Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/901-910

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Fascicules du tome 1
pages 891 à 900

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 901 à 910

pages 911 à 920


latin apiger, qui signifie, qui gouverne les mouches, ou d’apicurus, qui a soin des abeilles. Il dit qu’on a retranché l’A du premier mot, & que de Piger qui reste, en changeant le P en B, comme il est arrivé fort souvent, on a fait Biger, & Bigre en françois ; ou que d’apicurus, en retranchant pareillement l’a, on a fait de picurus qui reste, picrus par contraction, puis Bicrus, en changeant P en B, comme en Piger, & que de Bicrus on a fait Bigrus, puis le mot françois Bigre. Il rapporte plusieurs chartres, & veut prouver grammaticalement, que le mot Bigre rendu en latin dans ces titres par Bigrus par corruption, signifie celui qui a soin des abeilles.

BIGRE, ESSE. s. m. & f. Mot injurieux parmi la populace.

☞ BIGRERIE. s. f. Vieux mot qui signifioit le lieu où l’on tenoit les ruches à miel. Apiarium.

BIGUBA. Royaume d’Afrique, en Nigritie, au dessus de celui de Guinala. Les peuples qui l’habitent, sont appelés Biafars, nom qui leur est commun avec d’autres.

BIGUER. v. a. Changer de la main à la main, troquer but à but. Permutare. Biguer un cheval, biguer une carte, termes de manège & de jeu de cartes au hère.

BIGUES. s. f. Terme de marine. Grosses & longues pièces de bois qu’on passe dans les sabords, soit pour soulever, soit pour coucher le vaisseau.

On appelle aussi de ce nom les mâts qui soutiennent celui d’une machine à mâter.

BIH.

BIHAI. s. m. Plante de l’Amérique, qui produit des branches assez semblables au plane. Elle jette des verges, ou jets, au milieu & autour desquels sont les feuilles, qui sont assez grandes & assez larges, & dont les Indiens couvrent leurs maisons. Ils s’en couvrent aussi la tête quand il pleut, & des branches ils en font des corbeilles, ou paniers, mettent entre deux des feuilles de la plante, de sorte qu’ils ne prennent point l’eau, quand ils les y plongent. Ils appellent ces corbeilles, havas. Dans le besoin ils mangent aussi les racines des bihais les plus tendres : elles sont blanches, tendres, & n’ont pas un mauvais goût. Elles ressemblent assez à la partie tendre du jonc qui est dans la terre, mais elles sont meilleures. Ramuz. Tom. III, p. 112.

☞ BIHATZ. Ville du Royaume de Hongrie, dans la Croatie, dans une île formée par la rivière d’Unna qui l’entoure de tous côtés. Quelques-uns la nomment Bibitz. Son vrai nom est Bihacs.

BIHORE. Terme dont se fervent les charretiers pour hâter leurs chevaux. C’est dans Cotgrave que j’ai trouvé la signification de ce mot. M. Coste, note 23, sur le 37 chap. du 2 livre de Montagne, dont voici les paroles. Laissons un peu faire : l’ordre qui pourvoit aux puces & aux taupes, pourvoit aussi aux hommes, qui ont la patience de se laisser gouverner. C’est un ordre superbe & impiteux. Nous avons beau crier bihore, c’est bien pour nous enrouer, mais non pour l’avancer, p. 790 du II Tom. de l’édit. in-12. Paris, 1659. Montagne nous apprend ici qu’il n’y a point de termes qu’un homme d’esprit ne puisse mettre en quelqu’usage. Ils sont tous bons, pourvu qu’on les emploie à propos. M. Coste, ibid.

Il est défendu par la coutume d’Acs, tit. 16, art. 6, d’user dans les matières poissessoires d’aucuns scels ou biahores, & enjoint à chacun de venir par action selon la nature de la chose dont il s’agit. Biahore est expliqué par cri, réclamation, dans les Réglemens sur les scellés & inventaires, in-4°. Paris, 1734, liv. I, ch. 10, p. 46 ; ce qui a beaucoup de rapport avec la clameur de Haro, qui a lieu en matière civile, aussi bien qu’en matière criminelle.

☞ BIHOR. Canton de la basse Hongrie, avec titre de Comté, & une ville de même nom.

☞ BIHORREAU. s. m. Oiseau assez commun sur les côtes de Bretagne, un peu plus petit que le héron, dont il a le bec. Les plumes de sa tête & du dos sont de la même couleur que celles du vanneau ; celles des ailes & de la queue, de couleur cendrée, comme celles du héron ; celles du cou, du ventre & du dessous de la queue sont blanches. Il fait son nid dans les rochers.

BIHOUAC. Voyez Bivouac.

☞ BIHRI. Petite ville de Perse, sur la route d’Ipahan à Ormus, avec un beau Caravanseraï.

BIJ.

BIJAGOS. Les mêmes que BISAGOS, ou BISEGOS.

BIJON. s. m. Terme de Pharmacie. Les paysans donnent ce nom à la térébenthine dont on se sert communément, & qu’on tire par incision des sapins, des pins & des melèses en Dauphiné. Terebenthina resina. Cependant ce nom convient proprement a la térébenthine qui découle en été sans incisions des mêmes arbres. M. Pomet dit que le mot de bijon n’est en usage que parmi les Lyonnais, qui vendent le bijon pour le baume blanc du Pérou, en quoi cependant il avoue qu’ils ne font point tort au public, parce que le bijon, qui est découlé sans aucune incision durant les grandes chaleurs, vaut bien le véritable baume du Pérou.

BIJOU. s. m. ☞ Toutes sortes de petits ouvrages curieux ou précieux, servant de parure & d’ornement aux hommes & aux femmes. Gemmæ, lapilli, monilia, & alia id genus pretiosa ornementa. Cette femme a des bijoux de prix, garnis de diamans, des ouvrages de filigrane.

☞ On le dit aussi de ce que l’on donne aux enfans pour les divertir, ou pour les parer.

Borel dérive ce mot de bis & de joie ; Ménage de bis joculum.

Bijou, se dit aussi de toutes les petites curiosités qui ornent une chambre, ou un cabinet.

Bijou, se dit métaphoriquement de ce qui est excellent en son genre. Specimen. Son père étoit dans les meilleures dispositions du monde, & vouloir même, croyant sa fille un bijou de fidélité, vous donner le plaisir de voir jusqu’où iroit sa constance. Rousseau.

On dit aussi d’une femme jeune & belle, que c’est un joli bijou. On le dit de même d’une jolie maison. ☞ Bijoux, en droit. Voyez Bagues & Joyaux.

BIJOUTERIE. s. f. C’est la profession de ceux qui font commerce de bijoux & de pierres précieuses. Pretiosæ cujuscumque supellectilis commercium. Mais en ce sens bijouterie n’est pas en usage : il faut dire joaillerie. Vaug. Rem. Nouv. Bijouterie ne peut donc passer qu’en lui donnant un sens plus général & plus étendu qu’à joaillerie. Ainsi bijouterie sera le commerce de toutes sortes de petites curiosités propres à orner ou les personneS, ouu les cabinets.

Bijouterie, se dit aussi des curiosités appelées bijoux, tabatières, pommes de cannes, pierreries, vases de porcelaine, &c.

BIJOUTIER. s. m. Celui qui fait trafic de toutes sortes de bijoux, & de curiosités. Qui gemmas, monilia pretiosa vasa & alia id genus vendit. Les Bijoutiers prennent la Saint Louis pour le jour de leur Fête, & ne font qu’un corps avec les Orfèvres. On est reçu joaillier-bijoutier au Châtelet devant le Procureur du Roi, & cela après avoir fait trois ans d’apprentissage.

Bijoutier, se dit aussi d’un curieux qui n’a dans son cabinet que de petites pièces, ou d’un prix médiocre. Supellectilis pretiosa alicujus dominus. Cet homme n’a ni Rubens, ni Poussin, ni grands tableaux ; ce n’est qu’un Bijoutier.

BIIS. s. m. Poids tout ensemble & mesure, dont on se sert sur la côte de Coromandel, aux Indes Orientales. C’est la huitième partie du Man.

☞ BIKEND. Ville de la Transoxane, à une journée de celle de Bokara, de laquelle elle dépend.

☞ BIKOUT ou BICOUT. Ville d’Asie, au Mogolistan, à l’orient méridional du lac de Kitay.

BIL.

BIL. s. m. ou plutôt BILL. C’est un mot anglois qui est devenu françois par l’usage que le Gazetier en fit pour la première fois, dans la Gazette du mois de Juin de l’année 1685. il signifie un projet d’acte du Parlement, qui est d’abord présenté aux chambres, pour être examiné, & ensuite au Roi, qui lui donne le caractère de loi, si les Chambres l’ont approuvé. Présenter un bill, le rejeter. Les deux Chambres sont d’accord sur la teneur d’un tel bill. Rerum edicto vel lege fanciendarum libellus. Dresser un bill.

Ce mot, en anglois, s’écrit par deux ll. Bill. De-là vient qu’en France on le mouille. Il a encore d’autres significations dans cette langue, comme celle d’obligation, cédule, & comme nous disons, billet ; celle d’écriteau ; celle de lettres du Prince accordées pour différens effets, &c. Mais nous n’avons reçu que celle qu’on vient d’expliquer.

BILAN. s. m. Terme de banque. C’est un petit livre sur lequel les Marchands ou Banquiers écrivent d’un côté leurs dettes actives, & de l’autre leurs dettes passives. Peculiaris ac privatus codex nominum. Bilan, selon M. Bornier, dans ses Notes sur l’Ordonnance de 1673, est en usage seulement à Lyon, à cause des foires, & il est le même en abrégé que le grand livre qui doit, suivant l’Ordonnance, contenir tout le négoce des Marchands, leurs lettres de change, leurs dettes actives & passives, & les deniers employés à la dépense de la maison.

Ce mot vient du latin bilanx, parce que ce livre leur sert à balancer leurs gains & leurs pertes. Il leur sert aussi au virement des parties. Les Marchands de Lyon appeloient ci devant bilans des acceptations, un petit livre qu’ils portoient sur la place, où ils écrivoient toutes les lettres de change tirées sur eux ; & leur acceptation n’étoit autre chose que de mettre à côté de la lettre qu’ils avoient enregistrée dans leur bilan, une croix qui signifioit acceptée. S’ils vouloient délibérer sur l’acceptation, ils mettoient un V, qui signifioit vûe ; & s’ils ne la vouloient point accepter, ils mettoient S. P. qui signifioit sous protest. Mais depuis l’Ordonnance de 1667, il ne se fait plus d’acceptation que par écrit.

