Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/601-610

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Fascicules du tome 2
pages 591 à 600

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 601 à 610

pages 611 à 620


qui circoncit s’appelle en hébreu Mohel, & on choisit indifféremment qui on veut pour cela. Il suffit qu’on soit capable de cette fonction, qui est un titre d’un grand mérite parmi les Juifs. Le pere peut circoncire son propre fils. Voici de quelle manière cette cérémonie se fait, comme le rapporte Léon de Modène, Part. IV des Cérémonies des Juifs, ch. 8.

On tient prêt dès le matin dans la Synagogue, ou même dans la maison, si l’on y veut faire la cérémonie, deux sièges avec des carreaux de soie. L’un des sièges est pour le parrain qui tient l’enfant, & l’autre est mis là à ce que disent quelques-uns, pour le Prophète Elie, qu’ils croient assister invisiblement à toutes les circoncisions. Celui qui circoncit vient avec un plat où sont les instrumens & les choses nécessaires, comme le rasoir, les poudres astringentes, du linge, de la charpie, & de l’huile rosat, à quoi il y en a qui ajoutent une écuelle avec du sable, pour y mettre le prépuce que l’on coupe. On chante encore quelques cantiques, en attendant la marraine qui apporte l’enfant sur ses bras, accompagnée d’une troupe de femmes ; mais pas une ne passe la porte de la Synagogue. Là elle donne l’enfant au parrain, & aussi-tôt les assistans crient, baruch haba, c’est-à-dire, le bien venu.

Le parrain s’assied sur son siège, & ajuste l’enfant sur ses genoux ; puis celui qui circoncit, développe les langes. Il y en a qui se servent d’une pincette d’argent pour prendre du prépuce ce qu’ils en veulent couper. Celui qui circoncit, prenant le rasoir, dit : Béni soyez-vous, Seigneur, qui nous avez commandés la Circoncision, & en disant cela, il coupe la grosse peau du prépuce ; puis avec les ongles des pouces il déchire une autre peau plus délicate qui reste ; il suce deux ou trois fois le sang qui abonde, & le rend dans une tasse pleine de vin. Ensuite il met sur la coupure du sang de dragon, de la poudre de corail, & d’autres choses, pour étancher le sang, à quoi il ajoute des compresses d’huile rosat, puis il enveloppe le tout.

Cela étant fait, il prend une tasse pleine de vin, & après l’avoir béni, il dit une autre bénédiction pour l’enfant, en lui imposant le nom que le père souhaite, prononçant ces paroles du chap. XVI d’Ezéchiel : Et j’ai dit, vis en ton sang, &c. Et en mêle temps il lui mouille les lèvres de ce vin où il a rendu le sang sucé. Après quoi on récite le Pseaume 128 entier : Bienheureux tout homme qui craint le Seigneur. Le parrain rend ensuite l’enfant à la mairraine, pour le porter à la maison, & le remettre entre les mains de la mère. Tous ceux qui ont assisté à la cérémonie, disent au père en s’en allant : Puissiez-vous ainsi assister à ses nôces. Voyez Léon de Modène, & la Synagogue de Buxtorf, ch. 4.

La manière de circoncire dont les Juifs se servent, est différente de celle des Turcs. Car ceux-ci, après avoir coupé la peau, n’y touchent plus ; au lieu que les Juifs déchirent en plusieurs endroits le bord de la peau qui reste après la Circoncision, avec les ongles des pouces ; & c’est pour cette raison que les Juifs circoncis guérissent bien plus facilement que les Turcs. On connoît parmi les Juifs ceux qui se mêlent du métier de circoncire, parce qu’ils ont l’ongle du pouce fort grand.

Chez les Turcs on ne circoncit pas les enfans aussi-tôt qu’ils sont nés, & on les consacre seulement par cette cérémonie. D’abord on leur met quelques grains de sel à la bouche, en disant : Plaise à Dieu que son nom soit toujours aussi savoureux que le sel que j’ai mis à ta bouche, & qu’il t’empêche de goûter les choses de la terre. Quand ils ont sept ans, un Médecin vient les circoncire dans la maison du père. La Circoncision se fait toujours avec une grande cérémonie. Entre les parens & les amis qui y assistent, un sert de parrain à l’enfant, & tous ensemble ils sont régalés d’un superbe festin. Ils n’y viennent point aussi sans présens, les hommes donnent des vestes de précieuse étoffe, des chevaux, des armes ou des bijoux, & les femmes quelque gentil ouvrage de leurs mains. Du Loir, pag. 137, 138.

Circoncision est aussi la Fête que l’on célèbre le premier de Janvier, en l’honneur de la Circoncision de Notre-Seigneur, auquel on lui imposa son nom. Christi Circumcisionis dies sacer. Le premier jour de Janvier étoit autrefois un jour de jeûne institué pour s’opposer aux superstitions payennes qui se faisoient ce jour-là en l’honneur de Janus. Voyez le second Concile de Tours, Can. XXII, &c. quatrième de Tolède, Can. XI, &c. La Messe se disoit ce jour-là à deux heures après midi, pour dire None de suite, & ne rompre le jeûne que vers les trois heures. On ne voit pas précisément quand ce jeûne a cessé, & quand la fête a commencé. Apparemment ce n’a point été partout en même temps. Voyez les Notes de M. Chastelain sur ce jour.

En termes de dévotion, on appelle Circoncision de cœur, Circoncision des levres, le retranchement des mauvais esprits & des mauvaises paroles.

Circoncision se dit encore figurément, pour signifier les Juifs ou la nation Juive, comme le mot de Prépuce, pour signifier les Payens ou les Gentils. Ainsi il est dit au 15e de l’Epitre aux Romains, que Jésus-Christ a été Ministre de la Circoncision, afin de ratifier les promesses faites aux Pères. Et au 2e de l’Epitre aux Galates, S. Paul dit que la prédication de la Circoncision avoit été commise à Pierre.

Pierre de la Circoncision. C’est une pierre qui se taille en couteau, & dont les Juifs se servent pour la Circoncision. Nous avons une Dissertation sur ces pierres par M. Mahudel, de l’Académie des Belles Lettres.

Circoncision. (Cap de la) Les vaisseaux l’Aigle & la Marie, que la Compagnie des Indes envoya en 1738, à la découverte des Terres Australes, trouvèrent le premier de Janvier 1739, une terre fort haute, toute couverte de neiges, & fort embrumée. Elle leur parut un comme un gros cap, qu’ils nommèrent le cap de la Circoncision, parce que c’étoit le jour de la Circoncision. Cette terre leur restoit à huit ou dix lieues dans l’est nord-est. Ce Cap est par les 54 degrés de latitude méridionale, & les 27 à 28 de longitude. Promontorium Circumcicionis. Voyez la Relation de ce voyage dans les Mémoires de Trévoux 1740. Art. XII. Février.

CIRCONFÉRENCE. s. f. La ligne courbe qui renferme un espace circulaire ; ou la surface qui termine une chose ronde. Circumductio, linea orbem circumcurrens, circumductus, circuitus, circumferentia. Toutes les lignes tirées du centre à la circonférence d’un cercle, & qu’on appelle rayons, sont égales entr’elles. Une partie de la circonférence s’appelle arc. L’angle du centre est double de celui de la circonférence. On appelle circonférence concave, celle qui regarde le dedans. Concava. Et circonférence convexe, celle qui regarde le dehors. Convexa. On appelle circonférence d’ellipse, la ligne courbe qui forme l’ovale. Elliptica. Euclide, L. III, propos. 20.

Circonférence se dit aussi du tour ou pourtout des figures irrégulières. Circuitus, circumductus. La circonférence, le tour de cette ville, est de quatre lieues.

☞ On dit aussi en Médecine, que le sang est porté du centre à la circonférence par les artères, & rapporté de la circonférence au centre par les veines ; pour dire, que le cœur le pousse vers les extrémités, & que le sang revient des extrémités au cœur.

CIRCONFLEXE. adj. Accent qui marque une syllabe longue. Circumflexus accentus. Les Grecs avoient trois accens, l’aigu, le grave & le circonflexe. En françois on figure cet accent avec un petit chapiteau sur la syllabe, qui marque souvent le retranchement de quelque lettre qui faisoit la syllabe longue & ouverte, comme pâte pour paste : tête pour teste : nous fûmes, pour nous fusmes. En grec autrefois on le marquoit de même que nos le marquons en françois : on a imprimé l’Anthologie in'-4°. en grands caractères ; les accens circonflexes y sont marqués comme nous venons de le dire ; depuis que les Copistes eurent mis en usage les lettres courantes, ils changèrent aussi la forme de l’accent circonflexe, & au lieu d’en former l’angle avec soin, ils l’arrondirent, & en écrivant vîte, ils y ajoutèrent un trait, qui en forma une s renversée, & couchée horizontalement, ce qui produisit cette figure ~, au lieu de celle-ci ^.

Rousseau a dit en badinant, une jambe circonflexe, c’est-à-dire tortue, qui a la figure de l’accent circonflexe des Grecs, d’une s couchée.

CIRCONLOCUTION. s. f. Circuit de paroles dont on se sert, lorsqu’on ne peut pas exprimer une chose par un mot propre, ou qu’on ne le veut pas faire par respect, ou par quelqu’autre raison particulière. Circuitio, circumlocutio. Les choses qui n’ont point de mot propre s’expliquent par circonlocution.

☞ La circonlocution est une figure de Rhétorique par laquelle, pour éviter de dire une chose dure ou peu convenable en termes propres, on en emprunte d’autres qui rendent la même idée, mais d’une manière adoucie.

Ce mot vient du latin circumloquor.

CIRCONPOLAIRE, CIRCOMPOLAIRE. adj. m. & f. Qui est autour du pole. Circumpolaris, e. Déterminer la hauteur du pole d’une ville par les étoiles circonpolaires. De la Hire, Acad. 1700. Mém. p. 37.

