Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/931-940

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Fascicules du tome 1
pages 921 à 930

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 931 à 940

pages 941 à 950


dit aussi, autant de morts que de blessés, il n’y eut qu’un chapeau perdu ; pour dire, il n’y arriva pas grand mal.

BLESSÉ, ÉE. part. Vulneratus, sauciatus. Il est blessé à mort. Il est aussi adjectif.

Faut-il que nous vivions & qu’Erixane meure ?
Blessé comme je suis, la puis-je secourir !
L’aimant comme je fais, la puis-je voir mourir ?

Lem.
.

On dit qu’un homme a le cerveau blessé, pour dire, qu’il n’est pas sage. Acad. Fr.

Blessé, se dit aussi substantivement. Il faut avoir soin des malades & des blessés.

BLESSURE. s. f. Plaie, contusion, ☞ impression que fait un coup qui entame ou qui meurtrit les chairs. Vulnus, plaga. Ce brave est mort de ses blessures. Ce Capitaine prouve sa valeur par les marques des blessures qu’il a reçues. Ses blessures sont larges & profondes, mais elles ne sont pas mortelles. Il s’est chargé de blessures pour vous gagner des batailles. Vaug. Il étoit extrêmement affoibli de la blessure qu’il avoit reçue. Id.

Blessure, se dit aussi figurément ☞ des choses qui offensent l’honneur, la réputation, & de la violente impression que les passions font sur l’ame. Je suis assez embarrassé à guérir les blessures de la République. Si vous méprisez cet ouvrage, il ne va pas jusqu’à vous ; & cette langue pleine de venin ne vous a point fait de blessures. Maug. Vos corrections devoient être des blessures de charité, & non pas de haine. Nic. Si vous voyez cette femme, vos blessures ne manqueront pas se r’ouvrir. S. Evr.

Morbleu, ce sont pour moi de mortelles blessures,
De voir qu’avec le vice on garde des mesures. Mol

Une action lâche est une blessure à l’honneur. L’amour fait souvent de grandes blessures dans le cœur. J’ai montré mes blessures aux deux mers d’Italie. Main.

BLET, ETTE. adj. M & f. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier qui est trop mur, qui à est demi-pourri. Des fruits blets. Fracidus.

BLETTE. s. f. Terme de Botanique. Blitum. Plante qu’on appelle ainsi du mot grec βλίτον, qui signifie une chose vile, à cause que quelques-unes de ses espèces sont communes, & viles par conséquent. L’espèce qui nous est la plus familière, Blitum spicarum, vient sans culture, dans les coins, le long des chemins, & dans des jardins. Sa racine est blanchâtre, longue d’environ quatre à cinq pouces, épaisse à son collet de quelques lignes, & divisée en fibres chevelues. Les tiges qui en partent sont en partie couchée sur terre & en partie droites, branchues, longues d’environ un pied, cannelées, rougeâtres le plus souvent, pleines de suc, garnies de feuilles alternes, semblables à-peu-près à celles de la Pariétaire, mais moins longues ; lisses & relevées d’une nervure qui parcourt toute leur longueur, & qui donne des branches latérales, qui vont se terminer à son contour. Les tiges & branches portent des épis de fleurs assez serrés. Chaque fleur est composée de trois petites étamines, soutenues par un calice verdâtre, quelquefois lavé en dehors d’un purpurin sale, découpé profondément en trois parties, qui sont comme pliées en gouttières. Du milieu du calice & de ces trois étamines s’élève un pistil, qui devient un fruit enveloppé d’une vessie membraneuse qui servoit de calice à la fleur. Cette vessie en se crevant laissé échapper une semence menue, noire, polie, & luisante comme celle de l’amaranthe. La blette est du nombre des plantes émollientes.

Il y en a de rouge & de blanche. L’une & l’autre se divisent en grande & petite. La blette rouge grande croît facilement. Sa racine est de la grosseur du pouce, & d’un goût insipide, de même que toute la plante. Sa tige est fistuleuse, rouge par dedans & par dehors comme du sang. On en tire un suc qui est de la même couleur. Ses feuilles sont aussi rouges, plus petites que celles de la poirée, mais plus ridées. Ses fleurs sont composées de quelques filets chargés de sommets de couleur pâle. La blette blanche, grande & fort semblable à la précédente, n’en differe que par la couleur.

☞ BLETTERANS. Bletterum. Petite ville de Franche-Comté, sur le ruisseau de la Seille, à neuf lieues de Dole & de Châlon.

BLEU, BLEUE. adj. Qui est de la couleur d’azur. Cæruleus, cærulus, cyaneus. ☞ Les corps paroissent de différentes couleurs, selon qu’ils réflechissent les rayons d’une certaine espèce. Un corps paroît bleu, lorsque ses parties ont une contexture qui le rend propre à réfléchir les rayons bleus en plus grande quantité que les autres. Le bleu est la cinquième des 7 couleurs primitives. Voyez Couleur. La belle couleur bleue qui est naturelle, est faite de lapis lazuli. On se sert en peinture d’un bleu artificiel, qui est fait de sable, de sel, de nitre & de limaille de cuivre. Les Peintres emploient encore une autre couleur bleue, que l’on fait en Flandre ; mais comme elle verdit aisément, ils ne s’en servent que dans les paysages. On l’appelle cendre verte. Il y a aussi un autre bleu dont on se sert dans les grottes, c’est-à-dire, pour la fabrique du dedans des grottes, & on l’appelle bleu de forges. Le bleu des Teinturiers est une couleur qui se fait avec le pastel, qui croît dans le haut du Languedoc ; ou avec la voède, ou petit pastel qui croît en Normandie ; ou avec de l’indigo qui vient des Indes. Les nuances du bleu sont le bleu blanc, le bleu naissant, le bleu pâle, le bleu mourant, bleu mignon, bleu céleste, il tient le milieu de la nuance ; bleu reine, bleu turquin, c’est un bleu foncé : bleu de Roi, fleur de guède, bleu pers Aldego, bleu pers, [entre le vert & le bleu, c’est la couleur de certains yeux] & bleu d’enfer, ou noirâtre. Du bleu & du jaune se compose le vert. Du bleu & du rouge d’écarlate de France se fait la couleur du Roi, l’amaranthe, la couleur de pensée, le violet. Du bleu & du rouge cramoisi se compose le colombin, le pourpre, le gris de lin, & autres gris, suivant qu’ils sont plus ou moins bouillis. Les bleus pâles, ou bleus beaux sont teints de pure cuve d’Inde. Les bleus célestes ou complets doivent avoir un pied d’oseille de Lyon, puis être passés sur une cuve d’Inde. C’est une condition nécessaire à la lumière pour paroître bleue d’être discontinuée ; telle est celle de la flamme du soufre, de l’esprit de vin, du bois pourri, des vers luisans, des écailles de quelques poissons, &c. Les sucs des fleurs bleues & violettes deviennent verts par les alcalis, & prennent un beau rouge par les acides. Il paroît du bleu dans l’eau où l’on a mis tremper du bois néphrétique. Le bleu des Teinturiers ne reçoit point de changement par les acides, ni par les alcalis ; c’est pourquoi on se sert de pastel avant que de donner une autre couleur, & quand on veut donner le bon teint à quelque étoffe.

C’est le très grand éloignement qui nous fait croire que les cieux sont bleus. ☞ La couleur azurée du firmament vient, suivant Newton, de ce que les vapeurs, lorsqu’elles commencent à se condenser, & avant qu’elles soient parvenues à la grosseur suffisante pour réfléchir d’autres couleurs, sont propres à réfléchir les rayons bleus.

☞ Suivant M. de la Hire, un corps noir vû à travers un autre corps blanc, paroît bleu. Ainsi le firmament, dont l’immense étendue est absolument dépourvue de lumière, étant apperçu à travers l’air qui est éclairé par la lumière du soleil, doit paroître de couleur bleue.

Anciennement le bleu étoit le symbole de la mer. C’est pourquoi aux jeux Circenses les combattans qui représentoient la mer étoient habillés de bleu. A Rome celui qui devoit commander la cavalerie, prenoit un étendart bleu, parce que Neptune, qui est le Dieu de la mer, a produit le cheval ; & ceux qui avoient fait une belle action sur mer, étoient honorés d’une enseigne de couleur bleue.

Ce mot vient de l’allemand blew, ou blauve, ainsi qu’écrivent les bollandistes, Mart. Tom. III, p. 256. C. Signifiant la même chose. Saumaise lui donne une origine latine, & croit qu’on a dit blutum, quasi ablutum aut dilutum, parce que c’est une espèce de couleur de pourpre bien lavée : d’où vient aussi qu’on appelle ces fleurs bleues qui viennent dans les blés, blaveoli. On trouve blavius pour signifier bleu livide, dans la vie de sainte Catherine de Suède composée en 1471 ; mais c’est un mot barbare, forgé de l’allemand blauve.

En peinture on dit que le bleu est la couleur la plus fuyante, dont on peint le ciel & les lointains.

Bleu, se dit quelquefois pour livide. Quand ce malade est dans ses crises, il devient tout bleu, pour dire que les épanchemens de sang qui surviennent alors à la peau, lui donnent une couleur plombée.

☞ On appelle Cordon-bleu, le ruban que portent les Chevaliers du S. Esprit. On dit en ce sens, le Roi a donné le Cordon-bleu à M. un tel, & envoyé le Cordon-bleu à tel Prince. Vitta cærulea.

☞ On donne le même nom aux Chevaliers du S. Esprit. M. un tel est Cordon-bleu.

L’argent d’un Cordon-bleu n’est pas d’autre façon
Que celui d’un Fripier, ou d’un Aide à Maçon.

Regnier
.

On le dit figurément d’un homme considérable dans son corps, c’est un Cordon-bleu. Mais cela n’est bon que dans le style familier.

On dit, donner le bleu à une toile, pour signifier, la faire passer dans une eau où l’on a fait dissoudre un peu d’amidon avec de l’émail, ou azur de Hollande.

Bleus & Rouges. s. m. pl. On se sert de ces mots pour désigner la maison du Roi. LesBleux ont bien fait dans cette occasion, les Rouges rien qui vaille.

On dit, mettre une carpe au bleu ; pour dire, l’accommoder à une certaine sauce, à une sorte de court-bouillon, qui lui donne une couleur approchante du bleu.

Bleu, est aussi un terme de guerre. On appelle un parti bleu, une troupe de soldats qui vont butiner sans commandement, ni permission. Grassatorum, ou prædatorum militum manus. Aller en parti bleu. Les passeports ne servent de rien contre les partis bleus.

