Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/251-260

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Fascicules du tome 1
pages 241 à 250

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 251 à 260

pages 261 à 270


autre, nommé Castelnuovo d’Asia, Châteauneuf d’Asie. Il y avoit à Alomaton une Eglise bâtie par Constantin, sous l’invocation de l’Archange Saint Michel. De-là vient le nom de Michælium en latin. Amurat la fit démolir pour bâtir Alomaton.

☞ ALONDROAL, LANDROA, ou LANDROEL. Petite ville de Portugal, dans la province d’Alentejo, sur une colline, à huit lieues d’Elvas, & à trois de Xerumena.

ALONGE, mieux qu’ALLONGE. s. f. Pièce qu’on ajoute à quelque chose, à un habit, à un meuble, & pour l’alonger. Additamentum. Cette jupe étoit trop courte, il a fallu mettre une alonge par en bas. On a mis des alonges à ces guides, pour mener les chevaux du train de devant, qui sont à la volée.

Alonge. Terme de Marine. Pièce ou membre d’un vaisseau, qui sert à alonger un autre membre. On appelle Alonge première, celle qu’on empate avec la varangue, & avec le genou de fond. Alonge seconde, celle qui s’éleve au-dessus de la première, avec le bout du genou de fond. Alonge de revers, celle qui est plus proche du plat-bord, qui termine la hauteur du côté du vaisseau. Alonges de tréport, deux alonges qui sont mises au-dessus des étaies. Alonge de porque, une pièce de bois qui alonge une porque. Alonge d’écubiers, sont des pièces de bois plates, dans lesquelles on perce les écubiers, ou les trous pour passer les cables du vaisseau. Alonge de poupe ; est la dernière pièce de bois au plus haut, qui étant assemblée avec le bout supérieur de l’étambord, forme le bout de la poupe.

Alonge. Terme de Boucher. Nerf de bœuf tortillé, au bout duquel il y a un crochet de fer où la viande est attachée. Nervus bubulus intortus & hamo præfixus.

Alonge. Terme de commerce. C’est aussi un morceau de papier qui se colle à une lettre de change que l’on veut passer à l’ordre de quelqu’un, & dont tout le dos est rempli par de précédens ordres.

Alonges. Terme de Perruquier. Ce sont des cheveux postiches qui s’attachent à la tête, pour faire paroître qu’on a de grands cheveux. On les appelle aussi Coins. Il y a des alonges aux perruques, qui sont des cheveux ajoutés pour faire les nœuds.

Alonge. Terme de chimie. C’est un vaisseau ou tuyau que l’on emploie dans quelques distillations, & que l’on place entre le récipient & le chapiteau. Acad. Franç.

Alonge, se dit généralement en différens arts & métiers, de toute pièce rapportée à une autre, de quelque manière que ce puisse être, pour lui donner l’étendue en longueur, qu’exige l’usage auquel on dessine la pièce avec son alonge.

☞ ALONGEMENT. s. m. Augmentation de longueur, ce qui est ajouté à la longueur de quelque chose. Productio. L’alongement d’un jardin, d’une allée.

☞ On le dit figurément en choses morales des lenteurs affectées dans les affaires. C’est un homme qui cherche toujours des alongemens. Acad. Fr. Je ne le crois pas fort usité.

ALONGER. v. a. Rendre plus long, ajouter à la longueur. Producere, Extendere. Alonger une jupe, une corde, l’allée d’un jardin, son chemin. Il alongeoit un grand cou de grue pour voir par-dessus les autres. Quand on change de cheval ou de lelle, il faut alonger ou racourcir les étriers.

Alonger se dit figurément en choses morales, pour Faire durer davantage, User de lenteurs affectées. Un débiteur tâche d’alonger le temps pour ne point payer ses dettes. Toutes ces distinctions ne font qu’alonger la dispute. Alonger un procès.

Alonger, en termes d’Escrime, c’est porter un coup d’estocade, en avançant le pied droit, sans remuer le gauche. Adversarium petere. Les gens de grande taille ont bien de l’avantage à alonger. Alonger la botte, alonger la pique.

Alonger, se dit en termes de Fauconnerie, de l’oiseau, quand il se revêt de ses pennes, de ses plus grosses plumes. Majoribus pennis indui.

Alonger. On dit en termes de Marine, Alonger la terre ; pour signifier, aller contre la terre, ou le long de la terre. Terram radere. Alonger le cable, pour dire, l’étendre jusqu’à un certain lieu sur le pont, soit pour le bitter, soit pour mouiller l’ancre. Alonger la manœuvre ; pour dire, l’étendre sur le pont, afin qu’elle soit en état de s’en servir. Alonger, ou Elonger un vaisseau, c’est se mettre parallèlement à lui & côte à côte pour l’aborder, ou dans d’autres vues.

Alonger, se dit proverbialement en ces phrases. On dit à un homme qui s’étend : Le cuir sera à bon marché, les veaux s’alongent. On dit figurément, Alonger le parchemin ; pour dire, étendre les choses au-delà du pouvoir qu’on a reçu, dire plus qu’on n’a charge de dire. Alonger la courroie ou le parchemin, se dit aussi d’un Auteur qui étend trop un discours ou une pièce de vers.

Dont la veine stérile alonge la courroie ;
Et par les incidens qu’il pille chez autrui,
Il tache d’anoblir le peu qui vient de lui.

☞ On le dit de même d’un Procureur qui fait de longues écritures, dans le dessein d’en tirer plus de profit.

Alonger la courroie, signifie encore, porter les profits d’une charge ou d’un emploi plus loin qu’ils ne devroient aller.

☞ On se sert encore de cette expression, pour dire, user d’une grande économie dans la dépense. Il a une grande famille & peu de revenu ; il faut qu’il alonge bien la courroie, pour aller jusqu’au bout de l’année. Acad. Fr.

Alonger, en termes de Manufactures de lainage, signifie, rendre une étoffe plus longue, à force de la tirer avec des machines ou instrumens, pour en avoir un plus grand aunage. Les règlemens des Manufactures défendent de tirer, alonger, ni arramer aucune pièce de marchandise, tant en blanc qu’en teinture. Voyez Rame & Ramer.

Alonger le trait à un limier, c’est le laisser déployé tout de son long.

☞ En Géométrie ce mot s’applique à tout ce qui est plus long que large.

☞ En Anatomie, moelle alongée. Voyez Moelle.

ALONGÉ, EÉ. part. Productus, extensus.

On appelle, en termes de chasse, un chien alongé, celui qui a les doigts du pied étendus par quelque blessure qui lui a offensé les nerfs.

On dit aussi en Fauconnerie, Un oiseau alongé, quand il a toutes les pennes entières, & de la longueur qu’il les doit avoir. Majoribus indutus pennis.

Ce mot vient du latin, Elongare, de Longus.

☞ ALONGERESSE. s. f. Nom qu’on a donné à une chenille qui se nourrit de feuilles de sureau, parce qu’elle marche en s’alongeant.

ALONSE ou ALPHONSE. s. m. Il paroît qu’Alonse n’est en usage qu’en Arragon, & Alphonse en Castille, & dans les provinces qui en dépendent. M. Fléchier dans la vie de Ximenès ne dit Alonse que des Arragonois.

ALOPÉ. s. f. Fille de Cercyon, & qui reconnoissoit Vulcain pour pere : elle étoit si belle, qu’elle inspira de l’amour au Dieu de la mer, & en eut un fils qu’elle fit exposer secrètement, pour dérober à son pere la connoissance de sa foiblesse.

ALOPÉCIE. s. f. Sorte de maladie qui fait tomber le poil de la tête, & quelquefois les sourcils & la barbe, autrement la Pelade. Alopecia. ☞ La cause de l’alopécie vient de l’épaississement du suc nourricier qui ne peut plus pénétrer dans la racine des cheveux. Dans les vieillards elle vient du desséchement des fibres. Elle est ainsi appelée par les Médecins, parce que le renard qu’on nomme en grec ἀλώπηξ, est sujet dans sa vieillesse à une certaine galle qui lui fait tomber le poil.

ALOPECURE. s. f. Queue de renard. Alopecurus. C’est une plante fort tendre, dont le fruit finit en pointe, de la longueur de deux pouces, d’une figure conique, & à peu-près semblable à la queue d’un renard. Les cosses qui contiennent le coton, sont presqu’entièrement cachées par l’épaisseur des touffes cotoneuses ; elles sont barbues. La tige est divisée par plusieurs jointures ; elle croît à la hauteur d’une coudée & demie, environnée de feuilles qui sont couvertes d’un duvet assez fin. La racine est petite, blanche, & très-filamenteuse. Cette plante croît particulièrement en Sicile, à Baies, en Italie, & dans le Languedoc près de Frontignan. Ce mot vient de ἀλώπηξ, renard, & οὐρά, queue.

ALOPH. s. m. Nom d’homme. Eliphius. S. Eliphile, que le vulgaire nomme S. Aloph en divers endroits, & S. Eloph en d’autres, étoit de la ville de Toul en Lorraine, & de l’une des meilleures familles de la première Belgique. Bail.

ALORS. Adverbe qui veut dire, en ce temps-là. Tùm, Tunc. Vaugelas dit dans ses Remarques, que cet adverbe ne doit pas être suivi immédiatement d’un que : quand vous aurez accompli votre promesse, alors je verrai ce que j’aurai à faire. Cela est vrai, cependant il falloit s’exprimer d’une manière plus précise ; car il est constant qu’on dit fort bien, ce fut alors que cette excellente mere commença à triompher de joie. Il faut donc dire qu’alorsque ne vaut rien, quand on l’emploie pour la conjonction lorsque. Ainsi pour bien parler on doit dire, je fus bien fâché lorsque j’eus fait cela ; & non pas alorsque j’eus fait cela. Ce qui néanmoins ne se doit entendre que de la prose ; car on dit toujours en prose alors, & non pas lors ; lorsque, & non pas alorsque : mais de bons Poëtes disent quelquefois en vers alorsque, comme l’a remarqué le P. Mourgues, au lieu de lorsque, & lors pour alors, selon qu’ils ont besoin, ou qu’ils ont trop d’une syllabe.

Lors pour alors ne se dit plus même en poësie. Mais alorsque pour lorsque, est une des licences qui ont souvent, sur-tout dans la poësie sublime, plus de grâce & de noblesse que les mots dont on se sert ordinairement. Restaut.

Aveuglé par son zèle, il te désobéit,
Et pense te venger, alors qu’il te trahit. Volt.

Alors, signifie aussi, en ce cas-là. Si on me fait une telle objection, alors je répondrai.

Alors comme alors. Proverbe qui signifie, selon les diverses conjonctures où l’on se trouve. Si une telle chose arrive, alors comme alors ; c’est-à-dire, nous verrons alors quel parti nous prendrons.