CIRCONSCRIPTION. s. f. Espace circonscrit & limité, lequel borne & environne un espace plus petit ou un corps. Circumscriptio. C’est une des propriété inséparables des corps, d’être bornés à un certain lieu, & de n’occuper qu’un certain espace déterminé. Cependant Osiander D. Luthérien, a soûtenu que la circonscription n’étoit pas de l’essence des corps.

Circonscription, en Géométrie, est l’action de circonscrire un cercle à un polygone ou un polygone à un cercle ou à toute autre figure courbe. Voyez Circonscrire.

CIRCONSCRIRE. v. a. Terme dogmatique. Renfermer en certaines bornes, mettre des bornes à l’entour. Circumscribere. L’infini ne se peut circonscrire, borner, limiter.

Circonscrire, en termes de Géométrie, c’est décrire une figure polygone autour d’un cercle, en telle sorte que tous ses côtés touchent sa circonférence & deviennent autant de tangentes de la circonférence du cercle. Figuram polygonam circumscribere. Archimède démontre que l’aire d’un triangle rectangle, composé d’un rayon de cercle & de sa circonférence, est plus petite que l’aire de quelque polygone que ce soit qu’on puisse circonscrire ou décrire autour du cercle ; & plus grande que celle de quelque polygone qu’on puisse inscrire ou figurer au dedans du cercle ; & c’est par-là qu’il a le plus approché de la quadrature du cercle, qui n’est autre chose que la mesure de l’aire ou de la capacité du cercle. Enclide enseigne la façon de circonscrire un triangle, un carré autour d’un cercle.

CIRCONSCRIT, ITE. part. Figure circonscrite à un cercle ; figure qu’on a décrite autour d’un cercle, & qui le touche par tous ses côtés. Circumscriptus. Cercle circonscrit à un polygone, c’est-à-dire dont la circonférence passe par tous les sommets des angles du polygone.

CIRCONSPECT, ECTE. adj. Qui agit avec circonspection, qui garde beaucoup de mesures, tant dans ses actions que sans ses paroles. Circumspectus, consideratus. Les manières lentes & circonspectes des gens prudens impatientent les esprits vif. Le Pays. L’honnête homme est modeste & circonspect : il remarque les défauts d’autrui, & n’en parle jamais. S. Evr.

☞ CIRCONSPECTION. s. f. Circumspectio, consideratio. C’est une attention réfléchie & mesurée, conséquemment aux circonstances présentes & accidentelles, pour ne parler qu’à propos, & ne rien laissez échapper qui puisse nuire ou déplaire. Cette qualité est l’effet de l’éducation & d’une prudence qui ne risque rien. L’esprit du monde veut de la circonspection quand on ne connoît pas ceux devant qui l’on parle. M. l’Abbé Girard.

☞ Il faut beaucoup de circonspection dans les conversations qui roulent sur la religion & le gouvernement, parce que ce sont des matières publiques sur lesquelles il n’est pas permis aux particuliers de dire tout ce qu’ils pensent, si leurs pensées se trouvent opposées aux usages. Voyez Considération, Egards, Retenue, Ménagement pour les différences relarives de ces synonymes.

CIRCONSPECTISSIME. adj. Très-circonspect. M. de Balzac s’est servi de circonspectissime, en écrivant à M. Chapelain : la sagesse est le caractère universel de tous vos écrits ; vous êtes circonspectissime dans les moindres actions de votre vie. Le P. Bouh. Rem. nouv. On ne peut le dire qu’en badinant.

CIRCONSTANCE. s. f. Les incidens, les détails d’un événement, les particularités qui accompagnent quelque action. ☞ Le mot de circonstance est relatif à l’action ; c’est une de ses particularités. Il présente l’idée d’un accompagnement, d’une chose accessoire à une autre qui en est la principale. La conjoncture est étrangère à l’action. Elle n’a de rapport qu’au moment. Voyez ce mot & les articles relatifs, Occasion, Cas, Occurrence. Quod rei adjunctum est ; adjuncta circumstantia. Une action est bonne ou mauvaise, selon les diverses circonstances. Un Juge est obligé d’examiner un criminel sur toutes les circonstances du fait. Il y a des circonstances inutiles, d’autres agravantes. La conversion du pécheur dépend d’un certain assemblage, & d’un certain ménagement de circonstances externes, dans lesquelles il se trouve placé. La plûpart de nos actions ne sont que des saillies, selon que les différentes circonstances de la vie nous agitent. S. Evr. Cet arrangement de circonstances dépend de la providence de Dieu, qui donne la grace de la conversion.

Soyez riche & pompeux dans vos descriptions :
N’y présentez jamais de basses circonstances.

Boil.

On dit au Palais, qu’un procès est renvoyé en une Juridiction avec toutes ses circonstances & dépendances ; c’est-à-dire, avec toutes les parties & interventions, & toutes les questions qui en dépendent, ou qui en peuvent naître. ☞ On dit aussi circonstances & dépendances ; pour dire, ce qui est à une maison, terre, seigneurie, &c. ce qui en dépend.

Les circonstances des actions des hommes sont exprimées par ce vers latin.

Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando.

Ce mot vient de circumstantia. En grec on dit περίστασις (peristasis).

CIRCONSTANCIER. v. a. Marquer bien toutes les circonstances. Quæ rei adjuncta sunt narrare, circumstantias, res circumstantes notare. Un bon Rapporteur doit circonstancier un fait. Un bon Historien doit circonstancier les événemens importans.

CIRCONSTANCIÉ, ÉE. part. Sui una quœque res circumstantiis explicata. Evitez les longs récits en conversation, & les histoire trop circonstanciées. S. Evr.

CIRCONVALLATION. s. f. Ligne, ou grand fossé qu’on fait autour du camp, lorsqu’on assiège une ville. Circummunitio, valli & fossæ circumductio. Ce fossé est hors la portée du canon de la place ; large de 12 piés, & profond de sept. Il est bordé d’un parapet & flanqué par des redoutes, ou de petits forts qu’on y fait d’espace en espace, tant pour empêcher le secours de la place, que pour retenir les déserteurs. Il faut pendre garde à ne faire jamais passer la ligne de circonvallation au pié d’une hauteur, à cause que si l’ennemi vient à occuper cette hauteur, il y logera du canon, & commandera la ligne.

L’armée campée dans l’intérieur de la ligne de circonvallation est disposée de sorte que son front ou sa tête fait face à la campagne. Ainsi la queue du camp est du côté de la place. On a soin de tracer un camp hors de la circonvallation, pour ranger l’armé en bataille, en cas qu’il faille aller au devant de l’ennemi, qui vient pour faire lever le siège. Les Militaires tiennent qu’il est dangereux d’attendre l’ennemi dans les lignes, & de s’opiniâtrer à les défendre. L’expérience paroît confirmer leur opinion, car nous avons vu que toutes les lignes attaquées ont été forcées. La ligne de circonvallation s’appelle simplement les lignes. Attaquer les lignes, défendre les lignes, forcer les lignes.

CIRCONVENIR. v. a. Terme de Palais. Tromper artificieusement, surprendre quelqu’un par des circuits, par des détours. Circumvenire. Les mineurs se plaignent, quand il ont été circonvenus par la tromperie de quelqu’un.

Circonvenu, ue. part. Circumventus.

CIRCONVENTION. s. f. Tromperie artificieuse, surprise. Circumventio, deceptio. On entérine des lettres de restitution, quand la circonvention, la tromperie est bien justifiée. La circonvention est appelée autrement dol personnel.

CIRCONVOISIN, INE. adj. Ce qui est aux environs. ☞ On le dit des lieux, des choses & des personnes collectivement, qui sont proche & autour de celles dont on parle. Vicinus, propinquus, finitimus. Quand la guerre est en un endroit, les peuples circonvoisins ont beaucoup à souffrir. Il a été voyager en Flandre, & dans les lieux circonvoisins. Le langage est toujours mêlée des mots des nations circonvoisines.

☞ On dit en Physique, dans le même sens, corps circonvoisons pour désigner ceux qui environnent un autre corps, ou qui en sont proches.

Ce mot vient de circumvicinus

CIRCONVOLANT, ANTE. adj. Qui vole autour de quelque chose, qui tourne tout autour. Vieux mot pris du latin circumvolans.

☞ CIRCONVOLUTION. s. f. circumvolutio. L’action de tourner autour. Du latin circumvolvere, tourner à l'entour. On le dit de plusieurs tours faits autour d’un centre commun. Faire plusieurs circonvolutions.

En Architecture on appelle circonvolutions, les tours de la ligne spirale de la volute Ionique, & ceux de la colonne torse. Circumvolutio.

CIRCUIR, vieux v. a. Tourner tout autour. Parcourir. Circuire ou circumire.

☞ CIRCUIT. s. m. Dans le sens propre, chemin détourné, qui s’éloigne de la ligne droite. On le dit par opposition au chemin le plus court d’un lieu dans un autre. Circuitus, circuitio. de Circum & itus de eo, je vais.

Circuit signifie aussi l’enceinte, le périmètre d’une figure, la circonférence. C’est dans ce sens qu’on dit qu’une ville a tant de circuit. Le circuit d’une province, d’une forêt, des murailles. Faire un long circuit.

Circuit se dit figurément des détours qu’on prend pour s’expliquer, pour venir au fait. Cet Orateur ne se fait entendre que par de longs circuits de paroles. On a fait un long circuit de procédure ; c’est-à-dire une procédure longue & compliquée qui pourroit être supplée par une plus simple. On fait aisément comprendre par les yeux, ce qu’un long circuit d’expressions ne fait entendre que confusément. S. Evr. Ambitus.

☞ On appelle circuits en Angleterre les six parties dans lesquelles Henri II partagea l’Angleterre ; dans lesquelles les Juges vont rendre la justice deux fois par année.

☞ CIRCULAIRE, adj. de t. g. synonyme de rond. On le dit de tout ce qui appartient au cercle, ou qui y a rapport. Circularis, rotundus. Forme, figure circulaire. Vase d’une forme circulaire. On le dit de même de ce qui va, de ce qui se fait en rond. Mouvement circulaire. Motus circularis, orbicus. Les globes célestes ne se meuvent pas par un mouvement circulaire, mais elliptique.

