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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/361-370

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Fascicules du tome 2
pages 351 à 360

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 361 à 370

pages 371 à 380


Lycidas, Médon, Pisenor, Caumas, Mermeros & Pholus.

Pline, Liv. VII, c. 5, dit en avoir vu un qui avoit été envoyé d’Egypte à l’Empereur Claude, dans du miel, & que le même Empereur avoit écrit qu’il en étoit né un en Thessalie, qui mourut le même jour. C’étoit un monstre. S. Jérôme rapporte dans la vie de S. Paul, que S. Antoine en avoit vu un ; mais ce Père doute si ce n’étoit point un spectre, ou un prestige du Démon. voyez Vossius, De Idololat. Lib. I, cap. 15.

Ce mot vient du grec κενταύρος, composé de κίντεω, pungo, & de ταύρος, taurus. Il signifie littéralement pique-bœufs. Les centaures étoient vraisemblablement de certains bergers riches en bestiaux, & qui habitoient dans les montagnes d’Arcadie. De-là vient qu’on attribue aux bergers de ce pays-là l’invention des vers bucoliques, parce qu’ils chantoient en gardant les bœufs. Palæphate, dans son Livre des Choses incroyables, raconte que sous le regne d’Ixion Roi de Thessalie, un troupeau de taureaux, qui devinrent furieux sur le mont Pélion, ravageoit tout le pays, & rendoit la montagne inaccessible. Quelques jeunes gens qui s’étoient avisés de dresser des chevaux pour les monter, entreprirent de nettoyer la montagne de ces animaux. Pour en venir à bout, ils les poursuivoient à cheval, & les perçoient à coups de trait. C’est pourquoi on les nomma Centaures ; c’est-à-dire, perce-taureaux. Cet heureux succès les rendit insolens, en sorte qu’ils insultoient les peuples de la Thessalie, qu’on appeloit alors les Lapithes : & comme ils prenoient la fuite lorsqu’ils étoient attaqués, la rapidité avec laquelle ils se retiroient, fit juger qu’ils étoient demi-hommes, & demi-chevaux.

☞ D’Ablancourt s’est servi de ce mot au féminin, en parlant de la femme d’un Centaure. D’autres disent Centaurelle. Mots peu usités.

Centaure, est aussi le nom d’une constellation méridionale, qui comprend 37 étoiles, 6 de la 2e grandeur, 7 de la 3e, 16 de la 4e & 8 de la 5e. Ce qui rend le pied le plus oriental du centaure plus brillant que l’autre, c’est qu’il y a dans cette partie de cette constellation deux étoiles fort proches l’une de l’autre.

Centaure dans l’Histoire, est le nom d’un peuple de Thessalie. Les Centaures habitoient le pays qui est au pied du mont Pélius : c’étoit une nation grossière & féroce. On les représentoit demi-hommes & demi-chevaux, parce qu’ils furent les premiers parmi les Grecs qui domptèrent des chevaux, & qui apprirent aux Grecs à combattre à cheval.

CENTAURÉE. s. f. Centaurium, ou plurôt centaureum ou centaurea : Plante qui a pris son nom du Centaure Chiron, qui fut guéri, à ce que l’on prétend, d’une blessure qu’il avoit au pied, par l’usage de cette herbe. On distingue la grande & la petite Centaurée, non par rapport à leur grandeur seulement, mais encore par rapport à leur caractère, qui est bien différent dans l’une & dans l’autre.

La grande Centaurée, Centaureum majus, est de la famille des plantes dont les fleurs sont des fleurons réguliers, soutenus chacun par une semence aigretée, & ramassés plusieurs ensemble en une tête ou bouquet arrondi ou écailleux. On ne distingue la jacée d’avec cette plants, que par les têtes, qui sont plus grosses dans celle-ci, & plus petites dans celle-là. Les espèces de grande Centaurée sont pour la plupart de grandes plantes : les plus connues sont celles qui portent des fleurs purpurines, des feuilles découpées en segmens fort larges, dentelées, & qu’on compare aux feuilles du noyer. Centaureum majus, folio in plures lacinias diviso. C. B. Pin. ou Centaureum majus, juglandis folio J. B. Ses racines sont assez grosses, & marbrées comme celles du rhapontic. Aussi l’a-t-on fait passer, de même que les espèces suivantes, pour le rhapontic. La seconde espèce a ses feuilles découpées en segmens plus menus & plus étroits : & ses fleurs sont jaunâtres. Centaureum Alpinum, luteum. C. B. Pin. Ces deux espèces viennent en Italie sur le mont Baldo, & dans les Alpes. On cultive dans les jardins des curieux une troisième espèce semblable à la seconde par la couleur des fleurs, & par les découpures profondes des feuilles ; mais celle-ci qui vient d’Afrique a une odeur douce, & ses feuilles sont plus amples, découpées en segmens plus menus & plus arrondis. Centaureum majus, laciniatum, Africanum. 5, R. Par. App. La quatrième espèce vient dans les Pyrénées : ses feuilles ressemblent à celles de l’artichaut, mais elles sont plus vertes en dessus ; ses têtes sont fort grosses, & ses fleurs sont purpurines, Centaureum foliis Cinaræ. Corn. La cinquième a ses feuilles entières, longues, blanches en dessous, & verdâtres en dessus, & pareilles à celles de l’aunée. Ses tiges ne sont point branchues, ni si hautes que dans les précédentes : elles sont cependant garnies d’un plus grand nombre de feuilles à proportion, & leurs têtes sont aussi beaucoup plus grosses, écailleuses, & leurs fleurs sont purpurines. Ses racines sont plus charnues, & marbrées comme dans les premières espèces ; ce qui les fait prendre pour du rhapontic. On trouve cette dernière espèce à feuilles larges & à feuilles étroites, dans les Alpes. Centaureum majus, folio helenii incano, Centaurium majus, folio helenii angustiore. Inst. R. Herb.

La petite Centaurée, Centaureum minus, C. B. Pin. Elle a des fleurs en forme de tuyau évasé en devant, & découpé profondément en plusieurs parties. Son fruit est ovale, ou cylindrique, divisé en deux cellules remplies de semences menues. L’espèce la plus commune & la plus usitée, a sa racine petite, blanchâtre, ligneuse & insipide. Elle donne d’abord quelques feuilles couchées sur terre, qui sont vertes, arrondies, & longues d’un pouce environ. Du milieu de ses feuilles s’élève une tige branchue, anguleuse, haute d’un pied ou environ, garnie de feuilles lisses, vertes, opposées, plus petites que celles du bas, chargées de trois nervures qui parcourent toute leur longueur ; les extrémités des branches sont terminées par des bouquets de fleurs purpurines, dont les pédicules sont courts, & les calices verts, étroits, à cinq découpures fort aiguës. Chaque fleur est un tuyau étroit, évasé & découpé en cinq quartiers ordinairement. Ses étamines sont au nombre de cinq, & leurs sommets sont jaunes. Les fruits qui succèdent à ses fleurs sont cylindriques, grêles, divisés en deux cellules, qui renferment des graines menues comme du sable. Toute la plante est extrêmement amère ; d’où vient aussi que Pline & d’autres Anciens l’on nommée Fel terræ, Fiel de terre. Sa qualité fébrifuge lui a fait encore attribuer le nom de Fébrifuge par excellence.

Les Médecins emploient la petite Centaurée dans presque toutes les occasions où ils reconnoissent que les amers seront utiles, & lorsqu’ils veulent chasser la fièvre. Ils ordonnent par pincées les semences bien fleuries de cette plante, dans les infusions purgatives, apéritives, fébrifuges & altérantes. Le sel de petite Centaurée est pareillement fébrifuge. La petite Centaurée entre dans la thériaque. Galien faisoit tant de cas de cette plante, qu’il a compose un livre entier, où il a ramassé toutes les propriétés que les Anciens lui avoient attribuées, & tout ce qu’il en avoit observé lui-même.

Il y a quelques autres espèces de petite Centaurée qui pourroient être employées comme celles-ci : telles sont la petite Centaurée à fleurs disposées en épi, Centaureum minus, spicatum, C. B. Pin, qu’on trouve en Languedoc ; & la petite Centaurée à fleurs jaunes, plante différente des précédentes par ses feuilles qui sont glauques, arrondies, & jointes ensemble de telle manière, qu’il semble que les tiges & les branches les enfilent, Centaureum luteum, perfoliatum. C. B. Pin. On trouve cette plante assez fréquemment à la campagne dans des endroits humides. Ses fleurs ne sont point si alongées en tuyau, & sont découpées en huit quartiers : leurs fruits sont ovales en deux loges, qui renferment une semence noire & menue.

On se sert dans le Pérou, à Lima sur-tout, d’une espèce de petite Centaurée, qu’on apporte des montagnes du Chili, & qu’on nomme Cacheu : elle est bonne contre les fièvres comme notre petite Centaurée ; on lui donne encore plusieurs autres qualités qui conviennent avec celles que nous reconnoissons dans la nôtre. Cette plante diffère de notre Centaurée, par la disposition de ses branches, qui sont plus écartées les unes des autres, plus longues, opposées cependant par ses feuilles, qui sont beaucoup plus étroites, & par ses fleurs, qui ne sont point ramassées en bouquet, & qui ont chacune leur pédicule formé par l’extrémité de la branche. Centaureum minus, purpureum, patulum. Histoire des Plantes du Journal historique du Père Feuillée.

CENTAURELLE. s. f. Femme de Centaure. Voyez Centaure.

CENTÉNAIRE. adj. m. & f. Qui a cent ans, qui contient cent ans. Centenarius. Il n’est guère en usage qu’en parlant du nombre cent, de la possession & de la prescription centenaire. Centenarius. Il n’y a que la prescription centenaire qui coure contre l’Eglise. La possession centénaire n’est pas valable, quand on prouve la mauvaise foi d’un possesseur. On dit aussi un nombre centénaire, pour dire, qui en comprend cent. Numerus centenarius.