On appelle l’entrée & l’ouverture du bilan, le sixième jour du mois des payemens, jusqu’à la fin duquel on fait le virement des parties, où les Marchands écrivent chacun de leur côté les parties virées.

On appelle aussi bilan ou balance, l’arrêté ou la clôture de l’inventaire d’un Marchand, où l’on a écrit vis-à-vis tout ce qu’il doit, & ce qui lui est dû. Un Marchand après la faillite, pour s’accommoder avec les créanciers, leur doit présenter un bilan, qui contienne l’état au vrai de ses affaires. Si un Négociant qui a accoutumé de porter bilan sur la place, ou autre pour lui, ne s’y rencontre pendant le temps du payement, il est réputé avoir fait faillite.

BILBAO. Ville d’Espagne, dans la Biscaie, dont elle est capitale. Bilbaum. Quelques-uns la prennent pour la Floriobriga de Ptolomée. D’autres disent qu’elle ne fut fondée qu’en 1500 par Dom Diego Lopes de Haro. Elle est à l’embouchure de la rivière de Nerio, ou d’Ibaycaval ; & son port, qui est des meilleurs d’Espagne, est celui que les Anciens appeloient amanus portus.

☞ BILBER, ou BERBER. Bilbera. Ville d’Asie, dans la Perse, dans le Circan, contrée du Sigistan.

BILBILIS. Biibilis. Ancienne ville des Celtibères, dans l’Espagne Tarragonoise, sur le Xalon. C’est Calatayud selon Villeneuve ; Xiloa, selon Varrius, & Boubula, à demi-lieue au-dessous de Calatayud, selon Maty. Bilbilis a été la patrie de Martial.

BILBOQUET. s. m. Jeu d’enfans, petit instrument fait d’un bâton creusé en rond par les deux bouts ; au milieu duquel est une corde où une balle de plomb est attachée. Ils la jettent en l’air, & la reçoivent alternativement dans ces deux creux. Crepundia. Le Journal de Henri III nous apprend que ce Prince portoit quelquefois un bilboquet à la main pour s’amuser. Guy Patin appeloit des gens que la fortune avoir fort élevés, les bilboquets de la fortune. De Vign. Mar.

Bilboquet, se dit aussi du jeu même. jouer au bilboquet.

Bilboquet, se dit aussi d’une petite figure qui a deux plombs aux deux jambes, & qui est posée de manière, que de quelque façon qu’on la tourne, elle se trouve toujours debout. C’est de-là qu’on dit d’un homme qui le tient toujours debout, qu’il se tient droit comme un bilboquet ; & d’un homme dont les affaires demeurent toujours en bon état, quelques traverses qu’on lui suscite, qu’il se trouve toujours sur les pieds comme un bilboquet. ☞ On dit familièrement d’un homme léger & frivole, que c’est un vrai bilboquet.

Bilboquet. Terme de Perruquier. C’est un petit morceau de bois, ou de terre cuite, de figure cylindrique, un peu moins gros au milieu qu’aux deux bouts, duquel les Perruquiers se servent pour friser les cheveux, qui ne le sont pas naturellement.

Bilboquet, est aussi un terme de Doreur, & signifie un petit morceau de bois carré où est attaché un morceau d’étoffe fine pour prendre l’or & le mettre dans les endroits les plus difficiles, comme dans les filets carrés, dans les gorges & dans les autres endroits creux.

Les Ouvriers appellent en termes de Maçonnerie, bilboquet, tout petit quartier de pierre, détaché d’un plus gros morceau.

Bilboquet, chez les Imprimeurs, se dit de certains petits ouvrages de ville qui s’impriment, comme Billets de mariage, de bout de l’an, adresses de marchands, &c. Encyc.

Bilboquet, chez les Paumiers, se dit de la partie de la chèvre où est la concavité dans laquelle le Paumier frappe la balle, l’arrondit & la forme quand elle est faite.

Bilboquet, dans les Monnoies, est un morceau de fer ovale & alongé, servànt à ajuster les flans.

BILE. s. f. Humeur jaune & amère au goût, qui est dans le corps des animaux, dont la secrétion se fait dans le foie. Bilis. Le réceptacle de la bile est une petite vessie située au dessous du foie. Il y a deux sortes de bile, la bile jaune, Bilis lurida, flava ; & la bile noire, qu’on nomme autrement mélancolie. Atra bilis. On appelle bile porracée, celle qui est verdâtre & de couleur de porreau, porracea bilis.

On distingue encore deux sortes de bile ; l’une subtile, qui est portée par les conduits biliaires dans la vésicule, qui la dégorge ensuite dans les intestins ; & l’autre qui est grossière, laquelle ayant été séparée par les glandes du foie qui sont aux extrémités des rameaux de la veine porte, est portée par de petits canaux dans le cholidoque, & de-là dans le canal commun, où l’une & l’autre se rencontrent, & vont de compagnie se rendre dans les boyaux. Il y a des Modernes qui prétendent que la bile subtile est apportée dans le fond de la vésicule par trois endroits différens, & que même elle est composée du mélange de trois biles différentes. La première est celle qui y est apportée par les conduits biliaires, c’est celle dont nous venons de parler. La seconde est celle qui y est portée par un conduit que Blasius appelle singulier, & qu’il dit se glisser entre deux tuniques pour s’insérer dans le fond de la vésicule. Il assure qu’il a une valvule qui permet à la bile d’en sortir, & qui empêche qu’elle ne régorge dans le même conduit. Et la troisième, suivant Malpighi, est celle qui est filtrée & séparée par les glandules qui sont entre les deux tuniques de la vésicule. Dionis. La bile étant un dissolvant très-puissant, elle achève de briser dans les premiers intestins les parties de l’aliment qui ne l’avoient pas été suffisamment dans l’estomac. Id. Quand la veine-porte a reçu le sang qui a été poussé par les artères dans la rate, l’épiploon, le mésantère & les intestins, elle se divise en plusieurs rameaux dans le foie, où le sang laisse un suc âcre qu’on nomme bile. Tauvry. P. I, c. 9, où il décrit la situation de la bile dans le foie. Voyez Foie.

Borelli, Médecin Napolitain, dans un ouvrage intitulé de motu animalium, prétend qu’une partie de la bile qui est épanchée dans les intestins, rentre dans les veines mésaraïques, & se mêle avec le sang de la veine porte, pour se cribler de nouveau dans le foie. Voila une circulation particulière qu’il donne à la bile dans le bas ventre. Si la bile n’étoit qu’un excrément, & qu’elle n’eût son conduit dans les intestins, que pour être évacuée avec les impuretés du bas ventre, la nature auroit dû mettre ce conduit dans les gros boyaux, & non pas au commencement des grêles, où la plus grande partie se mêlant avec le chyle, est portée dans le sang. Dionis. Le canal commun de la bile est formé par la jonction du cholidoque & du pore biliaire. Tous les animaux qui n’ont point de vésicule du fiel, ne laissent pas d’avoir de la bile, leur foie se trouvant amer. Id. La bile, qui est peut-être une des principales causes de la soif, quand elle se mêle au suc salivaire, est extrêmement amortie par tous les aigres. Tauvry.

Ce mot vient du latin bilis, que quelques-uns font venir du grec βία, violence ; parce que les bilieux sont sujets à la colère. Les autres font venir ce mot de bullire, bouillir.

Bile, signifie figurément, la colère. S’émouvoir, échauffer la bile de quelqu’un. Un satyrique décharge sa bile sur le papier. Il est aisé d’émouvoir la bile des Poëtes & des Auteurs.

Notre Muse souvent paresseuse & stérile,
A besoin pour marcher, de colère & de bile. Boil.

BILEDULGÉRID. Grand pays d’Afrique, qui s’étend depuis l’Egypte jusqu’à l’Océan Atlantique. Il a la Barbarie au Nord, & le Saara au Midi. Biledulgerida. Le Biledulgérid est enfermé entre le 22e & 32e degré de latitude, & entre le 5e & le 60e de longitude. Ce pays étoit autrefois la demeure des Gétules, & en partie des Garamantes. La partie du Biledulgérid qui s’étend depuis la frontière de Biscara, jusqu’à l’Isle des Gelves, porte particulièrement le nom de Biledulgérid.

Ce mot, Biledulgérid, vient du nom que lui donnent les Arabes, Beled-Algerid, qui signifie Contrée infructueuse, stérile ; telle qu’est en effet le Biledulgérid, ou bien Contrée des Basilics ; & en effet Maty remarque qu’il est plein de serpens & de scorpions très-venimeux. Marmol dit au contraire que ce nom signifie pays des dattes. La plus grande partie du Biledulgérid portoit autrefois le nom de Numidie. Voyez Marmol. Liv. VII, ch. 1 & 53.

☞ BILEFELD & BIELFELD. Bilefeldia. Ville anséatique d’Allemagne, dans la Westphalie, dans le Comté de Ravensberg.

☞ BILENOS. Ville de Turquie, en Asie, en Natolie, dans le Becsangil.

BILHOM, ou BILHON. Bilhomum. Ville de France dans la basse Auvergne.

BILIAIRE. adj. m. & f. Qui sert ou qui a rapport à la bile. Biliarius, a. Terme de médecine & d’anatomie, qui se dit sur-tout des vaisseaux destinés à contenir ou à porter, ou à faire passer la bile, que l’on appelle vaisseaux biliaires. Des observations anatomiques touchant la structure des vaisseaux biliaires ont découvert, qu’outre le rameau que Glisson, les Anatomistes du Collège d’Amsterdam, Blasius, &c. ont remarqué dans le cou de la vésicule du fiel, il en sort encore de ce même endroit d’autres plus considérables qui viennent de la substance du foie, ou du moins qui s’y répandent, & que même quelques-uns de ces rameaux ont communication avec le conduit hépatique.

On a trouvé dans un bœuf, dans un homme & dans un chien, les mêmes trous que les Anatomistes d’Amsterdam n’ont observés que dans un bœuf tout proche du foie. Ces trous sembloient être autant d’embouchures des vaisseaux biliaires. On en a remarqué trois dans un chien, cinq dans un homme, & douze dans un bœuf ; mais on n’en a aussi quelque-fois trouvé que huit. Dans un foie de bœuf, où les parties se découvrent mieux que dans les petits sujets, outre les autres conduits du canal de la vésicule du fiel, qui se répandent dans la substance du foie, on a remarqué deux vaisseaux dont l’ouverture est plus grande, qui s’insèrent au moins légèrement dans sa substance. Ils panchent vers le conduit hépatique ; & d’autres encore qui communiquent les uns dans les autres, & avec le conduit de la vésicule & celui du foie, & qui ont beaucoup de petites branches. Il y a dans les Journaux de Leipsik, 1682, pag 20 & suiv. des Observations anatomiques sur la structure des vaisseaux biliaires, & sur le mouvement de la bile.

