Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/151-160

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Fascicules du tome 1
pages 141 à 150

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 151 à 160

pages 161 à 170


mal interprétée par les Païens, elle fut absolument retranchée des Agapes. Enfin, on fut obligé d’abolir entièrement les Agapes mêmes, à cause des abus qui s’y commettoient. Ce fut le Concile de Carthage qui les condamna en 397, ensorte que la mémoire en est presque perdue avec l’usage. Ce mot vient du Grec ἀγάπη, dilectio, dilection, charité mutuelle ; du verbe ἀγαπάω, diligo, j’aime, je chéris.

AGAPÉTES. s. f. pl. Bien-aimées. Agapetæ. On donnoit ce nom dans l’ancienne Eglise, à des Vierges qui vivoient en communauté, ou qui s’associoient avec des ecclésiastiques, par un motif de piété & de charité. A cause de cela ils les appeloient Sœurs adoptives. Dès le Ier siècle il y avoit des femmes qui étoient instituées Diaconesses ; & comme elles se consacroient au service de l’église, elles choisissoient leur demeure chez les ecclésiastiques, à qui elles rendoient tous les offices de charité conformes à la sainteté de leur ministère. Dans la ferveur des premiers commencemens du Christianisme, il n’y avoit rien de scandaleux dans ces pieuses sociétés. Mais dans la suite elles dégénérèrent en libertinage ; ensorte que S. Jérôme demande avec indignation, Unde Agapetarum pestis in Ecclesias introiit ? Les Conciles, soit pour ôter aux Païens un sujet plausible de calomnie, soit pour éloigner les occasions du mal, contraignirent les Prêtres à se séparer de ces femmes, & défendirent avec beaucoup de sévérité ces Agapétes. S. Athanase raconte d’un Prêtre, nommé Léontius, qu’il offrit de se mutiler, & de retrancher toutes les raisons de soupçon, afin de conserver sa compagne.


AGARÉEN, ENNE, ou AGARENIEN, ENNE. s. m. & f. Agarenus. Nom de peuples. Ce sont des Ismaélites, ainsi nommé du nom d’Agar, mere d’Ismaël, duquel ils descendoient. Ils se sont appelés depuis Sarrasins. Trajan fit la guerre aux Agaréens, & démantela leur capitale, appelée Agares. Dion & Strabon disent qu’ils l’obligèrent d’en lever le siége.

AGARIC. s. m. Terme de Botanique & de Pharmacie. Agaricus, Agaricum, Fungus laricis. C’est une plante qui est de la nature du champignon, dont il ne différe que par sa structure, & parce qu’il s’attache au tronc des arbres. Quelques-uns croient que c’est une excroissance, une tumeur produite par une maladie de l’arbre. On croit que celui qui nous est apporté du Levant, vient de la Tartarie. Il y a plusieurs espèces d’agaric par rapport à leur différente conformation, & par rapport aux arbres sur lesquels elles croissent. Il y a un mauvais agaric qui ne croît pas sur le larix, mais sur les vieux chênes, les hêtres, &c. & dont l’usage seroit très-pernicieux. Celui qui est employé en Médecine, est blanc, léger, friable, très-amer, & s’attache au tronc du Larix, Mélise, ou Mélèze, ou de ses espèces. Cet agaric est appelé Agaric femelle, & on l’apporte des Alpes, sur-tout du Briançonnois & du Trentin. Celui qui vient du Levant est beaucoup plus blanc, plus léger & plus estimé ; il croît sur le Cédre, arbre qui est une espèce de Mélise. Ce qu’on appelle Agaric mâle, est un agaric compact, jaunâtre, quelquefois brun, & qui croît sur les noyers & sur d’autres arbres. Les teinturiers se servent de ce dernier pour teindre en noir. L’agaric est purgatif : on le joint ordinairement à d’autres purgatifs, à cause qu’il agit fort lentement. Il paroît avoir été fort estimé des Anciens, & l’est peu aujourd’hui avec raison. Par le long séjour qu’il fait dans l’estomac, il excite des vomissemens, ou tout au plus des nausées insupportables, suivies de sueurs, de syncopes & de langueurs qui durent beaucoup. Il laisse aussi un long dégoût pour tous les alimens. L’agaric est chaud & astringent ; il appaise les tranchées, la sciatique, la suffocation de la matrice. L’on en fait un sirop propre aux mêmes maux, & qui outre cela purge, soulage les maladies du cerveau, le haut-mal, les douleurs d’estomac & de rate, & fait uriner. Etant pris un peu avant les accès de fièvres intermittentes, il retarde le frisson ; c’est aussi un contre-poison contre la morsure des bêtes venimeuses ; c’est pourquoi il entre dans la thériaque. On peut en user, ou simplement, ou le faire infuser dans de l’eau mêlée, ou dans du vin. La dose est d’une drachme jusqu’à deux, suivant la force des gens. Chomel. L’agaric en naissant n’est pas de la même couleur, que quand il est parfaitement formé. Au commencement il est d’un vert pâle ; mais il est blanc étant parvenu à sa maturité. Il sert à relever l’éclat de l’écarlate. Le vrai est celui qui se trouve sur les Mélises ; car le fossile, que quelques Naturalistes appellent le Lait de la Lune, n’en a qu’improprement le nom, & n’en a pas tous les effets. Chomel. Voici en quoi l’agaric mâle differe de l’agaric femelle. Le premier a la superficie rude & raboteuse ; sa substance intérieure très-fibreuse, ligneuse, difficile à diviser, de diverses couleurs, hormis la blanche ; il est pesant. Le second au contraire, a la superficie fine, lisse, brune ; il est intérieurement blanc, friable, & se met aisément en farine ; & par conséquent il est léger. Tous deux se font d’abord sentir doux sur la langue, & ensuite âcres & amers ; mais le mâle a plus d’amertume & d’âcreté. Celui-ci ne s’emploie point en Médecine, & peut-être est-ce le même que celui qui ne croît pas sur le Larix. M. Bolduc appelle l’Agaric mâle, faux agaric. Cet habile Chimiste a fait différentes opérations sur l’agaric. On les peut voir dans l’Histoire de l’Académie des Sciences, 1714. p. 28 & 29.

Ce nom lui a été donné d’une province de Sarmatie, nommée Agarie, d’où il est venu d’abord, à ce que dit Dioscoride. Scaliger dit qu’il se trompe, & que le nom de pays est imaginaire, aussi-bien que le pays même. Mais Saumaise, dans son Livre de Homonymis, a justifié Dioscoride. Plusieurs Auteurs, & entr’autres Gallien, en parlent comme d’une racine. Mais l’opinion commune est que c’est une espèce de champignon, qui s’engendre sur le tronc des arbres. Pline dit que toutes sortes d’arbres portans gland, portent l’agaric : mais il se trompe.

AGASTE. s. f. Terme dont on se sert pour exprimer une pluie très-abondante qui survient tout d’un coup, comme dans les orages. On le joint ordinairement à eau, une agaste d’eau : nous fûmes surpris par une agaste d’eau, qui nous perça jusqu’aux os. Ce mot n’est en usage qu’à la campagne.

AGASYLLIS. s. m. Dioscoride dit que c’est l’arbrisseau qui produit la gomme ammoniaque, L. III. c. 98.

AGATHANGE. Nom d’homme. Agathangelus. Ce mot est grec, composé de ἀγαθὸς, bon, & ἄγγελος, Ange. Il y avoit aux fauxbourgs de Constantinople, où est maintenant le quartier de Péra, une église de S. Clément Evêque d’Ancyre, & de S. Agathange son Diacre, bâtie par l’Empereur Basile le Macédonien. Bail.

☞ AGATHE. Les Tireurs d’or appellent ainsi un instrument, dans le milieu duquel est enchâssé une Agathe qui sert à rebrunir l’or. Encyc.

Agathe, plus ordinairement Agate. s. f. Pierre précieuse, en partie transparente, en partie opaque. Achates. Il y en a de plusieurs couleurs, ce qui lui a fait donner divers noms chez Pline & les autres Auteurs. On peut réduire les différentes sortes d’Agates à quatre espèces ; l’Onyx, ou Agate orientale ; la coraline, la noire, & celle d’Allemagne. L’Agate est ordinairement de couleur rouge, & parsemée de lignes & de taches, qui sont quelquefois disposées d’une manière si admirable qu’il semble que la nature ait pris soin d’y peindre les figures différentes qu’on y remarque. On y voit des bois, des fleuves, des arbres, des animaux, des fruits, des fleurs, des nuages, & d’autres choses semblables. Camillus Léonardus dit qu’il en a vû une qui représentoit sept arbres situés dans une plaine ; & Boot rapporte qu’il en a une de la grandeur de l’ongle du doigt du milieu, qui représente très-bien un Evêque avec sa mitre. Si on la tourne tant soit peu, on y voit une autre image ; & si on la tourne davantage, on y remarque les portraits d’un homme & d’une femme. Les Agates Sardoines sont de trois couleurs : les vraies sont entièrement rouges, qu’on fait passer pour la carnéole, comme ayant une petite teinture de couleur de chair mêlée de brun. Il y en a d’autres moindres, qui sont en partie mêlées de couleur de sang : & les dernières le sont d’un rouge tirant sur le jaune. L’Agate Sardonix est composée de la Sardoine & de l’Onyx, & a une couleur sanguine & distinguée par des cercles ou zônes, qui semblent y avoir été peints par artifice, & quelquefois mêlées d’un blanc éclatant. Pline, Strabon & Cicéron disent que la bague de Polycrate étoit de Sardonix : ce qui ne s’accorde pas avec ce qu’on dit de Mithridate, qui avoit quatre mille vases de cette même pierre. Car, ou cette bague n’auroit pas été de grand prix, ou ces vases auroient été d’un prix excessif.

Les Agates Onyx sont toutes opaques, de couleur blanchâtre & noire, tellement distinctes, qu’on croiroit qu’elles y ont été appliquées par art.

Les Agates Onyx Sardonix, sont celles où il se rencontre trois couleurs différentes, & néanmoins unies ensemble. On en a ruiné les mines ; & celles qui se trouvent à présent grandes & parfaites, n’ont point de prix. La couche du milieu est propre pour exprimer la carnation du visage ; celle de dessus qui est Sardoine, ou couleur de pourpre, donne la couleur aux vêtemens : & le dessous est d’une autre couleur propre pour faire le fond, qui détache les deux premières, & fait un ouvrage merveilleux suivant la science du Graveur. Pyrrhus avoit une Agate où étoient représentées les neuf Muses & Apollon tenant sa harpe.

L’Agate Calcédoine est à demi opaque, & à demi transparente, & le plus souvent de couleur de rose, remplie de nuages. Il y en a d’entièrement blanches, qui sont les plus rares.