Centenaire. s. m. Cent livres pesant. Le Calife Almamon voyant qu’il ne pouvoit tirer Léon de son pays, lui proposa par lettres plusieurs questions de Géométrie & d’Astronomie, & fut si satisfait de ses réponses, qu’il écrivit à l’Empereur Théophile, le priant de le lui envoyer pour un peu de temps, & offrant pour cet effet cent centenaires, c’est-à-dire, dix mille livres d’or, & une paix perpétuelle… Fleury.

CENTENE. s. f. Centena. Charge, dignité de Centénaire.

CENTENIER. s. m. Chef qui commandoit à cent hommes chez les Romains. Centurio. Jésus-Christ guérit le serviteur du Centenier. Je n’ai pas, Seigneur, une foi aussi vive que celle de l’humble Centenier, qui lui fit tout d’un coup obtenir l’effet de ses prières ; je m’unirai à vos Apôtres, afin de vous demander avec eux l’augmentation de la mienne. Mad. de la Vall. M. de Harlay de Chanvallon, dans sa Traduction de Tacite, Vigenère, dans son Tite-Live & son César ; M. de la Mare, dans son Traité de la Police ; & d’autres, l’ont dit souvent. Dans cette sédition fut tué un Centenier nommé Lucilius. Harlay. Tous les autres Centeniers se cachèrent. Id. La solde de l’homme de pied légionnaire, selon Polybe, ne fut premièrement que de deux oboles par jour. Le Centenier avoit le double. Vigen. César trouva à dire neuf cent soixante de ses soldats, & quelques trente Centeniers. Id. ☞ M. de Cordemoi s’est aussi servi de ce mot. Malgré toutes ces autorités, le mot de Centenier est particulièrement consacré au style de l’Ecriture & aux matières de dévotion ; & dans l’usage ordinaire, on dit plutôt Centurion, que Centenier.

Centenier a aussi été un Officier de nos Rois sous la première race. Les Comtes n’avoient eu d’abord que l’administration de la Justice, mais depuis on leur accorda celle des armes. Ils n’avoient l’une & l’autre que dans une seule ville ; & cette ville étoit toujours considérable : car on mettoit des Vicaires ou Viguiers dans les autres villes ; & ces Vicaires étoient fournis aux Comtes, comme les Centeniers, qu’on mettoit dans les bourgs, pour tout un petit pays. Cordem. Il paroît que c’étoient les Francs qui avoient apporté cet usage dans les Gaules ; car les Goths, les Germains & les Lombards l’avoient. Il en est parlé dans les Loix des Visigots, Liv. II, Tit. II, L. 26, & Liv. IX, Tit. II, Liv. 1. Les Capitulaires de Charlemagne, & de Louis le Débonnaire, la Loi de Charlemagne qui se trouve dans les Loix des Lombards. Liv. II, Tit. LII ; Liv. 3 ; & dans ses Capitulaires Liv. III, c. 79, décrivent, la Juridiction du Centenier. Grégoire de Tours en parle aussi, Liv. IX, Hist. Fr. c. 5. Voyez Hoffman Spelman, & les notes d’Otton sur B. Rhenan. Rerum Germ. Lib. II, p. 261. Voyez aussi le Traité de la Police de M. de la Mare, Liv. I, Tit. V c. 1. Les Centeniers étoient des Juges distribués dans les villages. Chorier, Liv. X, p. 664. Le Centenier ne pouvoit condamner à mort. Le Gendre. On les appeloit aussi Centénarions, Centenariones. Ils ne jugeoient que des affaires de peu de conséquence, & Walafridus Strabo dit qu’on peut les comparer aux Prêtres qui gouvernent les Eglises où il y a des fonts baptismaux ; c’est-à-dire, aux Curés, & aux moindres Prêtres. Outre les Auteurs cités, on peut voir le Glossaire Salique de Chifflet, & les Gloses de M. Pithou.

☞ Les Comtes assembloient les hommes libres, & les menoient à la guerre. Ils avoient sous eux des Officiers qu’ils appeloient Vicaires ; & comme tous les hommes libres étoient divisés en centaines, qui formoient ce qu’on appelle un Bourg, les Comtes avoient sous eux des Officiers qu’on appeloit Centeniers, qui menoient les hommes libres du Bourg ou leurs centaines à la guerre. Montesq.

☞ Encore aujourd’hui, en parlant de la Milice des bourgs & villes du Royaume ; on appelle Centenier, un Officier qui commande cent hommes.

☞ CENTIÈME. adj. de t. g. Nombre d’ordre de cent. Centesimus. La centième année, la centième personne. Malherbe a dit, pour exprimer cent ans :

Le centième Décembre, a nos plaines ternies,
Et le centième Avril les a peintes de fleurs.

☞ On le dit substantivement ; Vous n’êtes pas le centième à qui cela soit arrivé. Impôt du centième sur les denrées & marchandises. Centesima rerum venalium. Avoir un centième dans une affaire, dans une ferme.

Centième denier, est la centième partie du prix ou de l’estimation des immeubles qui se paye au Roi par tous les nouveaux Acquéreurs, à quelque titre que ce soit, lucratif ou onéreux. Il n’y a que ce qui vient par succession en ligne directe, & les autres cas énoncés dans l’Edit de création qui soit exempt de ce droit.

CENTINODE. s. f. Petite plante qui est ainsi appelée, à cause que ses tiges sont pleines de nœuds. En latin, polygonum latifolium, ou centinodia. C’est une espéce de renouée. Voyez Renouée.

☞ CENTO, Petite ville, autrefois fortifiée, dans le Ferrarois, sur les confins du Boulonnois & du Modénois.

CENTON. s. m. Ouvrage composé de plusieurs vers ou passages empruntés d’un ou de plusieurs Auteurs. Cento. Proba Falconia a écrit la vie de J. C. en centons tirés de Virgile. Etienne de Pleurre, Chanoine régulier de Saint Victor de Paris, a fait la même chose. Son ouvrage est approuvé par deux Docteurs de la Faculté de Théologie de Paris, qui disent que cet Auteur a fait des couronnes à J. C. & aux saints Martyrs, de l’or de l’Idole de Moloch. Voici un exemple de ces centons sur l’adoration des Rois.

Adoratio Magorum. Matth. 2.
6 æ. 255 Ecce autem primi sub lumine folis & ortus,
2 æ. 694 Stella facem ducens multa cum luce cucurrit.
5 æ. 526 Signavitque viam* cœli in regione serena 8 æ. 528
(1) Magi.
1 g. 415
8 æ. 330 Tum(1) Reges* (credo quia sit divinitùs illis
1 g. 416 Ingenium, & rerum fato prudentia major)

7 æ. 98 Externiveniant,* quæ cuique est copia læti 5 æ. 100
11 æ. 333 Munera portantes : * molles sua thura Sabæi, 1 g. 57
3 æ. 464 Dona dehinc auro gravia, * myrtâque madentes 12 æ. 100
9 æ. 659 Agnovere Deum * Regem regumque parentem. 6 æ. 548
1 g. 418 Mutavere vias, * perfectis ordine votis 3 æ. 548
6 æ. 16 Insuetum per item, * spatia in sua quisque recessit. 12 æ. 126

Ausone a prescrit des règles pour composer des centons : il faut prendre, dit-il, des morceaux détachés du même Poëte, ou de plusieurs : on peut partager un vers, & en lier la moitié à une autre moitié prise ailleurs, ou employer le vers tout entier ; mais il n’est pas permis d’insérer deux vers suivis, & pris dans le même endroit. Il a fait un infâme centon, tiré de Virgile. Lélio Capiluppi a fait plusieurs Poëmes latins en centons.

☞ On dit un centon d’Homère, de Virgile, pour dire ; composé des vers de ces Poëtes : & le centon d’Ausone ; pour dire, dont Ausone est l’auteur.

On appelle aussi, par extension, centon, un ouvrage rempli de morceaux dérobés. Les politiques de Lipse ne sont que des centons, où il n’a ajoûté que les conjonctions & les particules.

Ce mot vient du latin cento, qui signifie un manteau rapetassé, fait de pièces rapportées, & celui-ci vient du grec κεντόνιον. Les soldats Romains se servoient de ces centons ou vieilles étoffes ramassées, pour se garantir des traits des ennemis.

CENTONAIRE. s. m. Il y a dans le Code Théodosien un titre des Centonaires & des Dendrophores ; & dans les anciennes inscriptions on les joint toujours aux Charpentiers, Tignarii, aux Serruriers, Ferrarii, & aux Dendrophores, Dendrophori. Ils ne faisoient qu’un corps de métier avec ces sortes d’Artisans, que l’on appeloit Collegium Fabrorum & Centonarium. Voyez Gruter, p. XLV, n. 8 & le Code Théodosien. Tout ceci, qui a paru à quelques habiles gens rendre douteuse la signification de ce mot, ou l’état de la profession des Centonaires, est au contraire une preuve de ce qu’ils étoient ; car il est certain que l’on appeloit chez les Romains Centons, les pièces de cuir & d’étoffe dont on couvroit les galeries couvertes appelées Vineæ, sous lesquelles les assiégeans faisoient leurs approches dans un siége, & les tours & autres machines dont on se servoit pour faire les attaques & pour battre une place. Il est naturel qu’on ait appelé Centonaires ceux qui travailloient aux centons, c’est-à-dire, à ces pièces de cuir & d’étoffe, & qui les préparoient. De plus, trois sortes de gens & d’ouvriers étoient nécessaires pour les galeries & autres ouvrages dont nous parlons. 1o. Des Charpentiers, Tignarii, pour préparer les bois, tigna, dont ils étoient composés : 2o. des Serruriers, ferrarii, pour lier ces bois avec des liens, des barres, des chevilles de fer ; 3o. des Centonaires, Centonarii, pour les couvrir de centons ou de pièces de cuir cru & d’étoffes mouillées, pour empêcher que les ennemis ne vissent ce qui se passoit dessous, & qu’ils n’y missent le feu. Il n’est donc point étonnant que l’on joigne tous ces gens ensemble, & qu’ils ne fassent qu’un même corps, puisqu’ils travailloient de concert à différentes parties des mêmes ouvrages.

CENT PIEDS. s. m. C’est le nom d’une espèce de serpent que l’on voit à Siam. M. Gervaise, dans son Histoire Naturelle & Politique du Royaume de Siam, parle du Cent pieds comme d’un animal très-vénimeux. Centipes.