☞ BILIBUSCA. Petite ville de Turquie, en Europe, en Macédoine, sur les confins de la Romanie.

BILIEUX, EUSE. adj. Qui est plein de bile. Biliosus. Les gens d’une humeur bilieuse, d’un tempérament bilieux, sont plus propres pour la guerre que pour l’étude. Les gens bilieux sont colériques.

Toutefois si jamais quelque ardeur bilieuse
Allumait dans ton cœur l’humeur litigieuse. Boil.

BILIEUX, EUSE, se dit figurément & métaphoriquement des discours & des écrits satyriques, piquans, mordans. Mordax, satyricus.

Quand la Fontaine.
Sur plus d’une matière
Contre Lully, Quinaut & Furetière
Fit rejaillir l’enjouement bilieux,
Fut-il traité d’Auteur calomnieux ? R.

Il s’emploie aussi substantivement. Les bilieux sont sujets à de grandes maladies.

BILIMBI. s. m. C’est le nom d’un petit arbre de la hauteur de huit ou dix pieds, appelé par Bontius Billingbing, & par les Botanistes Européens, Malus Indica fructu pentagono. On le cultive assez communément dans les jardins de Malabar : il porte fleurs & fruits pendant toute l’année. Il est fécond depuis la première année de sa plantation jusqu’à la quinzième & par-delà.

BILLARD. s. m. Mouillez les deux ll dans ce mot & dans les suivans. ☞ Jeu d’adresse & d’exercice où il s’agit de frapper une boule d’ivoire avec une autre par le moyen de différens instrumens, pour la faire entrer dans une blouse. Ludus in quo super oblongam mensam globulos incurvis clavis impellimus.

On donne encore ce nom à une table longue de douze ou quinze pieds, & large de huit ou neuf, couverte d’un tapis vert, ☞ terminée par quatre bandes, aux quatre coins desquelles il y a quatre blouses, & deux autres au milieu des deux grandes bandes. Mensa viridi instrata panno : à l’instrument qu’on tient à la main pour jouer à ce jeu : à la maison où l’on tient le jeu, & au jeu même. On fait des billards dans des places qu’on prépare exprès dans des jardins.

Billard à passe I. Ce Billard a deux passes, une de bois en forme de porte, & une de fer en forme d’anneau. Le Jeu consiste à passer par ces deux passes un certain nombre de fois.

II. Il faut passer deux fois par la passe de bois, une fois par devant, & une fois par derrière. Quand on passe par derrière avant que d’avoir passé par devant, il faut passer deux fois par devant tout de suite, avant que de pouvoir passer par derrière, & cela s’appelle être fournier.

III. Le devant de la passe de bois est le côté qui en commençant le jeu est tourné du côté de la passe de fer & qui la regarde. Pour y passer d’abord, & commencer une partie, il faut mettre sa bille près de la passe de fer & sur la même ligne, & jouer ou tirer de là le premier coup. On peut se mettre plus bas, mais il ne faut pas dans les règles se mettre plus haut, ou plus près de la passe de bois.

IV. Quand on a passé deux fois par la passe de bois, une fois par devant & une fois par derrière, cela s’appelle être à bille, c’est-à-dire, être en état de passer par la passe de fer.

V. La passe de fer a son devant & son derrière comme la passe de bois. Pour les distinguer, on fait dorer ou peindre le devant de quelque couleur. Il faut passer trois fois par le devant de cette seconde passe. Et celui qui y passe le premier trois fois, a gagné la partie.

VI. Quand on passe par le derrière de cette seconde passe, soit qu’on ait déjà passé par devant ou non, on en perd un ; ou, ce qui revient au même, on passe une fois de plus qu’on ne seroit obligé de le faire sans cela. Ainsi si l’on passe une fois par derrière, il faut passer quatre fois pardevant, au lieu de trois ; si l’on passe deux fois par derrière, il faut passer cinq fois pardevant, & ainsi du reste.

VII. Ceux qui ne sont point à bille, c’est-à-dire, qui n’ont point passé deux fois par la première passe, une fois pardevant & une fois par derrière, peuvent passer par le derrière de la seconde sans conséquence, c’est-à dire sans en perdre un.

VIII. Quand quelqu’un est à bille, c’est-à-dire, quand un seul des joueurs a passé pardevant & par derrière de la première passe, si l’on blouse, ou si l’on fait sauter quelqu’un, il ne joue plus, sa bille est hors du jeu ; il en est de même s’il se blouse, ou s’il saute de lui-même.

IX. Quand personne n’est encore à bille, si quelqu’un se blouse ou est blousé, s’il saute ou si on le fait sauter, on remet sa bille sur le billard, & il continue de jouer ; mais son adversaire met sa bille sautée où il lui plaît.

X. On peut jouer deux ou quatre. Si l’on joue deux, chacun des joueurs peut avoir deux billes, ou n’en avoir qu’une. L’ordinaire est d’en avoir chacun deux. Le jeu en est plus beau.

Si l’on joue quatre, on est deux de chaque partie, & l’on a chacun une bille. On joue alternativement, le premier d’un parti, puis le premier du parti contraire ; ensuite le second du premier parti, & enfin le second du parti contraire.

XI. Les autres règles sont communes à tout autre jeu de billard. Par exemple, qu’il ne faut point billarder, qu’il ne faut point traîner, &c.

XII. Quand on donne la revanche à celui qui a perdu, le vainqueur, si l’on n’est que deux joueurs, ou l’un des vainqueurs, si l’on est quatre, joue le premier.

Billard de terre. Sorte de jeu. On le joue dans des allées. On fiche un ou deux anneaux en terre, par où l’on fait passer de petites boules ou billes, que l’on fait rouler avec une palette.

Billard, est aussi le bâton recourbé avec lequel on pousse les boules, Clava incurva.

Billard. Mot des paysans & preneurs d’oiseaux, qui veut dire, un bâton recourbé par un de ses bouts, fait de la forme de ceux dont on se sert dans un jeu de billard.

Billard. Terme de Bouvier. Ils appellent un bœuf billard, quand ses cornes s’éloignent beaucoup l’une de l’autre.

BILLARDER. v. n. C’est toucher sa bille deux fois en jouant, ce qui fait un coup perdu, & l’on perd un point. Ictu gemino globulum trudere, ictum iterare. Il a billardé, le coup ne vaut rien. Billarder se dit encore lorsqu’on touche les deux billes avec le billard, utrumque globulum clavâ percutere.

Billarder, se dit aussi en termes de Manège, d’un cheval lorsqu’en marchant, il jette ses jambes de devant en dehors.

BILLE. s. f. est une boule d’ivoire, ou de buis, avec laquelle on joue au billard. Globus eburneus vel buxeus. On dit, faire une bille ; pour dire, la mettre dans une des blouses qui sont autour de la table. Globulum in fundulam trudere.

Ce mot vient du latin pila.

On dit proverbialement que deux homme font billes pareilles, qu’ils sont sortis d’une affaire billes pareilles ; quand ils n’ont point remporté davantage l’un sur l’autre.

Les Chamoiseurs & Marroquiniers appellent bille, un morceau de fer ou de bois, rond, gros & long à volonté, qui leur sert à tordre les peaux, pour en faire sortir toute l’eau, la gomme ou la graisse qui peuvent y être.

On appelle bol en bille, ou brouillamini, du bol lavé, purifié & réduit en pâte, dont on forme ensuite des bâtons plats, de la largeur & grosseur du doigt.

Bille. Terme de Boulanger, particulièrement en usage dans les Boulangeries où l’on fait le biscuit de mer. C’est ce qu’on appelle plus ordinairement un rouleau qui sert à aplatir la pâte.

Bille, est aussi un bâton pointu qui sert aux Embaleurs pour serrer les cordes de leurs ballots, & à serrer les charges des mulets. Sarcinatoris clava.

Autrefois le mot de bille ne signifioit qu’un bâton ; ce que nous témoignent les mots de biller & de débiller, dont on use encore sur les rivières ; pour dire, attacher la corde du bateau aux billes, ou bâtons qui sont au bout des traits des chevaux qui tirent.

Ce mot vient de billus, qu’on a dit dans la basse latinité pour signifier un gros bâton, ou une petite massue. Cependant Borel veut que bille signifiant un bâton, vienne de vilis, c’est-à-dire, chose vile.

Bille, se dit aussi d’une pièce d’étoffe qui lie les deux bouts d’une chappe d’Église, sur le devant.

Bille d’acier, est un morceau carré & marqué d’un fer doux & écumé, qu’on prépare en sorte qu’il lui reste un grain menu. Il vient de l’acier en bille, d’autre en pain.

Bille, terme de Marine. Il se dit d’un bout de menu cordage, où il y a une boucle, & un nœud. Son usage est de tenir le grand écouet aux premiers des grands haubans, lorsqu’il ne sert pas.

Bille, branche d’arbre, ou plutôt verge coupée par les deux bouts pour planter. Talea, clavola, clavula.

BILLEBARRER. v. a. Mettre plusieurs couleurs bisarres & tranchantes sur un habit, sur des meubles. Variare. Le vert & le bleu sont des couleurs qui billebarrent un habit. Cela s’est dit originairement des habits des bouffons & des masques, qui les rendoient extravagans par plusieurs bandes ou barres de couleurs qui choquent la vue. Les anciens Chevaliers mettoient aussi de ces pièces sur leurs habits, pour leur servir d’ornement ; & c’est de-là que sont venus les billettes du Blason. Ce mot est familier, même bas.

BILLEBARÉ, ÉE. part. & adj. Variatus.

BILLEBAUDE. s. f. Mot du style populaire, qui signifie confusion. Cette assemblée est une vraie billebaude. Chasser à la billebaude, c’est-à-dire, chasser sans ordre.

BILLEGOH. s. m. Arbre de la basse Ethiopie, haut & épais, & dont les Médecins du pays se servent. Dapper.