Ligne circulaire. C’est une ligne courbe dont toutes les parties sont également éloignées d’un point, qui s’appelle centre.

C’est aussi une épithète que les Médecins donnent à un ordre des fibres qui sont dans l’estomac, & dans les intestins, parce qu’elles sont disposées en rond. On appelle par la même raison, ligamens circulaires, ceux qui attachent les têtes des os dans les cavités, où elles sont reçues, afin de fortifier les articulations. De plus, outre le marteau, l’enclume & l’étrier, les enfans ont dans l’oreille un quatrième os que l’on appelle le circulaire, parce qu’il est fait comme un anneau, sur lequel la membrane, que l’on nomme tambour est tendue de même que la peau d’un tambour est tendue sur une caisse.

Ce mot est les suivans sont dérivés de circulus.

Circulaire, (Lettre) est une lettre adressée à plusieurs personnes qui ont un même intérêt dans la même affaire, comme pour des convocations d’Etats, d’Assemblées du Clergé, de Noblesse, &c. Circulares, encyclæ litteræ.

CIRCULAIREMENT. adv. D’une manière circulaire. En rond, en cercle. In orbem, circulatim. Une roue se meut circulairement sur son essieu.

CIRCULATEUR. s. m. Du latin circulator. Charlatan, bâteleur, joueur de passe-passe. Gotgrave seul. Il se prend aussi pour partisan de la circulation du sang ; de laquelle personne ne doute aujourd’hui. Dans la Comedie du Malade imaginaire, act. 2, sc. 5. Thomas Dyafoirus tire de sa poche une grande thèse roulée qu’il présente à Angélique, en lui disant : J’ai contre les circulateurs soûtenu une thèse, qu’avec la permission de Monsieur, j’ose présenter à Mademoiselle, comme un hommage que je lui dois des prémices de mon esprit.

☞ CIRCULATION, s. f. se dit en général de tout mouvement périodique ou non, qui ne se fait point en ligne droite. Circulatio.

Circulation, terme de Chimie ☞ Opération par laquelle les vapeurs ou liquides que la chaleur a fait monter, sont obligées de retomber perpétuellement sur la masse dont elles ont été dégagées. Circulatio. La circulation se fait au feu de lampe, ou à celui de cendres, ou de sable modérément chaud, ou dans le fumier, ou au soleil. Elle demande le plus souvent une chaleur continuée pendant plusieurs jours, & quelquefois plusieurs semaines, ou même plusieurs mois. Par la circulation, la matière la plus subtile monte au haut du vaisseau, & ne trouvant point d’issue, est contrainte de retomber en bas pour se rejoindre de nouveau à la matière qui se trouve au fond du vaisseau, d’où elle avoit été élevée ; & ainsi en continuant de monter, & de descendre alternativement dans ce vaisseau, elle fait une espèce de circulation, dont l’opération porte le nom ; & par les diverses pénétrations & agitations des parties spiritueuses avec les grossières, les premières deviennent plus tenues & plus en état de produire leur action, lorsqu’elles sont séparées des dernières.

Circulation se dit aussi en Médecine du mouvement que fait le sang, qui plusieurs fois dans un jour est porté du cœur dans toutes les parties du corps par le moyen des artères, & qui retourne de ces mêmes parties au cœur par le moyen des veines. Circulatio sanguinis. Harvey est un Docteur moderne d’Angleterre qui a le premier découvert la circulation du sang en l’année 1628, qui est maintenant reconnue par tous les Médecins. Mais Théodore Janson d’Almeloveen, dans un Traité des inventions nouvelles imprimé en 1684, rapporte plusieurs endroits d’Hippocrate pour justifier qu’il l’a connus ; Valæus, Ep. ad Thom. Bartholin. De chyly & sanquinis motu, & Charleton, Œconom. Animal. Exercit. VI, prétendent qu’Aristote & Platon, comme Hippocrate, l’ont connus aussi. On dit encore que les Médecins Chinois l’enseignoient 400 ans avant qu’on en parlât en Europe. Il en est même qui remontent jusqu’à Salomon, croyant en trouver des vestiges dans le Chap. XIIe de l'Ecclésiaste. Bernardin Genga, dans un Traité d’Anatomie en italien, rapporte des passages de Realdus Colombus, & d’Andreas Césalpinus, par lesquels il prétend montrer qu’ils admettoient la circulation. Il dit encore que c’est Fra-Paolo Sarpi, qui ayant exactement considéré la structure des valvules dans les veines, a inséré, dans ces derniers temps, la circulation de leur construction & de plusieurs autres expériences. Janson cite aussi le passage d’André Césalpinus, qui contient fort clairement la doctrine de la circulation dès l’an 1593. Jean Léonicénus ajoute que Fra-Paolo avoit découvert la circulation du sang, & les valvules des veines ; mais qu’il n’osa pas en parler, de peur de l’Inquisition, & qu’il communiqua seulement son secret à Aquapendente, qui, après sa mort, mit le livre qu’il en avoit composé en la bibliothèque de S. Marc, où il fut long temps caché ; mais que Aquapendente découvrit ce secret à Harvey, qui étudioit sous lui à Padoue, lequel le publia, étant de retour en Angleterre, pays de liberté, & s’en attribua la gloire. Les Jésuites disent que leur P. Fabri a enseigné la circulation avant que Harvey, en eut rien écrit. Voyez Cœur, Sistole & Diastole.

Circulation se dit aussi des esprits. Il parut en 1682 un Livre de la circulation des esprits animaux, circulation qui s’opère de la même manière que celle du sang, parce que le cœur poussant hors de sa capacité 3000 drachmes de sang par heure, quoiqu’il n’y en ait qu’environ 2000 dans tout le corps, c’est une nécessité que ce sang poussé hors du cœur y revienne, pour qu’il y en ait à jeter. Donc il s’ensuit de-là qu’il se forme en une heure une grande quantité d’esprits, qui ne sont que les parties les plus subtiles de ce sang poussé hors du cœur ; d’où l’on conclut qu’il faut donc aussi que ces esprits circulent. 2°. C’est que les nerfs portent la chaleur jusqu’aux extrémités du corps, aussi bien que les artères. 3°. On le prouve par la disposition & la nature des nerfs & des esprits animaux. 4°. Par l’œconomie & les ressorts dont la nature remue les corps. 5°. Par la conduite avec laquelle la nature prépare les alimens, & fait la distribution du chyle. Voici donc la route que cet Auteur fait tenir aux esprits. Les parties du sang artériel les plus subtiles, & les plus agitées ayant été portées du cœur au cerveau par les artères carotides, se jettent avec violence dans les tissus qui couvrent le fond des ventricules du cerveau, d’où elles poussent les vertus les plus déliées dans les filamens des artères choroïdes, dans lesquelles elles continuent la rapidité de leur mouvement, jusqu’à ce que rencontrant les pores, qui terminent ces filamens autour de la glandule pinéale, elles sortent par ces pores comme un vent subtil & impétueux, ou comme les parties de l’eau les plus subtiles d’un éolipile. De là elles entrent dans la glande pinéale, & y forment une source continuelle d’esprits animaux, qui sortant de là après s’y être entiérement épurés, entrent dans les cavités du cerveau comme une vive flamme ; ensuite pénétrant dans les pores de sa substance, ils s’écoulent de-là dans les nerfs, d’où ils sont reçus dans les vaisseaux lymphatiques. Au sortir de ces vases, ils sont portés au cœurs par deux voies. Ceux qui partent des endroits les plus élevés du corps, comme de la tête, pénètrent jusqu’au cœur par les veines souclavières, & quelques autres vaisseaux voisins, ceux qui viennent des parties inférieures étant déchargés dans le réservoir de Pecquet, s’y rendent par le canal thorachique, & enfin par les veines descendantes au cœur. De là ils recommencent encore, & continuent leur route.

Circulation se dit encore du suc des plantes, dont on a fait l’expérience sur quelques-unes qui ont beaucoup de suc, comme sur le tithymale. On y a fait les mêmes observations que celles qu’on a faites sur les veines & les artères par le moyen des ligatures. La circulation de la seve des plantes a été proposée à l’Académie des sciences en 1667 pour la prémière fois par M. Perrault, Médecin, & presque en même temps par M. Mariotte, & par M. Major, Médecin de Hambourg, qui ont écrit sur la même matière.

Malgré tout cela l’Auteur des Réflexions sur l’Agriculture, C. XVIII, T. II, de la Quintinie, p. 548, se déclare contre cette circulation. 1°, parce qu’il ne peut s’imaginer quand commence cette circulation, ni en quel endroit elle commence. 2°, parce qu’il ne voit ni sa nécessité, si son utilité. 3°, parce que supposé qu’il y en eut, il ne sait s’il faut dire qu’il n’y en a qu’une générale dans chaque arbre, ou qu’il y en a autant qu’il y a de branches, &c. Tout cela ne vaut pas les raisons du sentiment contraire. Voyez Seve & Végétation.

On dit figurément, la circulation de l’argent, le mouvement de l’argent qui passe d’une main à l’autre, & qui le fait rouler dans le commerce.

CIRCULATOIRE. adj. Terme de Chimie, qui se dit des vaisseaux qui servent à faire la distillation par circulation. Vasa stillandis per circulationem corporibus accommodata. Le Pellican & les jumeaux sont des vaisseaux circulatoires.

CIRCULER. v. a. Terme de Chimie. C’est faire une opération dans le vaisseau qu’on appelle pellican, ou dans quelque autre qui fait le même effet, dans lequel la même vapeur qui est élevée par le feu, ne trouvant point d’issue retombe en bas pour remonter, & être distillée plusieurs fois, & réduite en ses parties les plus subtiles. Circulare. On circule des matières liquides par un feu propre pour cela, tantôt pour volatiliser les sels fixes, tantôt pour fixer les esprits volatils.