☞ CENTRAL, ALE. adj. Terme du style didactique, d’usage dans un petit nombre de phrases. Il signifie qui est placé au centre, au milieu ; qui a rapport au centre. Centralis. On appelle en Géométrie point central, le point du centre, du milieu d’une figure. Ligne centrale, celle qui aboutit au centre. En Physique, feu central, est un feu que quelques Philosophes ont cru être au centre de si terre. Voyez Feu. Eclipse centrale, voyez Eclipse. Force centrale, c’est celle par laquelle un corps mû tend vers un centre de mouvement, ou s’en éloigne. Vis centralis. Les forces centrales sont centripètes ou centrifuges. Voyez ces mots. Communion centrale, en matière de religion, c’est la communion qu’on a avec le Pape, ou plutôt avec le St Siège, qui est le centre de l’unité de l’Eglise.

☞ CENTRE. s. m. Terme de Géométrie. C’est dans un sens général, un point également éloigné des extrémités d’une ligne, d’une figure, d’un corps ; ou le milieu d’une ligne, ou un plan par lequel un corps est divisé en deux parties égales. Centrum.

☞ Le centre d’un cercle est le point du milieu du cercle situé de façon que toutes les lignes tirées de là à la circonférence sont égales.

On appelle centre apparent, le point qui représente le centre d’un cercle ; & centre véritable, celui qui a servi de centre pour décrire la représentation d’un grand ou d’un petit cercle de la sphère. L’angle du centre est double de celui de la circonférence ; c’est-à-dire, que l’angle qui est fait de deux lignes qui sont tirées du centre sur un arc de cercle, est double de l’angle que font deux lignes tirées des extrémités d’un même arc, qui aboutissent à la circonférence. Euclide, Liv. III.

On appelle aussi centre dans les autres figures curvilignes, les points où se ramassent les rayons réfléchis. Le centre de la parabole est le point où se réfléchissent les rayons ou le point brûlant. On l’appelle autrement le foyer. Focus. L’ellipse a deux centres, d’où les rayons & les sons se rcfléchissent de l’un à l’autre.

Centre se dit aussi dans les figures polygones, du point où se coupent leurs diagonales, quoiqu’il ne soit pas également éloigné des extrémités, comme dans les carrés longs, les trapèzes, hexagones, &c. En Gnomonique, on appelle centre diviseur, un point dans le plan du cadran qui représente le centre du monde, & qui sert pour diviser en degrés la représentation d’un grand cercle de la sphère.

Centre de figure ou de grandeur. C’est un point par lequel un corps quelconque est divisé en deux parties égales, c’est-à-dire, en deux parties qui occupent chacune un espace égal.

Centre de gravité. C’est un point par lequel un corps quelconque est divisé en deux parties aussi pesantes l’une que l’autre. Un corps suspendu par son centre de gravité demeure dans un parfait équilibre. La gravité totale d’un corps peut être conçue, réunie à son centre de gravité. Aussi les Physiciens accoutumés à prendre le centre de gravité pour le corps grave, supposent les vérités suivantes, comme autant de principes certains.

☞ 1o. La ligne de direction des corps graves sublunaires, est une ligne droite tirée de leur centre de gravité au centre de la terre.

☞ 2o. Lorsqu’un corps grave descend, son centre de gravité descend avec lui.

☞ 3o. Un corps grave qui descend librement, ne quitte jamais sa ligne de direction.

☞ 4o. Le centre de gravité des corps sublunaires tend toujours à s’approcher du centre de la terre : & par conséquent, toutes les fois que le centre de gravité s’écarte du centre de la terre, le corps est regardé comme étant dans un mouvement violent.

☞ 5o. Un corps grave ne peut pas tomber lorsque la ligne de direction passe par sa base ; mais il tombe nécessairement, lorsque la ligne de direction passe hors de sa base.

☞ 6o. Les hommes & les animaux ont leur centre de gravité vers le milieu de leur corps. Ces principes fournissent l’explication de problêmes amusans.

☞ Si les porte-faix & tous ceux dont le dos est chargé d’un poids considérable, ne se courboient pas en avant ; si les personnes qui ont beaucoup d’embonpoint, ou qui portent pardevant un pésant fardeau, ne se courboient pas en arrière ; si ceux qui en faisant la révérence inclinent la partie supérieure du corps & panchent la tête, n’avançoient pas un pié ; si quelqu’un vouloit tenir les piés appuyés contre une muraille, & ramasser quelque chose à terre ; tous ces gens-là feroient des chûtes aussi ridicules que dangereuses, parce que leur ligne été direction ne passeroit pas par leur base.

☞ Par les mêmes principes, on explique facilement pourquoi, sans une adresse très-grande, on ne sauroit marcher, ou sur une corde ou sur une planche très-étroite, parce qu’il est alors très-aisé que la ligne de direction passe hors de la base.

☞ On voit encore qu’un cheval qui galope doit lever en même temps un pié de devant & un de derrière ; qu’un vieillard courbé sous le poids des années doit se servir d’un bâton ; qu’un enfant qui sautille sur un pié, doit être extrémement sur ses gardes ; sans quoi leur ligne de direction passeroit hors de leur base ; le cheval s’abattroit, le vieillard, donneroit du nez en terre, & l’enfant payeroit sa sottise par une chûte inévitable.

Outre le centre de gravité, il y a en Méchanique plusieurs autres espèces de centres, comme celui d’agitation, de percussion, &c. selon les différentes circonstances que l’on considère, & c’est le point où les différentes puissances ont toute leur action commune réunie. Acad. des Sc. 1701, Hist. p. 109. Une verge chargée de deux poids, & mue parallèlement à elle-même, doit fraper un corps par le point d’équilibre, ou par son centre de gravité, pour le fraper avec le plus de force qu’il se puisse ; ce centre peut s’appeler aussi centre de percussion. Mais si la verge ne se meut pas parallèlement à elle-même, alors le centre de gravité n’est plus le centre de percussion Ib., p. 110.

Centre d’oscillation. C’est un point dans la ligne de suspension d’un pendule composé, tel que si toute la gravité du pendule s’y trouvoit ramassée, les oscillations s’y feroient dans le même temps qu’auparavant. Ce centre est plus haut que celui de la lentille en raison de la pésanteur de la verge. Tout le jeu du pendule s’explique par les principes qu’on vient d’exposer. Le pendule transporté à droite est-il abandonné à lui-même, la pésanteur fait descendre son centre de gravité dans la ligne de direction, c’est-à-dire, dans la ligne perpendiculaire à la surface de la terre. Arrivé à cette ligne, les degrés d’accélération qu’il a acquis en descendant lui font décrire à gauche un arc semblable à celui qu’il vient de parcourir à droite. Cet arc décrit la pésanteur, fait descendre le pendule dans la ligne perpendiculaire, & les degrés d’accélération le font remonter à droite par un arc semblable à celui par lequel il vient de descendre ; en sorte que ce mouvement seroit perpétuel, s’il se faisoit dans un espace parfaitement vide.

Centre de gravitation ou d’attraction. C’est le point vers lequel un corps, une comète, une planète, &c. est continuellement poussée ou attirée dans sa révolution par la force de la gravité. Il ne faut pas confondre le centre de gravité d’un corps particulier avec le centre de gravitation ; c’est-à-dire, avec le centre commun de gravité de plusieurs corps qui s’attirent mutuellement les uns les autres. Celui-là est toujours en dedans du corps grave : celui-ci se trouve communément hors des corps qui gravitent les uns sur les autres. Appliquez, par exemple, deux corps à un levier de la première espèce : mettez ces corps en équilibre : le point d’appui du levier sera le centre commun de gravité. En un mot, dans le systême de Newton, le centre commun de gravité de plusieurs corps qui s’attirent mutuellement n’est autre chose que le point où tous ces corps iroient se réunir, s’ils étoient abandonnés à leur force centripète. Le centre commun de gravité du systême solaire est donc le point du monde où les comètes & les planètes iroient se réunir avec le soleil, si tous ces corps étoient abandonnés à leur force attractive. Ce point ne sauroit se trouver ni hors du soleil, ni au centre même de cet astre. Il ne peut pas être hors du soleil, parce qu’alors les planètes & les comètes, au-lieu de tourner autour de cet astre, tourneroient autour de leur centre commun de gravité. Il ne sauroit non plus se trouver au centre même du soleil ; parce qu’alors il faudroit dire que le soleil attire tous les corps qui tournent autour de lui, & qu’il n’en est aucunement attiré. Ce centre de gravitation se trouve donc dans un point situé entre le centre & la circonférence du soleil. De combien de lieues ce point est-il enfoncé dans le soleil ? C’est à la plus subtile Géométrie à multiplier ses calculs pour le marquer avec précision. Les Physiciens moins scrupuleux dans leur marche, se contentent d’un à peu près. Par leurs supputations le centre de gravité du systême solaire doit se trouver dans le soleil même. Donc, quand même tous les corps qui tournent autour du soleil, se trouveroient sur la même ligne, & du même côté, ils ne devroient pas opérer sur le soleil un dérangement sensible.

Centre des corps pesans. C’est dans notre globe le même que le centre de la terre vers lequel tous les corps graves ont une espèce de tendance. Mais comme la terre n’est pas parfaitement sphérique, il n’y a point à la rigueur de centre des corps pesans. Cependant comme elle est à peu près de figure sphérique, il s’en faut peu que les corps pesans ne tendent tous vers un même point ; & dans le langage ordinaire, ce point est le centre de la terre.

Centre de conversion. Terme de Méchanique. C’est le point immobile sur lequel une chose tourne. Centrum conversionis. Voy. l’Ac. des Sc. 1700. p. 145 & s.

Centre de mouvement. Le point autour duquel se fait un mouvement circulaire. Centre de mouvement réciproque est la même chose.

Centre d’équilibre forcé, est le point où un corps est placé entre deux ressorts bandés, lesquels font un effort égal pour se dilater en directions opposées, & est par cela même retenu en équilibre, étant sollicité ou pressé de part & d’autre par deux forces égales & opposées. Le centre d’équilibre oisif est le point où un corps se trouve entre deux ressorts lâches ou débandés, en sorte qu’il demeure en équilibre, ou plutôt en repos par cela seul qu’il n’est point pressé ni d’un côté ni de l’autre.