BILLER. v. a. Terme de Navigation. C’est attacher à une courbe de chevaux la corde qui sert à tirer les bateaux sur les rivières. Alligare. Le contraire est débiller, quand on la détache. Au passage des ponts & des pertuits il faut biller & débiller.

Biller, est aussi un terme d’Embaleur, qui signifie, serrer avec la bille. Stringere. Biller un balot.

Biller la pâte. C’est l’aplanir avec la bille. On bille aussi les galettes de biscuits pour les rendre plates.

Biller, se dit aussi chez les Chamoiseurs. Voyez Bille.

Biller, en Charpenterie, c’est faire tourner à droite & à gauche une pièce de bois, ou autre fardeau, après l’avoir mise en balance sur un chantier.

☞ BILLET. s. m. Petite Lettre missive, dans laquelle on se dispense du cérémonial usité dans les lettres ordinaires. Epistolicum, litterule. Aujourd’hui on écrit presque toutes les lettres en billet, pour éviter les cérémonies.

☞ On dit en ce sens un billet doux, pour dire, un billet de galanterie, adressé à une maîtresse. Ce qu’on appeloit autrefois poulet. Schedula amatoria. Ecrire, envoyer, recevoir un billet doux.

Ce mot vient de billetus, diminutif de billus, qui a été fait de l’Allemand & de l’Anglois bill, qui signifie la même chose. Ménage. D’autres le dérivent de libellus. Dans la basse latinité on a dit aussi billa. Du Cange le dérive de pittacium, qui étoit chez les anciens une tablette préparée avec de la poix, que les Grecs appellent πίττα, qui servoit à écrire des cédules ou billets, qu’on a appelés au commencement pillets. Il peut venir du grec, βιϐλίδιον.

Billets d’enterremens. Scheda funebris. Billets de Charlatan. Ce sont des imprimés qu’on donne pour semondre des enterremens, ou pour annoncer le logis & la science d’un Opérateur ; ce qui se dit aussi de ces petits écrits circulaires, par lesquels on fait assembler les gens d’un même corps, ou qui sont intéressés en une même affaire ; ce qui s’appelle faire courir le billet.

Billet, se dit aussi de toute écriture privée, par laquelle on s’oblige à quelque payement, où l’on fait la reconnoissance de quelque chose. Chirographi cautio, syngrapha. D’ordinaire tous les biens, les effets des Marchands, consistent en billets, ils n’ont point d’immeubles, ni de rentes. Toutes les négociations de la place du Change se font par billets, par lettres de change & rescriptions. Voyez Change. Par l’Ordonnance de 1629, toutes promesses, le nom du Créancier en blanc, ou rempli depuis qu’elles ont été faites, sont nulles.

Billet de change. On connoît ce que c’est qu’un billet de change, par l’article XXVII, de l’Ordonnance de 1673, qui porte qu’aucun billet ne sera réputé billet de change, si ce n’est pour lettres de change qui auront été fournies, ou qui le devront être. Il n’y a que deux sortes de billet, qu’on appelé billets de change ; la première, quand il porte valeur reçue en lettres de change, c’est-à dire, lorsque les banquiers & négocians fournissent à un autre négociant des lettres de change pour les lieux dans lesquels il a besoin d’argent, & que pour la valeur de ces lettres il donne son billet de payer pareille somme au Tireur. La deuxième est quand les billets portent : Pour laquelle somme je promets fournir lettres de change sur telle ville. Ces billets ont le même privilège que les lettres de change, & les billets pour lettres de change fournies, celui au profit de qui sont faits ces sortes de billets de lettres de change à fournir, ou ceux au profit de qui les ordres seront passés, peuvent contraindre le Débiteur à les lui fournir, & au refus, lui faire rendre l’argent qu’il a reçu, & lui faire payer ce qu’il coûteroit pour avoir leur argent par lettres de change dans les lieux désignés par leurs billets. Bornier, dans les notes sur l’Ordonnance de 1673.

Billet pour lettres de change fournies, doit faire mention de celui sur qui elles ont été tirées, qui en aura payé la valeur, & si le payement a été fait en deniers, marchandises, ou autres effets, à peine de nullité. Ordon. de 1673.

Billet pour lettre de change à fournir, doit faire mention du lieu où elles seront tirées, & si la valeur en a été reçue, & de quelles personnes, à peine de nullité. Ordon. de 1673. Le formulaire d’un billet de change pour une lettre à fournir, est conçu en ces termes : J’ai reçu comptant de tel, la somme de tant, pour laquelle je promets lui fournir lettres de change payables à lui, ou à son ordre, en telle ville, en ces prochains paiemens de tel mois. Fait, &c. Bornier, dans ses notes sur l’Ordonnance de 1673. Les billets de monnoie ont commencé à avoir cours en 1704 : on jugeoit alors qu’ils tenoient lieu de deniers comptans.

Billets de l’Epargne, sont des ordonnances, mandemens, ou rescriptions données à recevoir sur les Trésoriers de l’épargne, qui n’ont point été acquittées & qui sont surannées. Rescriptum ad quæstores ærarii.

Fane courir le billet, pour dire, négocier un billet, ou chercher de l’argent à emprunter par le moyen des Notaires, Courtiers de change, ou autres personnes.

Billet, se dit aussi de certains petits bulletins ou papiers roulés, qui servent pour donner les suffrages dans une élection. Suffragium. Il a donné son billet en faveur d’un tel aspirant à cette charge. On le dit aussi en termes de Blanque, ou de Loterie. Il a eu un bon billet à cette blanque, à cette loterie, un billet noir, où il y avoit un bénéfice.

En ce sens, on dit que des soldats tirent au billet, Sorte ducere, quand de plusieurs soldats qui sont coupables d’une même faute, on n’en veut punir qu’un pour donner l’exemple ; & pour cela on les fait tirer au sort, & on punit celui qui a tiré le billet noir.

Billet blanc. Un billet de loterie où il n’y a rien d’écrit.

Billets de proclamation. On nomme ainsi en termes d’Eaux & Forets, les billets sur lesquels se font les publications pour l’adjudication des ventes.

Billets Lombards. Ce sont des billets d’une figure & d’un usage extraordinaire, dont on se sert en Italie & en Flandre, & qui depuis l’année 1716 se sont aussi établis en France.

☞ Celui qui s’intéresse à l’armement, à la cargaison d’un vaisseau, porte son argent à la caisse de l’Armateur, qui enregistre sur son livre de caisse la somme prêtée, & le nom du Prêteur. Il écrit ensuite l’enregistrement sur un morceau de parchemin qu’il coupe en deux d’un angle à l’autre, en garde une moitié dans sa caisse, & donne l’autre à l’intéressé, qu’il rapporte pour la confronter avec celle de la caisse, quand il est question de le faire payer du prêt ou des profits. ☞ Billets de Monnoie. Billets donnés par les Directeurs des Monnoies, aux particuliers qui portoient leurs vieilles Espèces à la Monnoie, dans le temps de la refonte générale ordonnée par Louis XIV, en 1700. Comme les Directeurs n’avoient pas assez d’espèces nouvelles pour payer les anciennes, ils en donnèrent leurs billets particuliers, qui devinrent dettes de l’état.

Billets d’Etat. Voyez Systeme.

Billet, se dit aussi des marques & des passeports qui se donnent pour avoir la liberté de passer ou d’entrer en quelque lieu. Commeatus. En temps de peste il faut prendre un billet de santé au lieu d’où on sort. Le Magistrat, ou le Conseil de santé des lieux sains éloignés de dix ou douze lieues du lieu pestiféré, ou plus loin, selon la grandeur du mal, donnera des billets de santé à ceux qui en partiront pour aller ailleurs. De La Mare. Celui qui aura un billet de santé, prendra un certificat au bas de tous les lieux où il aura dîné ou couché, & la même chose sera observée à son retour. Id. On prend les billets aux portes pour faire passer du bétail de bout à travers la ville. On n’entrera à cette cérémonie que par billets. On obtient des billets pour entrer aux ballets du Roi, aux comédies. Les Officiers de ville donnent des billets aux soldats pour leur assigner leur logement.

BILLETÉ, ÉE. adj. Terme de Blason. On appelle un Ecu billeté, celui qui est chargé de billetes. Scuti area schedis inspersa. ☞ On le dit de toutes les pièces chargées de billettes.

Billeté, ée, en termes de Négoce, c’est une épithète qu’on donne aux marchandises, sur lesquelles on a mis des billets ou des étiquettes qui contiennent un numéro, qui est relatif à ceux des livres, ou de l’inventaire du Marchand. Inscriptus.

BILLETER. v. a. C’est attacher des étiquettes, mettre des billets aux étoffes. C’est sur ces billets que les Marchands, particulièrement ceux qui font le détail, mettent les numéros & les aunages des pièces entières, & qu’ils écrivent chaque jour ce qui a été ôté, c’est-à-dire, levé de celles qui sont entamées. Les Marchands ont pareillement coutume de billeter leurs étoffes, lorsqu’ils veulent travailler à dresser l’inventaire que, suivant l’Ordonnance, ils sont obligés de faire tous les ans, ou du moins tous les deux ans.

BILLETTE. s. f. Petite enseigne en forme de billet, qu’on met aux lieux où l’on doit péage, pour apprendre aux voituriers qu’il ne faut pas passer sans payer le droit, soit au Roi, soit aux Seigneurs qui sont chargés d’entretenir les chemins : ainsi il y a bien lieu de croire que ce nom a été donné d’abord à Paris au Monastère qu’occupent à présent les Carmes dits des Billettes, & qui fut bâti en 1294, à la place de la maison d’un Juif qui avoit fait plusieurs outrages à la sainte Hostie, parce qu’à la maison de ce Juif il y avoit trois ou quatre billettes, comme remarque le P. du Breuil dans les Antiquités de Paris.

Le P. Papebroch s’est donc trompé quand il a dit que la marque que les Carmes donnent à leurs Tierçaires est un petit scapulaire en forme de billette, & que c’est pour cela que l’on a donné à Paris le nom de Billettes aux Carmes qui ne sont pas déchaussés, puisque la maison qu’ils occupent, portoit ce nom longtemps avant qu’ils y fussent.

Billette, en termes de Blason, est une pièce solide dont on charge l’Ecu, qui est faite en forme de carré long. Scheda. Il y a des billettes de métal, & d’autres de couleur. Lavardin porte d’or à onze billettes d’azur 4, 3, 4. On appelle billettes couchées ou renversées, quand leur plus long côté est couché par terre sur l’Ecu, & le plus petit à-plomb. C’étoient anciennement des pièces d’étoffe d’or, d’argent ou de couleur, plus longues que larges, qui se cousoient par intervalle sur les habits pour leur servir d’ornemens, qu’on a transportées depuis sur les Ecus. Les billettes sont aussi des masques de franchise qu’on mettoit autrefois aux bornes des terres.