Officier bleu, en termes de Marine, est un Officier qu’un Capitaine de vaisseau crée dans son bord, pour y servir, faute d’Officier Major.

On dit proverbialement, faire des coups bleus ; pour dire, faire des efforts inutiles, des tentatives qui ne réussissent point.

Bleu. s. m. On appelle ainsi les pauvres de l’Hôpital de la Trinité à Paris. Tous les bleus étoient à cet enterrement.

BLEUÂTRE. adj. m. & f. Qui approche du bleu, qui tire sur le bleu. Subcœruleus.

BLEUE, ou QUASI-BLEUE. s. f. Terme de Fleuriste. C’est une anémone à peluche, dont la fleur en son entrée approche du bleu, ensuite elle s’éclaircit, & enfin elle devint gris-de-lin.

BLEUES. Filles bleues. Ce sont des filles de l’Annonciade, que l’on nomme ainsi. Voyez Annonciade.

BLEUET. Voyez Bluet.

BLEUÏR. v. a. Terme de Chimiste & d’Artisan. Faire devenir bleu. Quand on veut bleuïr du fer, il faut lui donner un certain degré de feu. Bleuïr’ de l’acier pour y appliquer l’or ou l’argent.

☞ BLEUÏSSOIR. Voyez Revenoir.

☞ BLEYME. Voyez Bleime.

BLI.

BLIAUX. s. m. Sorte de juste-au-corps ancien.

Ses mantiaux fu & ses bliaux
D’une porpre d’or estelée.

BLIDOU. s. m. Nom d’homme. Blidulphus. Le Prêtre Blidou, Moine de S. Colomban, étant à Pavie où il avoit été envoyé par S. Attale, y reprocha au Roi des Lombards Ariovald, Arien, son hérésie. Chalt.

Ce mot s’est formé du latin. Les Italiens le nomment Bidolfo, les Allemands Plidorf. Il y a des manuscrits où il est nommé Baldulfus. & pour cela Théophile Raynaud avertit de ne le pas confondre avec S. Badou, Abbé d’Ainay à Lyon. Maynard le nomme Bladulfus ; peut-être pour avoir mal lû son nom, ou pour avoir eu quelque manuscrit fautif. Jonas de Bobio, contemporain de ce Saint, met Blidulfus. C’est au chap. XIIIe des Merveilles de Farmoutier, qu’il parle de ce Saint. Id.

BLIDRAN. s. m. Nom d’homme. Blidrannius. L’Eglise de Vienne fait mémoire de S. Blidran le 22e Janvier. Du Saussay l’a mal nommé Blidien.

BLIER. s. m. Nom d’homme. Blitharius. C’est de ce nom latin que le françois s’est fait. S. Blier étoit un Prêtre Irlandois qui se retira à Broies en Champagne, proche de Troies, & y mena une vie solitaire.

BLIMOND. s. m. Nom d’homme. Blitmundus. S. Blimond avoit été moine à Bobio, en Italie, sous S. Attale. Hugues Ménard, Liv. I de ses Observ. & D. Mabillon, Siècle II, le font natif de Dauphiné, sur ce que l’Auteur de la vie de S. Valery, parlant de lui, dit erga Isaræ alveum, (Ménard dit Isaram) oriundus : mais on ne peut douter que cet Auteur, qui écrivoit en Picardie, n’entendit parler là de la rivière d’Oise, & non de celle d’Isère, qu’il ne connoissoit peut-être point du tout ; & qu’en tout cas, si elle eût été la véritable partie de S. Blimond, il l’auroit désigné d’une manière moins simple, crainte que dans le Vimeu on ne la prît pour la rivière d’Oise. Chast.

BLIN. s. m. Terme de Marine. Pièce de bois, carrée, où il y a plusieurs barres clouées de travers à angles droits : elle sert à pousser des coins de bois sur la quille du vaisseau, lorsqu’on le veut mettre à l’eau. Il y a aussi des blins avec des cordes au lieu de barres, pour enfoncer des coins sous le vaisseau, en élançant les blins de loin, ce qu’on ne pourroit faire avec les barres.

☞ Chez les ouvriers en soie on appelle blin, cette partie de l’ourdissoir qui sert à arranger les soies que l’on ourdit.

La Blin. Terme de Fleuriste. Nom d’une tulipe qui est d’un beau violet séparé d’un blanc naissant par un peu de rouge.

BLINDAGE. s. m. Terme de fortification. L’action de blinder, ce qui concerne les blindes, faire un blindage. M. de Feuquières emploie souvent ce mot.

BLINDER. v. a. C’est, en termes de fortification, se couvrir de blindes. Blinder une tranchée. Guillet. C’est la couvrir de blindes.

BLINDES. s. f. Terme de guerre. Défense faite de bois, ou de branches entrelassées, qu’on enferme entre deux rangs de pieux debout, ou de claies. Les pieux sont de la hauteur d’un homme, & distans de quatre ou cinq pieds. On s’en sert particulièrement à la tête des tranchées, quand on les pousse de front vers les glacis, ou lorsqu’elles sont enfilées, pour mettre à couvert les travailleurs, ou pour soutenir les fascines d’une tranchée.

Blindes, est un nom flamand, qui signifie chandelier. D’autres disent qu’il vient de l’allemand, ou hollandois, blind, qui signifie aveugle ; d’autres de l’Anglois blif, qui est une espèce de machine de guerre qu’on appelle dans la basse latinité blida.

BLO.

BLOC. s. m. Pièce de marbre ou de pierre, telle qu’on la tire de la carrière, & qui n’a encore aucune forme de la main de l’ouvrier. Massa. Il y a tant de blocs de marbre dans ce bateau.

Bloc d’échantillon, c’est le bloc taillé à la carrière de la longueur, épaisseur & largeur commandées.

Bloc, se prend aussi collectivement pour plusieurs pièces ou marchandises qui sont considérées toutes ensemble. Faisons un bloc de toutes ces marchandises. Il a acheté toute cette boutique en bloc, pour dire, en gros. Acervatim, simul.

Quelques-une disent que ce mot vient du latin globus. D’autres le dérivent de volutum, ou involutum, parce qu’on achete souvent des marchandises emballées ou enveloppées, ce qu’on dit, acheter en tâche & en bloc. Mais il y a plus d’apparence qu’il vient de block mot celtique, ou bas-breton, qui signifie tout.

On dit aussi, faire un marché en bloc & en tâche, particulièrement en parlant de bâtimens ; pour dire, fournir, moyennant certain prix, tous les matériaux & les peines des ouvriers, sans compter en détail ces fournitures, ni les journées des ouvriers qui pourront travailler à leur tâche. On le dit aussi par extension des marchés où il n’entre point de tâche ou de journées. Quelques-uns disent en bloc & en tas.

Bloc de plomb. C’est parmi les Graveurs de cachets, ou d’autres semblables petits ouvrages, une sorte de billot tout rond, de cinq à six pouces de diamètre, & de trois pouces de haut, sur lequel on pose l’ouvrage.

☞ Les Argenteurs se servent aussi d’un cercle ou boulet de canon, chargé de ciment, sur lequel ils montent une petite pièce pour la brunir plus à l’aise.

Bloc, en termes de Marine, se dit des gros billots de bois d’orme carrés & percés en mortoises, comme ceux qui embrassent les tenons des mâts, le bâton du pavillon qu’on appelle chouquets, ou tête de more ; ou ceux qui enferment des poulies pour élever les vergues, qu’on appelle bloc d’issas, ou sep de drisse.

Bloc, en termes de Fauconnerie, se dit de la perche sur laquelle on met l’oiseau de proie. Le bloc doit être garni de drap.

Bloc. Terme de sucrerie. On appelle aussi aux Îles françoises de l’Amérique, un morceau ou tronc de bois de 24 pouces de diamètre, soutenu sur trois ou quatre pieds aussi de bois, haut, les pieds compris, de trois pieds. C’est sur ce bloc que les raffineurs cerclent ou cappent leurs formes.

Bloc. On appelle aussi de ce nom une pierre attachée à une planche, ou plutôt un morceau de bois fait exprès pour tomber sur les rats, lorsqu’ils viennent manger le lard. Cette machine est plus connue sous le nom d’assommoir.

BLOCAGE, ou BLOCAILLE. s. m. Menu moellon, ou petites pierres qui servent à remplir & à garnir les vides qui sont dans les murs entre de plus grosses pierres, ou les paremens. Cæmentum, cæmentum lapideum, saxeum.

Blocage, en termes d’Imprimerie, se dit d’une lettre mise à la place d’une autre. Acad. Fr.

BLOCAL. s. m. Vieux mot. Barricade. On a dit aussi bloquil. Ces mots ont fait blocus & bloquer.

BLOCHET. s. m. Terme de Charpenterie. C’est une pièce de bois posées sur les sablières des croupes, qui porte & entretient les chevrons des couvertures. On appelle blochet d’arêtier, celui qui étant posé à l’encoignure d’une croupe, reçoit le tenon du pied de l’arêtier dans sa mortoise. On doit établir & traîner les blochets ; pour dire, établir les entraits dessus. Il y a des blochets mordans & à queue d’aronde.

Blochet, est aussi une pièce de bois qui se met sous la panne au-dessus du gousset, qui tient à tenon & à mortoise.

☞ BLOCKZYL, ou BLOCIL. (prononcez Blocseil) petite ville & forteresse des Pays-Bas, dans l’Overiffel, vers les confins de la Frise.

☞ BLOCUS. s. m. Terme de l’art militaire. Campement d’une armée, ou d’un corps de troupes sur tous les passages & avenues d’une ville qu’on veut prendre par famine, pour empêcher qu’il n’y puisse entrer aucun secours ni d’hommes ni de vivres. Omnium ad urbem adituum interclusio. Faire le blocus d’une place. Au commencement de l’hiver, on convertit le siége en blocus. Voyez au mot Siège les différences relatives de ces deux mots.

Ce mot vient de l’allemand blochus, qui signifie un boulevart, ou maison de bois. Ménage.