Centre phonique. C’est le lieu où celui qui parle doit se placer dans les échos articulés qui répètent plusieurs syllabes.

Centre phonocamptique. C’est le lieu ou l’objet qui renvoie la voix dans un écho.

On appelle en termes de guerre, le centre du bastion, le point qui est au milieu de la gorge du bastion, où commence la ligne capitale, & qui est d’ordinaire à l’angle du polygone intérieur de la figure.

On appelle aussi le centre du bataillon, le milieu du bataillon, où on laisse quelquefois un grand carré vide, pour y conserver des drapeaux & du bagage. Ainsi on dit, vider ou carrer le centre du bataillon pour dire, selon l’ancienne méthode de former des bataillons, pratiquer un terrain de figure carrée dans le milieu des piquiers, afin que les Mousquetaires, les drapeaux & les bagages y puissent être à couvert, quand les troupes plus nombreuses attaquent le bataillon.

Centre oval. Terme d’Anatomie, Voyez Voute médullaire.

Centre tendineux. Terme d’Anatomie. C’est la partie dans laquelle les queues des muscles du diaphragme se rencontrent. Ce centre est troué vers sa droite pour donner passage à la veine-cave ; & vers sa gauche en arrière, sa partie charnue donne partage à l’œsophage, au tronc descendant de l’aorte au canal thorachique, & à la veine azygos entre ces deux piliers. Encyc.

Centre se dit dans le discours ordinaire, comme synonyme de milieu. C’est ainsi qu’on dit qu’un lieu est le centre d’une ville ; qu’une ville est le centre d’une Province, qu’une Province est le centre d’un Royaume.

Centre se dit par extension du lieu où chaque chose tend naturellement, comme au lieu de son repos. On dit en ce sens que chaque chûte tend à son centre.

☞ On dit figurément qu’un homme est dans son centre, pour dire qu’il est dans un endroit où il se trouve bien, où il a ses aises & ses commodités. On dit dans un sens contraire qu’il est hors de son centre. Un ivrogne au cabaret est dans son centre.

☞ On dit encore figurément qu’une ville est le centre du commerce, le centre des affaires ; pour dire que c’est l’endroit où le commerce est plus florissant, où se traitent la plupart des affaires. Paris est le centre des sciences, des beaux arts. Le centre du bon goût, de la politesse, &c.

☞ En Théologie, on dit que l’Eglise Romaine est le centre de l’unité, le centre de la communion des Fidèles sur la terre.

☞ On dit proverbialement, je voudrois être au centre de la terre ; c’est-à-dire, bien loin, ou bien caché.

Centre vient du latin centrum, formé de κέντρον, point, de κεντέειν, pungere.

☞ CENTRER un verre. Terme de Lunetier. C’est travailler un verre de manière, que la plus grande épaisseur de ce verre se trouve au centre de la figure quand il est achevé.

CENTRIFUGE. adj. Qui tend à éloigner du centre. C’est un terme de Physique. Un corps qui se meut, tend toujours à décrire la ligne qu’il décriroit s’il étoit libre… D’où il faut conclure que les corps qui se meuvent circulairement, tendent continuellement à s’éloigner du centre de leur mouvement ; ce qu’ils doivent faire avec une force d’autant plus grande, qu’ils se meuvent plus vite. Rohault. Un corps qui décrit un cercle, décrit à chaque instant une petite ligne droite qui fait partie de sa circonférence. Ce corps à chaque instant fait donc effort pour continuer à se mouvoir dans la direction de cette petite ligne. C’est la force centrifuge. M. de Maupertuis. Voyez Mouvement circulaire & les articles relatifs.

L’effet de la force centrifuge est tel, qu’un corps obligé à décrire un cercle, le décrit le plus grand qu’il lui est possible, parce qu’un plus grand cercle est, pour ainsi dire, moins cercle & diffère moins d’une ligne droite qu’un plus petit. Un corps souffre donc plus de violence, & exerce plus sa force centrifuge, quand il décrit un petit cercle, que quand il en décrit un grand. Hist. de l’Acad. R. des Sciences, année 1700, p. 79. de l’Edit. de 1703.

CENTRINE. s. f. Poisson de mer que les Italiens appellent pesce perco. Il est gros, épais, court, de figure triangulaire, couvert d’une peau fort rude, parsemée de pointes fortes, principalement à la tête & au dos, de couleur obscure. Sa tête est petite & comprimée : ses yeux sont vifs : sa gueule est presque toujours ouverte. Ses dents sont larges & tranchantes : sa chair est nerveuse, visqueuse, & ne se mange point. Etant sechée, elle excite l’urine. C’est le chien de mer.

CENTRIPÈTE, adj. m. & f. Terme de Physique. Qui tend à approcher d’un centre. Centripeta. Un mouvement centripète. La force centripète, si célèbre dans la Physique moderne, est une propriété des corps, qui les fait tendre au centre du cercle qu’ils décrivent dans leur tourbillon ; c’est-à-dire, que ce n’est autre chose que la gravité ou pésanteur, ou l’attraction. La force centripète est opposée à la force centrifuge. Il est parlé dans le Journal des Savans, de Mai 1734, du conflit des forces centrifuges & centripètes, nécessaire pour retenir dans son orbite, & autour de sa planète principale tout satellite placé au-delà, &c.

Ce mot est composé de centrum, centre, & peto, je tends, je vais.

CENTRIPÉTENCE. s. f. Terme de Physique. Tendance au centre. Aux appétits aristotéliciens, le plus brillant des Modernes ne substitue aujourd’hui que des centripétences, des attraclions. Mém. de Trév. L’idée précise de Newton est de faire tourner les planètes ; la lune, par exemple, autour de la terre dans une ellipse régulière en vertu de sa centripétence ; mais cette centripétence est altérée par la force héliocentrique : de sorte que c’est de la combinaison de ces deux forces que doit résulter la modification & la figure de l’orbe lunaire. Castel.

☞ CENTROBARIQUE. adj. Méthode centrobarique. En Méchanique, c’est une méthode pour mesurer ou déterminer la quantité d’une surface ou d’un solide, en les considérant comme formés par le mouvement d’une ligne ou d’une surface, & multipliant la ligne ou la surface génératrice par le chemin parcouru par son centre de gravité. Encyc.

CENTROSCOPIE. s. f. Terme de Mathématique. Traité du centre : partie de la Géométrie qui traite du centre. Centroscopia. Il y a deux sortes de centres, le centre d’une figure & le centre de gravité. La centroscopie traite de l’un & de l’autre. Ce mot ne se trouve point dans nos Auteurs, parce qu’ils ne réunissent point ces deux choses en un traité particulier. Ils examinent le centre des figures dans la Géométrie, & le centre de gravité dans la Méchanique. Ce sont les vrais lieux de parler de ces deux sortes de centres. Il a plu à Caramuel de les en séparer, & d’en faire un traité particulier, qu’il appelle Centroscopia.

Ce mot vient de κέντρον, centrum, & σκοπέω, considero.

CENT-SUISSES. s. m. C’est une Compagnie de cent Suisses, établie en 1481 par Louis XI pour la garde du Roi. Centumviri Regis custodes ex Helvetia. Ce nom est singulier aussi bien que pluriel. Les Cent-Suisses de la garde du Roi ont un Capitaine-Colonel, deux Lieutenans, l’un François & l’autre Suisse. Aux jours de cérémonie le Capitaine & les Lieutenans des Cent-Suisses sont vêtus de satin blanc avec de la toile d’argent dans les entaillures ; & les Suisses ont des habits de velours. Un Cent-Suisse jouit des mêmes privilèges qu’un François naturel ; il n’est point sujet au droit d’aubaine ; il a exemption de taille pour lui, sa veuve, ses enfans.

CENTUMVIR. s. m. Magistrat & Officier de l’ancienne Rome, établi pour juger de certaines affaires civiles, comme des testamens, des tutelles, des prescriptions. Centumvir. Comme le peuple étoit divisé en trente-cinq Tribus, on élisoit trois personnes de chaque Tribu pour remplir cette charge : cela composoit un nombre de 105 Juges ; & quoique dans la suite on en augmentât le nombre jusqu’à cent quatre-vingt, on ne laissa pas de les appeler toujours Centumvir, & leurs jugemens centum viralia judicia. Voyez Festus. Les Centumvirs furent créés à l’exemple de la première institution du Sénat établi par Romulus, ainsi que le rapporte Denys d’Halicarnasse en son second livre. Pomponius le Jurisconsulte, en son Enchiridion du Droit, dit que les Centumvirs furent établis quand les Préteurs ne purent plus suffire à vider tous les procès du peuple, d’autant plus qu’ils étoient ordinairement distraits & occupés hors de Rome, tant aux guerres, qu’à l’administration des Provinces. Vigenère sur Tite-Live, T. I, p. 766.

Les Centumvirs connoissoient des usucapions, des tutelles, des testamens, & généralement de toutes les affaires qui se portent parmi nous devant le Juge ordinaire, dont la plupârt étoient auparavant du ressort des Préteurs, sur la juridiction desquels ils avoient beaucoup empiété : car ils étoient alors (sous Vespasien) compétens pour les matières criminelles, comme pour les civiles. Morabin, p. 182. Voyez Festus & Quintilien, L. IV, c. 1.

CENTUMVIRAL, ALE. adj. Qui appartient aux Centumvirs, & qui est de leur ressort & de leur dépendance. Centumviralis. Jugement centumviral.

CENTUMVIRAT. s. m. Centumviratus. Tribunal chez les Romains, composé des Centumvirs. Voyez ce mot.

☞ CENTUPLE. s. m. Cent fois autant. Centuplum. Il a dépensé beaucoup dans cette affaire ; mais on lui a donné le centuple. Cette terre rend, rapporte au centuple. Centesimum fructum affert. Doubler au centuple. Centuplare, centuplicare. En style d’Ecriture, Dieu rendra au centuple tout ce qu’on lui aura fait.