BILLETTES. s. m. pl. Espèce de Religieux qu’on appeloit autrefois les Frères de la Charité N. D.

Voici ce qu’il y a de certain sur l’origine de leur nom de Billettes : Jean Flammeng, bourgeois de Paris, bâtit une Chapelle à la place de la maison du Juif dont il a été fait mention ci-dessus. Cette Chapelle, appelée la Chapelle des miracles, fut demandée par les Frères de la Charité de N. D. de Châlons sur Marne, pour y fonder un Monastère qui y fut établi en 1302, & cependant la Chapelle n’en fut dédiée qu’en 1350. Ces Religieux, qui se nommoient Billettes, & suivoient la règle de S. Augustin, n’étoient plus en 1630, qu’au nombre de 30 ou 40 dans tout le Royaume, & s’étant endettés, ils cédèrent cette maison aux Carmes de la Réforme de Rennes en 1631, qu’on a nommé Billettes, du nom de leurs cessionnaires. Pour distinguer ceux-ci des autres Carmes, on les appelle les Carmes Billettes, ou les Billettes tout court. Ils sont dans la rue qui porte leur nom ; mais aujourd’hui communément dans le monde, on donne le nom de Billettes indifféremment à tous les Carmes. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute Normandie, T. I, p. 12. Le Couvent des Billettes de Paris fait partie de la province de Tourraine.

Billette. C est aussi, en termes de Tondeurs de draps, un instrument de bois fait en équerre, ayant une branche plus longue que l’autre, qui est attachée à celui des deux couteaux de force, qu’on appelle le couteau femelle.

Billette. On nomme ainsi dans la douanne de Bourdeaux, l’acquit que le Commis délivre aux Marchands, pour justifier du payement des droits de sortie des marchandises qu’il veut faire embarquer pour l’envoyer à l’étranger. Dict. de Com.

Billettes. s. f. pl. C est, en termes de Verrerie, le petit bois dont on se sert à entretenir le feu dans les fours à verre ; ce sont des espèces de coterets.

BILLETIER. s. m. Commis qui expédie & délivre les billettes. Il se dit aussi à Bourdeaux des Commis des Fermes du Roi qui ont la garde des ports.

BILLEVESÉE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois une balle soufflée, pleine de vent. Folliculus.

Billevesée, se dit figurément des paroles ou des choses vaines, qui n’ont aucune solidité. Nugæ, somnia, fabulæ. C’est un donneur, un compteur de billevesées. Cela ne se dit que dans le style populaire, sottes billevesées, pernicieux amusemens, Romans, puissiez-vous être à tous les Diables. Mol. Chacun sait que c’est pure billevesée. Sar.

☞ BILLI. Petite & pauvre ville de France, en Bourbonnois. Il y a aussi une Baronnie de ce nom en Artois, sur les confins de la Flandre.

BILLION. s. m. Terme d’Arithmétique. C’est ce qu’on appelle autrement milliard, c’est-à-dire, dix fois cent millions. Decies centeni milliones. Quatre billions & trois cent vingt millions de personnes. Journ. d. S. 1722, p. 187, c’est-à dire, quatre milliards trois cent vingt millions. 4,320,000,000.

BILLON. s. m. C’est un terme particulièrement affecté aux monnoies. Nummi forfice incisi, & iterùm conflandi. Il signifie, toute matière d’or, ou d’argent qui est alliée, c’est à-dire, mêlée au-dessus d’un certain degré, & principalement de celui qui est fixé pour la fabrication des monnoies ; comme maintenant que la fabrication des louis d’or est fixée à 22 carats, & des louis d’argent à 11 deniers, le billon d’or est celui qui est à 21 carats ; & le billon d’argent, celui qui est au-dessous de dix deniers. Il y a deux sortes de billon d’argent ; l’un nommé haut billon, qui est à dix deniers, & au-dessous jusqu’à cinq ; & l’autre, bas billon, qui est au dessous de cinq deniers. VOyez Bouteroue, Rech. Cur. des Monn. de Fr. p. 144, & Boizard, Tr. des Mon. P. I, c. 3.

Il est défendu à tous Merciers, Billonneurs, & autres personnes qui ne sont point Orfèvres, de vendre ni acheter aucun or, ni argent, si ce n’est par billon.

Billon, signifie aussi toute sorte de monnoie qui est décriée à quelque titre & quelque alloi qu’elle puisse être. Nummi exauctorati. En ce sens on dit, qu’il faut envoyer la monnoie au billon, c’est-à-dire, qu’elle sera fondue & remise sous les coins. Ordonner qu’elle sera mise au feu pour billon.

Billon, se dit aussi de la menue monnoie de cuivre, comme sont liards, doubles, &c. Nummi arei.

Billon, signifie ainsi le lieu où l’on porte la monnoie décriée, légère ou défectueuse, pour la refondre, & en recevoir la juste valeur, comme sont les Bureaux du Change, ou de la Monnoie. Officina liquandis ac resiciendis nummis. Porter au billon. Envoyer au billon.

Billon, est aussi du bas argent qu’on affine avec la casse d’Orfèvre comme l’autre argent, mais sans eau-forte.

Ménage dérive ce mot de binio, qui signifie un denier. Covarruvias, de vellus, à cause que les Romains marquoient leurs monnoies de cuivre de la figure d’une brebis. Nebrissensis le dérive de vilis. Borel de villon, ou de guillon, qui signifioit autrefois tromperie ; d’où vient qu’on donna ce nom à un vieux Poëte nommé François Corbeuil, à cause de ses Friponneries. Mais Bouteroue le dérive du latin bulla, qui a signifié autrefois des sceaux, & des matrices qui servoient à former les coins des monnoies ; & c’est ainsi que les appelle Harmenopule. Du Cange croit qu’on l’a ainsi nommé, à cause que c’est aurum & argentum in massam seu billam, i. e. baculum, conflatum, necdum purgatum.

Billon, se dit figurément & dans le style comique, de tout ce que l’on n’estime point, de tout ce que l’on rejette. Res vilioris pretii. Hors de Paris, je mets tout au billon ; pour dire, de toutes les villes de France, je n’estime que Paris. Lorsque l’on fit recherche de la noblesse, & que l’on examina les titres de ceux qui se disoient Gentilshommes, on dit que la noblesse avoit été mise au billon.

BILLON. ☞ Terme d’Agriculture, ou une terre billonnée, c’est celle qu’on laboure en faisant de profonds sillons & des éminences qu’on nomme des billons. Ainsi ce mot d’Agriculture n’a aucune relation avec ce qu’on appelle communément billon, qui veut dire, quelque chose de mauvais aloi.

☞ En Bourgogne on appelle billon, un sarment taillé court, qu’on nomme ailleurs bourgeon. Palmus brevior.

On ne voit pas d’où ce nom est venu en ce sens, si ce n’est peut-être que les vignerons aient dit billon pour un diminutif de Bille, qui signifioit autrefois bâton. Billon est un petit bâton, un bois court.

BILLONNAGE. s. m. Trafic illicite de celui qui billonne. Nummorum exauctoratorum commercium. Le billonnage est un crime qu’on recherche & qu’on punit, comme celui de fausse monnoie.

BILLONNEMENT. s. m. Action de billonner. Monetæ incisio & conflatura. Pomey.

BILLONNER. v. n. qui est pris en bonne & mauvaise part. Il signifie proprement, recueillir les espèces décriées & envoyées au billon ; ce qui étoit autrefois permis à certaines personnes préposées pour cet effet. Obnoxiam forfici monetam conflaturæ gratiâ conquirere. Mais il se prend ordinairement en mauvaise part, & signifie, trafiquer de monnoie de billon ; substituer des espèces défectueuses en la place des bonnes ; profiter induement sur les espèces au préjudice des Ordonnances. Boiz. Obnoxiam forfici monetam commercii gratiâ colligere. L’Ordonnance en a fait un crime, qui peut être commis en plusieurs façons. 1°. Lorsqu’on achète, ou qu’on change la monnoie pour moins qu’elle ne vaut, pour la remettre à plus haut prix, soit dans le même lieu, soit dans une autre Province. 2°. Quand les Receveurs payent en des espèces moindres, ou plus légères qu’ils ne les ont reçues, ou quand ils payent en espèces qu’ils font valoir à plus haut prix que celui de l’Ordonnance. 3°. Quand les Changeurs remettent dans le commerce des espèces défectueuses, étrangères & décriées. 4°. Quand on choisit les espèces plus pesantes pour les vendre aux Orfèvres ou Changeurs qui les fondent. 5°. Et généralement quand on profite sur le prix de la monnoie. Boizard rapporte neuf différentes manières de billonner, à prendre ce mot en mauvaise part. Voyez Tr. des Monn. P. II, c. 5.

Billonner. v. a. Terme d’Agriculture, & de Vigneron. C’est ne laisser que des billons. Couper les verges de la vigne court, & ne leur laisser que trois ou quatre doigts de long. Palmites brevissimos amputando facere, breviùs amputare, plurimùm decurtare. Taillons cette vigne, & ne faisons que la billonner. Liger. On le dit quelquefois absolument comme s’il étoit neutre. On a coutume de billonner dans la vallée d’Aillan. Lig.

BILLONNEUR. s. m. Celui qui se mêle de billonner. Monetæ forfici obnoxiæ conquisitor. Les Billonneurs étoient autrefois des personnes proposées par le Roi, pour recueillir les espèces décriées & mises au billon. Du temps de Charles VI, en 1385, ces billonneurs tenoient leur boutique dans la rue au Feutre le long du Cimetière S. Innocent, & cette place s’appeloit le Billon. Maintenant on appelle Billonneurs, ceux qui font un trafic illicite d’argent, en profitant sur la valeur des espèces. On les punit comme une espèce de faux monnoyeurs.

BILLOS. s. m. Ce sont des droits & impositions qu’on leve sur le vin en Bretagne. Voyez Billots.