Circuler est aussi un verbe neutre, qui signifie, se mouvoir circulairement, ☞ décrire un cercle ; mais on le dit par extension des corps qui décrivent des courbes non circulaires, des planètes qui décrivent des éllipses autour du Soleil. Dans ces acceptions, il est peu usité.

☞ On le dit particulièrement du mouvement du sang par lequel il est porté plusieurs fois par jour du cœur dans toutes les parties par le moyen des artères, & qui revient ensuite au cœur par le moyen des veines. La stupidité vient d’un sang épais, qui ne circule que lentement, & qui se coagulant facilement, ne pousse que des esprits animaux foibles & émoussés. Val. On dit aussi que le suc des plantes circule depuis le tronc jusqu’aux feuilles.

☞ En général le mot circuler peut s’appliquer au mouvement d’un corps qui fait dans un certain espace un chemin quelconque, en revenant de temps en temps au point d’où il est parti.

On dit figurément que l’argent circule ; pour dire, que l’argent roule, qu’il a son cours ordinaire dans le commerce. Faire circuler l’argent.

On dit aussi, faire circuler les billets ; pour dire, leur donner cours dans le commerce.

☞ CIRCUMAMBIANT. adj. On en fait un terme de Physique, qu’on applique à un corps qui en entoure un autre. Il n’est certainement pas usité. Il est même mal formé. Ambiant tout seul signifie environnant ; le mot circum est de trop.

CIRCUMCIRCA. adv. purement latin, qui a passé dans le langage commun, pour signifier, environ, à peu près. Il a acheté cette terre huit ou dix mille écus, circumcirca.

CIRCUMINCESSION. Terme de Théologie, dont les Scholastiques se servent pour exprimer dans le mystère de la Trinité l’existence des personnes divines les unes dans les autres. ☞ L’existence intime & mutuelle des personnes divines, l’une dans l’autre, dans le mystère de la Trinité. Circumincessio. Les Théologiens Scholastiques ne sont point les premiers Auteurs de cette expression ; car S. Jean de Damas, qui vivoit au huitièmes siècle, & qui a réduit en abrégé toute l’ancienne Théologie grecque, s’est servi du mot περιχώρησις (perichôrêsis), qui est la même chose, expliquant ces paroles de Jesus-Christ, Je suis dans mon pere, & mon pere est dans moi, il emploie le terme de Perichorèse, qui n’est pas à la verité dans l’Ecriture-Sainte ; mais les anciens Docteurs de l’Eglise ont été obligés d’adopter plusieurs expression, pour expliquer les mystères de la Religion contre les hérétiques. Le mot de circumincession doit être mis au nombre de ces expressions qui se trouvent dans les livres sacrés par équivalence, & il sert à nous faire mieux connoître comment le Pere & le Fils ne sont qu’une même substance divine, comment les personnes divines sont inséparables, de manière que l’une n’est nulle part hors de l’autre.

CIRCUS. s. m. Oiseau de proie dont parlent Bellon, Jonston & Lémery. Il n’est guère moins gros qu’un milan. Il va toujours seul, & habite ordinairement les bords de la mer. Le dessus de sa tête & sa gorge sont rougeâtres, tirant sur le blanc. Son bec est noir, son cou est court, ses jambes sont menues & jaunes. Il a la voix aiguë, il vole rapidement & en rond, c’est ce qui lui a fait donner le nom de Circus. Il se nourrit de perdrix, de pigeons, d’allouettes, de lapreaux, de petits renards, &c. sur lesquels on le voit fondre également. Sa graisse est émolliente, résolutive & nervale, & ses excrémens sont sudorifiques.

CIRE. s. m. Ouvrage que font les abeilles pour y mettre leur miel. C’est la matière jaunâtre qui reste de leur travail, quand on en a exprimé le miel. Cera. Elle se forme de la partie la plus crasse des fleurs qui leur servent de nourriture.

Les abeilles la ramassent sur les feuilles d’un grand nombre d’arbres & de plantes, & sur la plûpart des fleurs qui ont des étamines. Sur cela & sur la manière dont elles recueillent les deux sortes de cire qu’on trouve dans les ruches, voyez au mot Abeille ce que nous en avons rapporté d’après M. Maraldi & les Mémoires de l’Académie 1712.

On fait des flambeaux de cire, des images, des figures de cire, des chandelles de cire. La cire est jaune, & on la blanchit en la laissant plusieurs jours au soleil, ou à la rosée, après l’avoir rapée en menues parties ; ou bien en la faisant chauffer avec quantité d’esprit de vin, & en la passant par le filtre ; car alors elle se blanchit tout à coup. La cire grénée se blanchit plus facilement que l’autre. Matthiole enseigne une autre manière de blanchir la cire, en la faisant bouillir dans l’eau marine. On appelle cire-vierge, celle qu’on tire des ruches sans avoir passé par le feu. Selon Matthiole, la cire-vierge n’est pas proprement cire, mais comme un fondement pour défendre l’entrée des ruches, & les garantir du froid. Elle est de matière plus épaisse, étant composée de fleurs, & d’une odeur forte ; ensorte qu’on l’emploie souvent pour le galbanum. Sur la rivière des Amazones on voit des mouches à miel dont la cire est noire, qui brûle aussi bien que l’autre. La meilleure est celle qui est jaune, qui sent le storax, qui est ductile en sa siccité, & qui se peut filer comme le mastic. On l’appelle en latin propolis, c’est-à-dire, qui est à l’entrée de la ville. La cire devient verte, noire ou rouge, selon la couleur des choses avec lesquelles on la mêle ; verte, par le mêlange du verdet, noire par le mêlange du papier brûlé ; rouge par le mêlange de l’orcanette. Sa substance est crasse & emplastique. Elle ramollit & digère ; & est la matière des autres médicamens échauffans, ou rafraichissans, avec lesquels on la mêle.

Ce mot, aussi bien que le latin, vient du grec κηρός (kêros) : Κηρός (Kêros), cera, cire, est emprunté du Celte Coir. Pezron.

On appelle en Chancellerie la cire, ce qui sert à sceller. Les Édits se scellent en cire verte, & toutes les autres Lettres qui doivent durer toujours, qui commencent par ces mots, à tous présens & à venir ; comme les offices héréditaires ; tous les actes & commissions de justice, en cire jaune ; les provisions pour le Dauphiné en cire rouge.

☞ Le mot de cire se prend figurément pour le sceau de la Chancellerie. Ainsi l’on dit, la rémission est accordée, il ne faut plus que de la cire.

On dit aussi dans les procès criminels, qu’il faut de la cire ; pour dire, qu’il faut condamner le criminel à faire amende honorable avec une torche au poing.

Cire se dit aussi du luminaire d’une Église. La Sacristie de cette Église dépense tant en cire. La cire de cet enterrement a couté telle somme. Les cires appartiennent au Curé.

☞ On le dit même de la bougie qu’on brûle dans les maisons. On ne brûle que de la cire dans telle maison.

On appelle aussi le droit de cire, certain droit de bougies dont on fait la distribution en plusieurs Communautés, ou à des Officiers. Jus ceræ. ☞ Certains Officiers de la maison du Roi, de la Chancellerie, &c. ont un droit de cire, on leur doit tant de bougies, tant de livres de bougie.

Cire, en terme de Fondeur, se dit de la figure, ou ouvrage de cire ; qui couvre le noyau, & qui est couvert de la chape dans les moules, pour jeter les statues, ou autres ouvrages en métal.

☞ On dit figurément qu’un homme doux & traitable, dont on fait ce qu’on veut, qui reçoit toutes les impressions qu’on lui donne, que c’est une cire molle. C’est l’expression d’Horace. Cereus in vitium flecti.

☞ M. Arnaud, en parlant de l’Écriture, dit que c’est un nez de cire, qu’on tourne comme on veut. Le nez de cire, appliqué à l’écriture, me paroît comique & burlesque.

Moi, j’ai le cœur tout fait comme de cire ;
Doux & traitable, & s’il faut vous le dire :
Je suis volage, inconstant & léger. Voit.

Cire se dit proverbialement en ces phrases. Il est jaune comme cire ; pour dire, il a la jaunisse. On dit aussi d’un homme qui maigrit, qu’il fond comme la cire au soleil, ou le beurre dans la Poële. On dit d’un homme foible & irrésolu, qu’il est mou comme de la cire. On dit encore, aux pélerinages des environs on dépense beaucoup de vin, & peu de cire ; pour dire, qu’on y va plus pour se divertir que par dévotion : ce qui est tiré de l’Espagnol, Romeria di cerca mucho vino y poca cera. On dit aussi cela lui vient comme de cire ; pour dire, fort à propos. On dit aussi de deux personnes qui ont les mêmes humeurs qu’ils sont égaux comme de cire.

Monsieur l’Abbé & Monsieur son Valet,
Sont fait tous deux égaux comme de cire. Marot.

Cire se prend aussi figurément & bassement, pour la chassie qui vient aux yeux des vieilles gens. Ses yeux pleurent de la cire. Ses yeux sont investis de cire. Main.

Cire des oreilles. Cerumen. Humeur épaisse, onctueuse, visqueuse, jaune & amère, qui se sépare du sang dans le conduit de l’oreille par le moyen de petits grains glanduleux appelés glandes cérumineuses.

Cire d’Espagne, cire à cacheter, cera signatoria. Composition faite de laque, de colophane, de cinnabre & autres matières, à laquelle on donne différentes couleurs, & dont on se sert pour cacheter les lettres.

CIRÉNAIQUE, CIRENE, CIRÉNÉEN. Voyez Cyrénaique, Cyrene, Cyrénéen.

☞ CIRENZA. Voyez Cerenza.

CIRER. v. a. Enduire de cire. Cerare, incerare, cerâ circumlinere. Les Cordonniers cirent les bottes, les souliers, pour empêcher qu’ils ne prennent l’eau. On cire la toile, des gans, des planches.

Cirer se dit aussi des étoffes qu’on a taillées, auxquelles on applique de la cire avec une bougie, pour empêcher qu’elles ne s’effilent en attendant qu’on les couse. On dit mieux bougier.