☞ Centuple est aussi adj. de t. g. Une somme est centuple d’une autre. Centuplex, centuplus.

CENTURIATEUR. s. m. ☞ qui distribue, qui compile par centuries, par centaines. Ce mot n’est usité qu’en parlant de certains Auteurs Protestans, qui ont composé une histoire ecclésiastique, & l’ont rédigée par centaines d’années, & qu’on appelle Centuriateurs de Magdebourg, Centuriatores, parce que l’ouvrage fut commencé dans cette ville. Ce furent quatre Ministres de cette ville-là, qui en furent les premiers Auteurs, dont le chef étoit Matthias Flaccius Illyricus. Elle a été revue par Lucius, Professeur à Bâle, & réimprimée en 1624, en trois volumes. On dit que Baronius n’avoit entrepris ses Annales, que pour combattre les Centuriateurs de Magdebourg, dont le but étoit d’attaquer l’Eglise Romaine, & d’établir la réforme.

CENTURIE. s. f. Partie d’une chose divisée ou rangée par centaines. Centuria. Dans le temps que le peuple Romain s’assembloit pour créer des Magistrats, ou pour établir des loix, ou pour délibérer des affaires qui concernoient la République, il étoit divisé par centuries ; & afin que l’on pût recueillir plus facilement les suffrages, on opinoit par centuries. Cela se faisoit dans le Champ de Mars, & ces assemblées s’appeloient Comitia centuriata. C’étoit l’assemblée de tout le peuple. Les cohortes romaines étoient distribuées par décuries & par centuries. Le Décurion commandoit la décurie ; le Centurion, la centurie : chaque cohorte étoit composée de six centuries ; & une légion, de soixante centuries. Plusieurs Auteurs divisent leurs ouvrages par centuries. Gombaut a fait trois centuries d’Epigrammes.

Centurie, se dit particulièrement des vers de Nostradamus, rangés par centaines de quatrains ou de sixains : chaque couplet s’appelle quelquefois une centurie, centuria ; même ceux qui font des quatrains pour imiter ces prétendues prophéties, les appellent des centuries.

Centurie de Magdebourg. Histoire Ecclésiastique divisée en treize Centuries ; elle contient treize siècles, & va jusqu’à l’année 1208. Res Ecclesiasticæ per centurias annorum à Doctoribus Magdeburgensibus divisæ ac rescriptæ, centuriæ. Quelques Savans en formèrent le projet, & y travaillèrent sous la direction de Flaccius Illyricus. Voyez Centuriateurs.

CENTURION. s. m. Terme de Milice Romaine. Officier Romain d’infanterie, qui commandoit à cent Soldats ; c’est la même chose que Centenier. Centurio. Le Centurion de la première cohorte de chaque légion s’appeloit Primipilus. Il n’obéissoit qu’au Tribun, & commandoit quatre Centuries. Il gardoit l’étendard, & l’aigle de la légion. Il y avoit à Césarée un homme nommé Corneille, Centurion dans la cohorte appelée Italienne. Simon, Act. des Ap. X, 1. Le Port-Royal a dit Centenier. Corneille le Centurion est le premier Chrétien d’entre les Gentils. Chastelain. Si S. Longin est le Centurion qui se convertit à la vue des miracles qui se firent à la mort de Jesus-Christ, Corneille n’est pas le premier Chrétien d’entre les Gentils, ou du moins cela n’est pas sûr.

☞ On dit Centurion en parlant de l’Histoire Romaine. Centenier, est usité dans le style de l’Ecriture.

CENTUSSE. s. f. en latin centussis : cent sols de monnoie romaine. A la béatification & canonisation de S. François de Sales, il coûta en purs dons 3612 centusses de monnoie romaine. Le Card. Lambertini. On donne à l’Avocat consistorial cent centusses, qui se partagent entre le corps des Avocats consistoriaux. Idem.

CEO.

CEOLS. s. m. Nom d’homme. Celsus. S. Celse, vulgairement appelé S. Ceols, ou S. Ceouls, & par corruption S. Sous, dans le Diocèse de Paris, & en Berry, nom que les Géographes ont encore plus défiguré en l’écrivant sur leurs cartes, Cinqsoles, & que les anciens titres d’une Paroisse du Diocèse de Paris, vers les limites de l’Evêché de Chartres, nomment saint Cheours, étoit un jeune enfant qui fut martyrisé à Milan dans le premier siècle avec S. Nazaire. Voyez Bailler, 28 de Juillet.

CEP.

CEP. s. m. Souche, pié de vigne. Vitis, vinea, stirps, truncus. Arracher un cep. Il n’y a que trois ceps à cette treille. Ménage dérive ce mot de cippus, qui veut dire tronc, quoique d’autres le dérivent de capo, ou caput. Quelques-uns écrivent sep par abus.

CEP, ou CEB. s. m. Espèce de Satyre, ou plutôt de singe, dont parie Solin, c. 30. Cepus, ou Cebus. On en vit a Rome au temps de Jules César, si l’on en croit Solin. Pline cependant dit que ce fut à des jeux que donna le grand Pompée ; mais tous deux conviennent que c’est la seule fois qu’on en ait vu à Rome. Ils avoient les pieds de derrière semblables à ceux de l’homme, & ceux de devant à peu près semblables à nos mains. Diodore de Sicile leur donne une tête de lion, le corps de panthère, & la grandeur d’une chèvre. C’est une fable, quoique Strabon dise la même chose, Liv. XVI, après Artémidore. Quelques Auteurs ont prétendu que ce mot étoit grec, κῆπος, qui signifie jardin, & qu’on l’avoit donné à cet animal, à cause que sa variété imitoit celle d’un jardin. Mais Saumaise, sur l’endroit de Solin que j’ai cité, a très-bien remarqué que ce mot étoit éthiopien, & que les Grecs l’avoient pris, comme beaucoup d’autres des langues étrangères ; & Bochart a très bien montré, Hierozoicon, p. I, L. III, c. 31, que c’étoit la même chose que כוף, koph, animal que la flotte de Salomon apportoit de Tharsis, & que les Traducteurs ont rendu par Simia ; un singe. C’est apparemment la même chose que les Bavianes de l’île de Ceïlan, dont nous parlons au mot Satyre. Au reste, je ne sais où certain Auteur a pris que le Ceb, ou comme il dit, Cebus, a le visage d’un Satyre, & le reste du corps de chien & d’ours.

Ceps, se dit au pluriel des fers qu’on mer aux pieds & aux mains des prisonniers. Compedes. En ce sens il est vieux. On le dit aussi de deux pièces de bois échancrées où l’on engage les pieds du criminel pour le tenir plus surement prisonnier. On s’en sert aussi pour lui donner la question.

Ce mot vient de cippus, dont les Latins se sont servis en la même signification. Ménage. Joannes de Janua en tire l’origine ex eo quod capiat pedes. Dans les vieux titres on trouve cheps pour signifier prison : & ainsi on a dit un chep à mettre un malfaiteur, pour dire, un cachot ; & on a appelle chepier, ou cheper, un Geôlier. D’autres prétendent que c’est le prisonnier que l’on appeloit chepier ; & pour le Geôlier, Nicot dit qu’on l’appeloit ceppier. Mais comme il n’y a pas beaucoup de différence entre cheppier & ceppier, on pourroit bien les avoir confondus.

CEPÆA. s. f. Petite plante qui fait beaucoup de petites tiges rondes de la hauteur d’un pied & demi, qui traînent par terre. Cepæa. Ses feuilles sont épaisses, semblables à celles du pourpier, mais plus petites, plus étroites & plus longues. Sa racine est fort petite. Ses fleurs sont petites, blanches, à cinq feuilles. Sa semence est fort menue. C’est une espèce de joubarbe.

☞ CEPEAU. s. m. Voyez Ceppeau.

CÉPÉE ou SÉPÉE. s. f. Terme d’exploitation & de commerce de bois. Ce terme signifie quelquefois des buissons : mais le plus souvent on le dit d’une touffe de plusieurs tiges de bois qui repoussent d’une même souche, comme les taillis, qui delà sont appelés bois de cépees. Voilà de belles cépées.

CEPENDANT. adv. de temps. En attendant, pourtant, pendant ce temps-là. Intereà, interim. Je vais dîner, allez cependant brider mon cheval. ☞ Nous nous amusons, & cependant la nuit vient. On le prend aussi quelquefois pour néanmoins, toutefois, pourtant. Tamen, nihilominus, attamen. On a beau crier contre les vices, cependant on ne s’amende point. Vous ne parlez point de cette clause, cependant c’est la principale. On commence une période par cependant ; auquel cas il sert de transition & de conjonction. Autrefois on disoit cependant que, Interea dum, dùm, donec pour tandis que, mais aujourd’hui on dit tandis que.

M. l’Abbé Girard observe que pourtant a plus d’énergie & affirme avec fermeté, malgré tout ce qui pourroit être opposé. Cependant est moins absolu & moins ferme ; il affirme seulement contre les apparences contraires. Néanmoins distingue deux choses qui paroissent opposées, & il en soutient une sans détruire l’autre. Toutefois dit proprement une chose par exception. Il fait entendre qu’elle n’est arrivée que dans l’occasion dont on parle.

☞ Que toute la terre s’arme contre la vérité, on n’empêchera pourtant pas qu’elle ne triomphe. Quelques Docteurs se piquent d’une morale sévère ; ils recherchent cependant tout ce qui peut flater la sensualité. Corneille n’est pas toujours égal à lui-même, néanmoins Corneille est un Auteur excellent. Qui ne haïssoit pas Néron ? Toutefois il aimoit Popéa.

☞ Ce mot vient du latin, Hoc pendente negotio.

☞ CÉPHALAGRAPHIE. s. f. Terme d’Anatomie. Description de la tête, ou du cerveau. κεφαλὴ, tête. Γραφία, description.

CÉPHALALGIE. s. f. Terme de Médecine, qui se dit en général de toutes sortes de douleurs de tête ; mais en sa propre signification, il signifie une douleur de tête violente & récente. Cephalalgia. Quand elle est invétérée on l’appelle céphalée, & quand elle ne tient que la moitié de la tête, on l’appelle migraine.