ALOSE. s. f. Sorte de poisson de mer qui remonte ordinairement au printemps dans les rivières où elle devient grasse & de bon goût. Alausa, alosa. On fait grand trafic d’œufs d’alose dans les Indes, où l’on en voit plusieurs grands navires tout chargés. Quelques-uns dérivent ce mot du grec ἄλς, qui signifie sel ; parce que l’alose aime tant le sel, qu’elle suit les bateaux qui en sont chargés.

ALOSER, & ALOUSER. Ce mot se disoit autrefois pour louer. Laudare. Voyez le Roman d’Artus. Il se disoit aussi pour acquérir los, ou renom. Famam parare. Voyez Perceval & le Roman de la Rose.

ALOST. Alostum. Ville des Pays-bas, sur la rivière de Denre, capitale de la Flandre Impériale. Quelques Auteurs prétendent que la ville d’Alost fut bâtie au Ve siècle par les Goths. Elle fut prise & démantelée par les François en 1667. Elle est actuellement à la Maison d’Autriche. Le Comté d’Alost, Alostanus comitatus, est presque renfermé entre l’Escaut, la Denre ou Tenre. La race des Comtes d’Alost finit en 1165.

ALOTA. Alota. Autrefois ville, aujourd’hui village de l’île de Corse, dans la partie occidentale de l’île, près du golfe & à l’orient de la ville d’Ajazzo.

ALOTIES. adj. f. pris substantivement. Alotia. Fêtes célébrées en l’honneur de Minerve par les Arcadiens, qui dans une bataille qu’ils livrerent aux Lacédémoniens, firent un nombre prodigieux de prisonniers, que les Grecs appellent ἀλωτοι, d’où cette fête a pris son nom. Pausanias, in Arcad.

ALOUCHI. s. m. C’est ainsi que les Epiciers & les Droguistes de Paris appellent une gomme de bonne odeur que les habitans de Madagascar nomment Litemanghits. Elle coule du tronc de la cannelle blanche.

ALOUETTE. s. f. Petit oiseau gris, bon à manger, & qui chante agréablement. Alauda. Il couve trois fois l’année, en Mai, en Juillet, & en Août. Il éleve ses petits en moins de quinze jours, & vit 9 à 10 ans. Olina. Il y a de deux sortes d’alouettes, l’une huppée, ou crêtée, qui a sur la tête une crête de plume comme le paon. On l’appelle en latin alauda cristata, galerita, cassita, & en françois Cochevis. L’autre sorte qui s’appelle simplement alouette, est le premier oiseau qui annonce l’été : il y a une espèce d’alouettes qu’on appelle à Paris mauviettes. Voyez ce mot.

Autour de cet amas de viandes entassées
Régnait un long cordon d’alouettes pressées. Boil.

On prend des alouettes au miroir, au lacet, & à la ridée.

On les appelle en grec ϰορυδαλός. Ménage dérive ce mot de alaudetta ; diminutif de alauda : c’est un mot que les Romains ont pris de l’ancien Gaulois, lorsque Jules César leva des soldats dans les Gaules, qui s’appelerent alouettes à cause de la figure de leur casque, ressemblant à des alouettes huppées, comme dit Suétone. Ainsi il n’est pas vrai que cet oiseau ait été nommé alauda, à cause de la légèreté & de l’agitation de ses ailes. Alauda ab insigni alarum agitatione, comme quelques-uns le prétendent. On trouve quelquefois dans la basse latinité Acredula. Adelin, Evêque de Séez, dans le livre des miracles de Sainte Opportune ; dit : Vidit aviculam nomine Acredulam, quam vulgus vocavit Alaudam ; ce qui montre qu’alauda étoit encore au IXe siècle le nom commun en France.

Alouette de mer. Oiseau qui ressemble à l’alouette de terre, sinon qu’il est un peu plus gros, & qu’il a le dos plus brun, & le ventre plus blanc.

On appelle communément des terres sabloneuses, des terres à alouettes.

On dit proverbialement d’un fainéant, qu’il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties dans le bec. On dit aussi, les alouettes ne tombent pas plus rôties dans ce pays, qu’ici ; pour dire, qu’on n’y est pas mieux. On dit, si le Ciel tomboit, il y auroit bien des alouettes prises, à ceux qui craignent des accidens qui n’arriveront jamais.

ALOURDIR. v. a. C’est faire un bruit capable d’incommoder la tête, & de la rendre lourde. On a dit aussi alourder. Obtundere. Le bruit des cloches, & des carrosses qui passent par cette rue, est capable d’alourdir les gens. Regnier a dit des Poëtes importuns récitateurs, qu’ils alourdent de vers, d’alégresse vous privent. Ce mot est vieux, & n’est guère en usage qu’au participe, en conversation seulement.

ALOURDI, IE. part. Obtusus.

ALOYAGE. s. m. Sorte d’alliage dont se servent les Potiers d’étain.

ALOYAU. s. m. Pièce de bœuf qu’on coupe le long des vertèbres au haut bout du dos de cet animal. Bubula costa. On dit un aloyau de la première, de la seconde, de la troisième pièce. Quand il n’y a de la chair que d’un côté, on l’appelle une charbonnée. L’aloyau se mange ordinairement, ou rôti, ou mariné, ou mis en ragoût.

ALOYER. v. a. Terme de Monnoie. Donner à l’or & à l’argent l’aloi requis & ordonné par les loix. ☞ Les grands Vocabulistes disent, le titre voulu par les Ordonnances. Legitimâ materiâ nummum afficere.

ALOYÉ, ÉE. part. & adj. Qui a le degré de pureté, ou d’aloi, c’est-à-dire, d’alliage ordonné par la loi. Ad legem exactus, Legitimâ materiâ constans.

ALP.

ALPAGE. s. m. Voyez Alpen.

ALPAGNE. s. m. Animal à laine, fort semblable aux ilamas & aux vigognes, excepté qu’il a les jambes plus courtes & le mufle plus ramassé. Les habitans du Pérou les mettent au nombre des bêtes de charge, & leur font porter jusqu’à cent livres pesant. De leur laine ils font des étoffes, des cordes, des sacs ; de leurs os des instrumens pour les Tisserans ; & mettant même leur fiente à profit, ils s’en servent à faire du feu.

ALPAM. s. m. Plante des Indes, dont le tronc qui se divise en deux ou trois tiges, est couvert d’une écorce de couleur verte & cendrée, sans odeur, & d’un goût astringent. Ses branches sont d’un bois blanchâtre ; elles sont partagées par des nœuds ; elles ont une moelle verte : sa racine est rouge, composée d’un grand nombre de fibres capillaires qui s’étendent en tout sens. Les feuilles sont de figure oblongue, étroites, & terminées en pointe très-aiguë, d’un vert foncé en-dessous, mais d’un vert pâle en-dessus : elles ont un grand nombre de côtes, & sont entrelacées d’un grand nombre de fibres & de veines, &c. Leur odeur n’est pas désagréable. Elles sont un peu âcres au goût. Les fleurs, qui sont d’une couleur de pourpre foncé & sans odeur, croissent sur des pédicules foibles & ronds, &c. & ont dans le milieu trois étamines rouges & oblongues qui se croisent l’une l’autre. Aux fleurs succedent des côtes pointues, rondes, & pleines d’une pulpe charnue, sans aucune semence, au moins qu’on puisse appercevoir.

☞ ALPANET. s. m. Voyez Alphanet.

ALPARGATES. s. m. pl. Mot Espagnol, qui signifie des Souliers de corde.

ALPEN, & ALPAGE. s. m. Qui signifie un lieu qui n’est point labouré, & qui ne sert que de pâturage. Chorier, Hist. de Dauphiné, C. i. p. 93. Si ce mot est en usage, ce n’est qu’en Dauphiné.

ALPES. s. f. pl. Hautes montagnes qui séparent l’Italie de la France, de la Suisse & de l’Allemagne, & qui commençant à la côte de la mer de Gènes, vont en demi-cercle finir à la mer Adriatique, ou golfe de Venise. Les Alpes ont eu différens surnoms en différens endroits. Les Alpes Maritimes, Alpes Maritimæ, ou Littoreæ, sont celles qui s’étendent depuis la côte de Gènes, jusqu’au mont Viso, ou à la source du Pô. Les Alpes Cottiennes, Alpes Cottianæ, ou Cottiæ, depuis le mont Viso jusqu’au mont Ceniz, ainsi nommées de Cottus, ou Cottius, qui régna dans ces montagnes. Les Alpes Grecques, Alpes Graiæ, depuis le mont Ceniz jusqu’au mont S. Bernard. Les Alpes Apenninnes, Alpes Apenninæ, Penninæ, Pænæ, ou Pœninæ, celles du Valais, entre le mont Saint Bernard & celui de Saint Gothard. Les Alpes hautes, Alpes summæ, celles du mont Saint Gothard, & aux environs des sources du Rhin & du Rhône dans la Suisse. Les Alpes Lepontiennes, Alpes Lepontinæ, au midi des hautes Alpes, entre la source du Rhin, & le lac Mayor. Les Alpes Rhétiques, Alpes Rhæticæ, Juga Rhætica, à l’orient des hautes Alpes, entre les Grisons & la Walteline. Les Alpes Tridentines, Alpes Tridentinæ, entre le Tirol & l’Evêché de Trente. Les Alpes Noriques, Alpes Noricæ, au levant des Tridentines, entre l’Evêché de Saltzbourg & l’Etat de Venise. Les Alpes Carniques, Alpes Carnicæ, à l’orient des Noriques, entre la Carinthie & le Frioul. Les Alpes Juliennes, Alpes Juliæ, grande partie des Alpes, & la plus orientale, qui s’étend depuis la rivière de Lisonzo jusqu’au golfe de Carnéro, ayant la Carniole au nord, & une grande partie du Frioul avec l’Istrie au midi. Ptolomée comprend aussi celles ci sous le nom de Carniques. Le nom de Juliennes leur vient du Forum Julium, Frioul qui en est près ; & le nom de Carniques, du nom des Carnes, peuples qui les habitoient ; & ainsi des autres noms qu’elles ont tiré la plupart des villes ou des peuples qui y étoient.