BLOIS. Blese, Blesense Castrum. Ville de France, capitale du Blaisois, avec le titre de Comté. Elle est sur le bord septentrional de la Loire. Blois étoit du Diocèse de Chartres ; mais le Pape Innocent XII l’érigea en Evêché l’an 1694, à la sollicitation de Louis le Grand. Blois a été nomme la ville des Rois, parce que comme l’air en est fort pur, on l’a souvent choisie pour y élever les enfans de France. On dit les Etats de Blois, l’Ordonnance de Blois. Les Etats ont été assemblés deux fois à Blois par Henri III, en 1577, & en 1588. Jean Bernier imprima en 1682, à Paris, une Histoire de Blois in-quarto. Voyez encore Blaisois.

BLOIS. De BLOIS. Nom d’homme. Blosius. Louis de Blois, qu’on appelle plus communément Blosius, Abbé de Lessies, tiroit son irigine des anciens Comtes de Blois du côté de son pere, & des Seigneurs de Barbançon du côté de sa mere. Nous avons de Blosius d’excellens traités de dévotion.

BLOND, ONDE. Adj. & s. ☞ Qui est d’une couleur moyenne entre le doré & le chatain clair. Il se dit particulièrement de la couleur des cheveux & des poils. Flavus. Il a la barbe noire & les cheveux blonds. Les beautés blondes durent moins que les beautés brunes : elles sont moins vives & moins animées.

Vous êtes-vous rendue avec tout le monde,
Au mérite éclatant de sa perruque blonde ? Mol.

Blond, est aussi substantif, & signifie la couleur blonde. Flavus color. On dit en ce sens, blond cendré, ou mêlé de gris, blond doré, blond de filasse, blond fade. On appelle blond ardent, le blond qui tire un peu sur le roux. Rufulus.

☞ On le dit aussi substantivement des personnes. Un beau blond, une belle blonde.

On dit figurément & poëtiquement, la blonde Cérès, à cause de ses épis jaunissans ; & le blond Phœbus, à cause qu’on le dépeint avec une chevelure blonde. Flavicomus.

Du Cange dérive ce mot du saxon blond, qui signifie mêlé, ou de blondel, qui signifie teint coloré par art, d’où on a dit dans la basse latinité blundus, ou blondus.

On dit par extension, du lin bien blond, un tôt blond, une sauce blonde.

On dit proverbialement, qu’un homme est délicat & blond, quand il fait trop le beau, ou le difficile : qu’il est blond comme un bassin ; pour dire, que ses cheveux sont extrêmement blonds. On dit aussi ironiquement, un blond d’Egypte, en parlant d’un homme fort noir.

BLONDE. s. f. Espèce de dentelle de soie. Coiffure de blonde. Elle est travaillée comme la dentelle.

BLONDEL. (François) Membre de l’Académie des Sciences. Nous avons de lui des notes sur l’Architecture de Savot, un cours d’Architecture en trois volumes, un cours de Mathématiques, l’art de jeter des bombes, la nouvelle manière de fortifier les places, l’Histoire du Calendrier Romain, &c. Il mourut à Paris le 22 Janvier 1686.

☞ BLONDIER. s. m. Ouvrier qui fait ou vend des blondes.

BLONDIN, INE. s. Qui a les cheveux blonds, & figurément les gens qui font les beaux. Les coquettes aiment fort les blondins ; ce sont de vrais séducteurs de femmes. Mol

De tous ces beaux blondins écouter les sornettes,
Est un péché mortel des plus gros que vous faites.

Mol.

BLONDIR. v. n. Devenir blond. Flavescere. Avec le temps les cheveux brunissent plutôt que de blondir.

On le dit figurément & poëtiquement des épis, quand ils deviennent jaunes vers le temps de la moisson. Les épis commencent à blondir.

BLONDISSANT, ANTE, part. Qui blondit. Flavescens. Il n’a guère d’usage qu’en style poëtique. Les épis blondissans.

☞ BLONICS, Blonicum, petite ville de la Grande Pologne, à sept ou huit lieues de Warsovie.

BLOQUER. v. a. Terme de l’art militaire, dont l’usage est restreint à cette phrase, bloquer une place, une ville, une citadelle, en former le blocus, en occuper les avenues avec des troupes, pour empêcher qu’il n’y puisse entrer aucun secours d’hommes ni de vivres. Angere urbem copiis. Voyez Blocus & Siége.

Ce mot vient du vieux mot blocal, ou bloquèl, c’est-à-dire, barricade. Borel. Quelques-uns le dérivent du latin buculare, d’où on a fait aussi boucler, qui signifie aussi fermer le passage. Icquez de belocan, ancien mot allemand, formé de be, & de loc, qui veut dire ferrure, clôture.

Bloquer, en termes de Maçonnerie, c’est élever des murs de moillon d’une grande épaisseur, le long des tranchées, sans les aligner au cordeau, comme on fait les murs de pierres sèches. C’est aussi remplir de moillon & de mortier, sans ordre, les vides qui se trouvent entre les pierres, comme on fait pour les ouvrages fondés dans l’eau.

Bloquer, en termes de Marine, c’est mettre de la bourre sur du goudron entre deux bordages.

Bloquer, en termes d’Imprimerie, c’est mettre à dessein dans la forme, en la composant, une lettre renversée pour tenir la place d’une autre qui manque.

Bloquer, en termes de Fauconnerie, se dit lorsque l’oiseau a remis la perdrix, & qu’il la tient à son avantage, gagnant le haut ou quelque arbre prochain ; & il ne faut pas dire en ce cas qu’il l’arrête. On dit aussi, que l’oiseau se bloque ; pour dire, qu’il pend en l’air, & s’y soutient sans battre de l’aile ; ce qui s’appelle planer.

Bloquer, Terme de Billard. C’est pousser de force une bille dans la blouse. Globulum magna vi in cavum detrudere. J’ai bloqué cette bille.

On dit neutralement qu’une blouse bloque, pour dire, qu’une bille poussée de force y est facilement retenue. Cette blouse bloque ; celle-ci ne bloque pas. Globulum recipere, admittere.

BLOQUÉ, ÉE. part.

BLOSIUS. Voyez Blois. On dit cependant toujours Blosius dans l’usage. Le Miroir des Religieux de Blosius.

BLOT. Terme de Fauconnerie. s. m. est le petit chevalet de bois où se repose l’oiseau.

Blot. Terme de Marine. C’est un instrument dont on se sert dans la navigation, pour estimer le chemin du vaisseau. Le blot est une pièce de bois, longue d’un demi pied, large de deux pouces, & coupée par les bouts en forme de nacelle. On y met du plomb pour jetter le blot, & faire qu’il se tienne plus immobile sur la mer. On le jette derrière la poupe attaché à une corde, & à mesure que le vaisseau avance, on file cette corde, & l’on voit combien il en faut filer de toises pendant un certain nombre de minutes ou de secondes. C’est là la mesure de la vîtesse avec laquelle le vaisseau s’éloigne du blot & du chemin qu’il fait. Cinquante toises en une minute donnent pour une heure 3000 toises ou une lieue.

BLOTTIR. (se) v. récip. S’accroupir, se mettre, se ramasser tout en un tas. In breve, in angustias cogere se. Il s’est blotti dans un coin. Il est tout blotti dans son lit.

☞ BLOTTI, IE. part. On le dit proverbialement du gibier, des perdrix, des lièvres. Voilà l’endroit où cette perdrix s’est blottie. Le lièvre s’est blotti dans ce blé.

☞ BLOUSE. s. f. Trou d’un billard fait pour recevoir les billes qu’on y pousse. Fundula, cavum. Il y a six blouses dans un billard, une à chaque coin, & une au milieu de chaque grande bande. Faire une bille à la blouse du coin, à la blouse du milieu, c’est y mettre la bille. On dit de même au coin & au milieu, ces blouses sont attirantes.

Ce mot, en vieux françois, signifie des terres grasses à blé, qui sont molles & marécageuses, qui ont tiré leur nom du blé qu’on y semoit.

On dit aussi proverbialement, qu’on a mis quelqu’un dans la blouse, quand on l’a mis en prison.

BLOUSER. v. a. Pousser une bille dans la blouse. In fundulam trudere. On dit en saxon blosan, qui signifie périr, être submergé, & c’est de ce mot que le P. Thomassin dérive notre verbe blouser.

On dit aussi blouser quelqu’un, mettre dans la blouse la bille de celui contre qui on joue, & se blouser soi-même, y mettre sa propre bille.

Blouser, avec le pronom personnel, signifie figurément, se tromper, se méprendre, prendre mal ses mesures dans ses affaires, ou dans ses marchés ; se tromper en parlant, en discourant. Falli, decipi, allucinari. Mais ce terme n’est que du style familier : voilà mon homme qui se blouse. Il s’est blousé là.

BLOUSÉ, ÉE. part.

BLOUSE. s. f. C’est ainsi qu’on nomme en quelques Manufactures, la laine courte qui ne peut se tenir en rang : elle n’est pas perdue, elle va à la carde.

BLU.

BLUET, ou BLEUET, ou BLAVET. Barbeau, s. m. Terme de Botanique. Cyanus, Cyanus segetum. Noms qu’on a donnés à une plante qui est très-commune dans les blés. La couleur de ses fleurs lui a fait attribuer le nom de Bluet & de Cyanus, comme qui diroit bleuâtre, bleu du ciel. Sa racine est fibreuse, ligneuse & annuelle : elle jette de son collet, qui est épais de quelques lignes, plusieurs feuilles blanches semblables en quelque façon par leurs découpures aux feuilles de corne de cerf. Les tiges qui partent d’entre ces feuilles, sont branchues, anguleuses, blanchâtres, & garnies de quelques feuilles alternes, plus petites & moins découpées que les intérieures. Chaque branche est terminée par une tête écailleuse, grosse comme une petite noisette, & qui est couronnée de quelques fleurons qui débordent & qui sont plus grands que ceux du centre. Les fleurons du centre sont encore distingués de ceux de la circonférence par leur couleur, & ils sont bleus lorsque les autres sont pourpres, & blancs lorsque les autres sont purpurins. Comme ces variétés de couleur plaisent à la vue, on seme aussi les bluets dans les grands jardins, & ils y viennent de plusieurs couleurs : quelquefois même il s’en trouve de doubles. Sa semence est oblongue, pâle, blanchâtre, & chargée d’une aigrette. Le bluet est fort recommandé pour les maladies des yeux : cette propriété lui a fait prendre le nom de casselunette : on s’en sert aussi pour les érysipèles & pour les rougeurs du visage.