Les Agates d’Egypte sont dures, rouges, & entre-mêlées de bleu & de blanc. Quand elles sont dans leur perfection, elles ont des couleurs semblables à l’Iris, & sont les plus estimées d’entre les Agates.

L’Agate Romaine ne tient rien de celle d’Orient ; & il y en a de plusieurs couleurs différentes, qui les ont fait nommer différemment. On en faisoit autrefois ces vases mirrhains si fameux dans l’Antiquité, qui avoient diverses couleurs, & qui représentoient diverses figures.

Il se trouve aussi des Agates en Allemagne, en Pologne, en Dannemarck, dont quelques-unes ont disputé le prix aux orientales. L’Agate d’Allemagne est tendre, blanche & bleuâtre ; c’est la moins estimée.

Les Anciens parlent aussi d’une Agate rouge, comme du corail, mouchetée de points d’or, qu’on trouve en Candie, qu’on a nommée Sacrée, parce qu’elle préserve du venin des scorpions, des vipères & des araignées. On a fait de tout temps des cachets d’Agate, parce que cette pierre ne retient point du tout la cire. Les Agates servent à enrichir les tabernacles, les cabinets de marbre, & de marqueterie. Pline dit que les premières Agates furent trouvées en Sicile, le long du fleuve Achates, qu’on nomme aujourd’hui le Canthera ; ce qui lui a donné le nom d’Agate.

Agathe, ou Agate, en termes de Fleuriste, est le nom d’un grand nombre de tulipes, dont voici les noms & les couleurs.

L’Agate d’Aste est rouge, pourpre, rose séche & blanc.

L’Agate Amirale, gris-de-lin, siamette, rouge vif & blanc.

L’Agate Armand, gris-de-lin sale, colombin & blanc.

L’Agate d’Arquelaine, colombin obscur, colombin clair & blanc.

L’Agate Royale n’a que trois couleurs, mais parfaitement distinctes & séparées les unes des autres ; elle est pourpre-clair, avec du rouge, qui s’étend en panaches dans beaucoup de blanc. C’est une des belles tulipes du temps.

L’Agate Brosset, rouge foncé, colombin clair, blanc d’entrée.

L’Agate Brillet, colombin blanc, printanière.

L’Agate Barbansonne, rouge obscur, colombin clair, & blanc obscur.

L’Agate Brune, rouge sur brun, & colombin clair.

L’Agate Chapelle, rouge, colombin & blanc.

L’Agate coste, gris-de-lin chargé, rouge vin, & blanc de satin.

L’Agate de Cointe, colombin obscur, colombin clair, & blanc terni.

L’Agate Castelain, colombin, rouge pâle, & blanc.

L’Agate Chon, colombin, minime, & couleur de citron terni.

L’Agate dentelée a du colombin, chargé de rouge avec du blanc.

L’Agate de Dru, couleur de rose mêlée d’incarnat colombin, couleur de citron, & blanc terni.

L’Agate Datte, gris lavandé, & pourpre cramoisi.

L’Agate d’Epine, blanc-de-lait, & tacheté de rouge cramoisi clair.

L’Agate Ferrans, pourpre foncé, couleur de Vice-roi & peu blanc.

L’Agate Frioul, gris-de-lin enfumé, tristamin, & couleur de citron brouillé.

L’Agate Guérin, feuille morte & blanc.

L’Agate Gobelet, rouge cramoisi, colombin, blanc & jaune.

L’Agate Gobelin est ornée de cinq couleurs, d’incarnat, de rouge, de jaune, & de lacque, chargé de chamois.

L’Agate Gorle, rouge sang de bœuf & blanc.

L’Agate Gorion, rouge obscur, colombin & citron.

L’Agate la Déserte, colombin & peu de blanc, printanière.

L’Agate Lanthe, amarante & blanc, non d’entrée.

L’Agate Lyonnoise, couleur de brique, colombin, & blanc, le tout brouillé.

L’Agate Lornay, colombin & blanc, non d’entrée.

L’Agate Minime a quatre couleurs assez distinctes, qui sont gris-de-lin, jaune, amarante, & rouge.

L’Agate Monsieur de Chartres, colombin obscur, gris lavandé, & de blanc.

L’Agate Magnin, colombin obscur, mêlé d’un colombin clair & blanc.

L’Agate Morin a du pourpre, & du gris sale dans beaucoup de blanc.

L’Agate Mole, colombin obscur, colombin clair & blanc.

L’Agate Molard, colombin obscur, gris lavandé & blanc.

L’Agate Ochée, tristamin rouge & chamois.

L’Agate la Piemande, gris-de-lin, colombin, rouge & blanc.

L’Agate Proserpine, minime, brûlé jaune, & citron terni.

L’Agate Patin, couleur de rose, colombin & blanc, non d’entrée.

L’Agate Picot, colombin obscur, colombin clair, & blanc terni.

L’Agate de Quibly, gris-de-lin, colombin obscur, colombin, & blanc d’entrée.

L’Agate Roussi, rouge brun, colombin, & blanc d’entrée.

L’Agate Rivière, rouge brûlé, colombin obscur, & un peu de blanc terni.

L’Agate Robain a du pourpre, du rouge & du blanc ; mais quoiqu’elle ait les couleurs de l’Agate Royale, néanmoins elle est fort différente : l’Agate Royale a beaucoup plus de blanc, & les panaches ne sont pas semblables.

L’Agate romaine est colombine, avec un peu de blanc.

L’Agate S. Marc est gris-de-lin, incarnat & blanc.

L’Agate sans pareille, rouge cramoisi, colombin, blanc d’entrée.

L’Agate Saunier, gris-de-lin clair, colombin, & blanc d’entrée.

L’Agate sauvage, violet, pourpre enfoncé & blanc.

L’Agate du Vasseur est d’un gris violet, avec du blanc & un peu d’incarnat.

L’Agate Pernichot, gris-de-lin & blanc par mêmes panaches.

On a fait une devise d’une Agate avec ce mot, Copia vilescit.

☞ AGATHE, GATTE ou JATTE. s. f. Terme de Marine. C’est le retranchement que l’on fait au-dedans de l’avant d’un vaisseau, pour recevoir l’eau que les coups de mer font entrer par les écubiers.

AGATHY, ou AGATY. s. m. C’est un arbre qui a quatre à cinq fois la hauteur ordinaire d’un homme, & dont le tronc a environ six pieds de circonférence. Les branches qui sortent du milieu & du sommet de l’arbre, s’étendent beaucoup plus en hauteur qu’en largeur. Il croît dans les lieux sabloneux sur la côte de Malabar. Sa racine est de couleur noire, d’un goût astringent, & pousse des fibres à une distance considérable. Son bois est fort tendre, & le devient d’autant plus, qu’il est plus près du cœur. Lorsqu’on fait une incision dans l’écorce, il en sort une liqueur claire & aqueuse, qui s’épaissit & devient gommeuse quelque temps après. Dict. de James.

☞ On attribue à cet arbre plusieurs propriétés médicinales. Sa racine mêlée avec de l’urine de vache dissipe les tumeurs sur lesquelles on l’applique. Le suc qu’on en tire, mêlé avec du miel, fait un excellent gargarisme dans les esquinancies. Les feuilles prises en décoction purgent les humeurs pituiteuses & bilieuses : mangées, elles guérissent les vertiges. Les fleurs excitent à l’amour.

AGATHYRSES. Agathyrsi. Ancien peuple de la Sarmatie d’Europe. Hérodote parle des Agathyrses, comme d’un peuple très-mou. Le même Auteur les appelle Χρυσοφόροι, gens qui portent de l’or ; & S. Jérôme assure qu’avec beaucoup d’or, les Agathyrses n’avoient ni avarice ni envie. Virgile dit qu’ils étoient peints, Pictique Agathyrsi ; ce que quelques Commentateurs expliquent des habits de différentes couleurs dont ils se vêtoient ; & d’autres, de ce qu’ils se peignoient le corps & les cheveux.

Je trouve trois différentes opinions sur l’origine du nom des Agathyrses. Car 1o. quelques-uns prétendent qu’ils le tenoient d’un Agathyrse fils d’Hercule, & c’est l’opinion d’Etienne le Lybien. 2o. Pisandre dans Suidas prétend qu’il vient de ἀπὸ τῶν θύρσον τοῦ Διονυσῖου, ch. 8. des Thyrses de Bacchus. 3o. Bochart, dans son Phaleg. Liv. 3, ch. 2, prétend sur la ressemblance de la troisième partie de ce nom, que ce sont les descendans de Thiras fils de Japhet, Gen. X. 2, aussi-bien que les Thraces, dont ils étoient voisins.

AGATIS. s. m. Terme des Eaux & Forêts. C’est le dégât, ou dommage, fait & causé par des bêtes. Ragueau. Damnum à pecoribus illatum. Voyez la Coutume d’Angoumois.

AGAVÉ. s. f. Fille de Cadmus & d’Harmonie, épousa Echion, & fut mere du malheureux Penthée.

☞ AGAGES. Sauvages de l’Amérique méridionale, dans le Paraguai, le long de la rivière de ce nom, ne vivant que de ce qu’ils peuvent voler à leurs voisins.

AGD.

AGDE. Agatha. Ville de France, dans le bas Languedoc, sur la rivière d’Eraut. Elle a un évêché, dont le diocèse est le plus petit du royaume après Bethléem, n’ayant que dix-neuf paroisses. Agde, dit Strabon, livre 4, est une colonie des Marseillois, & l’on prétend qu’ils la bâtirent en mémoire de quelque victoire, comme ils avoient bâti Nice en mémoire de l’avantage qu’ils remporterent sur les Liguriens. Dans une ancienne notice de la Gaule, Agde tient le cinquième lieu entre les villes de la première Narbonnoise ; mais dans une autre plus ancienne, & qui semble être faite sous l’empire d’Honorius, il n’en est point parlé, peut-être, parce qu’elle n’avoit point encore d’évêché ; car on ne trouve point d’évêque d’Agde avant l’an 506 de Jésus-Christ, qu’on y tint un Concile. On lit dans Pline, Agathopolis Massilliensium, parce que ce sont les Marseillois qui ont bâti Agde. Chorier.

La différence du méridien d’Agde à celui de Paris est, selon M. Cassini, 0°. 4′. 33″. orient, ou 1°. 8′. 15″. c’est-à-dire, 20° 59′. 18″, de longitude. & 43°. 19′. 0. de latitude nord. Selon l’Académie de Montpellier, longitude, 21°. 1′. 3″. latitude 43°. 18′. 0″. La tour d’Agde, 20°. 59′, 3″. & 43°. 18′. 34″. Cassini.