Alpes, est un nom celtique, composé de al, qui signifie haut, élevé ; & pen, qui dans cette langue veut dire le sommet d’une montagne. Il paroît que c’est la vraie étymologie de ce nom. Servius la confirme, en disant, sur le 13 vers du Xe livre de l’Enéide, que les Gaulois appelent Alpes toutes les hauteurs des montagnes. Hiérôme, Moine Camaldule, qui a fait la vie de S. Romuald, y prend souvent le nom d’Alpes pour un nom appellatif, qui signifie de hautes montagnes ; car en parlant des lieux où ce Saint établit des Monastères dans l’Etrurie & dans le mont Apennin, il dit, C. 2. Ornantur monasteriis innumeræ Alpes, & Ch. 10. Veniens itaque Pater sanctus in Romandiolam ascendit altissimum Apennini montem, lustrans Alpes per circuitum, &c. On trouve encore d’autres exemples, où le mot Alpes est pris en général pour montagnes ; & même Alpis au singulier, pour mons, une montagne. Voyez la vie de S. Landulphe, Act. Sanct. T. II. p. 44. B. Chorier remarque que Penne est un village dans le Diois, bâti sur une éminence ; & il veut que le nom de Puy tire aussi de-là son origine. Cependant Fostus prétend que ce nom a été donné à ces montagnes à cause des neiges dont elles sont toujours couvertes ; qu’alphor en grec signifie blanc, & que les Sabiens au lieu d’alphus disoient alpus, d’où s’est formé ce nom Alpes. Bochart a recours aux Phéniciens à son ordinaire ; il soutient, Chan. L. I. C. 42. que c’est eux qui ont donné le nom à ces montagnes ; qu’il vient de לבן, laban, blanc, d’où le mont Liban a aussi pris son nom אלבן, alban, dans la forme syriaque, signifie être blanc ; de-là s’est fait Alpes. M. d’Herbelot, qui croit aussi que les Alpes, comme le Liban, ont pris leur nom de la blancheur des neiges qui les couvrent, le tire du grec ἀλφός, blanc, & cite sur cela Fostus, & Procope, De bello Goth. L. I. Eustathius sur Denis le Géogr. fait entendre qu’Alpes, signifie un col dans des montagnes. On trouve aussi ce nom, pour signifier un pâturage dans des montagnes, d’où s’est formé Alpagium, qui signifie le droit d’y conduire ses bestiaux, ou le prix qu’on paie pour en avoir la permission. Mais tous ces sens dérivés sont postérieurs au nom & à la signifiation des Alpes.

Les Grecs les nomment d’Ἄλπιαι & Ἄλποιαι, & Phavorinus Ὀλπια. On trouve même Σαρποι dans Lycophron : Isacius son Commentateur l’entend des Alpes.

Cluvier a traité fort au long des Alpes, dans son Italie ancienne, liv. i. ch. 30. & Josias Simler en a fait un traité exprès, intitulé De Alpibus. Voyez aussi Gaudentius Merula De Antiq. Gallor. Cisalp. Liv. III.C. 5. & suiv.

ALPETTEN. Ville de Suisse. Alterprettum. Elle est sur le Rhin, dans le Rhintal, à quelques lieues d’Appensel.

ALPHA. s. m. C’est le nom de la première lettre des Grecs. Ce nom est originairement hébreu, & vient du verbe אלפ Alaph, qui signifie Apprendre, d’où s’est formé אלופ, qui signifie le chef, le premier d’une troupe, celui qui la conduit. C’est dans ce sens que les Hébreux ont appelé leur première lettre Aleph. Les autres peuples lui ont donné le même nom. Les Chaldéens la nomment Alpha ; les Syriens Olaph ; les Arabes Eliph, & les Grecs Alpha.

Parce que l’alpha est la première lettre, on a dit figurément alpha, pour dire premier. C’est ainsi que Jésus-Christ dit dans l’Apocalypse XXII. 13. Ego sum alpha & omega, primus & novissimus, principium & finis. Je suis l’alpha, & l’oméga, le premier & le dernier, le commencement & la fin. Bouh. C’est ainsi que sur des médailles de Constantius, de Magnentius, de Decentius, & de quelques autres Empereurs, nous trouvons le monogramme de Jésus-Christ, c’est à-dire, les deux premières lettres du nom Χρίστος, & à droit Α à gauche un Ω pour faire allusion aux paroles de S. Jean, que je viens de rapporter, en disant dans cette inscription Χρίστος, Α & Ω, Jésus-Christ l’alpha & l’oméga, le premier & le dernier, le principe & la fin de toutes choses : témoignages authentiques que telle étoit la foi des Chrétiens dans nos premiers siècles, qu’ils étoient persuadés que c’est à Jésus-Christ que doivent s’appliquer ces paroles de l’Apocalypse, & par conséquent qu’il est le Dieu souverain ; puisqu’il n’y a que le Dieu souverain de qui on le puisse dire sans blasphème. Ou trouve aussi sur les monnoies de nos premiers Rois l’Α & l’Ω aux côtés de la Croix. Le Blanc, p. 14. rapporte un tiers de sol d’or d’un des Clovis où cela se voit. C’est aussi dans le sens dont nous parlons, que Martial, Liv. II. Ep. 57. appelle en plaisantant un certain Codrus l’alpha des gens proprement vêtus. Alpha penulatorum. Les anciens Chrétiens faisoient graver un Α & un Ω sur leurs tombeaux.

Alpha. s. m. C’est au jeu de la Canette, qu’on appelle à Paris Gobille, le lieu d’où l’on commence à jouer.

Alpha. Nom de quelques rivières de Suisse & de Westphalie, qu’on appelle aussi Aa. Maty.

ALPHABET. s. m. Disposition par ordre des lettres d’une langue. Litterarum elementa, Litteræ. Alphabet latin, françois, grec. Cette lettre n’est point dans notre alphabet. Ce mot vient de ce que l’alphabet des Grecs commençoit par alpha, beta ; noms des deux premières lettres qu’ils avoient prises des Hébreux, chez qui elles s’appellent aleph, beth. Il y a dans Bouteroue, Rech. Cur. des Monn. de France, p. 157, un Alphabet gaulois tiré des légendes de leurs monnoies, dont les caractères sont fort différens de ceux dont on use à présent.

l’Alphabet françois, selon quelques-uns, est composé de 23 lettres ; selon d’autres, de 25, A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, X, Y, Z. Grégoire de Tours raporte que le Roi Chilperic voulut transporter dans l’alphabet toutes les lettres doubles des Grecs : ϑ, φ, χ, ξ, ψ, afin de représenter par un seul caractère th, ph, ch, cs, ps. Cet usage ne dura qu’autant que son règne. Pasquier prétend que l’alphabet françois est composé de 25 lettres parce qu’il y ajoute ces deux lettres doubles, & pour et, & 9 pour us : mais ce ne sont que des abréviations. M. l’Abbé Dangeau prétend, avec beaucoup plus de fondement, que nous avons 34 sons différens dans notre langue, et que conséquemment notre alphabet devroit être composé de 34 caractères différens, en retranchant même nos lettres doubles qui sont x & y, & une superflue, qui est le q. Rien n’est plus exact ni plus savant en fait de Grammaire, que ce que cet illustre Académicien en a écrit dans ses Essais de Grammaire. Voyez ce que nous en dirons au mot LETTRE. Le P. Bussier, dans sa Grammaire, a suivi le sentiment de M. l’Abbé Dangeau, à cela près qu’il n’admet que 14 voyelles, au lieu que M. l’Abbé Dangeau en admet 15 ; car il ne distingue point l’au de l’o, & réduit par-là notre alphabet à 33 lettres. Voyez au mot lettre, au mot consonne, & au mot voyelle. Au reste, quoique ces Auteurs aient raison, néanmoins le mot alphabet ne se prenant que pour des lettres écrites, ou les caractères dont on écrit les mots d’une langue, il est toujours vrai que le nôtre n’a que 22 caractères pour exprimer ces 33 ou 34 sons. Les autres langues n’ont pas toutes le même nombre de lettres dans leur alphabet. L’alphabet hébreu, le chaldéen, le syrien, le samaritain, ont 22 lettres; l’arabe 28 ; le persan 31; le turc 33 ; le Géorgien 36 ; le cophte 32 ; le moscovite 43 ; le grec 24 ; le latin 22 ; le sclavon 27 ; l’allemand, le flamand, l’anglois 26 ; l’espagnol 27 ; l’Italien 20 ; les Indiens de Bengale 21 ; les Bramans 19. Les Chinois n’ont point d’alphabet comme nous, qui contienne les élémens & comme les principes des paroles. Leurs lettres sont des hiéroglyphes, & l’on en compte plus de 80 000. Le P. Le Comte. On ne doit pas au reste être étonné du petit nombre de lettres qu’il y a dans l’alphabet de la plupart des langues : on pourroit encore retrancher les lettres doubles, comme inutiles, & ne donner que 24 lettres à un alphabet ; & ces 24 lettres combinées entr’elles donneroient un nombre de mots qui passe de beaucoup le nombre des mots des langues que nous connoissons. M. Prestet en a fait la supputation dans ses nouveaux Elémens de Mathématiques, & il a trouvé que toutes les combinaisons de 24 lettres prises seules d’abord, & ensuite deux à deux, trois à trois, & ainsi de ſuite jusqu’à vingt-quatre, font le nombre suivant :

1391724288887252999425128493402200.
On peut exprimer ainsi par paroles la valeur de ces 34 chiffres, un million trois cent quatre vingt-onze mille milliards de milliards de milliards, sept cent vingt-quatre milliards de milliards de milliards, deux cent quatre-vingt-huit millions de milliards de milliards, huit cent quatre-vingt-sept mille milliards de milliards, deux cent cinquante-deux milliards de milliards, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millions de milliards, quatre cent vingt-cinq mille milliards, cent vingt-huit milliards, quatre cent quatre-vingt-treize millions, quatre cent deux mille deux cens mots, ou combinaisons de 24 lettres. Sur quoi il faut remarquer que chaque combinaison peut faire un mot, lors même que dans la combinaison il ne se trouve point de voyelle ; parce que dans la prononciation on insère imperceptiblement notre e muet entre les consonnes, ou après la seconde, s’il n’y en a que deux de suite à la fin du mot ; sans cela la dernière seroit inutile & ne seroit point entendue. On peut remarquer l’usage de cet e muet dans la langue allemande & dans la langue arménienne, dont la plupart des mots ont plusieurs consonnes de suite. Il faut ajouter que chaque lettre seule fait un mot ; ce que l’on comprend aisément si cette lettre est voyelle, puisque α, η, ω, sont des mots dans la langue grecque ; a, e, o en sont dans la latine ; a, o, y en sont dans la langue françoise ; a, e, i ; o, dans l’italienne ; a, y, dans la langue espagnole ; a, o, dans la langue portugaise ; i, o, dans la langue angloise ; o dans presque toutes les langues, même dans l’allemande & la suédoise. Une consonne seule peut aussi faire un mot, en mettant après elle, dans la prononciation un e muet. Enfin quand on retrancheroit une grande partie des combinaisons possibles des vingt-quatre lettres, il en resteroit encore un nombre immense. Il y a dans la Bibliothèque du Roi un ouvrage arabe intitulé Sephat Alacham, qui comprend plusieurs différentes sortes d’alphabets imaginaires, que l’Auteur distingue en prophétiques, mystiques, philosophiques, magiques, talismaniques, &c. d’Herb. M. Lodwick a donné l’essai d’un Alphabet universel, que l’on trouve dans les Transactions philosophiques, T. III. p. 373 & suiv.