CIRÉ, ÉE. part. Cerâ illitus, ceratus. Toile cirée. Gans cirés.

CIRIER. s. m. Marchand Epicier qui s’attache particulièrement au commerce de la cire, à faire des cierges & des bougies. Operum e cerâ fictor, artifex. Il y a des Offices de Ciriers à la Chancellerie. Charles IX les supprima par son Edit du mois de Février 1561, mais apparemment il n’eut pas d’effet ; car Louis XIII les supprime encore par un Arrêt du Conseil d’Etat du douzième Décembre 1632. Cependant ils subsistèrent encore ; & à leur requête aussi bien qu’à celles de tous ces petits Officiers de la Chancellerie, Louis le grand, de glorieuse mémoire, fit une déclaration portant confirmation des privilèges de tous ces petits Officiers, parmi lesquels les Ciriers sont nommés. Il en est encore fait mention dans des Actes de 1689 & de 1697.

☞ CIRIER, s. m. ou arbre de cire. C’est le nom qu’on a donné à deux arbrisseaux aquatiques de la Caroline & de la Louisiane, parce qu’on retire de leurs baies une espèce de cire. Ces arbrisseaux ont le port de nos Myrthes, & leurs feuilles en ont à peu près l’odeur. Les fruits sont des baies dont le noyau est couvert d’une espèce de résine qui a quelque rapport avec la cire. On fait bouillir ces baies dans l’eau, & l’on en sépare cette cire dont on fait des bougies.

CIRIMANAGE ou CIRMANAGE, s. m. terme de Coutumes. C’est un cens qui est dû aux Seigneurs en quelques endroits par chaque habitation. M. de Lauriere sur Ragueau prétend qu’il faut écrire Sirimenage, comme a fait M. de Marca dans son Histoire de Béarn.

CIROENE, quelques-uns écrivent CIROINE, s. m. terme de Chirurgie. C’est une composition plus solide & plus dure que les onguens, & plus molle que les emplâtres, quoiqu’on les prenne souvent l’un pour l’autre. Les linimens & les onguens ne diffèrent point des ciroenes, quand ils reçoivent la cire en leur composition. Les ciroenes sont les vicaires de la friction, quand on veut provoquer la salivation. Ils sont composés de drogues résolutives, comme safran, myrrhe & aloès, incorporés avec de la cire, & des gommes telles que galbanum, sagapenum, ammoniac, le tout détrempé avec du vin, & c’est pour cela que Nicod croit que ciroene, ou ciroine, ainsi que quelques-uns écrivent, vient du mot Grec κηρὸς (kêros), qui signifie cire, & de οἶνος (oinos), qui signifie vin. On pourroit aussi le faire venir de κηράννυμι (kêrannumi), qui signifie je mêle, & de οἶνος (oinos), à cause que les drogues, qui entrent dans cette sorte d’emplâtre, se détrempent avec du vin.

CIROGRAPHE. s. m. Cirographum. Ce mot Cirographum étoit destiné autrefois aux transactions. On l’écrivoit en grosses lettres au milieu d’une feuille de vélin, & l’on faisoit de part & d’autre une copie de la transaction, ensuite de quoi on coupoit le Cirographum par le milieu, & chacune des deux parties gardoit par devers soi une moitié de cette feuille ainsi coupée, afin de vérifier la transaction, quand il en seroit besoin, en représentant & rejoignant ce Cirographe coupé en deux. Au lieu de ce mot on en mettoit quelquefois un autre, ou même une phrase toute entiere ; & il y en a des exemples à Marmoutier. Les Anglois coupoient ordinairement leurs Cirographes en scie ; au lieu qu’en France, & en Bretagne, on les coupoit en ligne droite. Lobineau, Hist. de Bret. T. II, p. 337.

Ce mot vient de κηρὸς (kêros), cire, & γράφω (graphô), J’écris, & il signifie écriture en cire, parce qu’anciennement on écrivoit sur des tablettes enduites de cire.

☞ CIRON. s. m. Très-petit insecte, ordinairement imperceptible, qui s’engendre ou s’insinue entre cuir & chair, entre la peau & l’épiderme de l’homme, cause des démangeaisons, & fait venir des ampoules. Il y en a de différentes espèces qui s’attachent à différens animaux. Minutissimus vermiculus hominum cuti innascens pruritumque ingerans, acarus. Swammerdam dit que le ciron sort tout parfait de son œuf, & qu’il croit ensuite peu-à-peu. Le microscope nous a fait découvrir plusieurs parties dans le ciron. M. Gassendi en observant un ciron, l’a vu émutir. Il est blanchâtre, aux piés près, qui paroissent noirâtres. Il en a six, dont quatre, c’est-à-dire, deux de chaque côté sont tout proche de la tête, & lui servent à faire comme les taupes dans la terre, de grands sillons sous la peau, ce qui cause une démangeaison très-incommode. Rohault, Phys. P. II, c. 21, prétend que le dos du ciron est couvert d’écailles. Les Auteurs du Journal de Leipsik n’osent l’assûrer, & disent qu’il faut que Rohault eût un meilleur microscope qu’eux. Ils disent qu’il naît ordinairement, non-seulement aux mains, mais encore aux pieds. Parmi les figures qu’ils en ont fait graver, il y en a une qui a huit piés au lieu de six. Il y a dans les Journaux de Leipsik, 1682, p. 317, une observation sur les cirons. Mousset en parle fort au long, Theatr. Insect. L. II, c. 24.

Quelques-uns font venir le mot de ciron du mot grec χέιρ (cheir), qui signifie main, à cause que ce petit animal s’attache plus aux mains qu’aux autres parties du corps.

On dit d’une chose extrêmement petite, qu’elle n’est pas plus grosse qu’un ciron.

Ciron signifie aussi la petite ampoule qui vient à l’occasion du ciron, à force de gratter la peau. Tumor exiguus. On perce les cirons avec une épingle.

CIRQUE. s. m. Grand bâtiment de figure ronde, ou ovale, qu’on faisoit chez les anciens pour donner des spectacles au peuple. Circus. C’étoit à Rome une grande place, longue & cintrée par un bout, entourée de portiques, & de plusieurs rangs de sièges par degrés. Il y avoit au milieu une espèce de banquette avec des obélisques, des statues, & des bornes à chaque bout. On célébroit dans le cirque différens jeux. Il y avoit jusqu’à dix Cirques à Rome, sans compter quelques-uns qui étoient moins considérables. Le plus grand fut fait par le vieux Tarquin. Il s’étendoit entre le mont Aventin & le Palatin. Pline dit qu’il fut tellement acrû par Jules César, qu’il avoit trois stades de long & une de large. Les plus magnifiques étoient le grand Cirque d’Auguste, & celui de Néron à Rome. Voyez la Roma vetus du P. Alex. Donat Jésuite, édit. d’Amsterd. 1695. Il y a encore des vestiges des Cirques, tant à Rome qu’à Nîmes, & autres lieux. Les Romains étoient fort passionnés pour les jeux du Cirque, témoin ce vers de Juvénal :

.....Atque duas tantùm res anxiut optat,
Panem & Circenses.

Quelques-uns veulent que ce nom vienne de Circé, à qui Tertullien en attribue l’invention. Cassiodore dit que circus vient a circuiti. Les Romains au commencement n’eurent point d’autre Cirque pour leurs courses, que le bord du Tibre d’un côté, & une palissade d’épées droites de l’autre, ce qui rendoit ces courses dangereuses, comme remarque Servius : d’où vient qu’Isidore dit, que c’étoit à cause de cette palissade d’épées que ces jeux avoient été nommés Circenses, quasi circum enses. Voyez Circense. Scaliger se moque de cette interprétation.

Ce mot vient du Latin Circus.

Les Jeux du Cirque, Circenses Ludi, que quelques Auteurs appellent Jeux Circenses étoient des combats que les Romains célébroient dans le Cirque, d’où ils avoient pris leur nom, & non pas de Circé, comme l’a cru le Traducteur d’une oraison de Cicéron contre Verrès, qui traduit Circences Ludi, Jeux de Circé. Ils se faisoient à l’honneur de Consus, Dieu des Conseils. On les appeloit aussi Jeux Romains, en Latin, Ludi Romani, parce qu’ils étoient aussi anciens que Rome, ou qu’ils avoient été institués, ou plutôt rétablis par Romulus ; & Grands Jeux, en Latin, Ludi Magni, parce qu’ils se célébroient avec plus de dépense & de magnificence qu’aucuns autres, & parce qu’ils se faisoient à l’honneur du Grand Dieu Neptune, qui étoit leur Dieu Consus. Ceux qui disent qu’ils furent institués à l’honneur du soleil, confondent la pompe du Cirque avec les jeux ou ces courses du Cirque. Les jeux du Cirque furent institués par Evandre à l’honneur de Neptune, & rétablis par Romulus ; parce que ce fut par le conseil de ce Dieu qu’il fit faire l’enlévement des Sabines. La pompe du Cirque n’étoit qu’une partie & le prélude des jeux du Cirque, & par où on les commençoit. C’étoit une simple Cavalcade à l’honneur du soleil, au lieu que dans les jeux du Cirque, c’étoient des courses de chevaux. Jusqu’à Tarquin le vieux, on les fit dans l’Île du Tibre, & ils ne s’appeloient que les Jeux Romains ; depuis que ce Prince eut bâti le Cirque, ils en prirent le nom, parce qu’ils s’y firent toujours. Il y avoit sept sortes d’exercices. Le premier étoit la lutte, des combats avec l’épée, des bâtons, des piques : le second étoit la course : le troisième la danse : le quatrième le palet, ou le disque, les flèches, les dards, & toute autre sorte d’armes semblables. Tous ceux-ci se faisoient à pié : le cinquième étoit la course à cheval : le sixième la course des chars, soit à deux, soit à quatre chevaux ; dans cet exercice on divisoit les combattans d’abord en deux quadrilles, & puis en quatre, & elles portoient les noms des couleurs dont elles étoient vêtues. Il n’y avoit d’abord que la blanche & la rouge ; on y ajouta ensuite la verte & la bleue. Ce fut un certain Oenemaüs qui inventa la distinction des couleurs pour les divers quadrilles des combattans au Jeux du Cirque ; le vert pour ceux qui représentoient la terre ; & le bleu pour ceux qui représentoient la mer. Domitien ajouta encore deux nouvelles couleurs à ces quatre, le jaune & le violet ; mais elles n’ont pas duré. Dion, Liv. LXVII, dit le jaune & le blanc ; mais le blanc étoit plus ancien, & étoit encore une des couleurs du Cirque au cinquième siècle, comme on le peut voir dans Cassiodore. Liv. III, ép. 51.