AGDESTIS, ou AGDISTIS. s. f. Nom de la mere des Dieux ou de Cybéle, selon Strabon (l. 10.) & Tome I. Hésychius. Il y avoit une montagne de ce nom dans la Phrygie près de Pessinunte, où Cybéle étoit particulièrement honorée ; & c’est de-là sans doute qu’on la nomma Agdestis. Mais voici ce qu’on imagina, afin qu’il y eût en cela du merveilleux, c’est Arnobe qui l’a rapporté, (l. 5). On supposa que la montagne dont je viens de parler s’appeloit Agde, & ce fut en détachant des pierres de cette montagne, que Deucalion & Pyrrha repeuplerent la terre. La mere des Dieux fut une des femmes à qui ils donnerent ainsi la naissance. Jupiter conçut de l’amour pour elle, & il en eut un enfant mâle qu’on nomma Agdestis, parce que la montagne d’Agde lui avoit servi de mere, & que c’étoit d’elle qu’il étoit sorti. Cet enfant devint illustre par sa force extraordinaire & par sa bravoure, mais il perdit bientôt ces avantages. Bacchus l’ayant surpris endormi, le mutila, & du sang qui coula de sa plaie, se forma une grenade, que Nana, fille du fleuve Sangarius, éprise de sa beauté, mit imprudemment dans son sein ; elle en devint grosse, & ce fut là ce qui procura la naissance à Atys, ce célébre amant de Cybéle ; mais Pausanias, (Achaïc. c. 17) lui donne une autre origine. Il dit que Jupiter pendant le sommeil répandit sur la terre de la semence qui fit naître un Génie (δαίμων) de figure humaine, mais androgyne, & ayant les deux sexes, il fut appelé Agdistis. Les Dieux, effrayés de la vue de ce monstre, lui couperent ce qui distingue l’homme de la femme. Ces parties produisirent un amandier, dont les fruits tenterent la fille du fleuve Sangarius ; elle en cacha dans son sein : ils disparurent, & cette fille conçut & mit au monde Atys, Attis, ou Attes.

AGE.

ÂGE. s. m. On écrivoit autrefois aage, ou eage. C’est la durée naturelle de chaque chose, & spécialement la durée ordinaire de la vie de l’homme. Ætas. L’âge de l’homme a été borné à 120 ans, en la Genèse, Ch. 6.

Âge, signifie aussi l’état de l’homme en certaines parties de sa vie, que l’on partage ordinairement en quatre âges différens, l’enfance, la jeunesse, l’âge viril & la vieillesse. L’âge d’innocence, l’âge tendre, c’est jusqu’à sept ans. Pueritia. L’adolescence, l’âge de puberté, c’est l’âge nubile au-dessus de quatorze ans. Adolescentia. La fleur de l’âge, c’est la jeunesse, jusqu’à 30 ou 35 ans. Juventus. La force de l’âge, l’âge mûr, l’âge viril jusqu’à 50 ans. Virilis ætas. Après quoi commence le déclin de l’âge, qui fait la vieillesse. Senectus. L’âge décrépit, c’est au-dessus de 75 ans ; c’est le dernier âge de la vie. Decrepita, exacta, extrema ætas. L’âge d’homme, c’est l’âge ordinaire de la vie des hommes, de 50 ou 60 ans. Jamais on n’est dans un âge trop avancé pour étudier, ou pour apprendre, disoit S. Augustin, écrivant à S. Jérôme. Ætas nulla ad discendum sera.

En parlant des chemises & des souliers qu’on donne aux petits enfans, on dit, des chemises, des souliers du premier âge. Acad. Fr.

Âge. Ce mot étant employé absolument, signifie, vieillesse. Senectus. Etre sur l’âge, c’est être avancé en âge. Etre sur le penchant de l’âge ; être sur le retour de l’âge ; tout cela signifie, être vieux.

On ne voit pas mes pas sous l’âge chanceler.

Boil.

Etre entre deux âges, c’est n’être ni jeune ni vieux. Ætas media. Etre dans le bel âge, c’est être jeune, c’est être dans l’âge des plaisirs.

Pendant une aimable jeunesse,
On n’est bon qu’à se divertir ;
Et quand le bel âge nous laisse,
On n’est bon qu’à se convertir. La Sabl.

Âge, signifie aussi le temps qu’il y a que l’on est au monde. Nous sommes de même âge. Le secret de l’âge est le seul que les femmes gardent inviolablement. Tibère avertit le Sénat de ne point enorgueillir les esprits de la jeunesse, par des honneurs au-dessus de leur âge. Ablanc.

Quel âge a cette Iris, dont on fait tant de bruit ?
Elle a vingt ans le jour, & cinquante ans la nuit.

Breb.

Âge, se dit aussi du temps auquel les choses dont on a parlé, sont, ou ont été ; & en ce sens il ne se dit qu’avec le pronom personnel. Merveilles de notre âge. Il fut l’ornement de son âge. Acad. Fr.

On dit proverbialement à ceux qui reprochent à quelqu’un son âge, que l’âge n’est que pour les chevaux ; pour dire, qu’il faut considérer seulement la beauté, la force, la santé d’une personne, plutôt que son âge. On dit encore en burlesque, s’il vit, il aura de l’âge. Laissez faire à George, il est homme d’âge. Voyez George.

Lorsqu’on ne veut pas répondre juste à ceux qui demandent l’âge de quelqu’un, on dit, qu’il est de l’âge des veaux, qu’il a tous les ans douze mois.

On dit en termes de Jurisprudence, il est en âge, c’est-à-dire, en majorité ; il est capable de conduire ses affaires. Sui juris, suæ tutelæ factus est. ☞ Ce mot se dit alors par relation à certains temps marqués par les Loix pour certaines fonctions de la société civile. L’ordonnance de Blois, art. 28, conforme au Concile de Trente, a fixé l’âge de la profession religieuse à 16 ans accomplis. Les règlemens postérieurs reculent de beaucoup ce temps. Il étoit en bas âge. Il étoit mineur. Et on dit à la Chancellerie, lettres de bénéfice d’âge : ce sont les lettres d’émancipation qui affranchissent un mineur de la puissance d’un tuteur, & qui lui donnent pouvoir de jouir de son revenu, de son bien : on ne les obtient guère avant l’âge de 18 ans.

Dans les Maîtrises des Eaux & Forêts, on appelle l’âge du bois, ou usance de bois, le temps qu’il y a qu’on a coupé un taillis. L’Ordonnance veut que dans la coupe des taillis on laisse seize baliveaux par arpent de l’âge du bois, pour croître en haute futaie. Un chêne à cent ans, est en âge de consistance, c’est-à-dire, il ne croît plus.

Âge, en termes de chasse, se dit de la connoissance qu’on a de l’âge des cerfs par l’ouverture de la tête, par la grosseur du mertain, par les rayeures plus creuses, par les perlures plus grosses, par les andouillers plus près des meules, par la largeur du talon du pied de devant, & la petitesse du pied de derrière, &c.

Âge, se dit aussi en termes de Manége, de la connoissance qu’on a de l’âge du cheval par plusieurs marques, comme les dents, les coins, le germe de féve, &c. desorte qu’on dit qu’il est hors d’âge, quand il ne marque plus, c’est-à-dire, quand il n’a plus les marques dont on vient de parler.

Âge, se dit aussi du lait des nourrices, & c’est le temps qui s’est écoulé depuis que la nourrice a été en couche. Quel âge a votre lait ? On ne doit point faire de difficulté de donner deux nourrices à un enfant, pourvu que l’âge des laits & des personnes ait quelque rapport. Mart Disc. sur les dents.

En Astronomie l’âge de la lune signifie les jours qui se sont écoulés depuis sa conjonction ; autrement, le quantième de la lune.

En Chronologie, on appelle l’Age du monde, le temps qui s’est écoulé depuis sa création. L’incarnation est arrivée en l’an 3947 de l’âge du monde. On peut réduire les différens âges du monde à trois principales époques. L’âge de la Loi de la nature, depuis Adam jusqu’à Moyse : l’âge de la Loi jusqu’à Jesus-Christ : l’âge de la Loi de grâce, depuis Jesus-Christ jusqu’à présent 1769. Le premier âge est, selon David Ganz & la Chronologie des Juifs, de 2447 ans ; selon Scaliger de 2452 ; selon le P. Petau de 2453 ; selon Jacques Cappel de 2501 ; selon Louis Cappel de 2508 ; selon Ussérius de 2513 ; selon Salien de 2543 ans. Le second âge est, selon Génébrard de 1420 ans ; selon Ussérius de 1491 ; selon Jacques Cappel de 1498 ; selon Scaliger de 1508 ; selon le Pere Petau de 1531 ; selon Louis Cappel de 1557 ; selon Salien de 1959 ; & selon Ganz & les Juifs de 1312, ou environ ; car ils savent peu l’année de la naissance de Jesus-Christ : ils varient sur cela, comme on le peut voir dans les observations de Vorstius sur l’ouvrage de David Ganz, & ne marquent point cette époque dans leurs Chronologies. Le troisième âge est de 1769 ans. Les Chronologistes ne conviennent cependant pas sur cela. Le P. Petau croit que Jesus-Christ est né quatre ans avant l’ère commune, & par conséquent il augmente le troisième âge de quatre ans. Marcus Anton. Capellus l’augmente de cinq ; Baronius & Scaliger de deux. Le P. Pagi croit qu’on ne peut rien déterminer de certain sur cela : je crois qu’il se trompe, & qu’il est sûr que l’ère commune s’accorde avec la véritable ère de Jesus-Christ. Les Romains distinguoient en trois âges tout le temps qui les avoit précédés, l’âge obscur, ou incertain, quu’ils étendoient jusqu’au temps d’Ogygès Roi de l’Attique, sous lequel arriva le déluge en Grèce : l’âge des fables, ou des héros, jusqu’à la première olympiade : & l’âge de l’histoire, qui commence à la fondation de Rome. Depuis plusieurs âges, c’est-à-dire, depuis plusieurs siècles. C’est un homme de tous les temps & de tous les âges ; pour dire, qu’il a la connoissance de toutes les Histoires anciennes & modernes. Chez les Poëtes les quatre âges du monde sont les siècles d’or, d’argent, d’airain & de fer. Voyez Ovide au premier Livre des Métamorphoses, & mieux encore Hésiode, dans son Poëme intitulé ἔργα καὶ ᾑμέρα Opera & dies, v. 108 & suiv. C’est le premier, & celui qui a le mieux décrit ces quatre âges.

On a fait dire à Saturne :

Je veux donner un nouvel âge au monde.
Les siècles les plus beaux ne durent pas toujours ;
Je veux, pour le bonheur de la terre & de l’onde,
Des ans & des saisons renouveller le cours.