☞ On donne aussi le nom d’Alphabet à un petit livre imprimé, qui contient les lettres de l’Alphabet & les premières leçons qu’on donne aux enfans qui apprennent à lire. Abecedarium, elementa. J’ai acheté un Alphabet pour cet enfant.

On dit, Être encore à l’alphabet ; pour dire, Etudier encore le petit livre qu’on donne aux enfans pour apprendre les lettres. Elementarius. ☞ On dit d’un homme qui n’a que les premiers commencemens d’une science, qu’il n’en est encore qu’à l’alphabet ; & d’un homme qui n’a pas les premiers principes d’une chose dont il parle, qu’il faut le renvoyer à l’alphabet. Acad. Fr.

Alphabet, se dit aussi des ferremens ou poinçons qui servent aux Doreurs, aux Graveurs & autres Ouvriers, pour marquer, graver, ou imprimer les caractères, ou les lettres qui sont sur leurs pointes.

Alphabet, en termes de Polygraphie, est le double du chiffre que garde par devers soi chacun des correspondans, qui se doivent écrire secrètement : c’est un alphabet où les lettres ordinaires sont disposées par ordre ; & vis-à-vis, ou au-dessous sont les caractères secrets qui y répondent ; les nulles, ou lettres inutiles, ou les autres marques qui servent à rendre indéchiffrable.

On donne le nom d’alphabet à plusieurs livres. Postel imprima un alphabet de douze langues. Plusieurs ont donné des alphabets grecs ou hébreux. L’Alphabet de la France est un livre de Géographie de France. L’Alphabetum Augustinianum est une Histoire de tous les Monastères des Augustins par ordre alphabétique.

Alphabet, s. m. Les Marchands, Négocians, Banquiers & Teneurs de livres, appellent ainsi une espèce de régistre composé de 24 feuillets, cotés & marqués chacun en gros caractère d’une des lettres de l’alphabet, suivant l’ordre naturel, en commençant par A, & finissant par Z.

ALPHABÉTIQUE. adj. de t. g. Qui est selon l’ordre de l’alphabet. Quod litterarum seriem, ordinem servat. Table alphabétique. ☞ On nous fait remarquer que le grand Vocabulaire françois présente les mots par ordre alphabétique. Il a cela de commun avec les autres Dictionnaires.

ALPHÆNIX. s. m. C’est le sucre d’orge blanc, ou sucre tors, auquel on donne un nom extraordinaire pour le faire valoir.

ALPHALTE. Voyez Asphalte. C’est ainsi qu’il faut dire.

ALPHANET. s. m. Oiseau de proie qui s’apprivoise & qui vole la perdrix & le lièvre. Tunetanus accipiter. Les Grecs lui ont donné ce nom de la première lettre de leur alphabet ; mais en France on l’appelle Tunissien, parce qu’il vient de Tunis, en Barbarie, où il est fort estimé.

ALPHANO. Village d’Alentéjo, en Portugal, Alphanum. Il est entre Lisbonne & Elvas. On croit que c’est l’ancienne Fraxinum de la Lusitanie.

ALPHARD. s. m. Etoile de la première grandeur, qui s’appelle autrement Cœur de l’hydre. Hyngin l’appelle Alphard, & dit qu’elle n’est que de la deuxième grandeur, Voyez Cœur de l’Hydre.

ALPHÉE. s. m. Alpheus. Fleuve du Péloponèse, aujourd’hui Orsea. Les Italiens le nomment Carbon. Il arrose l’Arcadie & l’Achaïe, & se décharge dans la mer Ionienne au-dessous de Pise. Les Poëtes ont feint qu’Alphée, conservant la passion qu’il avoit eue pour Aréthuse, qui fut changée en une fontaine qui est en Sicile, & porte son nom, passe sous les flots de la mer sans s’y mêler, & vient joindre ses eaux avec celles de cette fontaine. Pomponius Mêla & Pline disent qu’on retrouve dans la fontaine d’Aréthuse ce que l’on jette dans le fleuve Alphée. Cette opinion a donné lieu à la fable.

ALPHEN, ou ALPEN. Ville & citadelle d’Allemagne, que quelques-uns croient être les Castra Ulpia des Anciens, que d’autres placent à Clèves. Alphenum, Alpenum. Elle est dans le diocèse de Cologne, près du Rhin, & du duché de Clèves, entre Rhimberk & Santen.

Alphen, est aussi un village de Hollande, que l’on prend pour les albina ou Albiniana castra des Anciens. Alphenum. Il est sur le Rhin, entre Leyde & Woerde.

ALPHÉSIBÉE. s. f. Fille de Phlégée, ayant épousé Alcméon, en reçut pour présent de noces le fameux collier d’Eriphile ; mais ayant été répudiée, peu de temps après, elle engagea ses freres à venger l’affront qu’elle recevoit, & fit assassiner son mari.

ALPHÉTA. Terme d’Astronomie. C’est une étoile fixe de la seconde grandeur, autrement appelée Lucida Coronæ, luisante de la Couronne. Elle est dans la Couronne septentrionale. Sa longitude est 217°, 38’, sa latitude 44°, 23’; son ascension droite 250°, 12’.

☞ ALPHIONIA, ou ALPHIUSA. Surnom de Diane, qui lui venoit d’un bois qui lui avoit été consacré dans le Péloponèse, à l’embouchure de l’Alphée. Au lieu de l’un ou l’autre de ces deux mots qu’on trouve dans Strabon, Gyraldus Syntag. Deor. aime mieux lire Alphia.

☞ ALPHITA. Préparation alimentaire, faite de la farine de quelque grain que ce soit, pelé & grillé.

ALPHITÉDON. s. f. Sousentendu fracture. C’est une espèce de fracture dans laquelle l’os est écrasé en petites pièces. Ce mot est grec, ἀλφιτηδόν, farinæ instar, en manière de farine:de ἄλφιτον, farine.

ALPHITOMANCE, ou ALPHITOMANTIE. s. f. C’est la même chose qu’Aleuromance. Voyez ce mot.

Alphitomantie vient d’ἄλφιτον, farine, & μαντεία, divination.

ALPHONSE. Voyez ALFONSE.

ALPHONSIN. s. m. Instrument de Chirurgie. C’est une espèce de tire-balle, ainsi appelé du nom de son inventeur Alphonse Février, Médecin de Naples. Voyez Tire-balle.

ALPHONSINE. adj. f. Tables Alphonsines. Terme en usage parmi les Astronomes. Tabulæ Alphonsinæ. Ce sont des tables astronomiques de Ptolomée, corrigées par ordre & par les soins d’Alphonse X, Roi de Castille, auxquelles ce Prince mit lui-même une Préface de sa façon, & publiées sous son nom. Ce Monarque avoit pour cet effet assemblé à grands frais plusieurs habiles Mathématiciens-Astronomes. C’est pour ces raisons qu’on les appelle Tables Alphonsines. On écrit aussi Alfonsines, comme on écrit Alphonse & Alfonse. Les Tables Alfonsines excèdent d’une heure seize minutes le temps de l’observation de l’éclipse de lune, faite à Babilone l’année 366, de Nabonassar le 27e du mois-Thot, 21 Décembre de l’année Julienne 333 avant l’époque de Jésus-Christ. Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 23, 24. Voyez Alfonsine.

ALPHOS. s. m. En latin Vitiligo. Nom qu’on a donné à une maladie cutanée qu’on distingue en trois espèces, l’alphos proprement dit, le mélas & la leucé. L’alphos consiste en taches quelquefois fort larges, quelquefois distinguées & parsemées comme par gouttes, de couleur roussâtre. Il n’occupe que la superficie de la peau. Le mélas est noirâtre, de couleur de terre d’ombre. Il est aussi superficiel. La leucé est à-peu-près semblable à l’alphos; mais elle est plus blanchâtre & plus profonde. Ces mots sont grecs:ἀλφός vient du verbe ἀλφαίνειν, mutare, changer. μέλας signifie noir, & λευϰη, blanche, claire.

ALPIOU. s. m. Terme de Bassette. Alpiou est une marque que l’on fait à sa carte, pour marquer qu’on double sa mise après l’avoir gagnée. J’ai fait six alpious, que j’ai tous perdus.

ALPISTE s. f. Terme de Grainetiers de Paris. C’est la semence d’une espèce de Chiendent, qu’on appeloit autrefois Phalaris. Le propre nom de cette semence, c’est Graine de Canarie, parce qu’on en nourrit les sereins de Canarie. Cette graine est un peu plus menue que le millet, tantôt blanche, tantôt noirâtre, tantôt grise, ou de couleur isabelle. C’est la graine d’une plante qui s’appelle Gramen spicatum semine miliaceo albo. On croit que cette graine a été apportée des îles de Canarie. On la cultive maintenant en France, en Espagne & en Italie. Voyez M. de Tournefort, Instit. Rei Herhar.

ALPON. s. m. Rivière du Véronnois, en Italie. Elle se jette dans l’Adige. On l’appelle Alpon Vecchio, Alpon le vieux.

ALPUJARES. Montagnes du royaume de Grenade, en Espagne. Elles s’étendent depuis la Sierra-Nevada, jusqu’à la Méditerranée, & sont situées du midi au septentrion, & du levant au couchant, depuis Aléria jusqu’à Morril.

ALQ.

ALQUAQUENGE. Voyez Alkekenge.

ALQUIER. s. m. Qu’on nomme aussi Cantar, est pris en deux sens, ou comme mesure de choses séches, ou comme mesure de choses liquides. L’alquier, mesure de grains à Lisbonne est très-petite ; ensorte qu’il ne faut pas moins de 240 alquiers pour faire dix-neuf septiers de Paris. La mesure de Porto en Portugal s’appelle aussi alquier ; mais elle est de vingt pour cent plus grande que celle de Lisbonne. L’alquier pour la mesure des huiles contient six cavadas. Il faut deux alquiers pour faire l’almude.

ALQUIFOUX. s. m. C’est le nom que les Ouvriers donnent à la mine de plomb, ou au plomb minéral. Lémeri. Ce plomb minéral est très-pesant, facile à mettre en poudre, & difficile à fondre. Les Potiers de terre s’en servent pour vernir leurs ouvrages en vert. L’alquifoux vient d’Angleterre en paquets de différentes grosseurs & pesanteurs.

ALQUITTE. Terme de Fleuriste. Tulipe panachée de jaune & de rouge.

ALR.

ALRAMECH. Terme d’Astronomie. C’est le nom Arabe de l’Arcturus ; il signifie Cavale.

ALRE. Voyez Aller.

ALRÉDE. s. m. Alredus. Nom propre corrompu de Athelréde, ou Ethelrède, de la même manière que Albert a été fait de Aldebert.