Il y a encore une autre espèce de Cyanus qui vient dans les montagnes du côté de Genève : cette espèce est nommée Cyanus vel verbasculum Cyaonides, en françois l’Aubesoin. Elle diffère de la précédente par toutes ses parties : sa racine est vivace, trace beaucoup, & donne plusieurs rejetons. Ses feuilles sont longues, entières, blanches, étoffées : sa tige n’est guère branchue, & ne s’élève qu’à un pied de terre : elle est garnie de feuilles oblongues, & elle est terminée par une tête écailleuse aussi grosse qu’une petite noix. On range parmi les Cyanus ces plantes qu’on cultive dans les jardins, & qu’on nomme Ambrettes à cause de leur odeur. Voyez Ambrette.

BLUETTE. s. f. Petite étincelle. Scintilla. Il ne faut qu’une bluette de feu pour causer un grand incendie. Ménage dérive ce mot de balucetta, diminutif de balux, qui se prend pour ces petits grains luisans qui paroissent dans le sable. M. Huet le dérive de bleu, parce que les étincelles qui sortent des fournaises & du fer rouge quand on le bat, sont ordinairement bleues.

☞ En parlant d’un ouvrage, on dit figurément qu’il y a quelques bluettes d’esprit ; pour dire, qu’on y remarque quelques petits traits d’esprit.

Si toutefois ne sont-ce ces bluettes
Qui vous ont mis en l’estime où vous êtes. R.

Bluette du Rhin. Espèce de laine qui vient d’Allemagne.

BLUTEAU, ou BLUTOIR, s. m. Instrument servant à séparer le son de la farine. Pollinarium cribrum. Il est fait en manière de grand sas, ou tamis long & cylindrique composé de plusieurs cercles qui soutiennent une pièce de toile de soie, ou autre étoffe fine, par où la farine passe, quand on le tourne avec une manivelle.

C’est aussi parmi les Corroyeurs un paquet de laine, fait de quelques vieux bas d’estaine, dont on se sert pour essuyer les cuirs, tant de chair, que de fleur, quand on les a chargés de bière aigre.

Du Cange dérive de mot de bultellus’, qu’on a dit en même sens dans la basse latinité.

BLUTER. v. a. Séparer la farine d’avec le son, en la passant par le bluteau. Farinam incernere, succernere.

Ménage dérive ce mot du latin volutare, & de volutorium’, blutoir ; mais plusieurs croient qu’il vient de l’allemand beuteln, signifiant la même chose.

BLUTÉ, ÉE. part. Cribratus, incretus, succretus.

BLUTERIE. s. f. Terme de Boulanger. C’est l’endroit de la maison où le Boulanger tient son bluteau pour bluter la farine. J’ai une bluterie fort commode.

BLUTOIR. Voyez Bluteau.

BOA.

BOA, est un serpent aquatique d’une prodigieuse grosseur, qui suit les troupeaux de bœufs, dont il aime beaucoup la chair ; d’où lui vient son nom. Jonston. Il suce, dit-on, les mamelles des vaches, tant il aime le lait. Duncan dit même qu’il ne sauroit vivre d’autre chose. On en trouve quelquefois dans la Calabre. On en tua un sous le règne de l’Empereur Claude, dans lequel on trouva un enfant entier. Quelques Auteurs disent qu’il peut avaler un bœuf ; exagération d’Historien. Voyez Ludolf, Hist. Ath. T. II, p. 166.

BOAGE. s. m. Pretium locationis boum. C’est, en Bresse, le prix dû pour le louage des bœufs. Ragueau.

BOB.

BOBA. s. f. Grimace qui se fait en avançant les lèvres pour se moquer de quelqu’un, de λώϐη, injure, moquerie. Chorier. Ce mot est de Dauphiné ; ailleurs on dit, moue, faire la moue. Labiorum projectio, porrectio.

BOBAN. s. m. Vieux mot. Somptuosité, vanités du monde, selon ces deux vers de l’épitaphe d’Armoise de Lautrec, qui se trouve dans le livre de Borel, des Antiquités de Castres.

Veuillant li Paradis acquerre,
A tos babans fit aspre querre.

On a dit aussu bobancier, pour vain. Ces mots ont fait bobander, qui a été dit pour piaffer.

BOBAQUE. s. m. Animal qui se trouve autour du fleuve Niéper, & qui ressemble un peu au lapin. Le bobaque a quatre dents, deux en haut & deux en bas ; & son poil est de la couleur de celui du blaireau. Le bobaque se terre comme le lapin, & au mois d’Octobre il se retire dans un trou, & n’en sort qu’à la fin d’Avril ; alors il court la campagne, & cherche à faire ses provisions pour l’hiver. Les bobaques sont tous hermaphrodites. Ils sont faciles à apprivoiser. Ils sont jolis dans la maison, & ne sont pas moins amusans qu’un singe. Ils sont si fins, que quand ils sortent pour paître, il y en a un qui fait sentinelle, & qui sifle pour avertir les autres de ce qu’il découvre.

BOBÈCHE. s. f. Partie supérieure d’un flambeau, ou d’un chandelier, qui est creuse, où l’on met la chandelle, ou la bougie.

Bobèche, se dit aussi d’une petite machine d’argent, de fer blanc, ou de cuivre, &c. qu’on met dans les flambeaux, quand la chandelle est trop menue, afin qu’elle ne chancelle pas dans l’embouchure du flambeau ; ou pour empêcher que la chandelle ou la bougie ne le gâte.

BOBELIN. s. m. Ancienne chaussure dont se servoit le commun du peuple. Les Savetiers de Paris, qui ont conservé parmi leurs titres la qualité de Bobelineurs, avoient, exclusivement aux Cordonniers, la permission de faire des bobelins.

BOBELINEURS. s. m. pl. Faiseurs de bobelins. Ce sont ceux que l’on appelle présentement Savetiers. Voyez Bobelin.

☞ BOBENHAUSEN. Bobenhosium. Petite ville & château d’Allemagne, en Vétéravie, sur la petite rivière de Gersbrentz.

☞ BOBER. Rivière de Silésie, qui a sa source dans les montagnes qui séparent la Bohème de la Silésie, & se perd dans l’Oder, en entrant dans la principauté de Grossen. Son nom latin est Hebrus, selon Blaeu.

☞ BOBERSBERG. Lieu de Silésie, dans la principauté de Crossen, non sur la rivière de Bober, comme le disent les Vocabulistes, mais sur une montagne, à l’orient de laquelle coule de Bober : d’où lui vient son nom. Bleau en fait une petite ville.

BOBINE. s. f. Petit morceau de bois tourné en rond, cylindrique, avec des rebords à chaque bout, long d’un demi-pied tout au plus, percé & mobile sur une verge, qui sert à filer au rouet, ou à dévider du fil, de la laine, de la soie, de l’or, &c. Fusus.

Ce mot vient de bombina, qu’on a fait de bombix. Ménage après Saumaise. Etienne Guichard le tire de l’hébreu סבב sabab, en retranchant la première syllabe sa. Sabab en hébreu signifie entourer, circuire, circumdare, vallare, gyrare. Il dérive de βόμϐιξ, & bombix, du même mot.

BOBINER. v. a. Dévider du fil, de la laine, de la soie, de l’or sur la bobine. Torquere fusum. C’est particulièrement un terme de Tireurs d’or.

BOBINEUSES. s. f. pl. Nom que l’on donne dans les manufacture, particulièrement dans celles de lainages, à certaines femmes, dont l’emploi ordinaire est de dévider sur des bobines ou rochets, le fil destiné pour ourdir les chaînes des étoffes.

☞ BOBINIÈRE. s. f. Partie supérieure du moulin ou rouet à filet l’or, ainsi appelé de sa fonction.

☞ BOBO. s. m. Terme enfantin, qui signifie, mal léger. Dolor, vulnus. On s’en est servi agréablement dans une chanson. L’amour est un grand bobo.

BOBONE. s. f. Voyez Bubone.

☞ BOBURES. (les) Boburii. Peuple sauvage de l’Amérique méridionale, dans la province de Vénézuale, près de la ville de Mérida.

BOC.

☞ BOCA, ou BOCALBALBER. Boca, Bocalbeca, & Helia politanus tractus. Contrée de la Turquie, en Asie, dans la Syrie, entre les montagnes du Liban & de l’Antiliban.

BOCAGE. s. m. Petit bois, ou bosquet, ou buisson. Sylvula, nemus. Il se dit des petits bois touffus & agréables pour la promenade.

Que deviendrai-je, hélas ! Au fond de nos bocages,
Moi qui n’ai pour tout avantage,
Qu’une musette & mon amour ? Fonten.

Ce mot vient de bosco.

Bocage. s. m. Nom que l’on donne en général à toutes les espèces de linges ouvrés qui se font en Basse-Normandie, particulièrement aux environs de Caen.

C’est aussi le nom d’un petit pays de Basse-Normandie, dans le Diocèse de Lisieux. Nemorensis tractus. Quoique M. Corneille le fasse singulier, ne seroit-il point mieux de la faire plusieur ? Car on dit Villers aux bocages, & non pas au bocage. Apparemment que ce pays étoit autrefois plein de bocages.

☞ On appelle généralement pays de bocage, dit M. Duhamel, celui qui est coupé de hayes, de Bouqueraux, & même de Landes.

BOCAGER, ÈRE. adj. Qui se plaît dans les bocages, ou qui y demeure. Silvicola, silvicultrix. Il ne se dit que dans les fictions poëtiques, des Nymphes bocagères. Il vieillit.

BOCA. s. m. Vaisseau où l’on met de la boisson ; espèce de grosse bouteille ronde qui a le cou étroit, qui est ordinairement de verre. Lagena vitrea. Un bocal de vin.

Ce mot, selon Scaliger, vient de baucalis latin, qui vient de l’arabe baucal, qui signifie une espèce de vase sans anse. On appeloit aussi en vieux françois baucale, un vaisseau à rafraîchir. Selon Saumaise, il vient de bauca, qui se trouve dans la même signification. On trouve aussi bocularis, vulgò bocar, dit le P. Marbillon, Acta SS. Beg. Sæo. IV, P. I, p. 116. Peut-être qu’en quelques endroits on dit bocar, au lieu de bocal, par un changement ordinaire de la lettre l en r.

☞ Ce terme paroît emprunté de la langue italienne. On dit au pluriel bocals, & non pas bocaux.

On appelle aussi bocal, une grosse bouteille ronde de crystal, que l’on remplit d’eau. Les Joailliers & autres Artistes qui travaillent à des ouvrages délicats, se servent du bocal pour travailler la nuit, en plaçant derrière un flambeau ou une lampe allumée ; ce qui rend la lumière plus forte & plus vive, en la rassemblant sur leur ouvrage.