P. Du Cerc

Les Indiens comptent aussi quatre âges, depuis le commencement du monde. Le premier, qu’ils nous représentent comme un siècle d’or, a duré, disent-ils, 1728000 ans. C’est alors que fut formé le Dieu Brame ; les hommes étoient d’une taille gigantesque. Les mœurs étoient innocentes ; ils étoient exempts de maladie, & vivoient jusqu’à 400 ans. Dans le second âge, qui a duré 1296000 ans, sont nés les Rajas. Le vice commença à se glisser dans le monde. Les hommes vivoient jusqu’à 300 ans : leur taille n’étoit pas si grande que dans le premier âge. Le troisième a duré 8064000 ans : le vice augmenta beaucoup, aussi ne vécut-on que 200 ans. Le dernier âge est celui où nous vivons, & où la vie de l’homme est diminuée des trois quarts. Le vice a pris la place de la vertu, &c. Ils prétendent qu’il s’en est déjà écoulé 4027195 ans. Lettres éd.

ÂGÉ, ÉE. adj. Qui a atteint un certain âge, un certain nombre d’années. Il est âgé de 20 ans. Annos natus viginti. Âgé se dit absolument d’un vieillard, d’un homme avancé en âge. Ætate provectus.

On dit encore, qu’un homme est âgé, non-seulement pour dire qu’il est en majorité, mais encore, qu’il est en âge compétent de faire des actes en Justice, comme de contracter, faire testament, de rendre foi & hommage. Cet âge est différemment prescrit par les Loix, & les Coutumes.

AGÉDA. Village de la province de Beïra en Portugal. Ageda. Il est sur la petite rivière d’Agéda, entre Porto & Conimbre.

AGÉLASTE. s. f. Pierre singulière dans l’Attique, auprès du puits nommé Callichore, sur laquelle se reposa Cérès, fatiguée de chercher sa fille. Ce nom signifie Pierre de tristesse. C’est là où ont commencé les fêtes Eleusines, selon Pausanias. (Attic.) Voyez Hésichius.

AGÉMOGLAN. s. m. Terme de Relation. Ce mot est composé de deux noms arabes ; savoir אגם, qui signifie en général, selon la remarque de M. d’Herbelot, ce que Barbare signifoit chez les Grecs ; car chez les Arabes il comprend tout ce qui n’est point Arabe, & chez les Turcs tout ce qui n’est point Turc. Et comme les Hébreux divisoient le monde en Hébreux & Nations, les Arabes & les Turcs le divisent en Arabes, ou Turcs, & en Agémoglans. 2o du nom Arabe עלאם qui veut dire, Enfant. Ainsi Agémonglan signifie, un enfant barbare, qui n’est pas Turc ; ou comme l’on pourroit dire en notre langue, un enfant gentil ; parce que ces Agémoglans sont les enfans de tribut que le Grand-Seigneur leve de trois ans en trois ans sur les Chrétiens qu’il souffre dans ses états.

Quelques-uns disent Azamoglans. Les Janissaires sont tirés des enfans de tribut appelés par les Turcs Azamoglans. Des Commissaires les vont prendre de gré ou de force, jusques dans les maisons des Chrétiens, ou de trois qu’ils trouvent, ils en enlèvent un, s’adressant toujours à ceux qui leur semblent les plus beaux & les plus adroits. On les amene incontinent à Constantinople, ou à Gallipoli. La ils sont premièrement circoncis ; puis on les instruit dans la Religion Mahométane, & on leur donne des maîtres qui prennent soin de leur enseigner la langue turque, & de les dresser aux exercices de la guerre, jusqu’à ce qu’ils soient en âge de porter les armes. S’il arrive qu’ils n’y soient point jugés propres, on les emploie à servir dans le Sérail, aux actions les plus viles, comme par exemple, aux cuisines, aux écuries, aux jardins, &c. Mais quelque petit que soit cet emploi, s’ils s’en acquittent comme il faut, souvent de ces emplois les plus vils, ils sont élevés aux plus hautes dignités de la Porte du Sérail. Dan. M. d’Herbelot dit qu’Azamolan est la prononciation vulgaire. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas la plus vraie & la plus conforme à l’origine de ce nom, comme il paroît par ce que nous avons dit. Nicolaï, qui en parle assez en détail dans ses Navigations & Pérégrinations orientales, L. III, Ch. 1 & 2, écrit aussi Azamoglan ; il dit même quelque part Azamoglan, ou Jamoglan. Il dit qu’on ne les leve que de quatre ans en quatre ans ; qu’il y a deux cens Commissaires pour les lever ; que les Azamoglans rustiques n’ont de gages que de deux à trois aspres par jour ; qu’ils sont vêtus & chauffés deux fois l’an de gros drap bleu, portant en tête un haut bonnet jaune en forme de pain de sucre, & sont sous un Capitaine appelé Agiender-Agassi, qui a de gages trente aspres par jour, & est habillé aux dépens du Grand-Seigneur.

AGEN. Agenno, Agenum Nitiobricum, Aginum, Aginnum, Ageducum, à ce que l’on prétend dans Achilles Statius, & Agredicum, dans l’Itinéraire d’Antonin. Ville épiscopale de Guyenne sur la Garonne, Agen est une très-ancienne ville. Je ne voudrois pas cependant lui donner pour fondateur, comme ont fait quelques Auteurs, ni Agénor fils d’Anténor, qui selon Virgile bâtit Padoue ; ni Agénor petit-fils d’Ajax le Télamonien, ni même Agénides Ephore de Lacédémone, parce que cela n’est fondé que sur la seule ressemblance du nom. Les restes des Antiquités qui se trouvent autour d’Agen montrent que c’étoit autrefois une ville considérable.

AGENCE. s. f. Emploi de celui qui fait les affaires d’autrui. Rerum administratio. Il ne se dit que des gens qui sont chargés des affaires des Princes, ou de quelque corps illustre, comme du Clergé, d’une province, &c. Chez les Princes de l’Empire on brigue les Agences. A la Cour de France, l’Agence générale du Clergé est fort recherchée.

AGENCEMENT. s. m. Ajustement, arrangement ; l’ordre & la disposition où les choses se trouvent, & qui leur donne plus ou moins d’agrément. Compositio, Dispositio, Ordinatio. L’agencement des os a quelque chose de surprenant. Il se dit aussi au figuré, de l’ordre, & de la manière dont les choses & les mots sont disposés dans un discours, mais en ce sens il est vieux. Je me charge du soin de l’agencement. Rien ne relève tant l’éclat d’une histoire, que l’agencement des choses & des paroles.

Agencement. Terme de Peinture. ☞ C’est l’enchaînement des groupes dans une composition. C’est aussi la liaison des figures d’un même groupe. Agencement & arrangement sont des mots à peu près synonymes. Agencement des parties : agencement des plis : un bel agencement. Dict. de Peint. et d’Archit.

Agencement, en Jurisprudence. Ce terme est usité à Bourdeaux, pour signifier un avantage, en cas de survie, que les futurs conjoints peuvent se faire par contrat de mariage, & qui a quelque rapport à ce que nous appelons préciput en pays coutumier.

AGENCER. v. a. Ranger, ajuster, mettre les choses dans l’ordre où elles doivent être, les disposer d’une certaine manière qui les rende agréables. Componere, disponere, ordinare. Agencer la mariée. Vous avez bien agencé votre cabinet. Il vieillit en ce sens. On dit aussi agencer les couleurs d’une harangue. Ablanc. Agencer les choses à notre air. Id. Je lui promets de fournir le soin d’agencer ses lauriers. Voit. Il vient du vieux mot Gent, qui signifioit poli, & qu’on nomme maintenant Gentil.

Agencer, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, s’approprier, s’ajuster, Ornare se, comere, pectere.

On a beau s’agencer & faire les doux yeux ;
Quand on est bien paré, on est toujours bien mieux. Regn.

Le mot de s’agencer a encore un autre sens, où il semble être un peu plus en usage ; & c’est lorsqu’il signifie, se mettre, se placer, se ranger, s’accommoder d’une certaine manière. Calanus paré de ses magnifiques habits, se coucha tout de son long sur le bucher, s’agençant le plus honnêtement qu’il lui fut possible. Vaug. Dans toutes ses acceptions il n’est que du style familier.

AGENCÉ, ÉE. part.

AGENDA. s. m. Tablette, ou mémoire où les Marchands écrivent ce qu’ils ont à faire durant le jour, pour s’en souvenir. Pugillaria. Cet homme a tant d’affaires, qu’il auroit besoin d’un agenda in-folio. Ecrivez cela sur votre agenda. Agenda garni d’or.

Attendez que je voie un peu notre Agenda,
Pour savoir en tel cas ce qu’il faut que je fasse.

La Fontaine, Recueil de vers.

Ce mot, qui n’entre que dans le discours familier, est purement latin. Agenda. Les choses qu’il faut faire, du verbe ago. Il signifioit autrefois dans l’église, l’Office du jour, ou de la fête, & le nombre des messes & des mortuaires qu’on avoit à dire. On appelle aussi Agenda, les livres de baptêmes, & ceux qui se lisoient dans le chapitre. On l’a dit ensuite des affaires du royaume, & enfin de celles des particuliers. Du Cange.

AGENDE. s. f. Nom en usage chez les Chartreux. Agenda. Les Chartreux donnent differens nom aux suffrages qu’ils disent pour les défunts ; comme Monachat, Agende, & Tricénaire. L’Agende est l’office des morts à neuf leçons. P. Helyot, T. VII, p. 394.

AGENOIS. s. m. Agenensis Ager. L’Agenois est un pays dans la Guyenne, avec titre de Comté, dont Agen est la capitale. Il y a l’Agenois deçà le Lot, & l’Agenois de-là le Lot. On croit que c’est le pays des anciens Nitiobriges, peuples considérables parmi les Gaulois. Nitiobriges.

AGENOIS, OISE. s. m. & f. adj. Qui est d’Agen, ou qui appartient à Agen. Agennensis.

AGÉNORIE. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une divinité payene. Agenoria. On la nommoit autrement Strenua. C’étoit la Déesse de l’industrie & de la vaillance.

Ce mot vient d’ἀγήνωρ Virilis, strenuus, d’où vient que les Latins l’appeloient Strenua. Ἀγηνόρια. Virilitas, strenuitas. Les Romains l’invoquoient pour avoir du courage. On lui opposoit Vacuna, Déesse de la Paresse.

AGENOUILLER, S’AGENOUILLER. v. réciproque. Se mettre à genoux. Cenua submittere, Flectere, ponere genua. Quelle impiété de s’agenouiller devant des Dieux qu’on traîne captifs en triomphe ! Ablanc. On fit Agenouiller tout le monde. Tout le monde s’agenouilla. S’agenouiller se dit aussi des chameaux & des éléphans, qui s’agenouillent, quand ils voient qu’on les veut charger, afin qu’on le puisse faire plus facilement.