Quel supplice affreux se prépare ?
De regards le Cirque entouré,
Repait d’un spectacle barbare
Un peuple de sang altéré.

Nouv. choix de Vers.

Voyez Varron dans Aulugelle, Liv. III, c. 10. Denis d’Halicarnasse, Liv. VII. Solin, c. 45 & les notes de Saumaise sur cet endroit. Casaubon avoit fait un Livre sur les Jeux du Cirque, qu’il cite assez souvent dans ses notes sur Suétone, & sur Athénée, mais il n’a point vû le jour. Godwin Antol. Rom. L. V., c. 4. 5. & Dempster dans ses Paralipomena, parlent aussi des jeux du Cirque. Les Chrétiens, & entre autres Lact. Liv. VI, c. 20 de ses Institutions, & Tertullien des Spectacles, c. 15, montrent la vanité, la folie des Jeux du Cirque. Voyez Onuphrius de Circo, & Vigenere, sur Tite Live, De la Pise dans son Hist. d’Orange, p. 15 & suiv.

CIRSAKAS, s. m. Étoffes des Indes presque toutes de coton, avec un mêlange de très-peu de soie.

CIRSION. s. m. Plante qui a beaucoup de rapport au chardon. Elle pousse une tige à la hauteur de trois ou quatre piés, grosse comme le pouce, cannelée, couverte de coton. Ses feuilles sont grandes, larges, pointues, dentelées en leurs bords, d’un verd-blanchâtre, charnues, armées de petites épines foibles & peu piquantes. Ses sommets sont chargés de têtes écailleuses sans épines, qui soûtiennent chacun un bouquet de fleurons purpurins, découpés en lanières. Il leur succède des semences oblongues, garnies d’aigrettes. Sa racine est disposée en petits navets, comme en l’asphodèle. Cette plante croît aux lieux humides & montagneux, dans les prés & sur les rivages. Elle est propre pour appaiser les douleurs des varices ; ce qui lui a fait donner le nom de cirsium, de κίρσος (kirsos) qui signifie varice. Charles & Jean-Baptiste Bauhin, Charles Clusius, Nicolas Lémeri, & Joseph Pitron de Tournefort parlent de cette plante. Le dernier distingue le cirsion du chardon & du jacéa, en ce que les têtes du chardon sont épineuses, & celles du cirsion ne le sont point, & que celui-ci a les feuilles piquantes, & que le jacéa n’a ni les feuilles ni la tête épineuses.

CIRSOCÈLE, s. m. terme de Chirurgie. C’est une dilatation des veines spermatiques, causée par un sang grossier & épais. Tumor Scroti. On l’appelle aussi Hernie variqueuse. Cirsocèle vient du Grec χερούς (cherous), varice, & de γὸλη (golê), hernie. Cette maladie consiste dans un grand nombre de varices qui augmentent considérablement la grosseur des testicules. On n’y remédie quelquefois que par la castration.

CIRTE. Ville de l’ancienne Afrique. Cirta. Elle est célèbre dans l’Histoire.

Ce nom est punique, קרת Kereth, & signifie ville, comme en hébreu.

CIRURE. s. f. Composition de cire & de suif, qu’on fait pour enduire des souliers & des bottes, & pour empêcher qu’ils ne tirent l’eau. Ceratura, ceræ obductio. Ce Cordonnier a une cirure luisante. Pour faire une bonne cirure, il y faut mettre un peu de salpêtre. On dit aussi cirage. Mais cirure paroît signifier la matière de l’enduit, & cirage l’action de l’appliquer.

CIS.

CIS ou CIST. Pronom démonstratif qui est aujourd’hui hors d’usage. Il veut dire, ce, ces, ceux, cettui-ci, cettui-là. Hic, ille, is.

CISA ou ZIZA, s. f. Cisa, Ziza. Déesse des anciens Germains. C’est tout ce que l’on en sait. Voyez Voss. de Idol. L. IX, c. 40.

CISAILLER. v. a. Couper avec les cisailles. Oram nummi forfice incidere. Quand on porte à la monnoie une pièce légère ou altérée, on la cisaille à l’instant pour l’ôter du commerce.

Cisaillé, cisaillée. part.

Cisailles. s. f. pl. se dit aussi des gros ciseaux qui servent aux Ouvriers en métal pour couper des plaques déliées de fer blanc, de laiton, d’argent, &c. Forceps. Quelques Ouvriers les appellent cisoires.

Cisailles se dit aussi de ce qui reste d’une lame de métal, quand on a enlevé les flans pour faire la monnoie : ce sont les rognures qui restent de la monnoie qu’on a fabriquée. Num mariæ conflaturæ præsegmina. On refond ces cisailles en lame pour continuer le travail, & employer toute la matière.

Dans cette acceptation on dit aussi cisaille au singulier. Voilà bien de la cisaille.

CISALPIN, INE. adj. Qui est en deçà des Alpes. Cisalpinus. Les Romains divisoient la Gaule en Cisalpine & Transalpine.

La Gaule Transalpine ou au-delà des Alpes par rapport à Rome étoit la Gaule proprement dite l’ancienne Gaule, & la Gaule Cisalpine, ou en-deçà des Alpes, comprenoit ce que nous nommons le Piémont, la Ligurie, le Milanez ou la Lombardie. Les Romains soudivisoient la Gaule Cisalpine en Cispadane & Transpadane, d’en-deçà & d’au-delà du Pô.

Ce qui étoit Cisalpin à l’égard de Rome, est Transalpin à notre égard. Il faut observer que le mot d’Alpes s’est dit de toutes sortes de hautes montagnes. Ausone a dit, les Alpes des Pyrénées, les Alpes de l’Apennin.

CISEAU. s. m. On disoit autrefois cisel. Instrument de fer tranchant par le bout, dont on se sert à tailler, & couper le bois, la pierre, & même quelques métaux. Scalprum, Scalptorium, cœlum. Un ciseau de Maçon, de Menuisier, de Sculpteur, d’Orfévre, de Serrurier, &c. Tous les ciseaux ne sont presque différens que par leur force, ou leur grandeur ; on leur donne des noms différens selon les choses auxquelles on les emploie, comme ciseaux de lumière, tels que le sont ceux des rabots. Ciseaux à deux biseaux, à nez rond, bec d’âne, fermoir. Ciseaux en marteline, qui ont plusieurs points. Des ciseaux pour le bois, pour la pierre, pour couper le fer à froid & à chaud, pour faire des limes. Il y en a pour les Charpentiers qu’ils nomment ciseaux à planches, & d’autres pour ébaucher les mortoises, qui s’appellent ébauchoirs, ceux-là ont un manche de bois avec des viroles par les deux bouts. On disoit autrefois cisel, & en la basse Latinité sciselum, d’où le mot est dérivé. Ciseau à froid, c’est pour couper le fer à froid.

Ciseau. Scapellum. Petit instrument dont on se sert pour fendre le tuf qui couvre les dents, & pour l’enlever. Col de Villars.

Ciseau. On appelle, ouvrage du ciseau, les ouvrages de Sculpture. Acad. Fr. ☞ Et l’on dit d’un bon Sculpteur, qu’il a le ciseau délicat, sçavant, admirable.

Ciseaux, au pluriel, signifie un instrument composé de deux parties tranchantes, attachées ensemble avec un clou rivé, & qui ont leurs taillans en dedans pour couper en les joignant l’une contre l’autre. Forsiculæ. ☞ Les ciseaux forment un double levier de la premiere espèce. La puissance est représentée par les doigts qui menent les deux branches ; le poids, par la chose que l’on peut couper : & le point d’appui, par le clou qui tient ces deux leviers en raison : aussi les ciseaux destinés à faire de grands efforts, tels que sont ceux des chaudronniers, des ferblantiers, ont-ils les branches fort longues, & les parties tranchantes assez courtes : par ce moyen la puissance l’emporte facilement sur une résistance considérable.

On doit dire la même chose des Tenailles, des Pincettes, &c. qui sont autant de leviers de la première espèce qui tournent autour d’un point fixe commun.

Les Tailleurs, Lingeres & autres, s’en servent pour couper toutes sortes d’étoffes. On estime fort les ciseaux de Moulins. Un étui à ciseaux. Couper ses ongles, ses cheveux avec des ciseaux. Les Jardiniers se servent aussi de grands ciseaux pour tailler le buis, les palissades. Les Jardiniers se servent aussi de grands ciseaux pour tailler le buisl les palissages. Les Chaudronniers ont des ciseaux à long manche pour couper des lames de cuivre, de fer-blanc, &c.

Ciseaux de balle. Ce sont des ciseaux de médiocre qualité, ainsi appelés, parce que ce sont ceux-là que les Porte-balles ont coutume de vendre.

En termes de Tailleur, on appelle un habit aux ciseaux, ou comme ils le prononcent, au ciseau, celui qui est tout uni, sans être enrichi de galons, broderies, boutonnières, franges & autres agrémens d’or & d’argent.

On dit quelquefois ciseau au singulier. On n’a point encore mis le ciseau dans cette étoffe. Le Chirurgien lui a donné trois coups de ciseau.

Ciseaux de la Parque, ciseaux d’Atropos, ou ciseaux de la Parque, se dit dans le style figuré & poëtique. La parque file la trame de notre vie, & de ses ciseaux impitoyables elle en tranche le fil. Il ne dépend pas de nous d’arrêter les ciseaux d’Atropos. Voyez Parque.