☞ BOCAMBRE. s. m. Voyez Bocard.

BOCANE. s. f. Sorte de danse grave & figurée. Elle fut appelée Bocane, parce qu’elle avoit été inventée par Bocan, & elle fut long-temps dansée, parce que Bocan étoit Maître de danse de la Reine Anne d’Autriche. Ce fut en 1645, qu’on commença à danser la Bocane. Elle n’est plus en usage.

☞ BOCAR. Voyez Bokharah.

☞ BOCARD. s. m. Machine, moulin à pilon, qui sert à écraser la mine avant que de la fondre. Acad. Fr.

☞ BOCARDER. v. a. Passer la mine au bocard. Bocarder une mine.

☞ BOCARDÉ, ÉE. part.

BOCARDO. Terme de Logique. C’est le cinquième mode d’argument de la troisième figure, dans lequel la première proposition est particulière & négative, la seconde est universelle & affirmative, & le moyen terme est sujet dans les deux premières propositions. Argument en Bocardo.

Quelque animal n’est pas homme,
Tout animal a un principe de sentiment,
Donc quelque chose qui a un principe de sentiment
n’est pas homme.

BOCE. vieux s. m. Bouche.

☞ BOCHAR. Voyez Bokharah.

BOCHERON. Voyez Bucheron.

☞ BOCHERVILLE, bourg de France, en Normandie, au pays de Caux, sur la Seine. Il est considérable par une Abbaye de Benedictins, Congrégation de S. Maur.

BOCHET. s. m. Terme de Pharmacie. C’est la seconde décoction des bois sudorifiques, tels que sont le gayac, le sassafras, la salsepareille & autres. Bochetum. Elle sert de boisson ordinaire dans les maladies vénériennes, les rhumatismes, la sciatique, les écrouelles, & dans celles où il s’agit d’augmenter la transpiration. Col de Villars.

Bochet. Lieu du Bourbonnois, en France. Des Lettres de Jean, Comte de Clermont, fils du Duc de Bourbonnois & d’Auvergne, datées de Bochet, en Bourbonnois le 22 Janvier 1455, font foi que Messire Jean de Harlay étoit Chevalier, avant que d’être pourvû de l’Office de Chevalier du Guet. Le P. Héliot les rapporte, Tom. VIII, p. 313.

BOCHETTE. s. f. C’est un mot que le Cardinal Mazarin a apporté en France, & qui signifie ce jeu de boule qu’on appelle le Maître. Mén.

☞ BOCKENBOURG, BUCKEBURG, ou BUCKENBOURG. Petite ville d’Allemagne, en Westphalie, à un mille de Minden.

☞ BOCKOLT, ou BOCHOLT. Petite ville d’Allemagne, en Westphalie, diocèse de Munster, sur l’Ace.

BOCQUET. s. m. Voyez Rocquet.

BOD.

☞ BOD. s. m. Idole des Indes, à laquelle les peuples s’adressoient pour avoir des enfans. Lorsqu’une femme qui avoit fait un vœu à cette Idole, accouchoit d’une fille, elle devoit la présenter au Bod, & la lui laisser jusqu’à ce que, devenue nubile, elle prenoit place dans la place publique, avec les autres femmes vouées, étendoit un voile devant la porte, & se prostituoit au premier venu, obligée en conscience de mettre ses faveurs au plus haut prix qu’elle pouvoit, & de remettre entre les mains du prêtre de l’Idole, tout ce qu’elle amassoit, pour être employé au bâtiment & à l’entretien du temple. Renaudot, Relat. Des Indes, cité par Mor.

BODE. Rivière d’Allemagne, qui vient du Hartz, & qui tombe dans l’Elbe.

☞ BODENHAUSEN. Baudenhausium. Petite ville d’Allemagne, Cercle du haut Rhin, dans la Hesse, sur la rivière de Werra.

☞ BODENWERDER. Petite ville d’Allemagne, dans la Basse-Saxe, au Duché de Brunswik, sur le Weser. Bodenverda.

BODENZÉE. Lac le plus grand de tous ceux de la Suisse, appelé autrement Lac de Constance. Lacus Bodanicus. Pline & Solin l’appellent Brigantinus, Acronius ; mais Cluvier montre qu’il est différent du Lacus Acronius.

BODINE. s. f. On nomme ainsi en quelques endroits, la quille d’un vaisseau, principalement sur les côtes de Normandie.

BODINERIE. s. f. Espèce de contrat qui est en usage sur les côtes de Normandie. C’est une sorte de prêt à la grosse aventure, qui est assigné sur la quille ou bodine du vaisseau, & où l’on hypothèque non seulement le corps du vaisseau, mais encore les marchandises qui y sont chargées. Il n’est rien dû que le vaisseau n’arrive à bon port.

BODINURE. s. f. Terme de Marine. Funiculus. Les bodinures sont de petites cordelettes tortillées autour de l’arganeau.

☞ BODMAN. Petite ville, autrefois épiscopale, dans la partie occidentale du Comté de Cornouailles, en Angleterre, à quinze milles de Plimouth.

BODOGHÈVE. Contrée de Germanie, située sur le Bode. C’est de-là qu’étoit l’un de ceux qui rédigerent la Loi Salique, & qui est désigné par le nom de Bodogast, c’est-à-dire, homme du Bodoghève. Eccard, dans ses Notes sur la Loi Salique.

BODON. s. m. Vieux mot. Bouton.

BODRUCHE. s. f. Parchemin fort délié, qui se fait de la première peau qu’on lève sur les boyaux d’un bœuf. Membrana tenuis, subtilis. La bodruche sert à faire plusieurs ouvrages délicats. La bodruche est transparente, & pourroit même servir à faire des châssis. Elle sert principalement à battre l’or qu’on réduit en feuille.

BOE.

BOE. s. m. Vieux mot, pour boue. Poës de Jean Du Pin.

BOËDROMIES. s. f. Terme de Mythologie. Fêtes qui se célébroient à Athènes. Harpocration dit qu’on célébroit les Boëdromies en mémoire du secours qu’on donna aux Athéniens contre Eumolpe ; & il ajoute que c’est aussi de-là que vient ce nom ; que βοηδρομεῖν est la même chose que βοηθεῖν, secourir, & qui signifie, courir au combat. En effet, il est composé de βοὴ, cri, & de δρομῶ, je cours, & signifie mot à mot, courir en criant, comme l’on faisoit, en allant au combat. Plutarque, dans la vie de Thésée, prétend que cette fête fut instituée au sujet de la guerre contre les Amazones, & que son nom lui vint de ce que ce Général les vainquit au mois de Juin, appelé par les Athéniens Boëdromion.

BOËDROMION. s. m. Mois plein, c’est-à-dire, de trente jours : c’étoit le troisième de l’année Athénienne. Il fut ainsi appelé d’une fête nommée Boëdromies. Il concouroit avec la fin de notre mois d’Août & le commencement de Septembre.

BOËL. s. m. Vieux mot. Boyau. On a dit aussi Boële, pour dire, tous les intestins, du mot Voyez, selon Borel, parce que les boyaux servent de voie aux viandes & aux excrémens.

☞ BOEN. Petite ville de France, dans le Forez, au pied des montagnes, à cinq lieues de Roane.

BOESJES. s. f. pl. Coquilles qui servent de monnoies aux nègres de la basse Ethiopie. Les richesses du Prince consistent en esclaves, en simbons ou coquilles de Lovando, en boesjes, ou coquilles des Indes, en petites pièces d’étoffes, & semblables bagatelles, qu’on estime autant en ce pays-là que l’or & l’argent en France. Dapper.

BOËSSE, qu’on nomme aussi Gratte-boësse. s. f. Instrument de plusieurs fils de léton, joints ensemble en forme de brosse ronde, avec lequel on ébarbe dans les hôtels des Monnoies, les lames d’or, d’argent & de cuivre, au sortir des moules, pour les mettre en état d’être passées au dégrossi & au laminoir. C’est aussi un terme de Sculpteur & de Ciseleur.

BOËSSER, ou GRATTE-BOËSSER. v. a. Ebarber les lames des métaux qui servent au monnoyage, ou nettoyer avec la boësse les ouvrages de sculpture & de ciselure qui se font de bronze & de plomb.

BOËTE. Voyez Boite.

☞ BŒTILE. Voyez Abadir.

BŒUF. s. m. Taureau qu’on a châtré pour l’engraisser, ou pour le rendre plus doux pour le labourage. Bos. Ce mot vient de bos, bovis, qui a été fait du grec βοῦς, lequel, selon le P. Kirker, est dérivé de βῶ, qui signifie, je nourris, parce que le bœuf par son travail nous nourrit en cultivant la terre qui produit le blé. Mais Guichart prétend que tous ces mots, aussi-bien qu’apis, bœuf adoré en Egypte, viennent de l’hébreu אבס, abas, c’est-à-dire, engraisser, d’où se fait אבוס, abus, participe passif, engraissé, d’où s’est formé βοῦς, bos, bœuf, pour le P. Pézron il les tire tous du celtique bu, qui signifioit la même chose.

Il est défendu par la loi, de convoiter le bœuf ou l’âne de son prochain. Moyse ne vouloit pas qu’on accouplât l’âne & le bœuf pour labourer. Les Indiens se servent de bœufs pour leurs voitures & pour leurs charriots, qui font 15 ou 20 lieues par jour, & jusqu’à 60 journées de chemin. Ces bœufs sont différens des nôtres, en ce qu’ils ont sur les épaules une bosse fort grosse & fort charnue. Le Pere Ovalle, en son voyage du Pérou, a dit qu’il a vu des bœufs sentir l’eau de quatre à cinq lieues, & y courir, quelque force qu’on employât pour les arrêter. Les Athénienes firent marquer un bœufs sur leurs monnoies, d’où est venu le proverbe grec, le bœuf sur la langue, qui se disoit d’un Orateur corrompu par argent. On appelle une paire de bœufs, les deux bœufs attelés sous un même joug. Crois-tu, Milon, que se vanter de porter un bœuf, ce ne soit pas se vanter de lui ressembler beaucoup. Fonten.

Le blé, pour se donner, sans peine ouvrant la terre,
N’attendoit point qu’un bœuf pressé de l’aiguillon,
Traçât à pas tardifs un pénible fillon. Boil

Les bœufs d’Auvergne sont les plus beaux du Royaume, les mieux tenus & les mieux engraissés, & qui sont d’un meilleur goût. Rochef.