AGENOUILLÉ, ÉE. part. qui s’est mis à genoux. Genibus nixus, Astans in genua.

AGENOUILLOIR. s. m. La chose sur laquelle on s’agenouille, que l’on met sous ses genoux, pour ne les point salir, ou pour être plus commodément quand on s’agenouille. Pulvinum, pulvillus, pulvinar. Les Musulmans portent toujours avec eux un petit tapis ou natte de jonc, qu’ils appellent Ségédiah, ou Ségédieh, & qui leur sert d’agenouilloir quand ils font les cinq prières auxquelles ils sont obligés chaque que jour. d’Herbelot. Il est familier.

AGENT. s. m. Terme de Physique, dont on se sert pour désigner tout ce qui agit, tout ce qui opère. Agens. Les agens naturels agissent toujours de la même manière. L’agent & le patient sont des termes opposés. L’agent est la cause qui opère : le patient est le sujet sur lequel elle opère.

Il observe étonné que de la même argile,
Dont notre feu mortel fait un vase fragile,
Le feu de la nature, inimitable agent,
forme, comme il lui plaît, de l’or ou de l’argent.

Perrault.

Agent, signifie aussi celui qui est commis pour faire les affaires d’un Prince, de quelque corps, ou de quelqu’un en particulier. Procurator. Dans cette acception il est synonyme de député, ou Procureur fondé. Un tel est Agent de son chapitre, de sa communauté. Ménage le dérive du mot Agens, qu’on trouve en cette signification dans le Code Théodosien. L’Agent du peuple Romain, Magistrat de Rome.

☞ En matière de négociations, c’est celui qui fait les affaires d’un Prince à la Cour d’un autre Prince sans aucun caractère public. Il ne jouit pas des priviléges des Ambassadeurs & des Envoyés. Agent des Suisses.

Agens de change & de banque, sont des Officiers établis dans plusieurs villes de commerce, qui s’entremettent entre les marchands, négocians & banquiers, pour faciliter leur négoce de lettres & billets de change, & le débit de leurs marchandises en gros : auquel cas on les appelle aussi Courtiers. A Paris il y a 30 Agens de banque, & courtiers de marchandises de drap de soie, de laine, de toile, &c. qui furent créés en titre d’office par Charles IX, en Juin 1572, dont le nombre fut fixé par Henri IV en 1595. Ce nombre a fort varié depuis. Ils sont un corps qui élit ses Syndics. Ils ne prennent plus la qualité de courtiers, mais seulement celle d’Agens de change. Leur droit est un quart pour cent, dont la moitié est payable par celui qui donne son argent ; & l’autre par celui qui le reçoit, ou qui en fournit la valeur en lettre de change. Dans les villes où ils ne sont pas établis en titre d’Office, ils sont choisis par les Consuls, Maires & Echevins, devant lesquels ils prêtent serment. Les Agens de change ne peuvent être banquiers, & ne peuvent porter bilan sur la place, où ils doivent avoir un livre paraphé d’un Consul, cotté & numéroté, par l’ordonnance de 1673.

On appelle Agens généraux du Clergé, les deux ecclésiastiques du second ordre, choisis pour avoir soin des affaires du Clergé, par les deux provinces ecclésiastiques qui sont en droit de les nommer. Le Clergé ayant été averti par ses Agens.

Agent, & Patient, se dit dans le droit coutumier d’Angleterre, de celui ou de celle qui se donne quelque chose soi même, de sorte qu’il est tout à la fois, & celui qui donne la chose, & celui à qui elle est donnée, ou qui la reçoit. Par exemple, quand une femme s’assigne à soi-même sa dot sur le plus bel héritage de son mari. Harris.

☞ Le P. le Moine qui a employé ce mot au féminin, en disant les agentes des Rois a fait de très-mauvais vers en très-mauvais françois.

☞ AGÉOMÉTRIE, ou AGÉOMÉTRÉSIE. Défaut ou ignorance de Géométrie, qui fait qu’on s’écarte dans quelque chose des principes & des règles de cette science. Encyc.

☞ AGÉRATOÏDE, AGÉRATOÏDES. Espèce de plante qui porte ses fleurs sur une petite tête, faite en forme de demi-globe. Ces fleurs sont composées de fleurons d’une seule feuille ; les semences qu’elles produisent, sont couronnées par un anneau membraneux, & tiennent au fond d’un calice qui est à nu. Encyc.

AGERATUM. C’est une plante qui pousse beaucoup de petites feuilles oblongues, dentelées, éparses sur la terre, d’un goût tirant sur l’amer ; ses fleurs sont purpurines, chacune est un tuyau évasé par le haut : cette plante vient dans les montagnes, & lieux pierreux. Ce nom vient de γῆρας vieillesse, & de l’α privatif ; parce que la fleur conserve sa couleur, & ne ressent point les effets de la vieillesse.

☞ AGÉRONIA. Voyez Angérone.

☞ AGÉSILAÜS. Premier nom de Pluton.

AGETORIES. s. f. pl. Fête dont il est fait mention dans Hésychius, qui ne dit rien de la Divinité en l’honneur de laquelle on l’avoit instituée. Il est vraisemblable qu’elle étoit consacrée à Apollon, & que c’étoit la même que célébroient les Lacédémoniens sous le nom de Κάρνεια, puisque Hésychius assure que cette dernière portoit aussi le nom d’Ἀγητορία. Athénée, (Deipnosoph. l. 4.) & Eustathe, (ad Ilad. ω) nous apprennent que cette fête fut ainsi nommée, parce qu’on imitoit en ce jour la manière de vivre des soldats, στρατιωτικὴν ἀγωγὴν. On pourroit encore dire que c’étoit Vénus que l’on honoroit dans cette fête ; car les Grammairiens nous apprennent que son prêtre se nommoit ἀγήτωρ dans l’île de Chypre.

AGG.

AGGÉE. s. m. C’est le nom du dixième des douze petits prophètes, qui vivoit sous Darius, fils de Hystaspe, Roi de Perse, &c.

AGGERHUS, AGGERHUSLOT. Forteresse de Norvège. Aggerhusia. Elle est sur le golfe d’Ansloye, vis-à-vis la ville de ce nom.

Le gouvernement d’Aggerhus. Province de Norvège, qui s’étend beaucoup du septentrion au midi, entre les gouvernemens de Bahus, de Bergen, & de Dronthen, la Suéde & le Catégat. Anslo en est la capitale. Hors ce qui est sur la mer, tout le reste est hérissé d’affreuses montagnes nommées Dofra-Biela.

AGGIUL FELLANOS. Petite ville autrefois épiscopale. Philomelium. Elle est dans l’Anatolie vers la source du Madre.

☞ AGGLOMÉRATION. s. f. Terme didactique qui désigne un assemblage par pelotons.

☞ AGGLUTINANS. Voyez Aglutinant.

☞ AGGLUTINATION. Voyez Aglutination.

AGGOUED-BUND. s. m. C’est la meilleure des six sortes de soie qui se recueillent dans les états du Mogol.

AGGRANDIR. Voyez Agrandir.

AGGRANDISSEMENT. Voyez Agrandissement.

AGGRAVANT, ANTE. adj. Qui aggrave, qui rend plus odieux, plus coupable. Les crimes sont plus ou moins grands, selon qu’il y a plus ou moins de circonstances aggravantes. Il n’est guère d’usage que dans cette phrase, ou phrases semblables.

AGGRAVANTÉ, ÉE. part. pass. Voyez Accravanté.

AGGRAVANTER. Voyez Accravanter.

AGGRAVE, s. m. ou AGGRAVATION. s. f. Terme de Droit Canonique. Censure ecclésiastique, qui menace qu’on fulminera l’excommunication après trois monitions ou avertissemens de se soumettre à l’Eglise, & d’exécuter ce qu’elle a ordonné. Comminatio gravioris pœnæ per censuram infligendæ. Faire fulminer un aggrave. Quand il est nécessaire de passer jusqu’à l’aggravation, & à la réaggravation, c’est-à-dire, à la dernière excommunication, ce qui ne se fait qu’après trois publications des monitoires, il faut une permission du Juge laïque, sans laquelle l’Official, ou le Juge ecclésiastique ne peut ordonner l’aggravation, & la réaggravation. Le curé ne peut publier l’aggravation sans un ordre de l’Official.

Les Auteurs qui ont traité de l’excommunication, ne sont pas d’accord sur la différence qu’il y a entre la sentence d’excommunication & l’aggrave & le réaggrave. Il y en a qui prétendent que l’excommunication & les aggraves & réaggraves, ne sont au fond qu’une même censure, & que toute la différence qu’on y peut remarquer, c’est que les aggraves & réaggragraves se prononcent avec certaines cérémonies capables de jeter la terreur dans l’ame du pécheur. Les autres disent que, suivant l’ancienne discipline de l’église, l’excommunication ne privoit que de la communion intérieure de l’Eglise, c’est-à-dire, de la participation aux sacremens, au saint sacrifice, aux suffrages de l’église & aux mérites des justes ; & que l’aggrave interdisoit à l’excommunié le commerce de la vie civile avec les fidèles ; & que le réaggrave défendoit aux fidèles de communiquer même dans les choses profanes avec celui qui étoit excommunié & aggravé ; ainsi l’aggrave & le réaggrave étoient comme de nouveaux degrés d’excommunication qui augmentoient les peines extérieures à l’égard de l’excommumunié qui persistoit opiniâtrément dans la désobéissance, & qui faisoient qu’il paroissoit plus éloigné de l’Eglise, & qu’il devenoit plus qu’il n’étoit auparavant, un objet d’horreur & d’abomination pour les fidèles, & c’est ce qu’on nommoit anathême.

Dans le dessein de donner plus de terreur aux pécheurs, et de leur faire connoître l’importance de cette nouvelle censure, on publioit l’aggrave au son des cloches avec des chandelles allumées, qu’on éteignoit, qu’on jetoit par terre & qu’on fouloit aux pieds, avec des cercueils qu’on exposoit dans l’église, & avec d’autres cérémonies lugubres & terribles, qu’on observoit diversement selon les différentes coutumes des provinces. On publioit le réaggrave avec les mêmes cérémonies, & on y en ajoutoit d’autres encore plus effrayantes, Voyez les Conf. d’Angers.