BILLOT. s. m. Grosse pièce de bois d’un ou de deux pieds de haut, & plus longue que large, sur laquelle on coupe, ou sur laquelle on attache quelque chose. Brevior ligni truncus. Ainsi la pièce de bois, sur laquelle les Boisseliers & les Tourneurs travaillent, s’appelle un billot. Celle sur laquelle on pose une enclume, s’appelle encore un billot. Celle que l’on met sous les pinces ou leviers pour mouvoir quelque fardeau, s’appelle aussi un billot. Celle sur laquelle on coupe en plusieurs lieux la tête aux criminels, s’appelle encore un billot. Enfin on appelle un billot ce qui sert aux Serruriers pour tourner les rouleaux. Billot se dit encore dans plusieurs autres arts & métiers.

Ces mots de bille, billard & billot, viennent du latin billus, qui signifie un bâton.

Billot, est aussi un bâton que l’on met le long des flancs des chevaux neufs, qu’on amène d’Allemagne, & qui sert à les conduire à la file les uns des autres, ou que l’on met au cou des chiens pour les empêcher de chasser & d’entrer dans les vignes.

Billot. On appelle aussi de ce nom, une sorte de souricière, qui est en effet comme un petit billot, où il y a des trous, & du fil d’archal, pour attraper les rats & les souris.

Billot, morceau de bois gros & court. Rich.

Il se dit aussi des livres courts & épais. Dans l’examen de la Bibliothèque de Dom Quichotte, toute composée de Romans qui lui avoient fait perdre l’esprit : Qu’est-ce que ce gros billot, dit le Curé ? C’est Dom Olivantes de Laura..... T. I, p. 64. C’est un billot que ce livre-là : il falloit le relier en deux volumes : en un seul il est billot.

Billot. Terme de Cirier, Les Ciriers appellent bougie en billot, une sorte de bougie dont la mèche est de fil de Guibray, qu’ils vendent aux Tailleurs, Couturières & Tapissiers, pour bougier la coupe des étoffes.

Billot à charger. Terme d’Artificier. Instrument d’Artificier qui tient lieu d’enclume pour soutenir les moules ou calots des fusées que l’on y charge à grands coups de maillets, pour éviter le retentissement qui en résulteroit sur un plancher, ou sur un corps creux.

Billots, droits & impositions qu’on lève sur les vins en Bretagne : le billot consiste dans la quantité de 12 pots par pipe de vin, cidre ou bière, de quelque crû que ce soit : il se paye à proportion de la vente & du prix que chaque pot est vendu en détail par le Cabaretier. Diction. des Finances.

Billots, en termes de Marine, sont des pièces de bois courtes qu’on met entre les fourcats des vaisseaux pour les garnir en les construisant.

On dit proverbialement, j’en mettrois ma tête sur le billot ; pour dire, j’en suis bien assuré, je gagerois ma tête à couper.

BILOCULARIS, terme de Botausque. Qui a deux cellules. Ce qui convient particulièrement aux fruits. Voyez Cellule. L’usage a adopté bicapsulaire, qui a deux capsules. On peut dire de même biloculaire, qui a deux cellules.

☞ BILSEN. Petite ville des Pays-Bas, dans l’Evêché de Liège, à deux lieues de Mastricht.

☞ BILSTEIN. Petite ville d’Allemagne, avec titre de Seigneurie, dans la Wétéravie, faisant partie de l’ancien patrimoine des Comtes de Nassaw.

BIM

BIMAES. s. m. Sorte de bois de Brésil, qui est une des deux espèces de celui qu’on appelle Sapan, ou Japon.

BIMAUVE. s. f. Terme de Botanique. C’est une espèce d’Althée. Althea, Hibiscus. Quelques-uns, comme Charles Estienne, dans son Dictionnaire, donnent ce nom de Bimauve à la Guimauve. Voyez ce mot.

BIMBELOT. s. m. Petit jouet d’enfant, comme poupée, moulinet, carrosse, ou autre petite machine de carte ou de bois qui est propre à réjouir les enfans : ou autres colifichets de plomb ou d’étain, comme assiettes, aiguières, encensoirs, calices, &c. Crepundia.

BIMBELOTERIE. s. f. Ce qui concerne la fabrique des bimbelots. Il se dit également, & du métier de faiseur de bimbelots, & du commerce qui s’en fait.

BIMBELOTIER. Quelques-uns disent BIMBLIOQUIER. s. m. Marchand ou Artisan qui vend, ou qui fait des bimbelots. Crepundiorum opifex. Il y a à Paris de riches Marchands Bimbelotiers.

BIMILLION. s. m. Ancien terme d’Arithmétique. Il signifie un certain nombre que l’on nomme aujourd’hui milliard, ou billion.

☞ BIMILIPATAN. Ville de la Peninsule de l’Inde, en deçà du Gange, dans le royaume de Golconde, sur le Golfe de Bengale.

BIN

☞ BINAGE. s. m. Terme d’Agriculture. Second labour qu’on donne à une terre qui a déjà été labourée. On le dit des terres à grains, des vignes & des potagers. Il est plus usité que binement. Voyez Biner.

Binage. s. m. Terme de Jurisprudence Canonique. Permission ou célébration de deux messes en un même jour. Dénonciation sur binage. Sentence sur binage. Recueil de procédures criminelles, par De Combes.

BINAIRE. adj. m. & f. Binarius. Le nombre binaire est composé de deux unités. En Musique, la mesure binaire est celle qu’on bat également dans le lever & dans le baisser de la main.

Binaire. adj. m. & f. Binarius, a, um. Leibnitz a inventé une Arithmétique Binaire, qu’il communiqua à l’Académie en 1702. Leibnitz ayant étudié la plus simple & la plus commode de toutes les progressions possibles, qui est celle qui se termine à deux, la trouva riche & très-abondante. Voyez au mot Arithmétique.

BINARD, ou BINART. s. m. Chariot ayant quatre grosses roues d’égale hauteur, avec un plancher de grosses pièces de bois, sur lesquelles on transporte des colonnes ou des pierres d’une grosseur extraordinaire. Carrus. M. Le Camus, dans son Traité des forces mouvantes, donne l’invention d’un binart à deux roues pour voiturer aux bâtimens les pierres taillées, lequel on charge plus vite & plus aisément, & auquel il faut moins d’hommes pour le mouvoir, qu’il n’en faut aux chariots ordinaires.

☞ BINAROS, BINARUX ou VINEROS. Binarusia. Petite ville d’Espagne, au royaume de Valence, vers les confins de la Catalogne.

BINATUS. Terme de Botanique. Composé de deux. Il se dit, suivant Linnæus, d’une feuille composée de deux digitations. Binatum folium.

☞ BINCH, ou BINCHE. Quelques-uns écrivent BINSC. Binchium. Petite ville des Pays-Bas, dans le Hainaut Autrichien, entre Mons & Charleroi. La Châtellenie de Binch s’étend le long de la Sambre jusqu’aux confins du Comté de Namur.

BINDELLES. (on dit aussi BIDELLE.) s. f. Vieux mot qui s’est dit d’une sorte de manches anciennes. Cousant mes manches à bindelles.

BINDELY. s. m. Petit passement soie & argent, qui se fabrique en plusieurs endroits d’Italie.

BINEMENT. s. m. Action de biner. Seconde façon que l’on donne à la vigne & aux terres. Vineæ repastinatio. On dit mieux binage.

☞ BINÉ, ÉE. part. Plate bande binée.

BINER. v. a. Terme d’Agriculture. Donner aux terres, aux vignes, un second labour, une seconde façon, qu’on appelle binage. Vineam repastinare. Les Anciens appeloient ces secondes façons binalta ; & on dit iterare agrum dans le même sens. Je binerai demain cette terre. Il est temps de biner les vignes. Lig.

Rebiner, c’est donner un troisième labour. Comme ces labours sont plus superficiels que ceux que l’on donne pour la première fois, on dit, donner un binage ; pour signifier, donner un labour léger. Dans les potagers, ce labour se donne avec un petit instrument qu’on appelle binette. On appelle aussi ce petit labour, serfouir, & l’instrument serfouette. Comme on emploie encore pour ce labour un instrument qu’on nomme béquille : on dit quelquefois béquiller.

Biner. v. n. Terme d’Eglise. Dire deux messes par jour. Eodem die binas missas dicere. Les Vocabulistes n’entendent ce mot que du Prêtre qui dit deux messes, selon la permission qu’il en a reçue de l’Ordinaire. Mais celui qui dit deux messes, sans nécessité, sans permission, par un vil intérêt, quelque criminelle que soit son action, ne bine-t-il pas aussi ? On dit d’un Curé, qu’il a la permission de biner.

☞ BINET. s. m. Petit instrument d’argent, de cuivre ou d’autre métal qu’on met dans un chandelier pour brûler une bougie ou une chandelle jusqu’au bout. Mettre une bougie sur le binet.

Faire binet, c’est mettre par épargne un bout de chandelle ou de bougie sur un binet, ou sur le haut d’un chandelier, pour le brûler jusqu’à la fin. Acad. Fr.

Cette expression est aussi en usage au figuré, pour dire, user d’épargne, éviter la dépense.

Pasquin parlant de Cléon :

Mon Maître.
Sans s’en appercevoir est ruiné tout net.
Il brille, mais ma foi, c’est en faisant binet.

Le Dissipateur, Com. de M. Destouches,
Acte 3, Sc. 2, p. 61, Tome III.

☞ BINGAZI. Ville autrefois considérable, & capitale du royaume de Barca, en Afrique.

☞ BINGEN. Bingium. Petite ville d’Allemagne, dans l’Electorat de Mayence, entre Mayence & Coblents, sur le Rhin.

☞ BINGO. Province du Japon, avec une ville de même nom, au pays de Jamaïster, dans la presque-île de Niphon.

BINI. s. m. Terme de Cloître, qui se dit d’un Moine qu’un Supérieur donne à celui qui veut sortir, pour l’accompagner. On applique ce vers à ces deux compagnons.

Hos brevitas sensûs fecit conjungère binos.

BINOCLE. s. m. Terme d’Optique. C’est une lunette à longue vue qui est double : c’est-à-dire, deux tuyaux joints ensemble, par lesquels on peut observer un objet éloigné par les deux yeux en même temps. Il a été inventé par le Père Rheita, Capucin Allemand, qui en a écrit dans son livre intitulé : Oculus Henoc & Eliæ ; & depuis a été renouvelé par le Père Chérubin, Capucin d’Orléans, qui en a écrit un grand volume en l’année 1678. Ces sortes de Télescopes sont plus embarrassans qu’utiles.

BINOCULAIRE. adj. Qui sert aux deux yeux. Le Père Chérubin s’est servi de ce terme dans son Traité de la Vision parfaite. Astroscope binoculaire.