Les bœufs étoient autrefois l’attelage du char des Grands Seigneurs François, dit le P. Mabillon. Act. SS. Ben. Sæc. V. p. 310.

Seulement au printemps, quand Flore dans les plaines
Faisoit taire des vents les bruyantes haleines,
Quatre bœufs attelés d’un pas tranquille & lent,
Promenoient dans Paris le Monarque indolent. Boil.

Le Duc de Brunswic se plaisoit à assommer des bœufs. Scalig. Verbo Brunswic. Rochef. Dans l’Egypte on révéroit le bœuf Apis. Voyez Apis. A la cérémonie du couronnement de l’Empereur, on dit que l’on rôtit un bœuf tout entier, rempli de plusieurs animaux ; qu’on en sert un plat à l’Empereur, & qu’on abandonne le reste au peuple.

Les bœufs, ou Uris d’Italie, haïssent fort le rouge, & se ruent sur ceux qui portent cette couleur : on les appelle buffalis. Rochef.

Il y a un bœuf sauvage aux Indes, qui est fort grand ; & on dit que quand il se trouve la queue embarrassée alentour d’un arbre, il y demeure plutôt que de souffrir la honte de perdre quelqu’un de ses poils.

Il y a en Afrique une sorte de bœufs, qui sont petits comme des veaux d’un mois, qui travaillent fort bien. Scalig. In verbo bœuf. Rochef. Au contraire, ceux d’Ethiopie sont beaucoup plus grands que les nôtres. Elien dit, deux fois plus grands, & dit vrai. Voyez Ludof, Hist. Æth. L. I, c. 10, & T. II, p. 145. Bien plus, Marc Paul, L. II, c. 45, dit qu’il y en a dans la Province de Bengale moins gros à la vérité, mais aussi hauts qu’un éléphant ; & L. I, c. 50, il dit qu’il y a dans la Tartarie des bœufs de même grandeur, & très-beaux, parce qu’ils sont blancs & noirs. On trouve en Afrique une espèce de bœufs sauvages, que les originaires du pays appellent guahe, & les Espagnols vacas brevas, des vaches farouches. Cet animal est aussi léger qu’un cerf, mais plus petit qu’un bœuf : sa queue est d’un brun foncé, ses cornes sont aigües ; & sa peau est bonne à faire des souliers, quand elle est corroyée. Dapper.

Il y a dans l’Île de Madagascar, trois sortes de bœufs, dont les uns sont cornus, les autres sans cornes, avec des têtes rondes, appelés bourry ; & d’autres dont les cornes sont lâches & pendantes, n’étant fermement attachées qu’au cuir de la tête. Ils ont tous de grosses nuques élevées comme une bosse pleine de graisse, que les habitans font fondre, & dont ils se servent comme de beurre. Dapper.

Le bœuf a servi de corps à plusieurs devises. Celle de René, Roi de Sicile, étoit un bœuf, avec ce mot, pas à pas. D’autres ont mis, Tardè, sed tutò, pour signifier la prudence & la maturité des résolutions. Henri Farnès, pour marquer les qualités d’un Prince qui gouverne, avoit pris pour devise un bœuf à la charrue, & pour ame, arte & viribus.

Bœuf marin, est une autre sorte d’animal qui ressemble au bœuf, & qui se nourrit dans l’eau. Bos marinus. On en trouve dans le Nil & dans le Niger, selon ce que rapporte M. d’Ablancourt dans son Marmol. Cet animal est de la grandeur d’une génisse de six mois, & a la peau extrêmement dure, mais la chair fort bonne.

☞ C’étoit une loi dans Athènes de ne point immoler le bœuf qui laboure. La superstition alla si loin dans la suite, que le bœuf fut mis au nombre des divinités, sur-tout parmi les Egyptiens, d’où ce culte passa ensuite aux Indiens avec plusieurs autres cérémonies d’Egypte.

☞ Les Romains n’étoient pas si scrupuleux : ils offroient des bœufs en sacrifice à Cybèle mere des Dieux, & on appeloit pour cette raison ces sacrifices taurobolia, pour remercier cette Déesse de la terre, de ce qu’elle avoit appris aux hommes l’art de domter ces animaux, & de les dresser au labourage.

☞ Les Grecs offroient aussi des taureaux noirs à Neptune, pour calmer la furie de la mer, lorsqu’elle est agités. Leur superstition alla jusqu’à faire des hécatombes, c’est-à-dire, des sacrifices de cent bœufs à Jupiter. Strabon dit que ces hécatombes viennent des Lacédémoniens qui faisoient tous les ans un sacrifice de cent bœufs, au nom des cent villes qui étoient de leur juridiction. Mais dans la suite ces dépenses ayant paru excessives, on réduisit ce nombre à vingt-cinq, s’imaginant, par une subtilité puérile, que comme ces bœufs avoient chacun quatre pieds, il suffisoit que le nombre de cent se trouvât dans ces parties, pour faire une hécatombe.

☞ Un ancien surpris d’une tempête furieuse, se voyant en danger, promit d’offrir une hécatombe, s’il échappoit du naufrage. Sa pauvreté ne lui permettant pas de s’acquitter de son vœu, il s’avisa de faire cent petits bœufs de pâte, qu’il offrit aux Dieux protecteurs. Quelques-uns attribuent cette hécatombe ambigüe à Pythagore, qui, selon Diogène Laërce, offrit aux Dieux une hécatombe de cent animaux artificiels, en reconnoissance de ce qu’il avoit trouvé quelque nouvelle démonstration de sa Trigonométrie.

☞ Moyse défend de lier la bouche du bœuf qui foule le grain. Pour entendre ce passage, il faut savoir que dans la Judée, dans l’Egypte, & après la moisson, on dressoit autour d’un arbre dans une aire bien battue, les gerbes l’une contre l’autre, l’épi en haut : puis on faisoit courir des bœufs sur ces gerbes ainsi dressées, pour en faire sortir le grain qu’on vannoit après. On mettoit des muselières à ces bœufs, pour les empêcher de manger du grain. C’est cette espèce de dureté que défend Moyse. Il veut qu’on laisse aux bœufs qui foulent le grain, la liberté d’en manger, n’étant pas juste, disent Josephe & Théodoret, de priver ces animaux qui nous aident à faire venir le froment, de cette petite récompense de leurs travaux.

Bœuf violé. Bœuf que les Bouchers conduisent au carnaval par les rues dans plusieurs villes. Quelques-uns prétendent que c’est bœuf villé, & qu’on l’appelle ainsi, parce qu’on le conduit par la ville. Mais j’ai toujours entendu bœuf violé, & j’ai toujours oui dire qu’on le nommoit ainsi, parce qu’on le conduit avec des violes & des violons, & autres instrumens dont on joue autour de cet animal. En quelques endroits on dit bœuf viélé.

Bœuf, se dit aussi des chairs coupées de cet animal, qu’on vend à la boucherie. Ainsi on dit, la pièce de bœuf tremblante est celle qui est la plus proche de la poitrine, parce qu’elle palpite encore long-temps après que le bœuf est tué ; c’est celle qu’on sert sur les bonnes tables. La pièce de bœuf parée, est celle qui se lève à la tête de la surlonge. Le gîte, le trumeau de bœuf. Le cimier de bœuf, est la partie charnue de la cuisse : ce qu’on appelle au mouton une éclanche. Voyez Cimier.

Aloyau de bœuf, est une pièce qui se coupe le long des vertèbres & des côtes. Costa bubula. En parlant on dit simplement un aloyau, sans ajouter de bœuf.

Nerf de bœuf, est la partie du bœuf destinée à la génération.

Langue de bœuf, est la langue détachée du bœuf, qu’on sale, & qu’on fume d’ordinaire pour en faire un ragoût qui excite à boire.

Bœuf à la mode, est un bœuf bien lardé, cuit dans son jus, & assaisonné avec du poivre, & autres choses de haut goût.

C’est un symbole très-commun sur les revers des médailles, que deux bœufs tirant une charrue, pour marquer une colonie composée de peuple & de simples habitans : car on y gravoit des aigles romaines, si elle étoit peuplée de soldats. La raison de ce symbole est, que l’on se servoit de bœufs pour tracer l’enceinte de la colonie ; & afin qu’il y eût plus de mystère, l’on joignoit une vache à un bœuf sous le même joug, en plaçant la vache vers la ville, & le bœuf de l’autre côté vers le dehors. C’étoit pour montrer que les femmes doivent se charger du soin du ménage, & se renfermer dans l’intérieur de la maison, & que la culture des champs est le partage des hommes. Les villes municipales avoient pour symbole la tête d’un bœuf. Vail.

Les Egyptiens représentoient le Soleil, ou Osiris, sous la forme d’un bœuf. Kirker, Œdip. Æg. T. I, p. 30 & 31. Trois têtes de bœufs sur la statue d’Isis signifioient en hiérogliphes, les trois temps de l’année propres à la culture des champs. Les Romains mettoient aussi une tête de bœuf, ou métope, dans leurs bâtimens, pour symbole du travail, & de la patience dans le travail. Id. p. 192. Souvent on voit sur les médailles grecques & romaines un bœuf baissant la tête & fléchissant un genou. C’est, selon Tristan, la marque de l’établissement & fondation d’une ville. C’est la posture d’un bœuf donnant un coup de corne, &, si l’on en croit M. Vaillant, il désigne des jeux donnés à l’honneur d’un Prince. Quand ses cornes sont ornées de bandelettes, c’est la marque d’un bœuf victime, ou d’un sacrifice. Un bœuf couronné étoit chez les Assyriens le symbole de la paix, dit Marcelli.

Bœuf. Terme de salines. On appelle ainsi dans les salines, l’ouvrier qui décharge le bois des charrettes, le jette sous la poêle, & fait les autres services de cette espèce. Encyc.

☞ C’est aussi un terme injurieux dont on se sert pour désigner un homme pesant & hébété. C’est un bœuf, un vrai bœuf.

Œil de Bœuf, se dit de ceux qui ont l’œil gros, beau & à fleur de tête. Homère donne souvent pour épithète à ses déesses, œil de bœuf.

On appelle en termes d’Architecture, un œil de bœuf, une fenêtre ronde ou ovale, qui se fait au-dessus du dernier entablement, ou dans les toits pour les greniers. Fenestella rotunda.

Œil de bœuf, est aussi le nom d’une plante. Voyez Œil.