Dans le diocèse de Paris & dans quelques autres, on joint à la Sentence d’excommunication portée en conséquence d’un monitoire, un aggrave & un réaggrave. Mais M. Eveillon, en son Traité des Excommunications & Monitoires, remarque fort bien que cette pratique est inutile & contraire à l’ordre de l’Eglise. Voy. les Conférences d’Angers. Je suis convaincu que suivant l’usage d’aujourd’hui, l’aggrave n’est qu’une fulmination de la Sentence d’excommunication.

AGGRAVER. v. a. Augmenter, rendre plus grief. Aggravare, prægravare. Le mariage & les vœux aggravent le péché de luxure. La violence aggrave le péché du ravisseur. Pour aggraver la chose, on eut besoin d’y donner un tour criminel. Madame Du Noyer.

Aggraver. Porter, prononcer un aggrave. Nous excommunions, &c. en laquelle excommunication, s’ils croupissent six jours, par ces présentes nous les aggravons. Sentence de l’Officialité de Paris.

AGGRAVÉ, ÉE. part. Rendu plus grand, plus grief qu’il n’étoit. Aggravatus. Son crime est aggravé par toutes ces circonstances.

Aggravé. Ce mot signifie aussi appesanti. Aggravé de vieillesse. Montaigne, p. 314.

Là dessus achevant son somme,
Et les yeux encore aggravés. La Font.

Aggravé. adj. Celui contre qui on a prononcé un aggrave. Nous vous mandons de notre part & autorité, de les traiter comme aggravés. Sentence de l’Officialité de Paris.

AGGRÉGATION. Voyez Agrégation.

AGGREGÉ. s. m. Voyez Agrégé.

AGGRÉGER. Voyez Agréger.

AGGRESSEUR. Voyez Agresseur.

AGGUERRIR. Voyez Aguerrir.

AGH.

AGHA. Voyez Aga.

AGHAIS. Terme de Coutume. On dit, marché à aghais. C’est un marché ou les termes du payement & de la livraison sont déterminés, desorte que celui qui souhaite en profiter, doit agheiter, ou aguester, guester & observer le jour du terme, & ne le point laisser écouler sans avoir préalablement livré, ou payé, & au refus de sa partie, consigné en Justice & fait signifier. Voyez Galland, dans son Traité du Franc-aleu, de la dernière édition.

AGHIRLICK. s. m. Terme de Relation. Présent & compliment que fait à une parente du Grand-Seigneur celui qui l’épouse. Munus verbis officiosis oblatum. Lorsqu’un Bacha épouse une sœur, une fille, ou une des proches parentes du Grand-Seigneur, si avant les épousailles elle lui envoie demander de l’argent, des pierreries ou quelque autre chose de prix, il faut qu’il lui porte tous ces présens avec un visage riant, & un beau compliment au bout, c’est ce que les Turcs appellent Aghirlick. A. D. S. M. Ces gens mariés aux parentes du Sultan ne peuvent avoir d’autres femmes. Ce sont les plus misérables esclaves du monde. Le Sultan se sert souvent de ce moyen pour abaisser les plus hautes têtes de la Porte. Id.

AGI.

AGIAHALID. s. m. C’est le nom d’un arbre grand comme un Poirier sauvage, qui croît en Ethiopie & en Egypte, & dont parlent Prosper Alpin & Charles Bauhin. Il est peu rameux, épineux, & semblable au Lycium. Ses feuilles sont faites comme celles du buis ; mais plus larges & plus éloignées les unes des autres. Ses fleurs sont en petite quantité, blanches, semblables à celles de la jacinte, mais plus petites. Il leur succède de petits fruits noirs qui approchent de ceux de l’hyèble, d’un goût stiptique tirant sur l’anis. On prétend que ses feuilles aigrelettes & astringentes sont bonnes pour faire mourir les vers. Voyez encore Lémeri.

AGIAM-OGLAN. s. m. Terme de Relation. On appelle Agiam-Oglans les jeunes esclaves que les Turcs prennent à la guerre, ou qu’ils achetent des Tartares, ou les enfans des Chrétiens qu’ils peuvent ravir à l’âge de dix ou douze ans. Le nombre de ceux qu’ils enlèvent ainsi de la Morée & de l’Albanie, se monte tous les ans à près de deux mille. Les mieux faits sont placés dans le grand Sérail du Sultan, & les autres dans des Sérails de moindre conséquence. Rigaut dit que les Agiam-Oglans different des Tchoglans, en ce que ceux-ci sont employés à des fonctions plus élevées, & ceux-là à des emplois plus bas. Voyez Agémoglan.

AGIA PARASCÉVE. Nom d’un fauxbourg de Constantinople, dont il n’est séparé que par un petit golfe, qui sert de port à cette ville. Cubus Canopi.

AGIASME. s. m. Cérémonie que les Chrétiens Grecs observent le premier Dimanche de chaque mois pour la bénédiction de l’eau, dont ils font des aspersions sur le peuple. Ils ne bénissent pourtant pas l’eau dans le mois de Janvier, & remettent la bénédiction du premier Dimanche de Septembre au quatorzième jour du même mois.

AGIDIES. s. m. pl. Nom qu’on donnoit aux Prêtres de Cybéle, comme qui diroit Joueurs de gobelets, faiseurs de ces tours de passe-passe, pour avoir de l’argent.

☞ AGIGENSALON, ville de la Turquie, sur la route de Constantinople à Ispahan. On y voit un Caravenserai & une belle Mosquée.

AGILE. adj. m. & f. Léger, dispos, & qui par la disposition de ses membres se remue, & agit avec facilité, avec souplesse. Agilis. Ce baladin est très-agile. Les cerfs sont des animaux fort agiles.

Agile. Nom propre. Voyez Ayi.

AGILEMENT. adv. D’une manière agile, d’un air souple & dispos. Avec agilité. Agiliter.

AGILITÉ. s. f. Légéreté, souplesse, disposition au mouvement dans les membres ou parties destinées à être mûes. Agilitas. Il danse, il saute avec grande agilité. Les lièvres ne sauvent leur vie que par leur agilité. Le faisan a bien moins d’agilité dans son vol que le héron. Quelques Auteurs s’en servent aussi figurément : il avoit une grande agilité d’esprit. Cet exemple n’est pas à suivre.

AGITÉ, ÉE. part. Agitatus.

AGILOSINGUE. s. m. & f. Anciens Guelphes. Nom de la famille regnante autrefois chez les Bavarois. Agilosingus, a. De même que les Lombards avoient parmi eux la famille appelée des Guningues, d’où ils tiroient leurs Commandans, les Bavarois dans le même temps avoient les Agilosingues ou Guelphes. M. de S. Aubin. Dans les Loix que Thierri, fils de Clovis donna aux Bavarois, il y a un éloge de la famille des Agilosingues, ou anciens Guelphes. Id. p. 207. not.

AGIO. s. m. Terme de Banque. Dans les villes de commerce où il y a des banques établies, le mot d’Agio exprime le change, ou la différence qui se rencontre entre l’argent ou monnoie de banque, & l’argent courant, en monnoie courante & de caille. Ce terme a été tiré de l’Italien : il signifie Aider, comme qui diroit, servant à faciliter le négoce de la banque & du change. L’Agio de banque est variable dans presque toutes les places. A Amsterdam il est ordinairement d’environ trois ou quatre pour cent ; à Rome de près de vingt-cinq sur quinze cens ; à Venise de vingt pour cent fixe.

Agio, se dit aussi pour exprimer le profit qui revient d’une avance que l’on a faite pour quelqu’un ; desorte qu’en ce sens les mots d’Agio & d’Avance sont synonymes ; & l’on s’en sert parmi les Marchands & Négocians, pour faire entendre que ce n’est point un intérêt, mais un profit pour avance dans le commerce. Ce profit se compte ordinairement sur le pied de demi pour cent par mois ; c’est à-dire, à raison de six pour cent par an. On lui donne quelquefois le nom de Change, quoique ce terme n’y ait pas beaucoup de rapport.

Agio, se dit encore, mais improprement, pour signifier le change d’une somme négociée, soit avec perte, soit avec profit. Dict. de Commerce.

Agio. Quelques-uns appellent Agio d’assurance, ce que d’autres nomment Prime ou Coût d’assurance. Voyez Prime d’Assurance.

AGIOGRAPHE. s. m. Qui a écrit touchant les Saints. Auteur Agiographe, Auteur qui a écrit sur les Saints, ou la vie des Saints. On doit écrire Hagiographe, parce que ce mot vient de ἅγιος, Saint, & de γράφειν, écrire.

Agiographes. adj. m. pl. Terme théologique. Nom que nous donnons à une partie des livres de l’Ecriture, que les Juifs appellent Chetuvim, & par lequel nous exprimons ce mot Hébreu. Agiographa. Les Juifs divisent les livres sacrés en trois classes. La Loi, qui comprend les cinq livres de Moyse. Ceux des Prophètes, qu’ils nomment Neviim : & les Agiographes, qu’ils nomment Chetuvim, c’est-à-dire, écrits. Ces livres Agiographes sont les Pseaumes, les Proverbes, Job, Daniel, Esdras, les Chroniques, que nous appelons Paralipoménes, le Cantique des Cantiques, Ruth, les Lamentations de Jérémie, l’Ecclésiaste, & Esther. Les Juifs appellent ces livres écrits par excellence, parce qu’ils ont été écrits par l’inspiration du S. Esprit, dit Kimhhi dans sa Préface sur les Pseaumes, Maïemonides, More Neb. P. II. C. 45. & Elias Levita dans son Thisbi ש à la diction כתב. Ils les distinguent pourtant des Prophètes, parce que leurs Auteurs n’ont point appris du S. Esprit ce qu’ils contiennent par la voie qu’ils nomment Prophétie, & qui consiste en songes, visions, paroles entendues, extases, ou ravissemens, mais par une simple inspiration & direction de cet Esprit Saint. Voyez le Thesaurus Philologic. de Hottinger, L. II. C. 1. Sect III. la Critique de Pfeifter, C. I. n. 7. Simon, &c.

Ce mot vient d’ἅγιος, saint, & de γραφω, j’écris. Les Agiographes sont des écrits saints, ou sacrés. Ce nom est fort ancien. S. Jérôme s’en est souvent servi. Avant lui S. Epiphane appeloit ces livres simplement Γραφεια, qui répond plus précisément à l’Hébreu כתובים, & il n’y ajoute rien. Cependant l’ἅγιος n’a point été mal ajouté, & est renfermé dans l’idée du mot hébreu, comme il paroît par ce que nous avons dit.

