur du Dieu, massacrerent Hippasus, fils de Leucippe, & le servirent sur leur table. Leur famille fut exclue pour toujours de cette fête. Plutarque parle des Agrionies à la fin des Questions Romaines, ou Meursius a très-bien corrigé le texte de cet auteur, où on lit καὶ οὔτ´ ἐν Ἥρας Ἀθήνησιν οὔτε Θήβησιν ἐν Ἀφροδίτης ἴδοι τις ἂν κιττόν ἄγριον ἰδοις δὲ καὶ Νυκτελίοις. Et où il faut lire, ἴδοι τις, ἂν κιττόν. Ἀγριωνίοις δὲ καὶ Νυκτελίοις. Ainsi il ne faut pas traduire, comme a fait Amyot : & pourtant ne voit-on jamais ès sacrifices & cérémonies de Junon à Athènes, ni de Venus à Thèbes, du lierre sauvage ; mais bien en voit-on ès sacrifices qui se font de nuit. Il falloit ôter sauvage, & dire, mais bien en voit-on aux Agrionies, & aux sacrifices qui se font de nuit.

AGRIOPHAGE. s. m. & f. Agriophagus. Qui vit de bêtes féroces ou sauvages. Ce mot est grec, composé de ἄγριος, sauvage, féroce, & φάγω, je mange. On l’a donné à quelques peuples, vrais ou fabuleux, qui ne se nourrissoient que de chair de lions & de panthères. Solin, C. 33, & Pline, Liv. v. C. 30. met des Agriophages dans l’Ethiopie, & Ptolémée en met dans l’Inde, en deçà du Gange. On les appelle aussi Moscophages.

AGRIPAUME. s. f. Cardiaca, Agripalma. Plante qui croît dans les chemins, près des masures, & qu’on a nommée Cardiaca, à cause qu’on a cru qu’elle étoit bonne pour les maladies du cœur, telles que la palpitation, les défaillances, &c. Sa racine est fort fibreuse, ses tiges sont droites, carrées, & s’élevent depuis trois jusqu’à cinq pieds ; elles sont garnies de feuilles opposées deux à deux, arrondies, découpées assez profondément, dentelées à leurs bords ; d’un vert obscur, & un peu velues. Celles du bas sont semblables à celles de l’aconit, & de la renoncule, au lieu que celles du bout des tiges vont toujours en s’étrécissant, perdent de leur rondeur, & deviennent étroites & dentelées. Ses fleurs sortent de la base des feuilles ; elles sont purpurines, formées en gueule, ayant la lèvre supérieure pliée en gouttière, & plus longue que l’inférieure, qui est partagée en trois. Chaque fleur est renfermée dans un calice en forme de cornet : dans le fond sont contenues quatre semences anguleuses.

AGRIPPA. Voyez Agrève.

Agrippa. Nom que l’on donnoit anciennement aux enfans qui venoient au monde dans une attitude autre que la naturelle, & spécialement à ceux qui étoient venus les pieds devant : ainsi nommés, dit Pline, parce qu’ils étoient ægrè parti, venus au monde avec peine. Ce nom a été à Rome un nom, puis un surnom d’hommes : on l’a ensuite féminisé en Agrippina.

☞ Il y a plusieurs Agrippas célèbres dans l’Histoire.

☞ AGRIPPER. v. a. Saisir avidement. Arripere. Il agrippe tout ce qu’il trouve.

s’Agripper. v. récip. Signifie se prendre avec la main, s’accrocher.

AGRIPPÉ, ÉE. part. Arreptus.

Le Mousquetaire habile à déguerpir ;
Saute par la fenêtre, ouvre & s’agrippe : en somme,
S’élance comme il peut en bas,
Et tombe dessus un pauvre homme.

M. De Thémiseul

☞ Les Vocabulistes nous présentent le verbe agripper comme un terme très-familier. Ils auroient dû dire, bas & trivial.