Bœuf de Dieu, ou Roitelet. Oiseau appelé autrement Bérichot ; c’est le Passereau Troglodyte, appelé Passer Troglodyta. Faultrier. En Normandie Rebêtre. Voyer Passereau troglodyte.

Cœur de bœuf. Espèce de grosse prune de couleur violette, tirant au rouge. La Quint. P. III, c. 14.

Oœil de bœuf noir. Espèce de prune qui ne quitte point le noyau, & qui est des mauvaises. La Quint. P. III, c. 14.

Bœufs. s. m. pl. Dés à jouer qui n’ont qu’une des faces marquées. On joue ordinairement avec six bœufs, dont l’un est marqué d’un point, & le 2e de deux, le 3e de trois, & ainsi du reste jusqu’au sixième qui est marqué de six point ; ensorte que chaque bœuf n’a qu’un côté marqué, & les six bœufs tout ensemble n’ont autant de points que chaque dé ordinaire en a en particulier. On les appelle autrement farniets.

On dit proverbialement, qu’un homme met la charrue devant les bœufs, lorsqu’il a mal arrangé son discours, qu’il a mis au commencement ce qui devoit être à la fin ; & il se dit non-seulement d’un discours, mais de tout ce que l’on fait de travers. On dit encore de ce qu’on a accoutumé de manger à son ordinaire ou de voir continuellement, que c’est la pièce de bœuf. On dit aussi en cuisine, bœuf saignant, mouton bêlant, porc pourri, tout n’en vaut rien, s’il n’est bien cuit ; ce qui veut dire, qu’il faut manger le bœuf avec son jus. Il saigne comme un bœuf, pour dire, je ne lui ai point dit de grosses paroles. Il y a aussi un jeu des petits enfants, qu’on appelle le pied de bœuf. On dit des gens fort stupides, qu’ils sont de la Paroisse de S. Pierre aux bœufs, le Patron des grosses bêtes. Saint Pierre aux bœufs est une Paroisse de Paris ; & ce proverbe n’est que dans cette ville & parmi le peuple.

☞ BOFFINGUE, ou BOFFINGEN. Boffingia. Ville libre & Impériale, dans la Suabe, sur le ruisseau d’Egen.

BOF.

BOFFUMER. (se) Vieux mot. Ambas buccas inflare. Se fâcher, être bouffi de colère. Borel au mot boffume, rapporte ces deux vers de Coquillard :

Se Maistre Olivier se boffume,
Ou s’il veut faire le véreux.

De-là vient, selon toutes les apparences, le verbe emboffumer, si usité en province ; pour dire, tâcher par de mauvais discours, ou de faux rapports, de brouiller deux personnes ensemble ; exciter quelqu’un à la colère, à la haine & à la vengeance.

BOFU. s. m. Vieux mot. Sorte d’étoffe. Perceval a dit en parlant des Tisserans :

Ains tissent pailes & bofus.

BOG.

BOGARMITES. Voyer Bogomile. C’est la même chose.

BOGDOÏ. Grande nation d’Asie, dans la Tartarie. Les Chinois les appellent Tartares orientaux, & les Monguls, Niouchi ou Nuchi.

BOGESUND. Petite ville, ou plutôt bourgade de suède, dans la Westrogothie, à quatre lieues de Falkoping. Ce lieu n’est guère connu que par la bataille qui s’y donna en 1520, entre les Danois & les Suédois.

BOGOMILES, ou BOGARMITES. Bongomili, Bogomilii. Noms de certains hérétiques qui parurent dans le XIIe siècle. Leur chef, appelé Basile, fut pris & brûlé par ordre de l’Empereur Alexis Comnène. Les Bogomiles étoient une espèce de Manichéens, ou plutôt une branche des Pauliciens. Ils nioient le mystère de la sainte Trinité, & disoient que Dieu avoit une forme humaine ; que le monde avoit été créé par les mauvais Anges ; que l’Archange Michel s’étoit incarné : ils rejetoient les livres de Moyse, & ne reconnoissoient que sept livres de la sainte Ecriture. Le culte des images leur paroissoit être une idolâtrie : ils méprisoient la Croix, parce qu’elle avoit été l’instrument de la mort du Sauveur. Ils assuroient que l’Oraison dominicale étoit l’Eucharistie ; que le Baptême de l’Eglise Catholique étoit celui de Saint Jean, & que le leur étoit celui de Jésus-Christ ; que tous ceux de leur secte concevoient le Verbe comme la sainte Vierge ; enfin, qu’il n’y avoit point d’autre résurrection que la pénitence. Voyez Euthymius Zigabéne dans sa Panoplie dogmatique, Baronius & Sponde à l’an 1118.

Du Cange dit que le nom de Bogomile vient de deux mots de la langue des Bulgares, Bog, Deus, Dieu ; & milui, en latin miserere, ayez pitié ; ainsi Bogomile veut dire celui qui implore la miséricorde de Dieu.

☞ BOGOTA. Pays de cette partie de lAmérique méridionale, qu’on nomme la Terre ferme, dans la nouvelle Grenade.

☞ BOGRAS, Pogræ portæ, Pylæ amanicæ. Ville de la Turquie, en Asie, dans la Syrie, sur les frontières de la Natolie.

☞ BOGUE. s. f. Ce terme est usité en quelques provinces, particulièrement en Bretagne, pour désigner la première bourse ou coque couverte de piquans qui enveloppe la châtaigne. Echinus. Voyez Chataigne.

Bogue. s. m. Poisson de mer. Box. Rondelet dit qu’on l’appelle en grec βόηξ, parce qu’il a de la voix. Il vit près des rivages. Sa chair est d’un bon goût.

☞ Il y a un autre poisson qui ressemble beaucoup au précédent, qu’on nomme Bogue-ravel, parce qu’on le vend avec tous les autres petits poissons qu’on appelle Ravaille à Montpellier. Encyc.

☞ BOGUSLAW. Petite ville d’Ukraine, au Palatinat de Kiovie, sur la rivière de Rass.

BOH.

BOHADE. C’est en quelques provinces une corvée que le sujet doit au Seigneur, de deux bœufs, ou d’une charrette, pour aller pour lui au vin, ou en son vignoble. Ragueau.

BOHÉ. Voyez Bou.

BOHÈME. Pays d’Allemagne, qui a pour bornes au nord la Misnie, la Lusace, & une partie de la Silésie ; au levant une autre partie de la Silésie & la Moravie ; au midi l’Autriche & la Bavière, & au couchant le haut Palatinat. Bohemia. La Bohème est toute environnée de montagnes. Ceux du pays l’appellent en leur langue Cezezkazeme, qu’il faut prononcer Chezhazem, c’est-à-dire, Terre de Czechi leur premier Gouverneur ; & les Allemands Behaim, ou Boehaim. Froissard la nomme Béhaigne. Cosmas, dans les chroniques de Bohème, tire ce nom de je ne sais quel ancien Bohemus ; mais ce qu’il dit es un roman.

Quelques-uns croient que ce nom, Bohème, est sclavon, & qu’il signifie prédiction,prophétie ; que les Sclavons s’étant emparés de ce pays lui donnèrent, parce qu’il y avoit là je ne sais quelle fameuse Prophétie de Lybie. Cela sent encore bien la fable. D’autre prétendent que ce nom s’est fait de celui de Boïens, Boii, peuples de l’ancienne Gaule ; car les uns disent que les Boïens ou habitans du Cap de Buchs, en Gascogne, ayant suivi Segovèse en Germanie, au temps du vieux Tarquin, s’établirent en ce pays, auquel leur nom fut donné. C’est le sentiment de M. Cordemoy dans son Histoire de France, & celui qui paroît le plus vrai. Les autres ne remontent qu’au temps de César, & disent que ces Boïens sont les anciens habitans de ce que nous appelons aujourd’hui le Bourbonnois, qui, chassés par ce Général Romain, passèrent le Rhin, & s’établirent dans la Bohème, qui fut d’abord appelée Bojohème, en latin Bojohemus, c’est-à-dire, demeure, habitation des Boïens, & que de Bojohème s’est fait Bohème. Je trouve cependant encore entre deux Bevehem. Ademar l’appelle ainsi dans sa chronique. Ce sentiment n’a point d’apparence. César ne chassa point les Boïens du bourbonnois ; il les y plaça à la prière des Æduens. Voyez César de Bello Gall. Lib. I. & ci-après au mot Boien, ou au mot Bourbonnois.

Les Boïens établis en bohème par Segovèse, en furent chassés dans la suite par les Marcomans, peuple d’Allemagne, & ceux-ci par les Sclavons, venus de la Croatie, sous la conduite de Zechus, ou Czechus. C’est pour cela que l’on trouve quelquefois la Bohème appelée Esclavonie. Sclavonia. Voyez Acta SS. Bened. Sæc. V. p. 873.

Bohème. Royaume, Bohemiæ Regnum. Les Sclavons établis en Bohème vécurent quelque temps dans l’anarchie après la mort de leur chef ; ensuite ils se choisirent des Ducs : & ce ne fut que l’an 1086, que la bohème fut érigée en Royaume, & que Vratislas I, l’un de ses Ducs, reçut de l’Empereur Henri IV le tire de Roi dans un Concile tenu à Maïence. Ce titre ne passa point à ses successeurs, mais fut redonné à Ladislas II par l’Empereur Frédéric Barberousse : & enfin Primislas, surnomme Ortocare I, obtint de l’Empereur Philippe, que la bohème auroit le droit de s’élire des Rois. Ils en ont joui jusqu’au commencement du XVIIe siècle, que la Maison d’Autriche s’est attribué ce Royaume, & l’a rendu héréditaire. Maty, & Hoffman. C’est depuis 1620, que Ferdinand II vainquit Frédéric, Comte Palatin, élû Roi de Bohème.