AGIOLOGIQUE. adj. Ce terme est nouveau, mais il manquoit à la langue françoise ; & comme il est formé suivant l’analogie de cette Langue, il a été reçu aussi-tôt qu’il a paru. Il signifie, discours qui concerne les Saints, & les choses saintes. Agiologicus. M. l’Abbé Chastelain a intitulé : Vocabulaire agiologique, son Recueil de noms de Saints, contenant principalement ceux que l’usage a éloignés de leur origine, & ceux qui s’expriment diversement selon la diversité des lieux. C’est un savant catalogue, imprimé au-devant du Dictionnaire étymologique de M. Ménage, à qui l’auteur l’avoit adressé.

Ce mot est formé de deux mots Grecs ἅγιος, saint, & λόγος , discours.

AGIOS. s. m. Terme populaire, sous lequel on comprend tous les menus affiquets & parures affectées des femmes du commun. On dit à Paris en se moquant des colifichets d’une femme : ce sont agios de mariée de village. Ce nom est purement Grec, & signifie Saint. On l’a pris des Orientaux, qui sont fort superstitieux pour les cérémonies & pour les ornemens, parce qu’ils ont toujours ce mot d’agios en la bouche. Pour la même raison il signifie quelquefois admiration, exclamation, parce que les Grecs le disent par admiration & en exclamation, dans l’étonnement & la surprise, comme nous disons, bon Dieu ! grand Dieu ! Quand je lui ai appris cette nouvelle, il a fait cent agios. Mais il n’est que du style familier.

AGIOSIDÉRE. s. m. Il y en a qui disent Agiosidire. Chez les Grecs, qui sont sous la domination des Turcs, l’usage des cloches étant défendu, on se sert d’un fer avec lequel on fait du bruit pour assembler les fidèles à l’Eglise, & ce fer s’appelle Agiosidére ; quelques auteurs l’appellent Sementére. Magius donne la description d’un agiosidére qu’il a vû : il dit que c’est une lame de fer large de quatre doigts, & longue de seize, attachée par le milieu à une corde qui la tient suspendue ; on frappe sur la lame avec un marteau de fer pour faire du bruit. Lorsqu’on porte le Saint Sacrement aux malades, celui qui marche devant le Prêtre porte un agiosidére, sur lequel il frappe trois fois de temps en temps, comme on sonne ici une clochette en pareille occasion. On porte l’agiosidére devant les Prêtres qui portent le S. Sacrement aux malades, pour avertir les passans de l’adorer.

Les Agiosidéres qui servent à assembler les fidèles, sont attachés à une chaîne à la porte de l’Eglise. En frappant dessus de certaine manière avec un marteau de fer, ils rendent un son qui a quelque harmonie.

Ce mot est Grec, il veut dire, fer saint, ou sacré, étant composé d’ἅγιος, saint, & de σίδηρος, fer.

AGIOSIMANDRE. s. m. Instrument de fer dont les Chrétiens Grecs se servent au lieu de cloche, pour indiquer les assemblées. Les Turcs leur défendent l’usage des cloches, de peur qu’elles ne servent de signal, en cas de révolte. Agiosimandrum ; de ἅγιος saint, & σημαίνω, j’indique. Voyez Agiosidére.

AGIOTAGE. s. m. Ce terme ne se prend guère qu’en mauvaise part, & signifie ordinairement un commerce illicite & usuraire, qu’on prend pour convertir en argent comptant un billet, une promesse, une obligation, &c. Pecuniarum aut schedularum pecuniariarum negotiatio, permutatio. Faire l’agiotage, s’enrichir à l’agiotage.

AGIOTER, v. a. C’est faire valoir son argent à gros intérêt, faire un trafic usuraire des billets, promesses, & autres papiers que les malheurs d’un Etat ont décrédités. ☞ Agioter des billets de banque, ou des actions de la Compagnie des Indes, c’est les acheter pour les vendre & les revendre, les trafiquer.

Agioter, est aussi v. n. & signifie faire l’agiotage, faire trafic d’argent, de billets de banque. Pecunias aut schedulas pecuniarias negotiari, mercari. Ce Marchand a quitté son commerce pour agioter. Il a agioté pendant plusieurs années. Comment cet homme de rien est-il devenu si riche en si peu de temps ? C’est qu’il a agioté. J’agioterois volontiers, si l’agiotage n’étoit pas une usure d’une espèce très-condamnable.

AGIOTEUR, EUSE. s. m. & f. Celui, celle qui fait l’agiotage. Ce mot est très-nouveau ; & sans qu’on sache d’où il est venu, il a d’abord fait fortune, & s’est trouvé établi. Il y a apparence qu’il fut inventé lors du fameux système. On entend par Agioteur, celui qui fait valoir son argent à gros intérêt, en prenant du public des billets, promesses, & autres semblables papiers, sur un pied très-bas, pour les remettre dans le même public sur un pied plus haut. Les Agioteurs sont des pestes publiques & des usuriers de profession, qui en bonne police mériteroient punition exemplaire. Dict. de Com. La matière des profits légitimes ou illicites y est traitée encore plus au long, sous les mots, Commerce d’argent & Commerce en papier, col. 835, 836. Il est parlé des Agioteurs, p. 7. & 22. des médailles sur la Régence, où l’on dit que c’est une espèce d’insectes, jusqu’ici inconnue, qui travaille sans relâche à établir sa fortune par l’usure & par mille autres crimes.

AGIR. v. n. Causer, produire quelque effet. Agere. ☞ Par rapport aux créatures, agir, est en général, la disposition d’un être, en tant que par son entremise il arrive actuellement quelque changement ; ou ce qui se passe dans un être par le moyen duquel il arrive quelque changement. Ce qui survient par ce changement s’appelle effet : ainsi agir & produire un effet, c’est la même chose.

☞ L’être considéré en tant que c’est par lui qu’arrive le changement, s’appelle cause.

☞ Le changement considéré au moment même où il arrive, s’appelle par rapport à la cause, action. Encyc. Le chaud & le froid agissent différemment sur les corps. Bern. Quand le feu agit sur le bois, il le réduit en cendres. Les corps supérieurs agissent sur les inférieurs. Cette médecine agit, ou opère fortement.

On dit aussi d’un homme qu’il agit toujours ; pour dire, qu’il se remue & se tourmente sans prendre aucun repos.

Agir, se dit aussi en matière de négociations & d’affaires qu’on fait soi-même, ou qu’on fait faire par autrui. Ce mot signifie alors travailler ou négocier. Il agit à la Cour pour sa Province. On lui a donné tout pouvoir d’agir. Il agit par affection. Il n’est rien tel que d’agir soi même.

Agir, se dit aussi en parlant de la manière dont on se comporte, ou dont on en use envers quelqu’un. Agir en homme d’honneur. Agir en ami. Agir en galant homme. Ablanc. Vous avez agi d’une manière très-obligeante. Comme l’on dit, en user bien, en user mal ; il y a des gens qui disent aussi, en agir bien, en agir mal : mais Messieurs de l’Académie ne mettent point cette particule en avec agir ; & le P. Bouhours la condamne absolument & avec raison : car le verbe agir n’a aucun régime dans quelque signification qu’on le prenne. Ainsi on doit dire en user bien, en user mal. Agir bien, agir mal.

Agir. En termes de Palais, signifie former, intenter, poursuivre une action, une demande en Justice. Un mari ne peut agir criminellement contre sa femme, sinon, en cas d’adultère, ou d’attentat à sa vie. Les mineurs ne peuvent agir en Justice que sous le nom de leur tuteur. Cet intervenant agit de concert avec la partie principale.

On le dit absolument à l’impersonnel, par relation au sujet dont est question. Il s’agit en cette rencontre de notre tout. Venez au fait, à la question dont il s’agit. Il ne s’agit pas de se divertir, il s’agit de bien étudier. L’Auteur de la critique du Dictionnaire de l’Académie Françoise, remarque qu’on ne dit point, quand il s’est agi de… quoiqu’on dise, quand il a été question de… quand il fut question de…

Agir, se dit figurément en morale de ce qui agite & remue l’ame & les passions. Un bon exemple agit puissamment sur notre ame. Les figures de l’Orateur doivent agir sur l’esprit pour l’exciter à la compassion, à la haine. La beauté agit puissamment sur les cœurs.

Agir, se dit aussi en parlant de certaines matières de Théologie, & principalement de la grâce : la grâce suffisante donne le pouvoir d’agir : la grâce efficace fait actuellement agir.

☞ Agir & faire, synonymes. On fait une chose : on agit pour la faire. Syn. Fr.

☞ Le mot de faire suppose, outre l’action de la personne, un objet qui termine cette action & qui en soit l’effet. Celui d’agir n’a point d’autre objet que l’action & le mouvement de la personne, & peut être lui-même l’objet du mot faire. L’ambitieux pour faire réussir ses projets ne néglige rien, il fait tout agir. La sagesse veut que dans tout ce que nous faisons, nous agissions avec réflexion.

AGISSANT, ANTE. adj. Qui agit, qui opère avec force. Actuosus. Il n’y a rien de plus agissant que le feu. Il faut prendre un remède plus agissant. On le dit aussi d’un homme qui est en action, qui se donne beaucoup de mouvement. C’est un homme extrêmement agissant, une femme fort agissante.

AGISYMBA. Ville du Royaume de Congo, en Ethiopie. Agisymba. Elle est sur la rivière de Lelunda, au-dessous de San Salvador.

AGITATEUR. s. m. Nom que l’Armée d’Angleterre donna à des Officiers qu’elle créa en 1643, pendant les troubles de ce royaume, pour avoir soin des intérêts de la milice. Cromwel se lia secrètement avec les Agitateurs, qui avoient plus de pouvoir que le conseil de guerre. Les Agitateurs se mêlerent de faire des propositions pour la reforme de l’Etat & de la Religion. Salmonet.

AGITATION. s. f. Action par laquelle une chose est secouée, remuée diversement, sans qu’elle change tout-à-fait de place. C’est proprement le secouement, la vacillation d’un corps en différens sens. Agitatio. L’agitation de la mer est forte durant la tempête. Les feuilles tremblent par la moindre agitation du vent. L’agitation de l’air est remarquable. Bern.

Agitation, est souvent un terme de Philosophie, qui signifie un mouvement intérieur & violent des petits corpuscules d’un corps naturel. Ainsi le feu & la chaleur agitent les parties insensibles de tous les corps, & les mettent dans un mouvement rapide. Harr.

Agitation, se dit aussi figurément en Morale, du trouble que les passions jettent dans l’ame. Cet accident l’a jeté dans un grand trouble, lui a mis l’esprit dans une grande agitation.

AGITER. v. a. Pousser çà & là, donner à quelque chose des mouvemens contraires. Agitare. Les vents agitent les arbres, les flots. Le bruit que le zéphire excite parmi les feuilles des bocages, agitoit doucement la forêt. Saras.