ALRICK, ou ELRICK. s. m. Rivière d’Ecosse. Alrika, Elrika. Elle coule dans le comté de Tuwede, passe à Selkirk, & peu après se mêle à la Tuwede.

ALRUNES. s. m. plur. Nom que les anciens Germains donnoient à certaines petites figures de bois, qu’ils regardoient comme leurs Dieux Pénates ou Lares. On faisoit ces statues des racines les plus dures des plantes, sur-tout de la mandragore. On les habilloit proprement : on les couchoit mollement dans des petits coffres ; toutes les semaines on les lavoit avec du vin & de l’eau, & à chaque repas on leur servoit à boire & à manger.

ALSACE. s. f. Alsatia. En Allemand Elsatze. Goldast l’appelle en latin Elisaza d’autres Alesatia. L’s se prononce comme un z. Nom d’une province d’Allemagne, située le long du Rhin, qui la traverse. Elle a à l’orient la Suabe & le duché de Wirtemberg, au septentrion le Palatinat du Rhin, au couchant la Lorraine, au midi une partie de la Bourgogne, & une partie de la Suisse.

Quelques Auteurs prétendent que ce nom vient par corruption & abréviation de Edelsatz, qui signifie assiette belle & noble. D’autres le dérivent du nom du fleuve Illa, comme si l’on avoit dit d’abord Ilsatz, & ensuite changeant l’i en e, Elsatz, qui signifieroit, assiette aux environs ou sur les bords du fleuve Illa. C’est le sentiment de Limnæus, liv. VII ch. 3. Car ce fleuve, dit-il, s’est appelé d’abord Helled, & puis Ell, d’où l’on a fait Elsas.

Les Rois de France ont possédé l’Alsace jusqu’à Othon I, dans le Xe siècle. On dit que Childéric érigea l’Alsace en Duché. Othon III l’érigea en Landgraviat. La Maison d’Autriche se l’étoit appropriée. La France l’a conquise, & elle lui a été cédée par les traités de Munster en 1648, & celui des Pyrénées en 1659. La capitale d’Alsace est Strasbourg, que le Roi prit en 1681. L’Alsace est un Landgraviat. On dispute si l’Evêque de Strasbourg a été Seigneur de l’Alsace, & si le Landgraviat a été un fief dépendant de l’Evêque. Imhoff soutient la négative, dans sa Notice des Dignités de l’Empire, liv. III. c. 7. a. 3. Voyez encore sur l’Alsace M. Obrecth, Prodromus hist. Alsaciæ. Limnæus Jus publ. Imper. liv. VII. c. 3. n. 1 liv. VI c. 3. n. 70. Imhoff dans l’Ouvrage que j’ai cité, liv. 1. ch. 5. n. & liv. V. ch. 11.

ALSACIEN, ENNE. adj. & s. m. & f. Nom de peuple. Qui est d’Alsace. Alsatianus, a, um.

ALSCHAUSEN. Petite ville de Souabe, en Allemagne. Alschausenium. Elle est sur les confins du Comté de Konigseck, au midi de Buchau.

ALSCHIAT. Nom de secte Turque. Voyez Schiaïte.

ALSEN. Île de la mer Baltique. Alsa. Elle est sur la côte de Sleswick. Les forteresses de Nortbourg & de Sunderbourg en sont les principaux lieux, & donnent le nom aux deux Bailliages qui la divisent.

ALSFELDT. Bourg ou ville du Landgraviat de Hesse-Castel. Alsfeldia. Il est vers l’Abbaye de Fulde, sur la rivière de Swalm, au-dessus de la forteresse de Ziegenhaïm.

ALSINASTRE. s. m. Alsinastrum. Les racines de cette plante sont composées de fibres blanches qui sortent des nœuds inférieurs de la tige, & qui sont disposées en rond. Sa tige est divisée en des cellules formées par de petites feuilles membraneuses qui vont du centre à la circonférence. Elle est cannelée dans toute sa longueur, &c. Elle est divisée par des nœuds à la distance de deux lignes, d’où partent huit, dix, & quelquefois douze feuilles, avant que la tige sorte hors de l’eau. De leurs aisselles sortent des fleurs composées de quatre feuilles blanches, disposées en rond, d’environ une ligne & demie de large. Les étamines qui sont fort courtes, & au nombre de quatre, portent des sommets blancs, le pistil devient dans la suite une capsule plate & ronde, garnie de côtes comme le melon, ayant un nombril sur le devant ; il s’ouvre en quatre parties, & laisse échapper un grand nombre de semences oblongues. Cette plante fleurit en Juillet & en Août.

ALSINE. s. f. Terme de Botanique. Espèce de Morgeline qui croît abondamment le long du chemin d’Orléans à Bourges. Sa racine est fibreuse, chevelue, & divisée en quelques rameaux : elle produit plusieurs tiges qui rampent d’abord à terre, & dont les extrémités se redressent par la suite pour porter les fleurs. Chaque tige n’a qu’un quart de ligne de diamètre, & sept ou huit pouces de longueur ; elle est creuse & marquée de nœuds à l’origine des feuilles ; elle produit quelques branches qui naissent de ces nœuds, & font, avec la tige, un angle assez considérable : les feuilles naissent deux à deux dans toute l’étendue de la tige : elles sont ovales, alongées, terminées en pointe, & pour l’ordinaire un peu courbées dans leur milieu comme la lame d’un sabre ; elles n’ont qu’une ligne dans leur plus grande largeur, & leur longueur n’est que de sept ou huit lignes : l’intervalle d’entre chaque nœud est d’environ un demi-pouce : les fleurs naissent tout au haut de la tige : il n’y en a ordinairement que deux, chacune sur un pédicule fort long qui sort d’entre les feuilles du sommet de la tige ; elles ont bien le caractère de l’alsine ; leurs pétales sont deux fois plus grands que le calice, & sans aucune échancrure : le fruit s’ouvre par le haut en six parties, comme dans les autres espèces de ce genre. {{sc|M. le Monnier, le Médecin.

ALSINGSUND. Autrement, détroit de Sunderbourg. Alsæfretum. C’est le détroit qui est entre l’île d’Alsen, & le duché de Sleswick.

ALSITS. Rivière de Luxembourg. Alsitia, Alisuntia. On l’appelle aussi Als, ou Alse. Elle baigne Luxembourg, & se joint au Souo un peu au-dessus de Dierkirk.

ALSONE. Petite ville de Languedoc, en France. Alsona. Elle est sur la rivière de Fresquel, entre Carcassone & Saint-Papoul.

ALSTER. Rivière du Holstein, en Allemagne. Alstera. Elle a sa source près d’Arensborg, & se jette dans l’Elbe, à Hambourg.

☞ ALSTETTEN. Petite ville de Suisse, dans le Rhinthal, proche du Rhin, à trois lieues de la ville d’Appenzel.

ALSWANGEN. Ville du duché de Curlande. Alsvanga. Elle est sur la côte de la mer Baltique, à quelques lieues de Windaw.

ALT.

ALT. Rivière du duché de Lancastre, en Angleterre. Alta. Elle se décharge dans la mer d’Irlande, au bourg d’Almuth qui en prend son nom.

ALTAMURA. Ville du royaume de Naples, en Italie. Altamura, Lupatia. Elle est dans la terre de Bari, près de la Capitanate & de la Basilicate.

Altamura, est encore un bourg de la Zaconie, en Morée. Altamura. Il est, selon quelques-uns, dans les terres, entre le golfe de Napoli & celui de Colochine ; & selon d’autres, sur le premier de ces golfes, au midi de Malvasie, où étoit autreiois le port qu’on nommoit Minoa.

ALTAR. Bourg du Montferrat, en Italie. Altare. Il est aux confins de l’Etat de Gènes, & du Marquisat de Final.

ALTAVILLA. Petite ville du royaume de Naples. Altavilla. Elle est dans la Principauté Supérieure, sur la rivière de Sélo, & peu éloigné du golfe de Salerne.

ALTAY. Montagnes de la grande Tartarie, en Asie. Altaius mons. Samson place ces montagnes dans le nord de la Tartarie, entre le 59e & le 61e degré de latitude : & 144e & 156e de longitude. Witsen les met plus au midi, sous le 44e degré de latitude, & entre le 110e & le 115e degré de longitude. Elles font partie d’une grande chaîne de montagnes, qui s’étend depuis la rivière Jaune aux confins de la Chine, jusqu’au lac Altin. Il paroît que c’est une partie de l’Imau¨s de Ptolomée. Ces montagnes finissent du côté de l’ouest à 113° 30′ 3″ de longitude, & à 46° 20′ 20″ de Latitude nord. P. Jartoux.

ALTDORF. Voyez Altorf.

ALTE. Voyez Halte.

ALTEAFRUTEX. s. m. mieux Altheafrutex, ou Guimauve-royale. C’est un petit arbre qui vient de graine, & qui porte des fleurs comme celles du volubilis, & de même figure. Il y en a de violets & de blancs. Il est quatre ou cinq ans avant que de fleurir. Il ne craint point le froid ; & quand il est dans la perfection & fleuri, il est charmant à la vûe, & dure fort long-temps. Chomel. On l’emploie dans les plates-bandes. On l’arrose souvent.

ALTÉLIA. Petite ville du royaume de Naples. Altelia. Elle est dans la Calabre intérieure, sur le Sanuto, au nord de Martorano.

ALTEMBERG. Petite ville ou bourg de Transylvanie. Altemberga. Elle est dans le Comté de Wissembourg, au sud ouest de la ville de Wissembourg.

ALTEMBOURG, ou ALTENBOURG. Nom de plusieurs villes. Altembourg dans la Misnie, en Allemagne, sur la rivière de Pleiss, capitale du Duché d’Altembourg. Altemburgum. Altembourg étoit ville Impériale ; mais en 1308 Frédéric le Mordu la soumit.

Le Duché d’Altembourg. Ositia, Osterlandia, Thuringia orientalis, Ducatus Altemburgicus. Pays du cercle de la haute Saxe, partie autrefois de la Thuringe, aujourd’hui de la Misnie. Il est borné par les territoires de Naümbourg & de Leipsick, par l’Ertzgeburg, le Voitland & la Thuringe.

Altembourg & Owar, Altemburgum, Ovaria, Flexum. Ville forte de la basse Hongrie, vers les frontières d’Autriche, sur le Danube, à quatre lieues au midi de Presbourg.

Il y a aussi des Altembourgs en Bavière, en Transylvanie & en Suisse.

Altembourg, autrement Oldenbourg. Voyez ce mot.

ALTEN, ou ALTENBOTTEN. Golfe de Norwége. Sinus Altenus. Il est encre l’île de Stiernay & la côte de Finmarchie.