Le Royaume de Bohème comprend non-seulement la bohème propre, mais encore la Moravie, la Lusace & la Silésie, qui, dans ces derniers temps, a été cédée au Roi de Prusse. Il parut, il y a quelques années, une Dissertation en forme de lettre, pour montrer que le Royaume de Bohème est électif, ou héréditaire. Goldast a fait un livre exprès pour prouver non-seulement que le Royaume de bohème est héréditaire, mais successif mâle & femelle, avec le droit de primogéniture. Plusieurs filles ont porté la Couronne de Bohème dans des Maisons étrangères. Elisabeth, fille de Sigismond, la porta à Albert d’Autrcieh. Anne, fille d’Uladislas, l’a portée à Ferdinand. Iladislas avoit des freres, & entre autres Sigismond, Roi de Pologne ; cependant Anne est préférée à ces oncles ; la Couronne de Bohème passe par son moyen pour la troisième fois dans la Maison d’Autriche. Le Royaume de Bohème est divisé en douze Provinces qu’on appelle cercles. Hoffman. Maty n’attribue cette division qu’à la Bohème propre ; & il a raison. C’est Charles qui fut élu Roi & Empereur en 1346, qui fit cette division. Nous avons l’Histoire de Bohème par Æneas Sylvius, qui fut depuis, Pie II Pape ; une autre par Dubravius, Evêque d’Olmutz, imprimée à Bâme en 1575 in-fol., Georg. Pontanus a fait Bohemia Pia.

☞ BOHÈME, ou BOHÉMIEN, ENNE. adj. & subst. Qui est du Royaume de Bohème. Bohemus, ou Bohëmus. tous les Ecrivains se servent indifféremment de ces deux mots pour désigner les peuples de Bohème. Le P. Bouhours voudroit, malgré cela, qu’on dît les peuples de Bohème, en parlant des habitans, parce que les noms de Bohème & de Bohémiens lui paroissent attachés aux coureurs de profession, dont nous allons parler : je crois qu’on feroit bien de suivre le sentiment du P. Bouhours, pour éviter l’équivoque.

Sur la Bohème & sur les Bohèmes, ou Bohémiens, Voyez Æneas Sylvius, l’Historia Bohemica de Le Mire, Cluvier, Liv. III, Geogr. ch. 13. Cromer, Liv I. Rerum Polonicarum. Nous avons une Histoire de Bohème par Dubravius. Nous avons encore en latin des mélanges historiques du Royaume de Bohème, Miscellanea historica, &c. par le Pere Bohuslas Balbin, Jésuite, imprimés à Prague en 1680, qui contiennent beaucoup de choses touchant l’histoire naturelle & civille du Royaume. Voyez aussi Imhoff. Natit. Imp. Procer. L. I, c. 6.

Bohème, Bohémien, enne. Noms par lesquels on désigne certains gueux, errans & vagabonds, qu’on appelle autrement Egyptiens, qui courent le pays, disant la bonne aventure, & dérobant adroitement. Balatrones mendici. On voit souvent, principalement dans les campagnes, des troupes de Bohèmes ou de Bohémiens.

Borel dérive ce mot de boëm, vieux mot françois, qui signifie ensorcelés. Baume, en provençal, signifie retraite, endroit propre à se chacher. On dit encore en ce pays-là la sainte Baume de l’endroit dans lequel se retira la Magdeleine, selon la tradition du pays. C’est de ce mot de Baume, que quelques-uns font venir celui de Bohémiens, qu’il faudroit écrire Baumiens, si cette étymologie étoit véritable. Mais Pasquier, Rech. Liv. IV, ch. 19, en rapporte l’origine, & dit que le 17 Avril 1427, vinrent à Paris douze Pénanciers, c’est-à-dire, Pénitens, comme ils disoient, un Duc, un Comte, & dix hommes à cheval, qui se qualifoient Chrétiens de la basse Egypte chassés par les Sarrasins, qui étant venus vers le Pape confesser leurs péchés, reçurent pour pénitence d’aller sept ans par le monde sans coucher en lit. Leur suite étoit d’environ 120 personnes, tant hommes que femmes, & enfans restans de douze cens qu’ils étoient à leur part. On les logea à la Chapelle, où on les alloit voir en foule. Ils avoient les oreilles percées, où pendoit une boucle d’argent. Leurs cheveux étoient très-noirs & crêpés, leurs femmes très-laides, sorcières, latronnesses, & diseuses de bonne aventure. L’Evêque les obligea à se retirer, & excommunia ceux qui leur avoient montré leurs mains. Par l’Ordonnance des Etats d’Orléans de l’an 1560, il fut enjoint à tous ces imposteurs, sous le nom de Bohémiens, ou Egyptiens, de vider du Royaume à peine de galères. Raphaël Volaterran en fait mention, & dit que cette sorte de gens étoit extraite des Euxiens, peuples de la Perside, qui se mêloient de dire la bonne aventure. Par un Edit de 1666, le Roi ordinne que les nommés vulgairement Egyptiens ou Bohémiens, ou autres de leur bande & suivante, soient arrêtés prisonniers, attachés à la chaîne, & conduits aux galères, pour servir comme forçats, sans autre forme ni figure de procès ; & à l’égard des femmes & filles qui les accompagnent, qu’elles soient fouettées, flétries, & bannies hors du Royaume. Rochefort dit au mot bohèmes, Nous appelons en Bresse les Bohèmes, Sarrasins, du mot Sarac, qui veut dire un larron en arabe. Voyez Scaligeriana, verbo Sarrasins.

On dit d’une maison où il n’y a ni ordre ni règle, que c’est une maison de Bohème.

On dit proverbialement, qu’un homme vit comme un Bohème ; pour dire, qu’il vit comme un homme qui n’a ni feu ni lieu.

Les Protestans ou Evangéliques de Bohème, s’appellent les freres Bohémiens ou bohème, fratres Bohemici. Jean Lasicius a écrit de Gestis fratrum Bohemicorum ; & Camerarius l’Histoire des freres Bohémiens.

BOHEMILLON. s. m. Petit Bohémien. On se mit à table. Les Bohémiens avoient des perdrix & des lièvres, qu’ils avoient pris à la chasse, & deux poulets d’inde, & autant de cochons de lait, qu’ils avoient volés. Ils avoient aussi un jambon, & des langues de bœuf ; & on entama un pâté de lièvre, dont la croûte fut mangée par quatre ou cinq Bohemillons qui servirent à table. Ajoutez à cela la fricassée de six poulets de Ragotin, & vous avouerez que l’on n’y fit pas mauvaise chère. Scarron, Roman comique, Part. II, chap. 16, p. 206.

☞ BOHITIS. Prêtres des habitans de l’Île Espagnole, en Amérique, qui étoient en grande vénération lorsque les Espagnols arriverent dans ce pays. Leurs fonctions étoient de prédire l’avenir, & de faire la Médecine. Quand on venoit les consulter pour savoir l’avenir, ils mangeoient d’une herbe qu’on nomme Cohoba, ou en prenoient la fumée par les narines, ce qui leur causoit une espèce de transport, qu’on prenoit, pour une fureur divine. Ce transport fini, ils récitoient tout ce qu’ils prétendoient avoir appris dans le conseil des Dieux, sans s’embarrasser de répondre aux questions qu’on leur avoit faites ; & pour l’ordinaire ces discours étoient si obscurs, qu’on n’y pouvoit rien entendre. La même herbe leur servoit pour la guérison des maladies. Quand ils étoient appelés pour un malade, ils avoient soin d’en porter sur eux. Leur façon de faire la médecine étoit fort originale. Ils s’enfermoient avec le malade, lui mettoient de leur salive dans la bouche, & après divers mouvemens de tête, ils souffloient sur lui, & lui suçoient le cou du côté droit. Cette opération se faisoit pour tirer, à ce qu’ils disoient, un os, une pierre, ou un morceau de chair, qui, selon eux, causoit la maladie. Ils montroient en effet quelque chose de cette sorte, qu’ils avoient cachée dans leur bouche, & que les femmes gardoient avec soin pour accoucher heureusement. Pour soulager ensuite le malade qu’ils avoient fatigué par ces cérémonies, ils passoient légérement leurs mains sur tout son corps jusqu’à la plante des pieds, & s’il venoit à mourir, c’est que depuis qu’ils s’étoient retirés, il avoit fait quelque mal que les Dieux avoient punis de la mort. Ils n’avoient d’autre part aux sacrifices que celle de recevoir le pain d’offrande, après plusieurs cérémonies, de le bénir & de le distribuer aux assistans. Ils avoient l’autorité de punir ceux qui n’observoient pas les jeûnes prescrits par la religion du pays. Ils étoient habillés singulièrement. Au reste ils pouvoient avoir plusieurs femmes. Mor. Qui cite Lopez de Gomara, Hist. Gen. des Ind. Occid.

BOHOURT. s. m. Voyez Béhourt.

BOI.

☞ BOIANO. Boianum, ou Bovianum. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, sur le Biferno, au Comté de Molise, avec un Evêché suffragant de Bénévent.

BOÏARD. s. m. Terme de pêcheur de morue. Civière à bras sur laquelle on charge le poisson pour le transporter d’un lieu dans un autre. Brachiata crates. Visiter les boïards, charger de la morue sur les boïards. Quand il est question de porter le boïard, personne n’en est exempt. Denis.

BOJAR, ou BOIAR. Voyez Boyar.

BOÏASSE. s. f. Vieux mot. Femme du peuple.

Soit clercs, soit lais, soit homme ou femme,
Sire, Sergens, Boïasse ou Dame.

BOIAU. Voyez Boyau.

BOIBI, dont parlent Pison & Jonston. Voyez Bojobi.

☞ BOICER. v. a. Terme de Monnoir. Voyez Boesser.

BOICININGA. s. m. en Espagnol cascavel, est un serpent du Brésil, long de quatre ou cinq pieds, gros comme le bras, rougeâtre, tirant sur le jaune : sa tête est longue & large d’environ un doigt & demi. Ses yeux sont petits, sa langue est fourchue, ses dents sont longues & aigües. Sa queue est chargée vers son extrémité d’un corps parallélogramme, long de deux doigts, large d’un demi doigt, ☞ & composé de petits chaînons entre-lacés les uns dans les autres, secs & unis. Son corps croît chaque année d’un anneau ou chaînon. Il fait le même bruit qu’une sonnette. Quoiqu’il soit très-vénimeux, il fait rarement du mal ; parce qu’on est averti par le bruit de sa sonnette. Si quelqu’un en est mordu, le remède le plus sûr est d’écraser la tête de l’animal, & d’en faire un emplâtre qu’on applique sur la plaie, avec de la salive d’un homme à jeun.

Il court après les passans, & marche très-vîte. Les habitans portent au bout d’un bâton un morceau de la racine dite vipérine, dont l’odeur l’arrête. Les Mexicains le nomment tutlato cauhqui. Sa chair résiste au venin, comme celle de la vipère.

BOIDESLAR. Espèce d’apocyn qui croît en Egypte, & dont parle Prosper Alpin dans son Histoire des Plantes d’Egypte.