AGRIPPEUR. s. m. Jean le Maire, dans l’Amant vert, emploie ce mot ; pour dire, un mâtin. Borel.

Ces mots viennent du grec γριπέυειν qui signifie piscari, pêcher ; & de γρίπος, aussi grec, qui signifie un filet pour prendre des poissons.

AGRIPPINIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Agrippinianus, a. Peu après le commencement du IIIe siècle, vers l’an 217. Agrippin, Evêque de Carthage, s’infatua du dogme de la rébaptisation des hérétiques, ou de la réitération du baptême conféré par les hérétiques. Il ne se contenta pas de penser ainsi, il voulut introduire ce dogme dans l’Eglise, & pour cela il assembla un concile des Evêques d’Afrique & de Numidie, & l’y fit décider. Il fut donc l’auteur de l’hérésie des Rebaptisans, & c’est pour cela qu’on donna à ces hérétiques le nom d’Agrippiniens. Voyez Saint Cyprien, Ep. 71. Baronius & Sponde, à l’an 217 de J. C.

AGROPILE, AGAGROPILE. Voyez Egagropile.

AGROTÈRE. adj. f. Terme de Mythologie. Surnom de Minerve, que les Athéniens regardoient comme la protectrice de leurs campagnes. Agrotera. On faisoit tous les ans en l’honneur de cette Déesse un sacrifice de cinq cens boucs, selon Xénophon. (Expedit. Cyri) Voici à quelle occasion ce sacrifice fut établi. Darius, roi des Perses, ayant fait une irruption dans l’Attique, Callimaque, qui faisoit alors l’office de Polémarque, fit vœu à Minerve, que si les Athéniens, sous sa protection, remportoient la victoire, on lui immoleroit un nombre de boucs égale à celui des ennemis qui resteroient sur le champ de bataille. Minerve reçut favorablement la prière de Callimaque, & procura la victoire aux Athéniens. Mais le nombre des ennemis tués dans le combat fut si grand, que les Athéniens ne purent trouver assez de boucs & de chèvres pour acquitter leur vœu. Cependant, afin que la Déesse n’y perdît rien, on fit une loi qui portoit qu’on immoleroit tous les ans cinq cens de ces animaux, jusqu’à la concurrence du nombre des Perses qui avoient perdu la vie dans cette célèbre journée. Potterus, Archæol. Græc. L. 2, C. 20.

AGROTÈS. s. m. Terme de Mythologie. Nom d’un Dieu particulièrement révéré des Phéniciens. On le portoit en procession le jour de sa fête, dans une niche couverte sur un charriot traîné par différens animaux.

AGROUPER, GROUPER, v. a. L’un & l’autre se disent en termes de Peinture. Voyez Grouper.

AGU.

☞ AGUANA. Royaume. Voyez Agwana

AGUAPA. s. m. Sorte d’arbre des Indes occidentales, dont l’ombre est si dangereuse, que s’il arrive à quelqu’un de s’endormir sous cet arbre, il enfle, dit-on, d’une manière extraordinaire.

AGUARAPONDA. s. f. Viola spicata Brasiliana. C’est une plante du Brésil, haute d’un pied & demi & plus, qui pousse une tige lisse, ronde, verte, & pleine de nœuds, de chacun desquels sortent quatre ou cinq feuilles étroites, crénelées, pointues, vertes & inégales. Le sommet de sa tige est chargé d’un épi long d’un pouce & plus, uni & couvert de fleurs d’un bleu violet, composées de cinq feuilles rondes. Cette fleur ressemble à la violette, & approche de son odeur. Sa racine est droite, d’une grosseur médiocre, & se divise en plusieurs autres branches garnies de filamens.

☞ AGUAS (los) OMAGUAS, AMAGAZITES & AMANAGUZ. Peuples de l’Amérique méridionale, dans une province la plus fertile & la plus spacieuse de toutes celles que les Espagnols découvrirent dans les pays qui sont sur les bords du fleuve des Amazones.