ALTÉNA. Nom de plusieurs lieux. Alténa dans le Holstein, Altenachium, est une ville voisine de l’Elbe & d’Hambourg. Alténa, bourg de Westphalie, Altenacum, est dans le Comté de la Marck, vers la frontière du Duché de Westphalie, sur la Leune, entre son confluent avec le Roër & la ville de Werdoël. Alténa, petite contrée de la Hollande méridionale, Altenacenus pagus. Il est entre Biés-bos, la Meuse & le Brabant. Il contient la ville d’Heusden, celle de Worckum, & le village d’Alténa, d’où il tire son nom.

ALTENAW. Bourg de la basse Saxe, en Allemagne. Altenavium. Il est dans le Grubenhague, sur l’Ocker, au midi de Goslar.

ALTEN-HOHENAW. Bourg du Duché de Bavière, en Allemagne. Vetus Hahenavia. Il est sur la rivière d’Inn, au-dessus de Wasserbourg, au couchant du lac Chiemsée. On prend Alten-hohénaw, ou Œting, pour l’ancien Œnipons, nom que l’on donne aussi aujourd’hui en latin à Inspruck.

ALTÉNOIS, OISE. s. m. & f. Qui est d’Alténa. Altenensis. Déjà l’industrie des Alténois encouragée par les sages vûes du Roi, commençoit à mettre leur ville au nombre des villes commerçantes & riches. Volt. Une foible porte de bois, & un fossé déjà comblé, étoient les seules défenses des Alténois. Id.

ALTÉRABLE. adj. Qui peut être altéré, qui est sujet à l’altération, & au changement. Mutabilis. Les métaux ne sont pas tous également altérables.

ALTÉRANT, ANTE. adj. verb. Qui se dit de tout ce qui peut causer la soif. Quod sitim inducit, incendit. Il n’y a rien de plus altérant que ces sortes de ragoûts.

C’est aussi un terme de Médecine. Rarement voyons-nous réussir en France toutes ces préparations chimiques de remèdes altérans tant vantés dans les livres des Médecins Hollandois & Allemands. Burlet, Ac. des Sciences. 1700. Mém. p. 129.

On dit aussi substantivement, un altérant. L’eau de chaux, pour produire de bons effets dans ces maladies, (obstructions, tumeurs internes) veut être continuée long-temps, comme tous les autres altérans. Id. p. 131. Les altérans sont des médicamens qui changent & rétablissent les solides & les liquides du corps humain dans leur état naturel, sans aucune évacuation sensible. Ce mot vient du latin alterare, changer, rendre tout autre. Col. de Villars.

ALTÉRATIF, IVE. adj. Terme de Chimie. Qui altère, qui apporte quelque changement aux choses. Vim habens immutandi. Remèdes altératifs.

ALTÉRATIF. s. m. Remède altératif. L’eau de chaux est un des meilleurs altératifs qu’il y ait dans la nature. Burlet. Acad. d. S. 1700. Mém.p. 122. On dit aussi, altérant.

ALTÉRATION. s. f. ☞ Changement accidentel & partiel d’un corps, qui ne va pas jusqu’à lui faire prendre une nouvelle dénomination, l’acquisition ou la perte de certaines qualités qui ne sont pas essentielles à la nature d’un corps. C’est en cela que l’altération est distinguée de la génération & de la corrupton. Alteratio, immutatio. Selon les Philosophes modernes, il n’y a point d’altération sans mouvement local. Il y a de l’altération dans un corps, lorsqu’il arrive quelque dérangement, ou quelque changement notable dans la figure des parties sensibles, ou insensibles, dont il est composé. Roh. L’altération peut être censée un mouvement, aussi-bien qu’un changement. Bern.

Altération, en Médecine, se prend pour le changement d’une chose de bien en mal. Les excès causent de l’altération dans la santé. Dans l’usage ordinaire il se prend dans le même sens.

On le dit figurément dans le même sens. Causer de l’altération dans l’amitié, du refroidissement. Causer de l’altération dans les esprits, y exciter la colère, l’indignation, la haine, &c. Il parut une grande altération sur son visage ; pour dire, émotion.

Altération, signifie aussi, corruption, changement. Corruptio, depravatio. Cette fausse interprétation est causée par l’altération du texte.

Altération, en parlant des monnoies, signifie, la falsification des monnoies par l’excès de l’alliage. ☞ C’est aussi la diminution d’une pièce en la rognant, en la limant, regravant dans la tranche, ou en emportant quelque partie de la superficie avec des caustiques. L’altération des monnoies est un crime capital.

☞ En Jardinage on entend par altération, une espèce de cessation de seve dans un végétal.

Altération, signifie aussi, la soif causée par la sécheresse du gosier, & de la bouche, faute de salive pour l’humecter. Sitis. La fièvre cause une grande altération. Quand on a marché, quand on s’est échauffé, on sent de l’altération.

Ces mots viennent du latin alterare, Changer.

ALTERCAT, ou ALTERCAS. s. m. ou ALTERCATION. s. f. Débat, contestation entre deux ou plusieurs personnes. Altercatio. Ils n’ont pas de querelle formée ; mais il y a toujours quelque petite altercation entre eux. Altercat est vieux ; altercation est un peu plus usité, mais paroît être du style du Palais. Du Cange dit que ce mot vient d’altercari, qui signifioit simplement s’entretenir ensemble, & altercatio, dialogue.

ALTERDOCHAON. Bourg de l’Alentéjo, province de Portugal. Altera Cahonis. Il est sur la rivière d’Avis, à l’occident de Portalègre. Quelques Géographes croient que c’est l’ancienne Abelterim, Abelteri, Abelterio, Abelitrio d’Antonin, que d’autres placent au village d’Ærra.

☞ ALTÉRER, v. a. Terme de Physique. Causer dans un corps un mouvement accidentel & partial qui ne va pas jusqu’à le rendre méconnoissable. Alterare, Mutare. Altérer les qualités des choses. Le feu altère toutes choses. Le soleil altère les couleurs. Un accident altère souvent l’organe de la vue.

Altérer, dans l’usage ordinaire, signifie simplement changer l’état d’une chose de bien en mal. Vitiare, Depravare. C’est ainsi que l’on dit, que la fièvre altère le sang, les humeurs. Les exercices trop violens altèrent la santé. L’usage trop fréquent de certains remèdes altère le tempérament.

☞ On le dit de même dans un sens figuré. Altérer l’amitié, c’est causer du refroidissement dans l’amitié. Voyez Refroidissement. Altérer le sens des écritures, c’est les prendre dans un sens différent de celui qui est reçu pour le véritable. Sensum pervertere, in alienum sensum detorquere. Les hérétiques ont altéré & falsifié plusieurs endroits de l’Ecriture, pour séduire les peuples. Port. R. Altérer un discours, c’est le rapporter autrement qu’il n’a été prononcé. Altérer la vérité. La flatterie ne peut point anéantir la vérité qu’elle altère ou qu’elle supprime. C’est la déguiser, l’affoiblir.

☞ On dit aussi figurément Altérer les esprits, exciter de l’émotion dans les esprits. Animos commovere. Emotion qui paroît sur le visage.

Quel sujet inconnu vous trouble & vous altère ? Boil.

Altérer, signifie aussi, causer de la soif en dessechant les humeurs qui fournissent la salive. Sitim accendere, gignere, efficere. La chasse altère les chiens & les veneurs. Ces mets trop salés m’ont bien altéré. Les médecines altèrent beaucoup.

On dit aussi, Altérer les monnoies ; pour dire, les falsifier par un faux alliage.

Altérer, est aussi réciproque, & s’applique à toutes les choses physiques ou morales dans lesquelles il se fait quelque changement de bien en mal. Corrumpi, depravari, vitiari. Ce vin commence à s’altérer. Les bonnes coutumes s’altèrent avec le temps. Acad. Fr. Voyez, Altération.

ALTÉRÉ, ÉE. part. Il a toutes les significations de son verbe, en latin comme en françois.

On le dit sur-tout au figuré : Un grand Prince est toujours altéré de gloire. Cupidus gloriæ. Les Tyrans étoient altérés du sang des Martyrs ; c’est-à-dire, aimoient à répandre le sang. Sitiens sanguinis. On dit d’un homme âpre au gain, que c’est un altéré ; & alors il est pris substantivement. Expression populaire.

☞ En termes de jardinage, une terre est altérée, quand elle est fort séche. Un arbre est altéré quand ses feuilles se fânent.

ALTERES. s. f. plur. Inquiétudes d’esprit, passions véhémentes. Sollicitudo, anxietas, vehemens animi commotio, perturbatio. L’approche de l’ennemi a mis tout le royaume en de grandes altères. Ce mot a vieilli, & n’est plus en usage. Il a signifié aussi autrefois Enthousiasme, fureur prophétique. Ce mot vient par corruption, d’artères, parce que la grande émotion cause un violent battement des artères.

☞ ALTERNATIF, IVE. adj. qui souffre ou qui agit tour-à-tour, l’un après l’autre. Alternus, Alternans. Ce mot, dans sa propre signification, s’applique à deux choses qui agissent continuellement l’une après l’autre. C’est ainsi qu’on dit que le mouvement de dilatation & de contraction du cœur sont des mouvemens alternatifs. Voyez Diastole & Systole.

☞ Ce mot se dit aussi des offices qui sont exercés par deux titulaires qui entrent en exercice l’un après l’autre. Il y a plusieurs offices alternatifs & plusieurs charges alternatives.

☞ On dit de même de deux Officiers généraux qui commandent chacun leur jour, qu’ils ont un commandement alternatif.

☞ En Logique, on appelle Proposition alternative celle qui contient deux parties opposées, dont il faut nécessairement en admettre une. Il faut payer ou déguerpir. Il faut se soumettre au joug du Seigneur ou au joug du monde. Il est impossible de servir en même temps deux maîtres ; il faut opter.

☞ ALTERNATION. vieux s. f. Action de faire quelque chose tour-à-tour. Alternatio. Ch. est. Dict.

☞ On dit aussi Alternation, pour exprimer le changement d’ordre qu’on peut donner à plusieurs choses, en les plaçant successivement les unes auprès des autres, ou les unes après les autres. Ainsi trois lettres peuvent subir une alternation de six façons différentes.

☞ ALTERNATIVE. s. f. C’est le féminin de l’adjectif Alternatif pris substantivement. Option entre deux choses, entre deux propositions. Alterutrum. Prendre l’alternative de deux propositions. Cette alternative ne me plaît pas. On vous propose cette alternative, choisissez. On donne en Justice l’alternative sur l’acceptation des offres, sur la prestation d’un serment. Voyez Alternatif.

☞ En matière bénéficiale, dans les pays qu’on appelle d’obédience, comme la Bretagne, la Provence, &c. On appelle alternative, l’exercice du droit qu’ont le Pape & les Evêques de nommer tour-à-tour, chacun pendant un mois, aux bénéfices. Ainsi le Pape nomme aux bénéfices qui vaquent pendant le mois de Janvier, l’Ordinaire à ceux qui vaquent en Février, & ainsi de suite pendant les autres mois.