☞ CISELER. v. a. Travailler avec le ciselet ; former avec un instrument différentes figures, différens ornemens sur les métaux. Cœlare aurum, argentum, Cœlarie in auro, argento aliquid. Ciseler de la vaisselle d’argent.

Ménage dérive ce mot de cisel, qu’on a dit autrefois au lieu de ciseau, lequel a été fait de cœdo. Il cite aussi Saumaise, qui le dérive du Latin sicillare, qui signifie couper. D’autres dérivent ce mot de cisium, dont il est fait mention dans Vitruve.

CISELÉ, ÉE, part. Taillé avec le ciseau. Cœlatus. Argent ciselé. Vaisselle ciselée.

On appelle aussi velours ciselé, du velours figuré qui imite le travail du ciseau. Velours à fleurs, à ramages.

CISELET, s. m. terme d’Orfévre, de Ciseleur, de Graveur, de Metteur-en-œuvre, & autres. C’est un petit ciseau de fer, délié, & environ grand comme le doigt, dont ils se servent pour ciseler. Scapellum.

☞ CISELEUR. s. m. Ouvrier dont le métier est de ciseler, & de former sur l’or, l’argent & les autres métaux, les ornemens, les figures qu’on veut en bas relief. Cœlator. C’est un excellent Ciseleur.

Ciseleur est aussi un des titres que prennent ceux qui ciselent le velours. Incisor.

CISELURE. s. f. Sculpture, gravûre, travail qui se fait avec le ciseau, l’art d’embellir les ouvrages de différens métaux, par quelque dessin ou sculpture en bas relief. Cœlatura. La façon d’un bassin d’argent augmente beaucoup, quand il y a de la ciselure. Ciselure, dans la Serrurerie, se dit de tout ouvrage de tôle amboutie au ciseau. Dans l’Architecture on appelle plus particulierement ainsi un petit bord qu’on fait à la pierre avec le ciseau, ce bord sert à distinguer les compartimens de Rustique.

CISIQUE. Voyez CYSIQUE.

CISJURANE. adj. f. Terme dont se servent les Géographes pour exprimer cette partie de la Bourgogne qui est en-deçà du Mont-Jou, ou Mont-Jura : comme ils se servent de celui de Transjurane, pour exprimer l’autre partie de cette même Province qui est au-delà du Mont-Jou. La Bourgogne Cisjurane s’appeloit autrement le Royaume d’Arles. Elle comprenoit le pays d’entre la Saone, les Alpes & la mer.

☞ CISMAR. Petite Ville d’Allemagne dans la Basse-Saxe, au Duché d’Holstein, avec une Seigneurie du même nom.

☞ CISMONE. Riviere d’Italie, qui a sa source dans le Trentin, & se joint à la Brente auprès de la Ville de Cismone, dans la Marche Trévisane.

CISMONTAIN, AINE, adj. Qui est en-deçà des Monts. Cismontanus, a , um. Par rapport à nous, les Cismontains sont ceux qui sont en-deçà des Alpes, & par rapport à l’Italie, Cismontain se dit de ce qui est en Italie. Ainsi les Ultramontains par rapport à nous, sont Cismontains par rapport à Rome & au reste de l’Italie. Et les Cismontains par rapport à nous, sont Ultramontains pour l’Italie.

On donna ce nom en particulier à une partie de l’Ordre de S. François sous Eugene IV. Ce pape, pour finir les divisions qu’il y avoit dans cet Ordre entre ceux de la réforme & ceux qui n’en vouloient point, divisa les Observans en deux famille ; l’une en deçà les monts, & l’autre de delà les monts. S. Jean de Capistran fut fait Vicaire général sur les Cismontains, & Jean Maubert sur les Ultramontains. P. Hélyot, T. VII. C. 9. Toutes les persécutions que les Conventuels avoient suscitées aux Observans, n’empêchèrent pas qu’ils ne fissent un progrès considérable : car la famille Cismontaine étoit déjà divisée l’an 1506 en vingt-cinq Provinces, sans compter la Custodie de Terre-Sainte, qui comprenoit plus de sept cens Couvens, & la famille Ultramontaine avoit vingt Provinces, & trois Custodies, qui étoient composées de plus de six cens Couvens. Idem.

Ce mot est tiré du Latin, & composé de la préposition cis, en-deçà, & mons, montagne.

CISNE. s. m. Vieux mot, qui veut dire, cygne, cycnus.

CISNEAUX. s. m. plur. Vieux mot. Jeunes cygnes.

CISON ou CISSON. Torrent de la Terre-Sainte. Cison, Cisson. Le Torrent de Cisson sortoit du mont Thabor, & coulant par deux lits différens, l’un à l’Orient, & l’autre à l’Occident, il alloit se jeter d’un côté dans la mer de Galilée, ou de Tibériade, & de l’autre dans la Méditerranée. Il séparoit les tribus de Zabulon & d’Issachar. Le bras qui couloit à l’Orient s’appeloit le Cison droit, & l’autre qui tournoit vers l’Occident, le Cison gauche. Aujourd’hui on l’appelle Madesver.

☞ CISOIRS s. m. ou CISOIRES s. f. Gros ciseaux dont se servent les Orfèvres & autres ouvriers pour couper les métaux. C’est la même chose que cisailles. forceps, forcipes.

CISSITE. s. f. Pierre blanche qui représente les feuilles du lierre. Cissites.

CISSOÏDAL. adj. Ce qui appartient ou dérive de la ligne cissoïde. On appelle espace cissoïdal ce qui est renfermé dans la courbure d’une ligne cissoïde. On demande si cet espace est infini ou fini.

CISSOÏDE. s. f. Terme de Géométrie. Ligne courbe. Linea curva, cissoïs. La cissoïde est une invention de Dioclès. Harris.

En voici la génération. De l’extrémité du diamétre d’un demi-cercle donné, on tire à tous les points de ce demi-cercle des cordes depuis la plus grande, jusqu’à la plus petite qui soit possible. De l’autre extrémité de ce même diamétre, on tire une tangente indéfinie, & on prolonge toutes les cordes au dehors du cercle jusqu’à cette tangente. La corde la moins éloignée du diamétre du demi-cercle, est celle dont la partie comprise entre la circonférence extérieure du cercle & la tangente, est la plus petite, & cette partie augmente toujours dans les autres cordes, à mesure qu’elles s’éloignent de la première. On prend sur toutes les cordes, à commencer à leur origine commune, une quantité égale à cette partie prolongée, & comprise au dehors du cercle entre le cercle & la tangente, & par tous les points que cette quantité détermine sur toutes les cordes, on fait passer une corde qu’on appelle cissoïde. La tangente du demi-cercle tirée sur l’extrémité du diamétre, opposée à celle d’où part la cissoïde, est une asymptote de la cissoïde, c’est-à-dire, que ces deux lignes prolongées à l’infini ne se peuvent jamais rencontrer, quoiqu’elles s’approchent toujours de plus en plus, & c’est apparemment de là que la cissoïde a pris son nom ; car en s’approchant de son asymptote, elle se courbe de façon qu’elle semble représenter une feuille de lierre. κισσός (kissos) en Grec, veut dire lierre. L’espace compris entre le diamétre du demi-cercle générateur, la cissoïde & l’asymptote, quoiqu’infini, puisque la cissoïde & l’asymptote ne se rencontrant pas, il ne se ferme point, n’est cependant que triple de l’espace que contient le demi-cercle générateur.

CISSOTOMIES, s. f. plur. Terme de Mythologie. Fête que les Phliatiens célébroient tous les ans en l’honneur d’Hébé, Déesse de la Jeunesse. (Pausan. 2. 13.) Κισσότομοι (Kissotomoi). Ce nom signifie Coupe de lierre. On en faisoit des couronnes, parce que cette plante, qui est toujours verte, convenoit fort à la Déesse Hébé. Elles étoient ainsi nommées des feuilles de lierre dont les jeunes gens y étoient couronnés. On ne sait rien de plus de cette fête.

☞ CISTE, s. f. terme d’Antiquaire. Cista. Sorte de corbeille ou panier. Ces paniers sacrés qu’on voit représentés sur des médailles grecques ressemblent à des Cylindres d’osier. Voyez Cistophore.

CISTE, s. m. Cistus. s. f. Genre de plante dont les fleurs sont à plusieurs pétales disposés en rose ; soutenus par un calice à plusieurs feuilles, du milieu duquel s’élève un pistil, qui devient un fruit arrondi ou pointu, qui s’ouvre de la pointe de sa base en cinq ou plusieurs loges, pleines d’une semence menue. Les Anciens distinguoient ces espéces en celles qui donnoient un suc gommeux & odorant, appelé Ladanum, & que nous pouvons nommer Ladanifères, Ladaniferæ, & en celles qui approchoient de ces premieres, mais dont les feuilles & les tiges n’étoient point graissées de ce suc. Ces dernières conservoient le nom de Ledon, & étoient divisées en mâles & en femelles. On appeloit Ciste mâle, Cistus mas, celui qui avoit sa fleur d’un rouge plus ou moins clair ; & Ciste femelle, Cistus femina, celle dont les fleurs étoient à pétales blancs ou jaunes. Les Cistes croissent ordinairement dans les pays chauds. Le Languedoc & la Provence en fournissent quelques espèces ; mais l’Espagne est la partie de l’Europe la plus riche en Cistes. On en peut voir les figures & les descriptions dans l’Histoire des Plantes de Clusius. La Grèce en produit aussi beaucoup ; & c’est de ces Îles de l’Archipel que nous vient le Ladanum, suc gommeux qui est répandu sur les feuilles & les extrémités des jeunes branches des Cistes. Bélon & M. Tournefort, dans leurs Relations, décrivent la manière dont on ramasse ce suc, & comment on le rend impur, en y ajoutant une terre noire & pesante. Ce sont ordinairement les Moines Grecs qui s’occupent à ce travail qui est assez pénible. Voyez Ladanum. La plus grande partie de ces plantes croissent à la hauteur de trois à quatre piés environ, leurs tiges & branches sont ligneuses.