BINOME. s. m. Terme d’Algèbre. ☞ Quantité algébrique composée de deux termes, c’est-à-dire, de deux parties unies entre elles par les signes plus ou moins. A + B est un binome, qu’on prononce, A plus B. A − B est un autre binome. Binomius.

☞ On dit trinome, quand elle est composée de trois termes ; quadrinome, si elle l’est de quatre ; & en général, multinome, quand elle est exprimée par plusieurs termes joints ensemble par les signes plus ou moins.

Chez les Anciens, on appeloit binomes, ceux qui avoient deux noms.

☞ BINOT. s. m. Nom qu’on donne dans quelques campagnes à une charrue sans coutre & sans oreilles, avec laquelle on donne un demi labour aux terres, pour les disposer au labour plein. Encyc.

Cette première façon des terres, ou préparation au plein labour s’appelle binotis.

BINSICA. s. f. Terme qui signifie, selon Van-Helmont, maladie de l’esprit, ou plutôt de l’imagination, ou pour m’exprimer de la manière mystérieuse de cet Auteur, c’est une atrophie de l’organe de la fantaisie, telle que celle, dit-il, qui est causée par la piqûre de la tarentule, ou par la morsure d’un chien enragé, dont la suite fatale est la mort binsique, mors binsica.

BINTAMBARU. s. m. Cette plante croît dans le Malabar, dans l’Île de Ceylan, & dans d’autres contrées des Îles Orientales. M. Herman pense qu’elle abonde en sel purgatif ; ce qu’il infère de l’acrimonie de son suc laiteux, qui picote la langue & le gosier, & de quelques autres expériences réitérées. Dict. de James.

BIO.

BIOCOLYTE. s. m. Biocolyta, æ. On appeloit Biocolytes dans l’Empire grec, certains officiers ou soldats qui étoient obligés d’empêcher les violences qui se commettoient dans l’Empire. Les Biocolytes étoient autrefois à-peu-près ce que sont aujourd’hui les Archers de nos Maréchaussées. Le nom de Biocolyte vient de deux mots grecs, βία, vis, violence, κωλύω, impedio, j’empêche. L’Empereur Justinien supprima les Biocolytes. Voyez Boulenger.

BIOGRAPHE. s. m. Auteur qui écrit des vies, ou de Saints, ou d’autres. M. l’Abbé Chasselain s’est servi de ce mot pour éviter d’user si souvent d’une périphrase, & Ménage, en parlant de Bayle, a employé ce mot, qui est fort d’usage parmi les Savans. Rien n’est pourtant plus louable dans un pieux Biographe, que d’intéresser le Lecteur aux faits édifians. Desfontaines. Le moderne Biographe fait voir que S. Dominique étoit alors dans Muret. Idem. Ces judicieux Biographes étoient persuadés que dans un récit les actions tiennent lieu d’éloquence. Il vient du grec βίος, vita, & γράφω, scribo, mot à mot vitæ, ou vitarum scriptor.

☞ BIOGRAPHIE. s. f. Histoire de la vie des particuliers.

☞ BIONIEBOURG. Petite ville de Suède, dans la Finlande, à l’embouchure de la rivière de Cumo, dans le golfe de Bothnie.

BIOTHANATE. s. m. & f. Celui qui est mort d’une mort violente. Biothanatus, a. Les Pontifes nommèrent le lieu où les sept fils de sainte Symphorôse furent jetés après leur mort, les sept Biothanates. Fleury. Philastrius appelle de ce nom ceux qui se donnent la mort à eux-mêmes, c. 85.

Ce mot est grec, composé de βία, violentia, vis, & de θάνατος, mort ; comme qui diroit βιαιοθάνατος. Voyez Du Cange & Elmenhorstius sur Arnobe, p. 37. Tertullien dit que les Magiciens se servoient souvent de ce mot : les tireurs d’horoscope l’employoient aussi.

BIOUAC. Voyez Bivouac.

BIP.

BIPARTITION. Voyez Bissection

BIPÉDAL, ALE. adj. m. & f. Du latin bipedalis. Qui a deux pieds. Cotgrave seul. M. d’Aubray dit dans sa harangue, que la France n’est pas un morceau pour la bouche du Duc de Savoie, quelque bipédale qu’elle soit, c’est-à-dire, grande ; car une bouche qui auroit deux pieds seroit énorme. Voyez le passage, sous le mot Figon.

BIPEDE. adj. Il se dit des animaux à deux pieds, qui marchent à deux pieds. Bipes.

BIPENNE. s. f. Bipennis. M. Moreau de Mautour a employé ce terme dans son discours préliminaire sur les Amazones, pour signifier la double hache qui étoit l’arme ordinaire dont usoient ces femmes guerrières. Ce n’est autre chose que le mot latin, auquel il a donné une terminaison Françoise. Je ne crois pas qu’on trouve ce terme dans aucun autre Auteur ; mais ce sont de ces libertés que l’on se permet quelquefois dans des discours d’érudition, & que l’on ne doit point se donner ailleurs. Ainsi dans une dissertation sur les médailles de l’Île de Ténédos, on pourroit peut-être dire, à l’exemple de M. de Mautour, qu’elles ont au revers une bipenne avec ce mot, ΤΕΝΕΔΙΩΝ, &c. Mais après tout, je crois que les Vaugelas, les Patru, les Régnier, les Des Marais, les Fénelon, les Bouhours, diroient plutôt double hache, ou une hache à deux tranchans, qu’une bipenne.

BIQ.

☞ BIQUADRATIQUE. adj. Terme d’algèbre. Nom qu’on donne au carré carré, ou quatrième puissance. Voyez Racine, Carré.

BIQUE. s. m. Capra. Ce mot se dit dans quelques Provinces de France, & principalement en Champagne ; pour dire, la femelle du bouc ; mais à Paris ce mot est inconnu, & on dit une Chèvre.

Le Père Thomassin dérive le mot bique & bouc de βήκη, qu’on trouve dans Hésychius, pour signifier une chèvre.

BIQUELAR. s. m. Terme de relation. Cuisinier du Divan d’Alger. Coquus. Les Janissaires, que les Algériens appellent Oldachis, après avoir été quelque temps simples soldats, sont faits Biquelars, autrement Cuisiniers du Divan, qui est le premier degré pour monter aux grands offices suivans. Ces biquelars sont ceux qui, dans les Cafferies, aux Garnisons, aux Champs & aux Armées, ont soin d’apprêter à boire & à manger aux Officiers & aux Chefs principaux de la Milice d’Alger. De biquelars ils deviennent Odabachis, c’est-à-dire, Caporaux des Compagnies, ou Chefs de quelque Escadre de soldats. Dan. Hist. de Barb.

BIQUET. Terme de monnoie. C’est une sorte de Trébuchet, dont on se sert pour peser l’or & l’argent. Numeraria trutina.

Biquet. s. m. Chevreau. Le petit d’une chèvre.

La Bique allant remplir sa traînante mamelle,
Et paître l’herbe nouvelle,
Ferma sa porte au loquet,
Non sans dire à son Biquet :
Garde-vous sur votre vie
D’ouvrir que l’on ne vous die
Pour enseigne & mot du guet
Foin du Loup & de sa race......
La Bique, comme on peut croire,
N’avoit pas vu le glouton.....
Le Biquet soupçonneux par la fente regarde.....

La Fontaine.

BIQUÉTER. v. a. C’est se servir du Biquet pour peser. Appendere.

Biqueter. v. n. Ce mot se dit des chèvres, & signifie, faire un petit chevreau. Hædulum parere. Notre chèvre a biqueté.

Le P. Pezron dit que biq est un mot celtique, qui signifioit chèvre, & qu’en plusieurs endroits on dit encore une bique. Il dérive même de-là le grec βήκη, chèvre.

☞ BIQUE, BIQUET, BIQUETER, sont des termes usités seulement dans les campagnes. On dit chèvre, chevreau & chevroter. Les Vocabulistes auroient dû nous en avertir, au lieu d’expliquer les deux premiers de manière à les faire regarder comme des termes de l’usage ordinaire. L’Acad. n’en avoit rien dit.

☞ BIQUINTILE. adj. Terme d’Astronomie. Aspect des deux planètes, lorsqu’elles sont éloignées l’une de l’autre de deux fois la cinquième partie de 360 degrés, ou de 144.

☞ BIR, BIRE, & BIRO. Ville de Turquie, en Asie, dans le Diarbeck, sur l’Euphrate, moins considérable qu’autrefois, lorsqu’elle étoit le Siège d’un Evêque suffragant d’Edesse.

☞ BIRCKENFELD. Petite ville d’Allemagne, dans le Palatinat du Rhin, au Comté de Spanheim, avec titre de Principauté.

☞ La Principauté de Birckenfel, Principatus Bercofeldensis, est un démembrement de l’ancien comté de Spanheim.

BIR.

BIRAMBROT. s. m. Mot corrompu du Holiandois. Il ne se dit qu’en riant, à l’exemple de Scarron, qui a dit : adieu mon cher mangeur de Birambrot & de tartines, revenez-vous mettre au beurre de Vanvre. Le Birambrot est une sorte de soupe qu’on fait avec de la bière, du sucre, de la muscade, & quelquefois avec du beurre & du pain.

Ce mot est composé de bier, bière, & broot, pain.

BIRE. Terme de Pêche. Engin ou instrument d’osier pour prendre des poissons. Il est défendu dans le temps de du frai par le VIIIe article de l’Ordonnance des Eaux & forêts.

☞ Les Vocabulistes qui copient à tort & à travers, ont copié jusqu’à la faute qui étoit dans cet article, & disent que cet instrument est défendu en temps de fraie. On ne dit point fraie, mais frai temps où les poissons s’approchent pour la multiplication de leur espèce.

BIRÈME. s. f. Terme de Marine ancienne. Biremis. La birème étoit un Vaisseau qui avoit deux rangs de rames l’un sur l’autre, de chaque côté. Il y a sur la colonne Trajanne des figures de birèmes, qui sont une preuve sensible & manifeste qu’il y avoit chez les anciens des vaisseaux qui avoient plusieurs étages de rames les uns sur les autres.

BIRÉTE. s. f. Voyez Birrette.

BIRGITE. Voyez Brigide.

BIRGITTIN, INE. Voyez Brigittin.

BIRIBI. s. m. Nom de jeu de hasard fort connu aujourd’hui, où l’avantage du banquier est de six sur soixante-dix.