ALTERNATIVEMENT. adv. Tour-à-tour, l’un après l’autre. Alternâ vice, alternis, alternatim. Ces Officiers s’exercent alternativement ; chaque Officier a son année d’exercice. On dit aussi en Botanique, que les feuilles d’une plante sont placées alternativement lorsqu’elles sont placées l’une après l’autre, & tour-à-tour, des deux côtés d’une branche. Voy. Alterne.

ALTERNE. adj. Terme de Botanique. Alternus. On dit que les feuilles d’une plante sont alternes, lorsqu’elles sont placées alternativement ; ☞ c’est-à-dire, lorsque les feuilles, à l’égard des menues branches, sont placées l’une au-dessous de l’autre, de sorte qu’il ne se trouve qu’une feuille à la même hauteur. Ce mot, Alterne convient aux branches, aux boutons, aux fleurs, aux fruits.

Alterne. adj. m. se dit en Géométrie, des angles internes, que forme une ligne qui coupe deux lignes parallèles. Cette ligne fait huit angles : il y en a quatre internes, qui sont aussi alternes par leur situation, qui se répond en alternative. Il y en a deux externes qui sont alternativement opposés avec deux internes. En Trigonométrie la base alterne est différente de la véritable base. Car dans un triangle oblique la véritable base est toujours la somme des côtés, & alors la différence des côtés est appelée base alterne ; ou bien la véritable base est la différence des côtés, & alors la somme de ces mêmes côtés est appelée base alterne. Harr. ☞ Raison alterne. Dans une proposition l’antécédent d’une raison étant à son conséquent, comme l’antécédent d’une autre est à son conséquent, il y aura encore proportion, en disant que l’antécédent est à l’antécédent, comme le conséquent est au conséquent. Ainsi si b: c:: c: a, en alternant, c’est-à-dire, en comparant l’antécédent à l’antécédent, & le conséquent au conséquent, on aura b: c:: d: a.

ALTERNÉ, ÉE. adj. En termes de Blason, se dit de la situation des quartiers ou des figures, qui se répondent en alternative, comme dans l’écartelé, le premier & quatrième quartier sont alternés, & ils sont d’ordinaire de même nature, & pareillement le second & le troisième. On dit de même du Losangé, fuselé & échiqueté, de points équipollés, &c.

☞ ALTERNER. v. n. Faire quelque chose tour-à-tour. Alternare. Ch. est. Dict. Il se dit en parlant des Officiers, des Magistrats qui exercent un office, une charge tour-à-tour, alternativement.

☞ Il signifie aussi avoir la préséance alternativement dans les diètes de l’Empire. Les Evêques de Wirtzbourg & de Vorms alternent. Introd. à l’hist. de Puffend.

ALTESSE. s. f. Titre d’honneur qu’on donne à différens Princes, en parlant ou en écrivant. Celsitudo. Ce n’est qu’un peu avant l’année 1630, que les petits Princes d’Italie ont été traités d’Altesse. En ce temps-là il n’y avoit que le Duc d’Orléans à qui l’on donnoit ce titre. Ensuite (1631) il se fit donner celui d’Altesse Royale, pour se distinguer des autres Princes. Le Prince de Condé arbora l’Altesse Sérénissime, laissant l’Altesse simple aux Princes naturalisés. Ménage. Ce fut par l’ordre du Cardinal de Richelieu, que l’Ambassadeur Charnasse traita Frédéric-Henri, Prince d’Orange, d’Altesse, en 1637, au lieu du titre d’Excellence qu’on lui donnoit. Le Duc de Savoie, à cause de ses prétentions sur le royaume de Chypre, prend aussi le titre d’Altesse Royale. Les Electeurs prennent celui d’Altesse Electorale. Balzac appeloit Joseph Scaliger, son Altesse de Vérone, en le raillant sur sa prétention de Principauté. Avant Charles-Quint, & même quelque temps après on ne donnoit que le titre d’Altesse au Roi d’Espagne. Vicq. A l’égard du Grand-Seigneur, ou le Turc, on l’appelle Sa Hautesse. Les Ducs de Savoie n’ont pris le titre d’Altesse Royale, que pour se mettre au-dessus des Ducs de Florence, qui s’étoient fait appeler Grands-Ducs. Mais depuis le Grand-Duc a pris aussi la qualité d’Altesse Royale, afin de s’égaler au Duc de Savoie.

Altesse. s. f. terme de Fleuriste. Œillet d’un violet brun, sur un blanc, qui paroît d’abord carné, mais qui dans la suite devient un blanc de lait. Sa plante est délicate, & son vert pale. Il vient large, & porte de gros panaches fort détachés. Il a été élevé à Compiegne.

ALTH. Voyez ALUTA.

ALTHÆA. s. f. Plante qu’on appelle autrement Guimauve. Althea. Voyez Guimauve.

ALTHAY. Voyez Altay.

ALTHEBÉGIUM. s. m. Nom arabe qu’Avicene donne à une certaine tumeur semblable à celles qui surviennent dans la cachexie, & qui proviennent de l’état morbifique du foie, & de la mauvaise disposition du corps. Ces tumeurs ressemblent encore à celles qui paroissent sur les yeux & le visage des personnes qui ont trop dormi. La tympanite est une maladie de même espèce. Dict. de James.

ALTHÉE. s. f. Fille d’Agénor, de la race de Deucalion, épousa Œnée, Roi des Etoliens, & fut mere de Méléagre.

ALTIER, ÈRE. adj. Prononcez le r. Qui marque de la fierté, qui commande avec hauteur. Superbus, ferox, arrogans. Cet homme a la mine altière, l’esprit altier. Ne peut-on fléchir cette humeur altière & hautaine ? Son ame altière & superbe eut beaucoup de peine à se soumettre.

Vengea l’humble vertu de laLucile le premier
Vengea l’humble vertu de la richesse altière. Boil.
La colère est superbe, & veut des mots altiers. Id.

Ce mot vient du latin altus.

ALTIMÉTRIE. s. f. C’est la première partie de la Géométrie pratique, qui enseigne à mesurer des hauteurs, soit accessibles, soit inaccessibles, comme une montagne, ou une tour, Altimetria. Ce mot est tiré d’altus, haut, profond, & de μετέω, metior, en françois, je mesure.

ALTIN. s. m. Monnoie de compte de Moscovie. Il vaut trois copecs, à quinze deniers de France le copec. Voyez Rouble.

Altin. Royaume de la grande Tartarie. Altinum regnum, ou Altiniacum. Il est entre les sources de l’Obi & de l’Irtia, & s’étend depuis le 102e degré de longitude, jusqu’au 107e, & depuis le 56e de latitude, jusqu’au 60e. La ville d’Altin qui lui donne son nom, Altinum, en est la capitale.

Le lac d’Altin, autrefois le lac de Kitay, ou de Carentia. Altinus, ou Kitaius, ou Carentiacus lacus, est dans le Royaume d’Altin. La rivière de Kitta s’y décharge du côté du midi, & l’Obi du côté du nord.

ALTINCAR. s. m. Espèce de sel dont on se sert pour purifier & séparer les métaux de leur mine.

ALTINO, ou ALTINO DESTRUTTO. Ville détruite par Attila, & dont il ne reste plus qu’une tour & des masures. Altinum. Elle est dans la Marche Trévisane, province de l’Etat de Venise, sur la rivière de Picvasella, au-dessous de Trévigny.

☞ ALTKIRCH. Bourg ou petite ville de l’Allemagne Françoise, dans le Sundvaw. C’est le lieu où réside l’Official de l’Evêque de Bâle pour la partie de ce diocèse qui est sous l’obéissance du Roi de France. C’est aussi le chef lieu d’un Bailliage.

ALTMUL. s. m. Rivière d’Allemagne. Allemaunus, Almonus. Elle a sa source en Franconie, arrose Papenheim & Aichster, traverse un bout de la Bavière, & se jette dans le Danube, au bourg de Kilheim, au-dessous d’Ingolstad.

ALTOBOSCO, qui signifie, Bois haut. Altoboscum. Bourg de la Natolie, en Asie, entre Ephèse & Smyrne. Quelques Auteurs le prennent pour l’ancienne Colophon.

Le lac d’Altobosco est un lac voisin de la ville dont on vient de parler. Il est près de l’embouchure du Chiais, dans l’Archipel. C’est l’ancienne Solenusia palus.

ALTOFFEN. Village de la basse Hongrie, situé au-dessus de Bude, sur le Danube. Buda vetus, Sicambria. C’étoit autrefois une ville bâtie par les Sicambres, que l’Empereur Valentinien y avoit placés, & détruite ensuite par Attila.

ALTOM. s. m. On appelle ainsi dans plusieurs états du Grand-Seigneur, particulièrement en Hongrie, ce que les Européens appellent communément un Séquin. On ne donne cependant guère ce nom aux séquins frappés au coin du Monarque Turc.

ALTOMONTE. C’est-à-dire, La haute montagne. Bourg du royaume de Naples. Alto montium, Balbia, ou Babià. Il est sur une colline au pied de l’Apennin, près de la rivière de Grondo, dans la Calabre intérieure, au nord de la ville de Saint-Marc, Altomonte fournit de la manne & du cristal.

ALTORF, ou ALDORF. Petite ville de Franconie, en Allemagne. Altorfia. Elle est dans le territoire de Nuremberg, auquel elle appartient. L’Université d’Altorf fut fondée le 29 Juin 1579.

Altorf, ou Aldorf, est encore un gros bourg de Suisse, près du lac de Lucerne, dans le canton d’Uri dont il est le lieu principal.

ALTRESSI. Vieux mot, qui veut dire, De même que, Aussi. Borel.

ALTRINGHAN. Bourg ou petite ville d’Angleterre. Altinganum. Il est dans le comté de Chester, aux confins de celui de Lancastre, sur la rivière de Ringay.

ALTRIP. Village d’Allemagne, autrefois considérable. Altaripa. Il est dans le diocèse de Spire, sur le Rhin, un peu au-dessus de Manheim.

ALTSAX, ou simplement SAX. Ville de Suisse. Altsaxium. Elle est dans le Rhinthal, à quelques lieues d’Appenzel.

ALTSOL. Ville du comté de Bistricz, dans la haute Hongrie. Altisolium. Elle est sur le Gran, à quelques lieues de Newfel, ou Bistricz.

☞ ALTSTETTEN. Petite ville de Suisse, dans le haut Rhinthal, chef-lieu d’une des cinq communautés de cette vallée.

ALTZEY, ou ALTZEIM. Ville ancienne du Palatinat du Rhin, en Allemagne, Altzeia. Elle est au nord de Mayence.