Agiter, se dit figurément des mouvemens de l’ame & de l’esprit, & signifie troubler, inquiéter, tourmenter. Il a eu long-temps l’esprit agité de diverses pensées, de plusieurs passions. L’horreur de son crime l’agitoit. Vaug. Les Furies agitent & poursuivent les impies, & ne leur laissent aucun repos nulle part.

Agiter, signifie encore au figuré discuter de part & d’autre, débattre. Il agita la question de l’amitié. J’aime mieux discourir sur des matières que j’ai agitées, que décider quoi que ce soit. L’affaire fut fort agitée & débattue dans le conseil. Les Docteurs ont agité plusieurs points de controverse.

Agiter, signifie encore jeter dans le trouble, dans le désordre, dans la confusion. On verra les choses les plus remarquables qui ont agité l’Italie. Tall. La guerre agite une partie de l’Europe.

Agiter, se dit aussi fort souvent avec le pronom personnel, & dans cette acception, il se dit au propre du mouvement qui arrive à la mer & aux flots. La mer commençoit à s’agiter. Les flots s’agitoient violemment. Acad. Fr. On le dit de même, pour dire, se donner beaucoup de mouvement, se tourmenter sans cesse. On dit en ce sens, qu’un malade s’agite beaucoup, s’agite continuellement. Il s’agita beaucoup lorsqu’il fut près de mourir. Il n’y a rien de moins agréable que certains Prédicateurs qui s’écrient indifféremment sur tout, & qui ne s’agitent pas moins sur des raisonnemens philosophiques, que sur les vérités les plus étonnantes & les plus nécessaires pour le salut. Port-R.

☞ On dit qu’un cheval s’agite, pour dire qu’il se remue avec trop d’ardeur.

☞ Au figuré. Je ne suis point au fait de la question qui s’agite, c’est-à-dire, qui est discutée de part & d’autre. Les questions qui s’agiterent dans cette assemblée, ne furent pas décidées.

AGITO, qu’on nomme aussi GITO. s. m. Petit poids donc on se sert dans le royaume de Pégu. Deux agiti font un demi-bisa, & la bisa pèse cent teccalis, c’est-à-dire, deux livres cinq onces poids fort, ou trois livres neuf onces poids léger de Venise.

AGL.

AGLA. Ville du royaume de Fez, en Afrique. Agla. Elle est dans le sud de la province d’Hasbat, sur la rivière de Guarga, entre Fez & Arzile.

AGLAÉ, AGLAÏA ou AGLAÏS. s. f. C’est le nom de la première des trois Grâces : les deux autres sont Euphrosyne & Thalie. Ce mot signifie Joie. Elle préside aux yeux, qu’elle rend vifs & brillans. Autrefois on la représentoit tenant un bouton de rose.

☞ AGLATIA. s. m. Fruit dont les Egyptiens faisoient la récolte en Février, & qui dans les caractères symboliques dont il se servoient pour marquer leurs mois, servoit pour indiquer celui de sa récolte. On n’en sait pas davantage. Encyc.

AGLATONICE. s. f. Aglatonice. Nom de femme. Elle étoit fille d’Hégémon, & savante dans l’Astrologie ; & parce qu’elle prédisoit les éclipses, elle faisoit accroire au peuple qu’elle faisoit descendre la lune du ciel, ce qui lui attira des affaires très-fâcheuses ; cela donna lieu au proverbe que l’on dit de ceux qui s’attirent des malheurs par leur vanité & leur ostentation : τὴν σελήνην ϰατασπᾷ, il attire la lune.

AGLAOPHÈME. s. f. Une des Sirènes. Voyez ce mot.

AGLAURE. s. f. Terme de Mythologie. Fille de Cécrops. Elle avoit une sœur nommée Hersé, & une autre nommée Pandrose. Mercure devint amoureux de Hersé ; Aglaure lui promit de le servir dans ses amours, moyennant une récompense, & lui tint parole. Pallas indignée de cette lâcheté, rendit Aglaure si jalouse de sa sœur Hersé, qu’elle mit tout en usage depuis pour la brouiller avec Mercure. Voilà ce qu’en dit Ovide, Lib. 2, de Metamorph. Fab. 12. Mais Pausanias dit au contraire que Pallas donna en garde aux trois sœurs un panier où étoit le petit Erichthon, en leur défendant de l’ouvrir ; que Pandrose obéit, mais qu’Hersé & Aglaure ne purent retenir leur curiosité, & qu’elles n’eurent pas plutôt vu cet enfant, qu’elles devinrent furieuses, & se précipiterent du haut d’une tour. Apollodore ajoute qu’Aglaure eut une fille du Dieu Mars, nommée Alcippe, & ne nomme pas la mere Aglaure, mais Agraule.

AGLIBOLE. s. m. Aglibolus. C’étoit un Dieu des Palmyriens dans la Syrie, comme il paroît par une inscription trouvée à Palmyre, & rapportée dans Gruter, pag. 81. ΑΓΛΙΒΩΛΩ ΚΑΙ ΜΑΛΑΧΒΗΛΩ ΘΕΟΙΣ. C’est-à-dire, à Aglibole, & à Malachbelus, Dieux du pays. Vossius croit que ce nom est formé de ces trois mots Arabes. אג על בל, ag al bal c’est-à-dire, mot, à mot, pone super corde, appliquez-vous, faites attention : nom qu’on aura donné à ce Dieu, pour marquer que Dieu voit tout, qu’il fait attention à tout ; ou bien qu’il faut penser continuellement à Dieu. Ce sont-là les Conjectures de Vossius. Voici celles de Selden dans son livre de Diis Syriis Syntagm. II. c. 1 Il prétend que Aglibolus, s’est fait d’Aglibalus, & celui-ci d’Agalibalus, qui vient originairement d’Aghol-Baal, c’est-à-dire, עגול בעל, qui signifie Dominus rotundus, ou circularis, ou volubilis, le Seigneur rond, ainsi que disent dans Ciceron, Liv.II, de la nat. des Dieux, ceux qui croient que Dieu est le globe du monde ; que cette étymologie convient à ce que rapporte Hérodien, que la figure de ce Dieu étoit une grosse pierre ronde par en bas, & qui se terminoit en pointe. Un autre Auteur veut que Agal Baal signifie le Dieu de l’univers, parce que l’univers est rond : il dit que c’est ainsi que les Hébreux & les Phéniciens ont appelé Dieu, Baal Schamain, ou Balsemin, le Seigneur du ciel. Un Savant a dérivé ce nom du Grec αἴγλη lumière, éclat, splendeur, & βαλλω, je jette, comme si Aglibolus vouloit dire, le Dieu jette splendeur. Mais outre que cette étymologie ne s’accorde guère avec la manière dont Aglibolus est écrit dans l’inscription que j’ai citée, il n’est pas croyable que le nom d’un Dieu Palmyrien ait été Grec. Il doit être syrien, & le nom de l’autre Dieu qu’on lui joint dans l’inscription, Malachbelus, en est la démonstration. Saumaise dans ses notes sur l’Aurélien de Vopiscus, n°. 35, dit qu’avec l’inscription dont j’ai parlé, on a les figures de ces deux Dieux, tous deux de forme virile, ayant les cheveux frisés, & que l’un a sur l’épaule une figure de la lune, des cothurnes aux pieds, & un javelot en main ; & que pour lui, il ne doute point que Malachbelus ne soit le soleil, & Aglibelus la lune ; qu’il n’est point rare dans l’antiquité de faire la lune un Dieu, & non pas une Déesse. Selden, au contraire, croit que Aglibelus est le soleil ; que la grosse pierre qui représentoit ce Dieu, est le symbole de cet astre, parce qu’il est rond, & que le feu se termine toujours en pointe. Enfin on ajoute que Aglibolus est toujours nommé le premier, & qu’ainsi il paroît que c’est le soleil. Au reste, ajoute encore Selden, comme on a fait de Aghol-Baal, Aglibolus, on en a fait aussi Alagabale, & Héliogabale ; c’est du nom de ce Dieu, que l’Empereur Elagabale, qui étoit d’Emesse en Syrie, avoit pris le sien.

AGLIE. Château de Piémont. Aglia. Il est dans le Canavois : il a titre de Marquisat, & donne le nom à une des plus anciennes & des plus illustres maisons de Piémont.

AGLIO. La Cara d’Aglio. Nom des ruines de l’ancienne ville d’Algidum. Elles sont dans la Campagne de Rome, près de Frescati, sur la montagne d’Aglio, & proche du bois qu’on nomme la Selva d’Aglio.

☞ AGLUTINANT. Il vaut mieux écrire AGGLUTINANT. adj. pris substantivement en Médecine. Les Agglutinans sont la plûpart d’une nature visqueuse, & prennent facilement une consistance gommeuse. D’où leur vient leur nom, formé d’ad & gluten, glu. Ce sont des remèdes fortifians, dont l’effet est de réparer promptement les pertes, en empâtant les fluides, & en s’attachant aux solides du corps. Encyc.

☞ Parmi les Agglutinans, il y en a qu’on applique extérieurement, comme la plupart des baumes & même plusieurs plantes, d’autres dont l’usage est intérieur & extérieur.

AGLUTINATION. s. f. L’action de se coller, de se consolider. ☞ Action de réunir les parties d’un corps séparées par une plaie, une coupure ou d’autre façon, du verbe Aglutinare, coller, lier, consolider. Les parties des dents étant une fois divisées, ne se réunissent jamais ; soit parce que les vaisseaux qui s’y distribuent, ne sont pas disposés de manière à fournir un suc suffisant & capable d’aglutination ; soit parce que leur propre substance est trop serrée & compacte, pour lui donner passage, ou que d’ailleurs le mouvement, l’air & les matières qui les touchent, sont autant d’obstacles qui concourent encore à s’opposer à la réunion de leurs parties divisées. Chirurgien Dentiste.

☞ AGLUTINER. v. a. Terme usité en Médecine pour exprimer l’action de réunir, de consolider les parties du corps divisées par quelque accident. Aglutinare. Voyez Aglutination.

AGLUTINÉ. part. C’est-à-dire, collé ensemble. Trait. de Litolog. & de Conchyliolog.

AGLUTINEMENT. s. m. & AGLUTINER. v. a. sont dans Cotgrave.

AGM.

☞ AGMAT ou AGMET. Province d’Afrique, faisant partie de l’ancienne Mauritanie. Elle comprend une partie des collines & des vallées du Mont Atlas.

☞ AGMAT ou AGMET. Ville capitale de la Province du même nom, au Royaume de Maroc, sur la pente d’une des montagnes du Mont Atlas. 9 degrés, 29’long. 20 degrés, 30’lat.

☞ Il y a aussi une rivière du même nom.

AGN.

AGNACAT. s. m. Dans une contrée de l’Amérique, au-delà de la terre de Labrador, vers l’isthme de