BIRLOIR. s. m. On appelle ainsi ce petit tourniquet qui sert à arrêter un châssis de fenêtre quand il est levé, de Girulatorium. Mén.

BIRMINGLAM. Ville d’Angleterre, dans la province de Warwich.

BIRON. Biranium. Ville de France, dans le Périgord, qui a donné son nom à la maison de Biron.

☞ BIROTA, ou BIROTUM. Chairiot à deux roues, qu’on atteloit de trois mulets, sur lequel on pouvoit charger le poids de deux quintaux pesant. Constantin le Grand en ordonna l’usage pour la commodité du public, & fit défense d’y mettre plus de deux cens livres pesant. Lorsqu’on vouloit s’en servir pour transporter des personnes, il ne devoir y en avoir tout au plus que deux ou trois, selon l’ordre porté par Valentinien. Mor. qui cite Pancirol. notit. Imp. Orient.

BIROTINE. s. f. Sorte de soie du Levant, dont il se fait un assez grand commerce à Amsterdam.

BIRRETTE. s. f. Sorte de bonnet que portent les Novices chez les Jésuites, pendant leur Noviciat. Biretum. Ce bonnet vient d’Italie, aussi bien que le nom, qui cependant vient encore de plus loin, & qui se trouve dans la vie de S. Fleuri, Evêque d’Upsal & Martyr, Act. Sanct. Jan. T. II p, 250. Les Bollandistes remontent même encore plus haut dans le IIe T. du mois de Mars, p. 241, & il leur paroît que birotrum est un diminutif de birrhum, que l’on trouve parmi les noms des habits saints ou sacerdotaux, dès le temps de Saint Cyprien. Ils ajoutent que ce nom vient de la couleur rouge foncé que cet habit avoit & qu’en grec il se nommoit πύῤῥον, dont les latins firent byrrhum, en changeant le π en b. Dans le même ouvrage, T. I de Mai, p. 340, E. biretum est distingué de galerus, & les Bollandistes disent que biretum est un bonnet carré. Aujourd’hui ce qu’on appelle birette est rond : c’est l’ornement de tête que les hommes portoient en France, il y a 200 ou 250 ans, comme il paroît par les anciens tableaux & nos anciennes tapisseries.

Quoique le birrus ou birrum fût un habit du corps, & non pas un habillement de tête, son diminutif birettis a pu se donner à un ornement ou habillement de tête, parce qu’autrefois il étoit joint à l’habit & en faisoit partie ; que le byrrus ou byrrum étoit un habillement qui couvroit non-seulement la tête, mais aussi les épaules ; d’où vient que quand on en retrancha la partie d’en-bas qui couvroit les épaules, gardant seulement la partie d’en-haut qui couvroit la tête, comme il étoit rapetissé, on ne lui donna plus pour nom que le diminutif de byrrus ou byrrum, & on l’appela birrette ou barrette ; car on dit aussi barrette, mais aujourd’hui il signifie autre chose, comme on le peut voir à sa place.

BIRSEN. s. m. Mot arabe ou persan, qui signifie une inflammation ou un abcès à la poitrine ; car bir signifie poitrine, selon Avicenne & d’autres Auteurs. Castelli cité par James.

☞ BIRUN. Ville d’Asie, au pays de Khuarezme.

Birun. Ville des Indes, dans le Send, province qui s’étend le long du fleuve Indus.

☞ BIRZE. Petite ville du royaume de Pologne, dans la Samogitie, entre la ville de Mitaw, en Semgal, & Brassaw ou Lithuanie, avec titre de Duché.

BIS. adverbe. Ce mot est purement latin, & signifie deux fois en françois. On s’en sert en musique pour marquer la répétition d’un couplet ou d’un vers, d’une chanson, qu’il faut faire par deux fois.

Bis, se dit en termes de pratique, lorsqu’on paraphe des pièces, ou des feuillets d’un Registre, & qu’on en cotte deux de même nombre, on met à tous les deux bis.

☞ On le dit aussi chez les Marchands des numéros des pièces d’étoffes quand on a mis le même deux fois.

Bis se dit aussi à la Chambre des Comptes, lorsqu’il y a un double emploi, ou qu’il y a deux quittances rapportées pour une même partie qui ne valent que pour une ; on met sur l’une & l’autre bis ; & quelquefois bis capit, quand on est payé deux fois d’une même partie.

On appelle aussi en termes ecclésiastiques un bis cantando, une permission qu’on donne à certains Curés de dire deux Messes, pour desservir deux Cures en des lieux ruinés, où il n’y a pas moyen d’entretenir deux Prêtres.

BIS, ISE. ad. Il se dit proprement du pain & de la pâte, qui est entre le blanc & le noir. Cibarius, secundarius panis. Mettre un lièvre en pâte bise. Cette pâte est trop bise. Les pauvres, & ceux qui vivent dans l’austérité, ne mangent que du pain bis.

On appelle du pain bis-blanc, celui qui est mitoyen entre le pain de fine farine de froment, & le pain bis où il y a du son & du seigle.

On dit aussi familièrement d’une personne brune & basannée, qu’elle a le teint bis, qu’elle est bise.

BISA. Voyez Biza.

BISACCIA, ou BISAZZA. Petite ville d’Italie, dans le royaume de Naples, dans la principauté ultérieure, avec titre de Duché.

BISACHO. s. m. Sorte d’animal du Pérou, dont la chair est semblable à celle de nos lapins, & qui a la queue longue comme celle d’un écureuil.

BISACRAMENTAUX. s. m. pl. Hérétiques qui ne reconnoissent que deux Sacremens, le Baptême & la Cène, ou l’Eucharistie. Ce mot est composé de bis, qui dans la composition signifie deux, & de Sacramentum. Pratéole s’est servi le premier de ce mot, & quelques Auteurs françois l’ont employé après lui.

BISAGE & réparage. s. m. signifie, en termes de teinture, la façon qui se donne à une étoffe, lorsque le Teinturier la met dans une autre couleur que celle où elle avoit été teinte la première fois. Il est permis aux Teinturiers du petit teint de faire toutes sortes de bisages & réparages.

☞ BISAGOS (Îles des) Bijagos & Bijego. Îles de l’Océan, en Afrique, sur la côte de Nigritie, à l’ouest du pays de Guimala, habitées par des peuples qui leur donnent le nom. La plus considérable de ces Îles est celle de Formosa.

BISAYEUL, EULE. s. m. & f. Terme relatif. Qui est pere ou mere d’un grand-père ou d’une grand-mère, ou d’un aïeul ou d’une aïeule. C’est le troisième degré de parenté dans la ligne ascendante avec les petits-fils. Proavus. Chacun de nous en particulier ne peut douter que son père, son aïeul, son bisaïeul, ne crussent comme croient les Catholiques. Ce bisaïeul étoit très-certain que son bisaïeul avoit cru de même. Peliss. La cérémonie de la béatification de S. François de Borgia, faite à Madrid, fut particulièrement remarquable, en ce que le corps du Saint fut suivi dans toutes les autres processions par quarante six Seigneurs, qui le reconnoissoient pour leur aïeul, pour leur bisaïeul, ou pour leur trisaïeul, dont il y en avoit quatorze Grands d’Espagne. P. Verj.

BISANCE, ou plutôt BYZANCE. s. m. Bysantium. Voyez Byzance, car c’est ainsi qu’il haut écrite, & M. Corneille lui-même qui écrit Bisance, a cependant écrit dans le même article Byzas & Byzantius ; ce qui est d’autant mieux, qu’il faut distinguer cette ville d’une autre ville de Thrace, selon Ptolomée, ou de Macédoine, selon Etienne de Bysance, & dont j’ai vu une médaille, avec cette inscription, ΒΙΖΑΝΘΗΣΩΝ.

☞ BISANNUEL, ELLE. adj. Bisannuus. Terme de Botanique. Plante bisannuelle, est celle qui périt après avoir subsisté deux ans. Ces plantes donnent leur semence la seconde année, & elles meurent ensuite.

☞ BISANTAGAN. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, au royaume de Cambaye ou de Gusurate.

BISANTHE, BISANTE, ou BISATE. Ville de l’ancienne Macédoine, Bisanthe, Bisate. Quelques-uns la prennent pour Rodosto, que Samson appelle Rudpsso, & qui est une ville de la Romanie, sur la côte de la mer de Marmara, au midi de Celivrée, ou Sélivrée. Mais Du Loir doute si c’est Rodosto eu Kemer, qui est un peu plus au midi. Voyez son voyage du Levant, p. 105 & l’article précédent. Cette ville s’apeloit aussi anciennement Pactia.

BISBILLE. s. f. Terme populaire & de peu d’usage, pour signifier murmure, ou quelquefois dispute. Ils ont eu quelques bisbilles ensemble. De l’italien bisbiglio. Mén.

BISCAPIT. s. m. Mot latin, devenu françois seulement dans le style de la Chambre des Comptes. Il se dit du double emploi d’une somme employée, comptée, ou reçue deux fois. Un comptable qui fait un biscapit dans son compte, doit être condamné à payer le double de la somme mal employée ; c’est-à-dire, que si le biscapit est de cinq mille livres, la peine du double doit être de dix mille livres, sans y comprendre les cinq mille livres qui ont donné lieu au biscapit.

☞ BISCARA. Ville d’Afrique, dans la province de Zeb, au Biledulgerid.

BISCAYE. Biscaya, Viscaia, Cantabria. Province d’Espagne bornée au nord par la mer de Biscaye, au couchant par les Asturies, par la vieille Castille au midi, & par le pays de Guipuscoa au levant. Bilbao est capitale de la Biscaye. La Biscaye a été anciennement la demeure des Cantabres, selon quelques-uns ; selon d’autres, la Biscaye a été habitée anciennement par les Antrigons, vers le levant, & par une partie des Cantabres propres vers le couchant. La Biscaye est abondante en bois, en fruits sauvages & en pommes, dont ils font de la sidra, ou du cidre ; en vin, en millet, en noix, en châtaignes, en raisins, en mines de fer, d’acier, de plomb.

La mer de Biscaye, mare Cantabricum, est la partie de l’océan atlantique, qui baigne la côte septentrionale de l’Espagne. La Biscaye françoise, Biscaia, ou Cantabria Gallica, c’est le pays des Basques.

La nouvelle Biscaye est une nouvelle Province dans l’Audience de Guadalajara, dans le Mexique. Voyez Arn. Oihenarti, Notitia utriusque Vasconiæ.

BISCAYEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de Biscaye, natif originaire de Biscaye. Cantaber. Catel, dans son