Il y a encore Altzeim au Rhin, c’est-à-dire, Altzeim sur le Rhin, qui est dans le Palatinat, entre Wormes & Oppenheim.

ALV.

☞ ALVA de Tormès. Ville d’Espagne, dans le royaume de Léon, au territoire de Salamanque, avec un fort beau château sur la rivière de Tormès. Les François la nomment Albe ou Alve.

☞ ALVA de Aliste, ou ALBA, selon Vairac. Petite ville d’Espagne, dans la vieille Castille, aux environs de Zamora.

☞ ALVAHAT. Province de la haute Egypte, toute entière dans le premier climat. Elle comprend les villes d’Asuan ou Assuana, d’Ancuah & de Redini.

ALVACINA. Nom de lieu. Alvacina. Il est dans le territoire de Fabriano. Il y a dans ce lieu un des premiers couvens qu’aient eu les Capucins. Il fut bâti en 1529 par le P. Louis de Fossembrun. P. Héliot, T. VII. p. 170.

ALUCO. Bell. Jonst. Espèce de hibou. Il y en a de plusieurs sortes ; les uns sont gros comme un chapon, & les autres comme un pigeon. Leur couleur est plombée, & marquetée de blanc. Leur tête est grosse, sans oreilles, couronnée de plumes ; leur bec est blanc ; leurs yeux sont grands, noirs, paroissant enfoncés à cause de plusieurs petites plumes qui les environnent ; leurs jambes sont toutes couvertes de plumes jaunes ; leurs pieds sont velus, avec des ongles longs & aigus. Ils habitent les édifices ruinés, les tours & cavernes. Ils vivent de rats, & de petits oiseaux ; leur cri est effroyable. Leur sang séché & mis en poudre depuis dix jusqu’à vingt grains est bon pour l’asthme.

ALUDE. s. f. Basane colorée, qui a l’envers velu, & dont on couvre les livres. Aluta. Pomey.

ALUDEL. s. m. Terme de Chimie. Espèce de chapiteau qui n’a point de fond ; pot, tuyau de terre sans fond. On forme de plusieurs aludels, emboîtés les uns dans les autres, qui vont en s’étrécissant par en haut, un canal qui est terminé par un chapiteau aveugle, c’est-à-dire, sans bec. On s’en sert pour sublimer une substance, à rassembler les matières volatiles qu’on veut réduire en fleurs par la sublimation.

☞ ALVEATILUM. Voyez Conque.

ALVELDE, ou ALFELDE. Ville d’Allemagne. Alfelda. Elle est dans la basse Saxe & de l’évêché d’Hildesheim, sur la Leyne, au midi d’Hildesheim.

ALVÉOLAIRE. adj. m. & f. Qui appartient à un alvéole, ou petit canal semblable à un alvéole. Alveolaris, e. On dit en Anatomie, le bord alvéolaire de la mâchoire inférieure. Winslow. Nerf alvéolaire. Artère alvéolaire, qui fournit le sang aux dents.

ALVÉOLE, s. m. qui se dit des trous des petites cellules que les abeilles construisent dans les rayons ou gâteaux de miel.Alveolus. Les abeilles vont recueillir la cire sur les fleurs, la pétrissent & en forment les rayons & les alvéoles. Maraldi, Mém. de l’Acad, 1712, p. 301. Une des premières occupations des abeilles, après qu’on a mis l’essaim dans la ruche, c’est de former les alvéoles. Elles s’appliquent à ce travail avec tant de diligence, qu’on leur a vu faire en un jour un rayon qui avoit un pied de long & six pouces de large, & qui suivant la grandeur ordinaire des alvéoles, en pouvoit contenir près de 4000. Elles commencent leur travail en l’attachant à ce qu’il y a de plus solide dans la partie supérieure de la ruche, & elles le continuent du haut en bas & de côté & d’autre. Pour l’attacher plus solidement, elles emploient quelquefois une cire qui est une espèce de glu. Les abeilles portent chacune entre leurs serres une petite particule de cire, & elles accourent aux endroits où l’on travaille aux rayons. Lorsqu’elles y sont arrivées, elles attachent leur cire à l’ouvrage par le moyen des mêmes serres, qu’elles appliquent tantôt à droite, tantôt à gauche. Chaque abeille n’est occupée à ce travail qu’un temps fort court, après quoi elle s’en va ; mais il y en a un si grand nombre qui se succèdent les unes aux autres, & avec tant de vîtesse, que le rayon ne laisse pas d’augmenter assez sensiblement. A mesure que les unes travaillent aux alvéoles, il y a d’autres abeilles qui passent & repassent plusieurs fois en battant des ailes, & de la partie postérieure du corps sur l’ouvrage, sans doute pour le rendre plus solide & plus ferme.

Voici l’ordre qu’elles observent dans la construction de l’alvéole. Elles commencent par la base, qui est composée de trois rombes ou losanges. Elles bâtissent d’abord un de ces rombes, & tracent deux plans sur deux des côtés de ce rombe : elles ajoutent un second rombe au premier avec une certaine inclinaison, & tracent deux nouveaux plans sur les deux côtés de ce rombe : enfin elles ajoutent un troisième rombe aux deux premiers, & élevent sur les deux côtés intérieurs de ce rombe deux autres plans, qui avec les quatre autres, forment l’alvéole, qui par cette disposition de la base, résulte nécessairement de figure hexagone.

Pendant qu’une partie des abeilles est occupée à construire des alvéoles, il y en a d’autres qui s’appliquent à la perfection de ceux qui sont nouvellement ébauchés ; ce qu’elles font par le moyen de leurs serres, avec lesquelles elles contournent les angles d’une manière recherchée, & finissent les côtés & les bases avec une si grande délicatesse, que trois ou quatre de ces côtés, posés les uns sur les autres, n’ont pas plus d’épaisseur qu’une feuille de papier ordinaire ; & parce qu’à raison de cette délicatesse, l’ouverture seroit trop fragile & aisée à se rompre, lorsque les abeilles entrent & sortent des alvéoles, pour y remédier, elles fortifient les ouvertures de chaque alvéole avec un rebord de cire.

Les abeilles qui bâtissent les alvéoles, n’y sont occupées que fort peu de temps ; mais celles qui les polissent, y travaillent long-temps & avec beaucoup de vîtesse, & ne se détournent de leur travail que pour porter hors de l’alvéole les particules de cire qu’elles ôtent en polissant. Afin que cette matière ne soit pas perdue, il y a d’autres abeilles qui sont attentives à la recevoir de celles qui polissent, ou à l’aller prendre dans l’alvéole même, d’où celles qui polissent se retirent un moment, & à aller la mettre en œuvre en un autre endroit. Il y a encore d’autres abeilles destinées à aider ou à servir celles qui polissent ; car on en voit souvent qui se présentent pour leur donner, soit du miel, soit une autre liqueur, qui leur est nécessaire pour leurs ouvrages, ou pour leur propre nourriture.

Chaque rayon a deux ordres d’alvéoles opposés l’un à l’autre, qui ont leurs bases communes. L’épaisseur de chaque rayon est un peu moins d’un pouce : ainsi la profondeur de chaque alvéole sera d’environ cinq lignes. On a trouvé dans différens rayons, qui ont un pied de long, depuis soixante jusqu’à soixante-six rangs d’alvéoles ; on aura donc un peu plus de deux lignes pour la largeur de chacun, ce qui est un peu plus d’un tiers de toute la longueur.

Presque tous les rayons sont construits avec des alvéoles de cette grandeur, excepté un petit nombre d’autres en quelques endroits de la ruche, qui en ont de plus grands. La largeur de ces alvéoles est de trois lignes quelque chose de plus, & la longueur est de six lignes environ. Ces alvéoles sont faits pour y placer les vers qui viennent en bourdons. On trouve encore en divers endroits de la ruche trois ou quatre alvéoles plus grands que les autres, & faits d’une manière différente. Ils ont la figure d’un sphéroïde ; ils sont ouverts dans la partie inférieure, & attachés aux extrémités des rayons. On n’a pu connoître jusqu’ici à quoi ces alvéoles sont destinés. On les suppose le berceau ou la demeure des rois.

Les bases de tous les rayons sont posées à telle distance les unes des autres, que quand les alvéoles sont finis, il ne reste entre un rayon & l’autre, qu’un espace suffisant pour le passage de deux abeilles de front. Ces rayons ne sont pas continués du haut en bas, mais ils sont souvent interrompus, & outre cela ils ont de distance en distance des ouvertures qui donnent une communication plus facile & plus courte des uns aux autres.

Chaque base de l’alvéole est formée par trois rombes presque toujours égaux & semblables, qui ont les deux angles obtus, chacun de 110 degrés, & par conséquent les deux aigus, chacun de 76 degrés. Ces trois rombes sont inclinés l’un sur l’autre, & se joignent ensemble par les côtés qui comprennent l’un des angles obtus, & ils forment par leur inclinaison mutuelle un angle solide, qui à cause des rombes presque toujours égaux, se rencontre dans l’axe, & répond au milieu de l’alvéole. Les six autres côtés des mêmes rombes, outre les trois angles obtus, forment encore trois autres angles par l’inclinaison mutuelle où ils se joignent ensemble par les deux angles aigus. Ces six mêmes côtés des trois rombes sont autant de bases sur lesquelles les abeilles élevent des plans qui forment les six côtés de chaque alvéole. Chacun de ces côtés est un trapèze qui a un angle aigu de 70 degrés, l’autre obtus de 110 degrés, & les deux angles du trapèze qui sont du côté de l’ouverture, sont droits. L’angle aigu du trapèze est égal à l’angle aigu du rombe de la base, & l’angle obtus du même rombe à l’angle obtus du trapèze.

Les six trapèzes qui forment les six côtés de l’alvéole, se touchent deux à deux par les côtés égaux, & se joignent aux rombes ; ensorte que les angles obtus des rombes sont contigus aux angles obtus des trapèzes, & les aigus des trapèzes aux semblables des rombes.

Pour connoître la connexion que les alvéoles ont ensemble, & comment se forment les deux ordres d’alvéoles opposés, il faut s’imaginer plusieurs autres bases semblables à la précédente, c’est-à-dire composées de trois rombes avec les mêmes angles & la même inclinaison l’un sur l’autre. Ces bases sont appliquées les unes aux autres, encore que leurs angles analogues se répondent. Pat la jonction de deux de ces bases avec une troisième, trois rombes de ces trois différentes bases, forment une base d’un nouvel alvéole, semblable aux premières, avec cette différence, que la concavité de l’angle solide est tournée vers l’autre face du rayon, où il se fait un autre ordre d’alvéoles opposés aux premiers ; & par la jonction de six bases à une septième, il se formera trois nouvelles bases qui ont la concavité de l’angle solide, tournée aussi du sens contraire à celle des sept bases. De même par