Ce mot vient du grec κεφαλὴ, caput ; & d’ἄλγος, dolor, douleur.

CÉPHALALOGIE. s. f. Partie de l’Anatomie qui traite du cerveau. Κεφαλὴ, caput, tête, & λόγος, sermo, traité.

CÉPHALE. s. m. Fils de Déjonée, Roi de Phocide, épousa Procris, sœur d’Orithie, Roi d’Athènes. Céphale étoit bisaïeul d’Ulisse. Euripide dit que l’Aurore enleva au cieux Céphale après la mort de Procris. Céphale & Procris sont le sujet d’un Opéra de Duché, & d’une Comédie de Dancourt

CÉPHALÉE. s. f. Cephalæa. Terme de Médecine. Douleur de tête invétérée. Ce mot est formé du grec κεφαλαία. Il vient de κεφαλὴ, tête.

CÉPHALIQUE. adj. m. & f. Terme de Médecine, qui se dit de tout ce qui appartient à la tête, ou à ses parties. Cephalicus. Ainsi on appelle remèdes céphaliques, ceux qui sont propres pour les maladies de la tête. Il y a une veine qui monte le long de la partie externe du bras, & qui va se terminer à la veine axillaire, qu’on nomme céphalique, parce que les Anciens avoient coutume de la faire ouvrir dans les affections du cerveau ; ce que font encore aujourd’hui les ignorans & les superstitieux : ou, comme dit Dionis, parce qu’étant placée dans la partie la plus supérieure du bras, elle est plus proche de la tête. Vena cephalica.

☞ Il y a plusieurs poudres céphaliques que l’on croit propres à soulager les maux de tête. Il y a aussi un baume céphalique excellent dans les migraines, les étourdissemens &c. On en frotte la tête, les tempes, les narines.

☞ CÉPHALONIE. Cephalonia. Nom d’une île, & de sa capitale. L’île de Céphalonie, appelée autrefois Samos, n’est pas la fameuse Samos de l’Archipel, mais la Samos Meione des Anciens. Elle est située dans la mer Ionienne, vis-à-vis des golfes de Patras & de Lépante, entre l’Ile de Sainte Maure au septentrion, & celle de Zanthe au midi. Céphalonie est aussi le nom de la ville capitale de l’Île. Elle est située sur une montage qui aboutit au golfe qu’on appelle Porto d’Argasioli. C’est un Evêché que le Marquis de Tocchis, qui dans le XIIe siècle étoit Prince d’Achaïe, & maître de l’île de Céphalonie, fit ériger.

A Céphalonie se voit la Forteresse Nassau, qui est sur un rocher inexpugnable. L’enceinte de cette Forteresse est si extraordinairement grande, qu’elle peut renfermer tous les habitans de l’Île, quand ils ont besoin de s’y réfugier pour se sauver des Pirates. Du Loir, L. X, p. 356.

CÉPHALOPHARINGIEN. adj. Terme d’Anatomie, qui se dit de deux muscles de l’orifice de l’œsophage, qu’on appelle pharinx. Ils prennent leur origine de l’articulation de la tête avec la première vertèbre, & vont s’insérer à la partie supérieure du pharinx, pour le tirer en haut, & en arrière.

CÉPHAS. s. m. C’est le nom que Jesus-Christ donna à saint Pierre, après qu’il eut confessé sa divinité, & qu’il étoit Fils de Dieu. Matth. XVI, 18. Ce nom est syriaque & chaldéen כיף, & כיפא, ou כאפא : il signifie pierre, & Jésus-Christ le donna à Simon fils de Jonas, pour lui déclarer qu’il seroit après lui la pierre sur laquelle il bâtiroit son Eglise ; qu’il en seroit le Chef visible, & son Vicaire en terre. Car pour signifier cela, il n’est point nécessaire, comme quelques-uns le croient, que כיפא, Cepha, vienne de κεφαλὴ, tête, ou chef, ainsi que l’ont cru Optat de Mileve, & Baronius ; de même qu’il n’est point nécessaire qu’il le signifie, quand il est dit de Jésus-Christ, pour marquer qu’il est le Chef de l’Eglise, dans laquelle tout sera appuyé sur lui, tout dépendra de lui, comme I, Ep. de S. Pierre II, 6, où la version Syriaque se sert du mot כאפא. Voyez Bellarmin, Eccl. L. II, c. 15 ; Baron, ad. an. c. 32 & 34 ; & Valentia, De fide Disput. I, Quæst. I, Punct. VII, q. 5. L’allusion que J. C. fait de ces deux mots, Vous êtes Pierre, & sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, n’est pas rare dans l’Ecriture, dans les prédictions ou les promesses. Lamech en fait une sur le nom de son fils Noé, Gen. V, 29, Jacob sur celui de Juda, Gen. XLIX, 8. L’Auteur Grec du Nouveau-Testament ne l’a pas gardée si exactement ; il a mis Πέτρος, & πέτρα. Il pouvoit répéter πέτρος, qui se dit très-bien en grec pour petra, une pierre. Notre langue rend heureusement ce jeu de mots.

CÉPHÉE. s. m. Constellation septentrionale, composée de dix-neuf étoiles, selon Hygin, mais dont aucune n’est de conséquence, la plus grande qui est dans le bras droit étant de la troisième grandeur. Céphée étoit un Roi d’Ethiopie, qui fut le père de la belle Andromède, que Persée délivra d’un monstre, & qu’il épousa. Le père, la mère, la fille & le gendre, c’est-à-dire, Céphée, Cassiope Andromède & Persée, furent métamorphosés en astres, qui composent aujourd’hui quatre de nos Constellations.

CEPPEAU. s. m. Terme d’ancien monnoyage. C’est le billot sur lequel étoit arrêtée la pille, ou matrice d’écusson, sur laquelle se frapoient les monnoies dans le temps qu’on les frapoit au marteau.

☞ CEPITE. s. f. Terme d’Histoire Naturelle. Espèce d’agate, ainsi nommée, parce qu’on y remarque quantité de raies concentriques qui la font ressembler à un oignon (cepe) qu’on auroit coupé en deux. Cepites.

CÉPUZE. Cepuziensis Comitatus. Le Comté de Cépuze est une petite Province de la haute Hongrie, frontière de Pologne

CEQ

CEQUIN. Voyez Sequin.

CER

☞ CERACHATE. s. f. Cerachates. Espèce d’agate jaune, ou de couleur de cire, d’où lui vient son nom.

CÉRAMBE. s. m. Terme de Mythologie. Vieux habitant du mont Othrys en Thessalie, qui, s’étant retiré sur le Parnasse pour éviter l’inondation du déluge de Deucalion, y fut changé en oiseau par les Nymphes de cette montagne, ou, selon d’autres en cette espèce d’escarbot qui a des cornes. Il s’agit là de quelqu’un qui se sauva heureusement d’une inondation. Quant à l’escarbot, c’est l’étymologie de son nom qui a donné lieu à la métamorphose. Les Grecs appeloient l’escarbot κέραμϐον, à cause de ses cornes, du mot κέρας, cornu.

CÉRAMIQUE. s. m. C’est un nom grec, qui vient de κέραμος, ceramos, qui signifie une tuile, d’où se fait κεραμκός, lieu où l’on cuit de la tuile, Tuilerie ; ou bien, lieu bâti de tuile, c’est-à-dire, comme nous parlons en françois, bâti de brique. Plusieurs lieux ont porté ce nom. Hésychius & Suidas disent qu’il y avoit deux Céramiques à Athènes ; l’un dans la ville & l’autre hors de la ville. Le Céramique de la ville étoit un lieu où l’on faisoit aux frais du public les funérailles & les oraisons funèbres de ceux qui avoient été tués dans la guerre. Il y avoit sur leur tombeau des colonnes sur lesquelles on faisoit graver l’endroit où ceux qu’on y enterroit avoient été tués, & leur épitaphe. Le Céramique du fauxbourg étoit un lieu où les femmes débauchées s’assembloient. Le Céramique de la ville étoit un des plus beaux quartiers d’Athènes. M. Spon en parle dans son Voyage de Grèce. P. II, p. 181 & 193. Voyez aussi Meursius Athen. Att. Le Scholiaste d’Aristophane dit qu’on y célébroit des jeux, qui s’appeloient Ὁ της λαμπαδος ἀγων, le combat du flambeau, parce que ceux qui couroient, portoient un flambeau. Les enfans donnoient des coups du plat de la main à ceux des coureurs qui restoient derrière, & cela s’appeloit des coups céramiques. Voyez ce Scholiaste sur la fin du IVe acte de la Comédie des Grenouilles ; sur l’acte I de celle des Oiseaux ; & sur celle des Chevaliers, acte II, scène, 3e. Pausan. Liv. I. On faisoit des jeux trois fois par an dans le Céramique, pour Minerve, pour Vulcain & pour Prométhée. C’étoit peut-être dans ceux de Prométhée que l’on couroit avec des flambeaux, à cause du flambeau que la fable disoit qu’il avoit allumé au char du soleil, pour animer le corps de l’homme qu’il avoit formé. Au reste, jamais personne n’a mis que deux Céramiques dans Athènes, & l’on ne fait pourquoi dans Moréri on en distingue trois.

Pline, Liv. XXXV, ch. 12, dit que ce lieu fut nommé Céramique, parce que Chalcostènes, ouvrier fameux en ouvrages & statues de terre, avoit sa boutique ou son atelier en cet endroit. Pausanias, Liv. I, dit que c’est du Héros Céramus, que l’on disoit être fils de Bacchus & d’Ariadne.

La porte d’Athènes, qui étoit voisine de l’un de ces Céramiques, s’appeloit la porte Céramique.

Céramique étoit encore, selon Pline, Liv. V, ch. 29, un petit golfe de Carie, proche d’Halicarnasse.

CÉRAN. s. m. Nom d’homme. Ceraunus, Ceraunius. S. Céran, qui vivoit au commencement du VIIe siècle, sous le Roi Clotaire II, entreprit de recueillir les Actes des Martyrs. Baillet. Il fut Evêque de Paris, & assista au Concile de Paris de 615, tenu dans l’Église des Apôtres, c’est-à-dire, de sainte Geneviève, & qui fut appelé Concile Général par celui de Reims de 625, parce qu’il étoit composé de 79 Evêques, & que jamais la France n’en avoit eu de si nombreux.