☞ AGUATULIO, ou GUATULIO. Ville & port de la nouvelle Espagne, sur la côte du Diocèse de Guaxaca, du côté du sud.

AGUAXIMA. Terme de Botanique. C’est une plante qui se trouve au Brésil, & dans les îles de l’Amérique méridionale. Voyez Queue de lézard. C’en est une espèce.

AGUEBAUD. s. m. Nom d’homme. Agobardus. C’est un Évêque de Lyon du IXe siècle, dont le vrai nom est Agobard.

☞ AGUER. Cap d’Afrique, sur le rivage occidental du fleuve Sus, avec une ville de même nom.

☞ AGUER. Ville d’Afrique au royaume de Maroc, dans la province de Sus au Cap d’Aguer.

AGUERRIR. v. a. Rendre propre à la guerre, apprendre l’art de la guerre, accoutumer aux fatigues, aux fonctions de la guerre. Bellicis laboribus aliquem exercere, erudire, assuefacere. Un bon Général sait aguerrir ses troupes dans une seule campagne. Ce capitaine a fait plusieurs campagnes, il est bien aguerri. Ces soldats sont bien aguerris, ils résistent aux fatigues de la guerre, & ne craignent point d’aller au feu.

☞ Au figuré il signifie exercer quelqu’un à quelque chose, l’accoutumer à une chose qui paroît pénible dans le commencement. Exercere, erudire. On aguerrit quelqu’un à la dispute. Cet homme n’est pas fait à la plaisanterie, il faut l’y aguerrir, ou simplement, il faut l’aguerrir.

Aguerrir, s’emploie aussi avec le pronom personnel tant au propre qu’au figuré. Au propre c’est devenir plus propre au métier de la guerre. Exercitum bello fieri. Nos soldats s’aguerrissent tous les jours. Ces troupes se sont aguerries dans peu de temps. Au figuré, c’est s’accoutumer à quelque chose qui paroît difficile dans le commencement. Exerceri, erudiri. C’est un jeune homme qui n’est pas fait au grand monde ; mais il s’aguerrira, il s’y aguerrira avec le temps. On a de la peine à s’accoutumer à la raillerie, mais il faut s’y aguerrir.

AGUERRI, IE. part. Exercitus. C’étoient tous vieux soldats bien aguerris. Vespasien avoit trois légions bien aguerries.

Je crains peu Corbulon, les Romains, la Syrie :
Contre ces noms fameux mon âme est aguerrie.

AGUET. s. m. Ce mot vieillit, & ne trouve bien sa place que dans le style comique, & familier. On ne le dit qu’au pluriel. Etre aux aguets, se tenir aux aguets ; pour dire, épier, observer le temps & l’occasion, soit pour surprendre quelqu’un, soit pour éviter d’être surpris. In insidiis, in speculis esse. Les Sergens ont été dès le matin aux aguets pour prendre ce prisonnier. Il y a long-temps que ce courtisan est aux aguets pour obtenir du Roi quelque don avantageux. Le Diable est aux aguets pour faire succomber un saint homme à la tentation. On dit de même mettre aux aguets. On a mis des gens aux aguets pour se saisir du voleur. On dit proverbialement, qu’un homme a tiré ses chausses d’aguet ; pour dire, qu’il a trouvé une occasion favorable de s’enfuir, Aguet signifie attentif dans Cl. Marot.

AGUIGNAN. Une des îles Mariannes. Aguignanum. C’est la troisième en venant du midi. Sa latitude est de 14° 13’. Elle a trois lieues de tour : son nouveau nom est S. Ange. P. Moralès. Jés.

☞ AGUILA, ou AGLE. Ville d’Afrique, dans la province de Habat, au royaume de Fez.