Il croît aux piés des Cistes, une plante qu’on nomme hypocistis. Elle ressemble à une Orobanche ; elle est haute de deux à trois pouces, garnie de petites feuilles ou écailles, d’entre lesquelles sortent des fleurs d’une seule pièce, taillées en manière de clochette, & semblables au calice de la fleur du Grenadier, & dentelées sur leurs bords pareillement. Leurs fleurs sont le plus souvent jaunes, tirant sur le rouge ; quelquefois pourprées, ou blanches, ou tout-à-fait jaunes ou verdâtres, &c. Le pistil qui sort du fond de cette fleur devient un fruit mou, & divisé en huit loges remplies de semences menues. L’extrait de cette plante conserve son nom ; il est noir, sec, en petits grains ; il se fond dans l’eau & est très-astringent au goût. On le fait entrer dans la composition de la Thériaque, & dans des potions astringentes. On trouve la plante d’Hypocistis sous nos espèces de Cistes en Languedoc, & elle est attachée à leurs racines.

À l’égard des Cistes ladanifères, il en croît une espèce aux environs de Montpellier, & elle est appelée ladanifera Monspeliaca, C. B.. Ses feuilles sont longuettes & étroites, grasses, & d’une odeur de Ladanum. Ses fleurs sont blanches, & de la grandeur de nos roses sauvages. On distingue les Cistes d’avec les Helianthemum, plante qui leur sont congéneres par le nombre des cellules de leurs fruits. Il n’y en a que trois dans les Helianthemum.

CISTEAUX. Voyez CITEAUX.

CISTERCIEN. s. m. Qui est de l’Ordre de Citeaux, Religieux, Moine de Citeaux, Cisterciensis. Ce mot, Cistercien, ne se dit pas communément ; mais on dit Religieux de Citeaux dans l’usage ordinaire. On trouve cependant Cistercien en quelques Auteurs.

CISTERCIENNE. s. f. Religieuse de l’Ordre de Citeaux. Cisterciensis Monacha. ou Monialis. Quelques auteurs disent que S. Bernard lui-même a été le Fondateur des Religieuses de l’Ordre de Citeaux ; d’autres prétendent que c’est sainte Humbeline, sœur de saint Bernard, qui en fut l’institutrice. Quoi qu’il en soit, le premier Monastère fut établi à Juilly, dans le Diocèse de Langres, selon Mantique, & selon le P. Mabillon, l’Abbaye de Tart, au Diocèse de Langres, fondé en 1120, par S. Etienne, IIIe Abbé de Citeaux, & non par S. Bernard, & soumise à l’Abbaye de Molène. Les Cisterciennes s’appellent en France Bernardines. Voyez ce mot. Il y a en Allemagne des Abbesses Cisterciennes, qui sont Princesses de l’Empire. Voyez sur ces Religieuses le P. Helyot, T. V, C. 35.

CISTERNE. Voyez CITERNE.

CISTERNEAU. Voyez CITERNEAU.

CISTERON. Voyez SISTERON.

CISTIQUE, adj. Terme d’Anatomie. Epithète qu’on donne aux artères & aux veines de la vésicule du fiel. Il y a deux artères cistiques, qui sont des rameaux de l’artère céliaque, qui y portent le sang. Il y a aussi deux veines cistiques, qui rapportent le reste de ce même sang, & qui vont se jeter dans la veine-porte.

Le mot de cistique vient de κύστις (kustis) vesica, vessie, & selon cette étymologie, qui est indubitable, il faudroit écrire cystique par un y, et non pas cistique. Il y a long temps que certains Auteurs tâchent de retrancher de notre langue tous les y. Il faudroit au moins y laisser ceux qui nous viennent du Grec ; d’autres au contraire mêlent les y dans tous les mots qui viennent du Grec, & écrivent éclypse, au lieu de éclipse. Puisque l’y est une lettre de notre alphabet, il faut l’employer du moins dans les mots d’origine grecque, où les Grecs mettent leur ypsilon, & ne le point employer où les Grecs mettent leur iota.

CISTOPHORE, s. m. terme d’Antiquaire. On donne le nom de Cistophores aux médailles & monnoies où l’on voit des corbeilles, c’est du mot cista, qui signifie corbeille ; que ces médailles ont emprunté leur nom. Les Cistophores étoient frappées, à ce qu’on croit, pour les fêtes des Orgies qu’on célébroit en l’honneur de Bacchus. Le P. Panel a fait un livre exprès pour expliquer les Cistophores.

CISTRE, plus ordinairement SISTRE. s. m. C’est un Instrument à corde fort usité en Italie, qui a presque la figure du luth, mais qui a un manche plus long, divisé en 28 touches. Cithara, Sistrum. Il a quatre rangs de cordes, qui ont chacun trois cordes à l’unisson, à la réserve du second rang qui n’en a que deux. Ses cordes sont ordinairement de laiton, & se touchent avec un petit bout de plus, comme celle de la mandore. Son chevalet est auprès de la rose, & les cordes sont attachées au bout de la table à un endroit qu’on nomme le peigne. Ses touches sont de petites lames de laiton fort déliées. Il y a aussi des cistres à six rangs de cordes. On tient qu’Amphion a été inventeur du chant avec le cistre. L’analogie du Latin & du Grec, d’où le mot de cistre est dérivé, semble demander qu’on écrive sistre, & non pas cistre ; car en Latin il s’écrit par un s, en Grec par un σ σεῖστρον (seistron).

Cistre. Vieux mot qui signifioit cidre.

CIT.

☞ CITADELLA. Petite ville maritime de l’Île de Minorque, sur la côte, vis-à-vis de l’Île de Majorque.

CITADELLE. s. f. Place fortifiée de quatre, de cinq, ou de six bastions, qu’on bâtit au lieu le plus éminent d’une ville pour la défendre contre les ennemis, ou pour tenir les habitans dans l’obéissance du Prince. Arx. Il y a toujours une grande esplanade entre la ville & la citadelle. Un Poëte grec a dit hardiment. Jupiter, fermez bien la porte de l’Olympe, & défendez bien la citadelle des Dieux ; les armes de Rome ont tout subjugué. Bouh.

Citadelle, s. f. terme de Fleuriste. Tulippe pourpre, gris de lin & blanc. Morin.

CITADIN, INE. s. m. & f. Vieux mot, qui signifioit autrefois un habitant d’une Cité. Civis.

Campagnard, Citadin, Voyageur, Solitaire,
Courtisan, Financier, Magistrat, Mousquetaire. R.

Il est encore en usage en quelques villes d’Italie, pour signifier ceux qui ne sont pas du corps de la Noblesse. Le Chancelier de Venise est ordinairement citadin.

Citadin a aujourd’hui en France quelque chose de méprisant, & veut dire un homme du peuple.

CITARIS. Voyez Cidaris.

☞ CITATEUR. s. m. Quelques écrivains se sont servis de ce mot pour exprimer celui qui allégue des passages, des autorités, des témoignages. Bayle est un grand citateur.

☞ CITATION en jugement, chez les Romains, in jus vocatio, c’étoit à peu près ce que nous appelons ajournement ou assignation. Voyez ces mots. Dans les commencemens le défendeur étoit obligé de suivre le demandeur devant le Juge. Dans la suite leurs assignations étoient libellées comme les nôtres. Ce mot dans ce sens n’est plus en usage chez nous que dans les matières Ecclésiastiques.

Citation, en matière Ecclésiastique, assignation devant un Juge Ecclésiastique pour affaire qui regarde l’Eglise, in jus vocatio. On appelle comme d’abus des citations, quand un Laïque est cité devant un Official, lorsqu’il est incompétent.

Citation se dit aussi de l’ordre que le Grand-Maître envoie à tous les Chevaliers de se rendre à Malte, en certaines occasions. Acad. Fr.

Ce mot vient du latin citatio, mot impropre, de cito.

Citation signifie aussi, allégation de quelque loi, de quelque autorité, de quelque passage. Loci alicujus ex scriptore quodam prolatio ; scriptoris testimonium, locus, allegatio. ce livre est plein de citations. Les Pédans sont sujets à faire beaucoup de citations inutiles. Les citations ne sont plus guère à la mode dans les discours oratoires. Ceux qui parlent en public, bien loin de nommer dans leurs citations les Auteurs donc les noms sont barbares, à peine nomment-ils ceux dont les noms sont devenus françois. Il faut y suppléer par des traits qui désignent, & qui marquent bien l’Auteur que l’on ne nomme pas. Mais il est bon d’observer que les citations figurées, & les périphrases qui tiennent la place des noms, n’entrent guère que dans le genre sublime : les grandes expressions ne conviennent pas aux petits sujets. Bouh Il y a moins d’un siècle que les citations étoient très-fréquentes ; Ovide & Catulle venoient avec les Pandectes au secours de la veuve & des pupilles. La Bruy. Ce livre est chargé d’un si grand nombre de citations, qu’elles offusquent & empêchent de voir l’ouvrage de l’Auteur. Bail. Les citations doivent être choisies, & peu fréquentes, sur tout dans une langue étrangère, à moins qu’elles n’ayent plus de poids & d’autorité que dans notre langue. S. Evr. Costar est tout farci de citations & de pensées étrangères. Bail.

Que tes citations soient courtes & serrées,
Et n’en change jamais les phrases consacrées. Vill.

Il n’y a guère d’Auteurs qui aient porté plus loin l’exactitude des citations que M. de Tillemont & Bayle. Si cette méthode répand un peu de sécheresse dans les livres, on en est bien dédommagé par l’assurance qu’ont les Lecteurs de n’être pas trompés, & par l’exemption d’aller consulter avec beaucoup de peine, & souvent sans aucun fruit, les Originaux. Il seroit à souhaiter que tous les Ecrivains eussent la même exactitude. Cela couperoit chemin à une