CÉRANT. s. m. Vieux mot. Petite monnoie, ou autre chose de fort peu de conséquence.

Poures devins & pain querant,
Je n’eus vailleant un Cérant.

CÉRASINE. s. f. Sorte de breuvage. Guillaume de Rubruquis, Cordelier, ayant été envoyé en Tartarie par S. Louis, fut mené au Palais le 4 de Janvier 1254 à l’audience de Mangou-can. Il me fit demander, dit-il, lequel nous voulions de quatre breuvages qu’on nous présentoit. Je goûtai un peu de celui qu’ils nomment cérasine, fait de riz… Fleury.

CÉRASTES. Peuples de l’île de Chypre qui avoient chez eux un autel dédié à Jupiter Hospitalier, qui étoit toujours teint du sang des étrangers. Vénus offensée de cette inhumanité, les changea en Taureaux ; c’est pour nous marquer les mœurs féroces de ces peuples. D’ailleurs comme le mot κέρας, signifie corne, on dit qu’ils portoient des cornes. L’Ile même de Chypre a porté le faux nom de Céraste ou Cornue, parce qu’elle est environnée de Promontoires qui s’élèvent dans la mer, & font voir de loin des pointes de rochers comme des cornes.

CÉRASTE. s. m. Espèce de serpent qu’on appelle cornu. Cerastes. Les Auteurs assurent qu’en Afrique, les Cérastes ont deux cornes comme les limaçons. Solin leur en donne quatre. Ils sont longs de deux pieds, quelquefois plus. Ils ont le corps de couleur de sablon, écaillé vers la queue. Ils rampent de biais ; & quand ils marchent, il semble qu’ils sifflent, à cause du bruit que font leurs écailles. La morsure de ce serpent est très-dangereuse.

☞ Ces prétendues cornes que l’on donne au Céraste, ne sont autre chose que deux dents courbes, un peu en devant, qui sont mobiles, & qui sont ses armes offensives.

☞ Ce mot vient du grec κέρας, corne.

☞ CÉRAT. Que les Grecs & les Romains appeloient Ceroma, étoit une mixtion d’huile & de cire, dont se frotoient les Athlètes. Elle ne servoit pas seulement à rendre les membres plus glissans & moins capables de donner prise, mais elle les rendoit plus souples & plus propres aux exercices. Antiq. Grecq. & Romaine.

CÉRAT. Terme de Médecine. C’est une espèce d’onguent, ou de liniment fait d’huile & de cire, qui sert de remède à plusieurs maladies. Ceratum. Le cérat est d’une consistance plus épaisse que le liniment. On met à l’un quatre onces de cire, & à l’autre deux, sur douze onces d’huile. Il est plus solide que l’onguent, & moins que l’emplâtre. On fait des cérats de soufre, de santal, &c. Il y en a un particulier qu’on appelle cérat de Galien réfrigératif, qui se fait avec de la cire blanche, & de l’huile rosat emphacin. Cérat citrin, cérat de brique restrinctif ou astringent, cérat diasinapi, cérat résolutif, cérat oxeleum & cérat divin.

Ce mot vient du latin cera.

☞ CÉRATIAS. s. m. Terme dont quelques Auteurs, comme Pline, se sont servis pour désigner une comète cornue, ou plutôt qui a deux queues.

CÉRATION. s. f. Terme de Chimie. C’est la disposition d’une matière pour la rendre propre à être fondue & liquéfiée, quand de soi-même elle ne l’étoit pas : ce qu’on fait pour lui donner plus facilement le moyen de pénétrer dans les métaux, ou autres corps solides. Præparatio materiæ cujuspiam ad liquamen. Les Chimistes disent ceratio.

☞ On le dit particulièrement de l’action de rendre les métaux fusibles, comme de la cire.

☞ Les Vocabulistes prétendent que cération, se dit encore de l’action de pénétrer de cire une toile, une étoffe ou quelqu’autre corps. Malgré cette décision, on continuera de dire incération, pour exprimer l’action d’incorporer de la cire avec quelqu’autre matière.

CÉRATOGLOSSE. s. m. ou plutôt adjectif pris substantivement. C’est un des muscles de la langue, qui la tire à côté & en arrière. Il prend son origine de la partie supérieure de la corne de l’os hyoïde, & va s’insérer aux côtés de la langue. Il y en a deux, un de chaque côté.

☞ CÉRATOIDES. s. f. Pierre de nature marneuse, durcie par le temps, parsemée de petits points noirs, en forme de cônes, traversés de stries qui n’occupent que la moitié de sa superficie. Le reste est uni, & souvent orné de ramifications. On dit qu’elle vient de Néocastro cap de Romanie.

CÉRATOPHYLLON. s. m. Plante aquatique. Voyez-en les espèces dans le Dict. de James. On ne leur attribue aucune propriété médecinale.

☞ CÉRAUNE. Ceraunus, foudre. Surnom qui fut donné à Ptolomée, Roi de Macédoine, & à Sélénus, Roi de Syrie, à cause de leur bravoure. C’est ainsi qu’on parle d’un grand Capitaine, devant qui tout plie ; nous disons que c’est un foudre de guerre.

CÉRAUNIEN. Voyez Acrocéraunien.

☞ CÉRAUNOSCOPION. s. m. Partie du théâtre des Anciens. Espèce de machine versatile, de la forme d’une guérite, d’où Jupiter lançoit la foudre, dans les pièces ou ce spectacle étoit nécessaire. Encyclopédie.

CERBÈRE. s. m. C’est un chien à trois têtes, que les Poëtes ont feint être commis à la garde des enfers, qu’on dit avoir été enchaîné par Hercule : sur quoi les Mythologistes ont fait différentes interprétations. Cerberus. Hesiod. Théog. v. 312, lui donne cinquante têtes, & Horace, cent, Liv. II, Od. 13, v. 34. Les Platoniciens, entendoient par cerbère un mauvais démon. Voyez Vossius à la fin du ch. 19, du Liv. II. De Idolol.

Ce mot vient du grec κρεοϐόρος, qui signifie carnassier, qui dévore avidement la chair.

On appelle figurément & par exagération, un Suisse, ou un Portier rude & rebutant, un Cerbère.

Marot appelle Cerbère le Geôlier d’une prison.

Si rencontrai Cerberus à la porte,
Lequel dressa ses trois têtes en hault,
A tout le moins une qui trois en vault.

Cerbère. Terme de Chimie. Les Chimistes donnent ce nom mystérieux à ce minéral qu’on nomme vulgairement salpêtre.

CERBONEY. s. m. Nom d’homme. Cerbonius. Cerbonius, que nous appelons Cerboney, fut l’un des plus saints Evêques qu’eut l’Eglise au VIe siècle. Baillet. Il fut Evêque de Populone en Toscane.

CERCACOLA. s. f. Drogue employée dans le Tarif de la Douane de Lyon de 1632.

CERCE en Architecture. Voyez Cherche.

CERCEAU. s. m. Lien dont on se sert pour relier les tonneaux, les cuves. Circulus. Les cerceaux sont faits de branches de châtaignier fendues par le milieu. ☞ Ce sont les meilleurs ; quelquefois de coudre, de bouleau, de frêne, &c. Il faut remettre des cerceaux à cette cuve. Le premier cerceau d’un tonneau se nomme le talus ; le second, qui est double, sommier ; le troisième & le quatrième, collet & sous-collet, ou premier & second collet. Les autres n’ont point de nom particulier, excepté celui qui est plus proche du bondon, qu’on appelle le premier en bouge.

☞ Ce mot vient du latin circulus, du grec κύκλος.

Cerceau se dit chez les Ciriers, d’un petit cercle garni de petits crochets où ils suspendent la bougie de distance en distance.

☞ Chez les Boutonniers, c’est un fil d’or, plié en cercle qu’on aplatit, & auquel on fait prendre à la main la forme du bouton sur lequel il se jette.

Cerceaux, en termes de Fauconnerie, sont des pennes du bout de l’aile des oiseaux de proie. Les faucons, sacres & laniers n’en ont qu’un ; les autours & les éperviers trois. Il y a jusqu’à sept pennes, les premières desquelles sont appelées cerceaux ; les suivantes sont appelées Vanneaux.

Cerceau est aussi un terme d’Oiseleur, qui signifie une sorte de filets pour prendre des oiseaux à l’abreuvoir.

Les porteurs d’eau à Paris appellent cerceau, un ovale fort alongé, au milieu duquel ils sont placés quand ils portent leurs seaux, & qui les tient dans une égale distance à leurs côtés.

Cerceau est aussi un vieux mot qui signifie les agitations de l’air, par le battement des ailes des oiseaux, qui fendent l’air. On le dit aussi des ronds de ces cercles concentriques, qui se font dans les eaux calmes quand on y jette quelque pierre.

CERCELLE ou CERCERELLE. s. f. Quelques-uns disent SARCELLE. Oiseau aquatique. Querquedula, cerceris. La Cercelle est une espèce de canard plus petit que les autres, & dont la chair est plus délicate. L’on n’en voit qu’en Automne & en Hiver. Athénée, Liv. I, ch. 8. Liv. III, ch. 1. Pline, Liv. X, ch. 22. Belon, Liv. III, ch. 21, parlent de la Cercelle. Il y en a de plusieurs sortes, & de différens plumages.

La première espèce a une couleur qui ne change que très-rarement : le plus souvent les femelles sont grises autour du cou, & jaunâtres sous le ventre. Elles ont le dessus du dos & des aîles, & le croupion brun, avec une tache luisante sur les ailes ; ainsi que les canards, & une ligne blanche au-dessous venant de l’extrémité des plumes, & qui traverse par le milieu de l’aîle. Les douze premières pennes de l’aîle sont d’une même couleur ; mais les autres qui suivent, sont blanches à leurs extrémités, ce qui compose une seconde ligne blanche, la première étant de l’extrémité des grosses pennes ; & comme les plumes des aîles sont noires par dessus, elles font paroître une tache noire de chaque côté.