AGUILLANNEUF. s. m. Vieux mot qu’on crioit autrefois le premier jour de Janvier, en signe de réjouissance. Ce mot vient d’une ancienne superstition des Druides. Les Prêtres alloient, au mois de Décembre, qu’on appeloit sacré, cueillir le gui du chêne. Cela se faisoit avec beaucoup de solennité. Les devins marchoient les premiers, chantant des hymnes, en l’honneur de leurs divinités. Ensuite venoit un héraut, le caducée en main ; après lui suivoient trois Druides de front, portant les choses nécessaires pour le sacrifice. Enfin, paroissoit le chef, ou le Prince des Druides, accompagné de tout le peuple. Le chef des Druides montoit sur le chêne, & coupoit le gui avec une faucille d’or. Les autres Druides le recevoient, & au premier jour de l’an on le distribuoit au peuple, comme une chose sainte, après l’avoir beni, & consacré, en criant, Au gui, l’an neuf, pour annoncer une année nouvelle. On fait encore ce cri en Picardie, où on ajoute, Plantez, plantez, pour souhaiter une année abondante & fertile. De-là est venu le nom d’un fauxbourg de Lyon, qu’on nomme encore à présent la Guillotière. En Bourgogne, à Dreux, & autres lieux, les enfans crient, Aguilanneuf, pour demander leurs étrennes.

On donna depuis le nom de Aguilanneuf à une quête qui se faisoit le premier jour de l’an, dans quelques Diocèses pour les cierges de l’église. Elle se faisoit par des jeunes gens de l’un & de l’autre sexe. Les Synodes ont aboli cette quête, à cause de la licence & du scandale dont elle étoit accompagnée. Voyez là-dessus les remarques de M. Mosant de Brieux.

AGUILLES. s. f. pl. Toiles de coton qui se fabriquent à Alep.

☞ AGUILETTE, & AGUILLON. Vieux mots qu’on disoit autrefois pour aiguillette & aiguillon.

AGUIMPER. v. a. Mettre une guimpe. Ce verbe est du style familier. Voyez Guimper.

 
Tant ne songeoient au service divin,
Qu’à soi montrer es parloirs, aguimpées,
Bien blanchement, comme droites poupées.

La Font.

AGUIMPÉ, ÉE. part. Voyez Guimper.

AGUITRAN. s. m. autrement, Poix molle. Voyez Poix.

AGUL, de Jean Bauhin. s. m. C’est un petit arbrisseau épineux, qui croît en Arabie & en Perse. Ses feuilles ressemblent à la Centinode, & sont de couleur rougeâtre ; il leur succède des gousses rouges. On trouve le matin sur ses feuilles de la manne grosse comme des grains de coriandre, qui se dissipe au soleil : ses feuilles sont purgatives.

☞ AGURANDE. Ville de France, dans le Berri, à quatre lieues de la Chatre, sur les confins de la Marche.

AGUTIGUEPA. s. f. Plante du Brésil, dont la racine est ronde à sa partie supérieure, d’un rouge foncé, & bonne à manger. De cette racine s’élève une tige droite, longue depuis trois pieds jusqu’à cinq, de la grosseur du doigt, portant sans ordre sur des pédicules qui ont souvent six travers de doigt de longueur, des feuilles longues depuis un pied jusqu’à deux, larges de quatre travers de doigt, pointues, d’un très-beau vert, luisantes, &c. Du sommet de la tige s’élève une fleur semblable au lys, de couleur de feu, composée de trois ou quatre feuilles, &c. Dict. de James.

☞ AGUTI TREVA, ou AGOUTI TREVA. Plante des îles Mariannes. Sa feuille est semblable à celle de l’oranger, mais plus mince ; sa fleur est couverte d’une espèce de rosée ; son fruit est gros, couvert d’une écorce rougeâtre, & contient des semences semblables à celles de la grenade, transparentes, douces & agréables au goût.

☞ AGWANA. Royaume d’Afrique, sur la côte d’or. Il a au levant Fantin & Sanquai, au midi Aquemboe & Abonoé, & au couchant le grand Acara.

AGUYÉE, ou AGUIATE. s. m. Agyeus, Agyates.