La seconde espèce de cercelle a le bec noir & large. Sa tête est d’un rouge éclatant, avec une longue tache verdâtre, qui commence vers les yeux, & va finir derrière la tête. Son cou, son dos, & presque tout son ventre sont couverts de plumes noires & blanchâtres, en façon d’écailles. Sa gorge est cendrée, & marquée de points noirs ; sa poitrine d’un cendré brun ; ses aîles & sa queue d’une couleur entre le brun & le noir, diversifiées en plusieurs endroits de blanc, de noir & de vert. Ses jambes ne sont ni grosses, ni robustes. Ses pieds sont étroits & bruns, & ont des membranes noires.

La cercelle de la troisième espèce est appelée par Aldrovand, cercelle d’inde. Elle est beaucoup plus petite que les canes. Le dessus de son bec est plus long que le dessous. Son bec, ses doigts & ses pieds, sont d’un beau rouge. Le dessus de sa tête, le haut de son cou, & presque tout son dos sont de couleur jaune, aussi-bien que son croupion, qui est couvert de taches en forme de croissant, qui sont noires & assez grandes. Le dessous de son cou, sa poitrine, & tout son ventre sont blancs. Il y a dans ses aîles une grande diversité de couleurs, qui les rendent très-belles ; car les premières plumes, qui sont à l’épaule, sont d’une couleur de rose passée, & marquées de taches noires faites en croissant, ainsi que son croupion. Les plumes qui suivent celles-ci, sont en partie blanches & en partie vertes. Les plus longues de toutes, sont ornées d’une couleur bleue très-éclatante. Sa queue est en partie verdâtre, & en partie bleuâtre, comme celle des autres cercelles. Ses doigts sont sans membrane.

CERCHE. s. f. Voyez Cherche.

☞ CERCIFI. s. m. Voyez Salsifis.

CERCIO. s. m. Oiseau des Indes, dont parle Jonston & Lémery. Il est gros comme un étourneau, marqué de diverses couleurs, & remue presque toujours la queue. C’est le plus disciplinable de tous les oiseaux pour apprendre à parler. Il l’est encore plus que le Perroquet.

CERCLE. s. m. Terme de Géométrie. C’est une figure comprise sous une seule ligne, qui a un point au milieu, duquel, si on tire des lignes droites à sa circonférence, elles sont toutes égales. Circulus. ☞ Les lignes tirées du centre à la circonférence se nomment rayons. Et une ligne qui passe par le centre de la figure, & la partage en deux parties égales se nomme diamètre. A proprement parler le cercle est tout l’espace renfermé dans cette ligne, ou circonférence, quoique dans l’usage vulgaire on entende par ce mot la circonférence seule.

Un corps qui décrit un cercle, reçoit par-tout une égale impression de la force centrale. Acad. des Sc. 1700, Hist. p. 75, 76.

Le cercle est la plus parfaite des figures, & qui a le plus de capacité. Tout cercle se divise en 360 parties qu’on appelle degrés. Tracer un cercle, décrire un cercle. Les Grecs écrivirent les noms des sept Sages sur un cercle, ne voulant pas déterminer quel étoit le plus sage des sept. On rapporte qu’un Pape ayant commandé aux Cordeliers de lui nommer trois de leurs Religieux, dans le dessein de donner la pourpre à l’un d’eux, les Cordeliers écrivirent sur un cercle, les noms des trois plus habiles de leur Couvent, afin que sa Sainteté ne jugeant pas qu’ils eussent plus de penchant pour l’un que pour l’autre, elle choisît qui lui plairoit. Vign. Marv.

Un grand cercle, en parlant de la sphère, c’est celui qui divise également un globe, & qui a le même centre que lui. Les grands cercles de la sphère sont l’Horison, l’Equateur, le Méridien, l’Ecliptique, & les deux Colures. Les Azimuts & les cercles de position sont aussi de grands cercles. Le 21 de Mars, & le 23 de Septembre, le Soleil décrit son cercle précisément au milieu du globe. Ce cercle est l’Equateur.

Les petits cercles sont ceux qui ne divisant pas la sphère également, n’ont leur centre que dans l’axe du globe, & non pas dans le centre même de la sphère. Ils vont toujours en diminuant, comme les Tropiques, les cercles Polaires, & autres parallèles. Les Almucantaraths, qui sont des cercles parallèles à l’Horison, ont le Zénith pour leur pole commun. Ils diminuent à mesure qu’ils approchent du Zénith ; on les appelle cercles de hauteur, parce qu’ils servent à marquer la hauteur d’un astre sur l’horison. Comme l’on conçoit que tous les cieux se meuvent tous les Jours d’orient en occident, & qu’ils achèvent leur tour en vingt-quatre heures, l’on imagine en même temps que tous les points de leur superficie, hors deux, décrivent des cercles qui sont parallèles les uns aux autres, & à qui l’on a donné le nom de cercles diurnes. Ces cercles sont tous inégaux, & le plus grand de tous est le cercle équinoctial. Les cercles parallèles en général, sont ceux qui sont également éloignés les uns des autres, dans toutes leurs parties. En Astronomie on entend plus particulièrement par cercles parallèles, ceux qui sont tirés de l’occident à l’orient, par tous les dégrès du Méridien, en commençant depuis l’Equateur, auquel ils sont parallèles, jusqu’aux pôles du monde. Les cercles de longitude à l’égard des étoiles fixes, sont plusieurs petits cercles parallèles à l’Ecliptique, lesquels diminuent à proportion qu’ils approchent du Zodiaque. C’est sur les dégrès de ces cercles que l’on compte la longitude des astres. Les cercles de latitude à l’égard des étoiles, sont plusieurs grands cercles perpendiculaires au plan de l’écliptique, & qui passent par les poles. C’est sur les arcs de ces cercles que l’on mesure la latitude des astres, ou leur distance de l’Ecliptique. Les cercles de longitude terrestre, sont plusieurs cercles que l’on conçoit sur la superficie de la terre, parallèles à la ligne équinoctiale. Les cercles de latitude terrestre, sont plusieurs cercles qui passent par les pôles de la terre, & par tous les points de la ligne équinoctiale.

Pour les lieux qui sont sous l’Equateur, il est clair que c’est sur les dégrés & minutes de l’Equateur que se mesure leur longitude : & de même par conséquent des parallèles de l’Equateur. Par exemple, supposant Paris, comme on le suppose communément aujourd’hui, au 20e dégré de longitude, un lieu plus oriental que Paris d’un degré, sous le même parallèle, sera au 21e degré de ce même parallèle ; & un autre lieu qui sera plus occidental que Paris de 12″ sera au 19d 48′ de ce même parallèle, & non pas au 21d ou au 19d 48′ d’un cercle qui passe par les pôles de la terre : & ainsi de tous les parallèles que l’on peut concevoir entre l’équateur & le pôle. Il en est de même des cercles de latitude : ce sont des cercles qui passent par les pôles de la terre, & par tous les points de l’équateur ; & c’est en montant sur ces cercles de l’équateur jusqu’au pôle, que se comptent les degrés de latitude. C’est sur un de ces cercles que Paris est au 48d 50′ 10″ de latitude nord.

Les cercles verticaux, que les Arabes appellent azimuths, sont de grands cercles qui s’entrecoupent au zénith & au nadir, & dont les plans sont par conséquent perpendiculaires à l’horison. On compte ordinairement 180 cercles verticaux. C’est sur ces cercles verticaux que l’on compte la hauteur des astres, & leur distance du zénith. Les cercles de déclinaison, sont plusieurs grands cercles qui s’entrecoupent aux pôles du monde. Ce sont les mêmes que les méridiens, & les cercles horaires. Les colures sont aussi des cercles de déclinaison. Le cercle de distance entre deux étoiles, est un grand cercle passant par ces deux étoiles, dont la distance est mesurée par l’arc de ce cercle, compris entre les deux étoiles. Les cercles de position, sont six grands cercles, lesquels passent par les intersections du méridien avec l’horison, & coupent l’équateur en douze parties égales, que les Astrologues appellent maison céleste. C’est pour cela que ces cercles de position sont aussi appelés cercles des maisons célestes. On appelle cercles mobiles, ceux qui se meuvent, ☞ ou sont sensés tourner par le mouvement direct, de manière que leur plan change de situation à chaque instant, comme les méridiens.

☞ Les cercles immobiles sont ceux qui ne tournent pas, ou tournent en restant toujours dans le même plan comme l’écliptique, l’équateur & ses parallèles. Cercles horaires, sont ceux qui varient à mesure qu’on change de lieu sur la terre ; comme l’horizon & les cercles invariables, sont ceux qui ne varient point, comme l’équateur.

On appelle aussi cercle horaire, les lignes qui marquent les heures sur les cadrans sciatériques, quoiqu’ils ne soient point tracés circulairement, & que les lignes soient presque droites, ou peu courbées. Il faut ajouter que par analogie on transporte sur la superficie de la terre tous ces cercles que l’on conçoit dans le ciel ; ensorte que si tous les points de chacun de ces cercles tomboient perpendiculairement sur la surface du globe terrestre, ils y marqueroient des cercles placés également ; ainsi l’Equateur terrestre est une ligne que l’on conçoit précisément sous la ligne équinoxiale que l’on suppose dans le ciel. ☞ Voyez les définitions de tous ces cercles sous leurs noms particuliers.

La quadrature du cercle est un problême, par lequel on cherche la manière de faire un carré dont la surface soit égale parfaitement & géométriquement à celle d’un cercle, quadratura circuli. De savans Mathématiciens ont nié la possibilité de la quadrature du cercle. Descartes soutenoit que la ligne droite & la circulaire, étant de différente nature, il ne peut y avoir nulle proportion entre elles. On ne conçoit pas trop la proportion qui peut être entre une circonférence, & son diamètre. Archimede est celui qui a approché le plus près de la quadrature du cercle. Tous ceux qui sont venus après lui ont fait des paralogismes. Charles-Quint promit autrefois cent mille écus à celui qui résoudroit ce fameux problème. Les Etats de Hollande